Clarinettiste, flûtiste, Saxophoniste, considéré comme un des pionniers du Free jazz. A joué avec Ornette Coleman, Charlie Mingus, John Coltrane. Pseudo de George Lane comme flûtiste et Saxo alto dans l'album
Olé Coltrane !Je ne connais qu'un album qu'on dit fondamental dans l'histoire du jazz, point de départ affirmé d'un nouveau style plus expérimental, plus libre harmoniquement et rythmiquement.
Out to lunch ! (1964)
Eric Dolphy, clarinette basse dans les deux premiers titres, flûte dans le 3°, saxophone alto dans les deux derniers.
Freddie Hubbard, trompette
Bobby Hutcherson, vibraphone
Richard Davis, contrebasse
Tony Williams, batterie
1- Hat and Beard
2- Something Sweet, Something Tender
3- Gazzelloni
4- Out to Lunch
5- Straight Up and Down
C'est particulièrement surprenant, ça m'a immédiatement plu. Très novateur sans doute à plusieurs niveaux.
Un ensemble composé de trompette, contrebasse, batterie mais aussi d'une flûte, clarinette basse et d'un vibraphone. J'imagine qu'en 1964 ce n'est pas encore très commun.
Les musiciens sont très inspirés bien entendu.
Hubbard avec un son assez rond qui me fait apprécier sa trompette, un tout jeune vibraphoniste qui entretient une atmosphère de mystère et qui utilise son instrument avec parcimonie, une très forte personnalité chez le contrebassiste très présent sans doute libéré de tout le travail de basse par la présence du vibraphone, de l'archet comme rarement entedu, des pizz bondissants et vibrants, une technique impressionnante. Le batteur qui pourrait animer une partition de Varèse, bruitiste par moment, presque mélodique ailleurs.
Le meilleur pour la fin, Dolphy qui malmène mais sans sècheresse sa sublime clarinette basse meuglante et son sax alto qu'il fait feuler avec sensualité.
Rencontre audacieuse de timbres (extrêmement travaillés) entre une contrebasse aux cordes écrasées par l'archet et une flûte dans l'aigu, des duos étonnants et survoltés qui se forment au cours des impro, des silences qui hachent le discours, de grands intervalles. Dissonances et mélanges de tonalités, basse "obstinée" lancinante et répétitive hypnotisant.
On peut écouter
ICIC'est parfois presque webernien comme le vibra dans
Hat ans Beard, grande inventivité rythmique aussi, mélange de ternaire et binaire, on est toujours sur le fil.
Il faut écouter la première minute de
Something Sweet, Something Tender, totalement folle, entre les mélopées orientales de la clarinette et les glissandis gutturaux et dissonants de la contrebasse
Il faut écouter la rythmique transcendée par le vibra de
Gazzelloni avec la flûte virevoltante de Dolphy (la première minute là aussi).
Out to lunch ! plus radical avec des solos outre-espace de contrebasse et de trompette. Le très swingant début de
Straight Up and Down qui laisse la place à un sax étonnant qui semble parler plus que chanter.
Un magnifique album peut-être pas facile mais qui malgré son ton expérimental et très libéré harmoniquement, rythmiquement, surprenant par l'utilisation de timbres inusités fait montre d'une grande chaleur et de beaux échanges entre musiciens.