Autour de la musique classique Le but de ce forum est d'être un espace dédié principalement à la musique classique sous toutes ses périodes, mais aussi ouvert à d'autres genres. |
| | Patrizia Ciofi | |
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Auteur | Message |
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Francesco Mélomane chevronné
Nombre de messages : 4116 Localisation : Paris Date d'inscription : 20/05/2010
| Sujet: Re: Patrizia Ciofi Dim 4 Mai 2014 - 21:21 | |
| Bon alors pour discuter un peu :
J'assume le fait que la princesse barbare et anguleuse de Nilsson est une de celle que je préfère, dans le genre primitif on a pas fait mieux.
Et surtout, comme me le fait souvent remarquer un mozartien de mes amis, Elettra a été créée par une voix relativement légère (d'ailleurs c'est ce que démontre Alex en rappelant les partitions auxquelles elle est associée) alors qu'Illia le fut par la "Melpomene allemande". C'est d'ailleurs assez inquiétant quand à la sensibilité de Ciofi ce sentiment d'étroitesse dont parle Alex à propos de son interprétation du personnage, comme si, pour exister dramatiquement, il fallait jouer les monstres alors que les récitatifs d'Ilia sont des monologues tragiques à eux seuls (voire Heather Harper qui y est extraordinaire).
Bref tout ça pour dire qu'il est au moins possible qu'on se trompe depuis la recréation de l'oeuvre sur les voix à y distribuer. |
| | | bAlexb Mélomane chevronné
Nombre de messages : 8514 Age : 43 Localisation : Rhône-Alpes Date d'inscription : 18/10/2010
| Sujet: Re: Patrizia Ciofi Dim 4 Mai 2014 - 21:35 | |
| - Francesco a écrit:
- comme si, pour exister dramatiquement, il fallait jouer les monstres alors que les récitatifs d'Ilia sont des monologues tragiques à eux seuls (voire Heather Harper qui y est extraordinaire).
De fait à la Scala, l' accompagnato qui ouvre le I, qui exposait sans asséner (le juste poids au bons endroits, la plastique innée, la trajectoire qui conduit sans afféterie d'un point A à un point B), était géré avec talent (et compréhension intime de la langue, de son rythme, des appuis et des ellipses possibles, etc. ; les Italiennes, on y revient toujours). Evidemment le dialogue avec les bois de "Se il padre perdei" avait des chatoiements infinis et "Zeffiretti lusinghieri" jouait d'une poésie aérienne ; dans le même temps, "Andro ramingo e solo" n'éludait ni l'embrasement progressif de la princesse, ni sa pugnacité. Il n'empêche, Elettra (qui n'est pas un monstre, loin s'en faut, à mon avis) permet peut-être une palette plus large (musique et théâtre, j'entends) là où Ilia, fût-elle sublimement incarnée (on est d'accord pour Harper ; Jurinac a montré ce qu'on pouvait tirer de pure majesté du rôle, etc. et la production de Bondy interrogeait intelligemment le personnage), reste un peu unidimensionnelle et me tient, moi, toujours un peu à distance. |
| | | Francesco Mélomane chevronné
Nombre de messages : 4116 Localisation : Paris Date d'inscription : 20/05/2010
| Sujet: Re: Patrizia Ciofi Dim 4 Mai 2014 - 22:32 | |
| Oui mais précisément, à mon avis, cette mise à distance procède d'un défaut de sensibilité chez les interprètes car, au fond et c'est là où les récitatifs sont magistraux, les tourments d'Ilia sont plus variés et devraient impressionner davantage qu'ils ne le font, car nous sommes souvent, pour cet opéra, plus fasciné par la figure en principe obscure (ne serait-ce que parce qu'on lui rattache et musicalement et d'un point de vue mythologique) d'Electre. Je veux dire que l'incarner, comme disait Tubeuf, simplement comme la titulaire d'une musique émerveillée, presque comme une figure abstraite, à mi chemin entre la princesse dans sa tour et l'image sacrificielle (contre-sens puisque c'est Idamante le sacrifié) me parait relever, aujourd'hui, de l'erreur. On devrait l'entendre pleurer, crier, apostropher les dieux et les hommes, bref, s'affirmer en tant qu'actrice de la tragédie puisqu'elle a les mots et la musique pour ça. Je pense que ça pourrait se chanter un peu comme du Gluck, alors qu'Electre doit surveiller les coloratures au moins autant que les accents. |
| | | bAlexb Mélomane chevronné
Nombre de messages : 8514 Age : 43 Localisation : Rhône-Alpes Date d'inscription : 18/10/2010
| Sujet: Re: Patrizia Ciofi Dim 4 Mai 2014 - 22:48 | |
| - Francesco a écrit:
- Oui mais précisément, à mon avis, cette mise à distance procède d'un défaut de sensibilité chez les interprètes car, au fond et c'est là où les récitatifs sont magistraux, les tourments d'Ilia sont plus variés et devraient impressionner davantage qu'ils ne le font, car nous sommes souvent, pour cet opéra, plus fasciné par la figure en principe obscure (ne serait-ce que parce qu'on lui rattache et musicalement et d'un point de vue mythologique) d'Electre. Je veux dire que l'incarner, comme disait Tubeuf, simplement comme la titulaire d'une musique émerveillée, presque comme une figure abstraite, à mi chemin entre la princesse dans sa tour et l'image sacrificielle (contre-sens puisque c'est Idamante le sacrifié) me parait relever, aujourd'hui, de l'erreur.
On devrait l'entendre pleurer, crier, apostropher les dieux et les hommes, bref, s'affirmer en tant qu'actrice de la tragédie puisqu'elle a les mots et la musique pour ça. Je pense que ça pourrait se chanter un peu comme du Gluck, alors qu'Electre doit surveiller les coloratures au moins autant que les accents. Pour la dernière phrase, je ne vois pas, a priori, de différence fondamentale dans l'écriture entre les deux personnages (fond et forme, je veux dire). Quant au début de ta proposition, en revanche, si la carrure peut m'impressionner, je ressens la même espérance frustrée avec toutes les Ilia, en général scène et disque confondus; pour moi (j'entends : par la manière dont, moi, je reçois le rôle), ça reste affaire de plastique, quelque chose de formel (tu as raison de parler de figure abstraite ; je parlerais peut-être d'archétype) qui me bloque l'accès à l'affect. Mais quand tu évoques Mélpomène, là je sens confusément un truc qui me titille et je m'explique : voilà bien, justement, l'archétype, la figure de la Tragédie au verbe porteur/porté qui ne fonctionne complètement qu'en diptyque avec Dionysos. C'est peut-être ça, la clé dans Idomeneo : Ilia ET Elettra ; parce qu'effectivement, dans mon cas Ilia ne m'intéresse réellement que quand elle croise Elettra (et c'est