Verdi - Don Carlo - Bastille - Février/Mars 2010

Je rentre de Don Carlos ; c'eût été magnifique, s'il n'y avait eu Patrick Poivre d'Arvor à ma droite, en train de draguer sa voisine.

steadyraph a écrit:

Je rentre de Don Carlos ; c'eût été magnifique, s'il n'y avait eu Patrick Poivre d'Arvor à ma droite, en train de draguer sa voisine.

Mais encore ?

Elvira a écrit:

Mais encore ?

Tu veux des détails sur PPDA ou sur l'opéra ?
C'était vraiment magnifique ; Sondra Radvanovsky (Elisabeth) splendide, sa voix m'a fait frémir plus d'une fois ; Giacomo Prestia (Filippo II) impressionnant pour la richesse de son timbre ; notre Tézier national (Posa) très bon à mon avis ; Secco (Carlo) un peu en dessous, mais tout de même très correct, c'est le moins qu'on puisse dire.
Les seuls points d'ombre : Luciana d'Intino, en Eboli, dont la voix m'a paru assez hideuse dans les graves ; la direction de Rizzi, très énergique et en soi excellente, couvrait parfois un peu trop les voix.

Mais la soirée était exquise, et j'ai même failli verser ma petite larme à la mort de Rodrigo...

steadyraph a écrit:

C'était vraiment magnifique ; Sondra Radvanovsky (Elisabeth) splendide, sa voix m'a fait frémir plus d'une fois ;

Oui superbe, surtout à la fin. Une certaine dureté dans la voix cependant, et quelquefois la note n'est pas très sûre dans le médium.

Citation :

Giacomo Prestia (Filippo II) impressionnant pour la richesse de son timbre ;

Rien à redire ; excellent.

Citation :

notre Tézier national (Posa) très bon à mon avis ;

T'as du filer avant les ovations finales, sinon tu aurais vu que ce n'était pas "ton" avis, mais l'avis de tous !

Citation :

Secco (Carlo) un peu en dessous, mais tout de même très correct, c'est le moins qu'on puisse dire.

Correct oui, mais au niveau son, il ne passait pas très bien, surtout en duo avec Tézier qui pourtant se retenait pour ne pas l'écraser. Il s'est quand même amélioré vers la fin, mais n'a pu échapper à quelques rares huées.

Citation :

Les seuls points d'ombre : Luciana d'Intino, en Eboli, dont la voix m'a paru assez hideuse dans les graves ;

Aucune ombre ici, et ses graves sont même ce qu'elle a de plus fabuleux. La salle ne s'y est pas trompée non plus en lui réservant un triomphe. Cependant, elle a un problème de transition entre son registre grave très puissant et sa voix de tête plus ordinaire.

Citation :

la direction de Rizzi, très énergique et en soi excellente, couvrait parfois un peu trop les voix.

Il n'a pourtant pas trop forcé, et il y avait beaucoup de passages très piano, mais alors c'est l'orchestre qui était couvert par les tousseurs fort nombreux.

Citation :

c'eût été magnifique, s'il n'y avait eu Patrick Poivre d'Arvor à ma droite, en train de draguer sa voisine.

Tu étais donc rang 15 d'orchestre. Félicitations, surtout si c'est avec une place à 5 €. Elle était plutôt moche, la voisine.

Ce sujet ne sert pas à faire des commentaires ou comptes-rendus sur les représentations, il faut ouvrir un nouveau sujet pour ça.

Je divise, et je verrouille ce sujet...

♫ a écrit:

Correct oui, mais au niveau son, il ne passait pas très bien, surtout en duo avec Tézier qui pourtant se retenait pour ne pas l'écraser. Il s'est quand même amélioré vers la fin, mais n'a pu échapper à quelques rares huées.

Effectivement, un manque de puissance notoire, c'est ça qui m'a le plus souvent fait conclure à une direction trop envahissante, mais en y repensant, c'est vrai que ça concernait essentiellement Secco.

Citation :

Aucune ombre ici, et ses graves sont même ce qu'elle a de plus fabuleux. La salle ne s'y est pas trompée non plus en lui réservant un triomphe. Cependant, elle a un problème de transition entre son registre grave très puissant et sa voix de tête plus ordinaire.

Quand même, entre les aigus très engorgés et les graves plutôt nasalisés, c'était très hétérogène et à mon goût excessif dans les deux cas. Les transitions, bien sûr, étaient vraiment ratées.

Citation :

Tu étais donc rang 15 d'orchestre. Félicitations, surtout si c'est avec une place à 5 €. Elle était plutôt moche, la voisine.

Exact. Serais-tu le jeune homme qui m'a vendu cette place in extremis ? Je te remercie encore, en plus pour finir avec une aussi belle place...
Et oui, elle était moche, ce qui ne l'a pas empêché de prendre son numéro ; elle lui a glissé un "bonsoir Patrick" en partant. Et lui de remettre son anorak vendée-globe et de s'en aller seul et vouté. Pathétique.

Au moins, vous n'avez pas eu une mezzo dont les aigus étaient défaillants...

En tout cas, j'ai la sensation que ce DC est bien que celui que je suis allée voir, et j'en suis verte de jalousie.

Elvira a écrit:

j'en suis verte de jalousie.

Tu peux ; ça m'a conforté dans l'idée que Verdi a le droit de vivre aux côtés de Wagner dans mon panthéon personnel - et que Rossini, Bellini, Puccini et tutti quanti peuvent aller se rhabiller : un italien suffit, quand il est de cette ampleur...

steadyraph a écrit:

Citation :

Tu étais donc rang 15 d'orchestre. Félicitations, surtout si c'est avec une place à 5 €.

Exact. Serais-tu le jeune homme qui m'a vendu cette place in extremis ? Je te remercie encore, en plus pour finir avec une aussi belle place...

Non, mais j'étais placé deux rangs derrière PPDA, avec un billet plein pot, et j'ai vu que le siège à côté de lui était libre ... puis occupé.
Comme j'étais arrivé de bonne heure, j'ai pu voir que les machines pour les places à 5€ ont délivré leurs dernières places peu après 18h (pour une représentation qui commence à 19h). Est-ce qu'il y a des gens qui en achètent à l'avance pour les revendre ensuite, éventuellement avec profit ?

♫ a écrit:

Non, mais j'étais placé deux rangs derrière PPDA, avec un billet plein pot, et j'ai vu que le siège à côté de lui était libre ... puis occupé.
Comme j'étais arrivé de bonne heure, j'ai pu voir que les machines pour les places à 5€ ont délivré leurs dernières places peu après 18h (pour une représentation qui commence à 19h). Est-ce qu'il y a des gens qui en achètent à l'avance pour les revendre ensuite, éventuellement avec profit ?

En fait, j'ai un pass' jeune, qui me permet normalement d'avoir les meilleures places (132€) pour 20€. Le seul problème, en l'occurrence, c'est que je suis venu avec une amie, et qu'il ne restait plus qu'une place quand notre tour est venu. Heureusement, celui qui était juste devant nous dans la queue avait acheté une place à 5€ au cas où, qu'il m'a revendu à 5€, ce qui est tout à fait honnête. Bilan des courses : j'ai eu une place idéale au 15e rang pour 5€ , alors que c'était censé être archi-complet. J'ai rarement eu autant de chance.

Bon, je vais faire le rabat-joie de service alors.


Ce Don Carlo m'a beaucoup déçu. Je ne connaissais que la version française, qui ne change sans doute pas grand chose, mais dans mes (lointains) souvenirs la musique était beaucoup plus sympa et originale.

La faute à Rizzi ? Je ne crois pas, vu l'ovation qu'il a eu et sa direction déjà excellente de la Traviata.
C'est plutôt la mise-en-scène qui m'a complètement empêcher de rentrer et de m'intéresser à l'histoire. L'immense plateau, quasi nu, était occupé par différents panneaux transparents avec projections de tableaux aux couleurs criardes. Le tout couvert de motifs cruciformes, au cas où on aurait pas compris le contexte religieux. L'acte III était un sommet d'horreur dans le kitsch et le littéral plat. Statique et sans la moindre idée en près de trois heures.

Côté chanteurs ça ne m'a pas non plus branché du tout :
Il y avait Tézier, toujours un peu en retrait par rapport à ses personnages mais vocalement magnifique, et Secco très théâtral sans être pas vulgaire. La voix est belle mais ce n'est pas non plus renversant.
Pour les autres, entre Prestia que j'ai trouvé beuglant en Philippe II (ce vibrato hyper large et gras, il était parfois synchro avec les croches des violons !), et l'Eboli de Luciana d'Intino... Ses graves étaient en effets très beaux, assez impressionnants, mais dans le medium les voyelles étaient toutes complètement couvertes et uniformes. Des aigus pas mal, mais à chaque changement de registre c'était mal maîtrisé et désagréable.
Radvanovsky en Elisabeth était froide comme un glaçon. Les suraigus étaient parfois aigres, il y avait des approximations en dehors de ses grands-airs-pour-applaudissements et c'était complètement monochrome. Je n'aimais vraiment pas le timbre, elle utilisait en plus des résonateurs bizarres, je n'arriverais pas à décrire.

Bref, pas grand chose à sauver pour moi, je me suis vraiment ennuyé et le public de ravis de la crèche m'a encore plus excédé que d'habitude.

C'est vrai que la mise-en-scène est franchement à bout de souffle, et n'a pas grand chose à sauver. Je crains que tu sois victime de la même chose que pour Macbeth l'année dernière...

Wolferl a écrit:

Bon, je vais faire le rabat-joie de service alors.
[...]
Bref, pas grand chose à sauver pour moi, je me suis vraiment ennuyé et le public de ravis de la crèche m'a encore plus excédé que d'habitude.

C'est dommage ! Je suis toujours étonné de la variété des impressions qu'on peut avoir d'un même spectacle. Sur un forum voisin, pas renommé ordinairement pour sa tendresse, l'impression générale a été meilleure (voir notamment le message de Papageno, dont je partage assez l'analyse).
http://opera.forumpro.fr/generalites-f3/don-carlo-t5925-60.htm#178573

J'avais été assez sévère il y a deux ans avec les choeurs et l'orchestre que j'avais trouvé mauvais au possible. Pas un mot dans ton compte rendu woferl auraient ils fait des progrès spectaculaires? J'ai un peu de mal à y croire mais pourquoi pas. En ce qui concerne les solistes Secco était annoncé malade le soir ou j'y suis allée et à part lui et Furlanetto il n'y avait pas grand monde à sauver à commencer par la très mauvaise Eboli d'Yvonne Naef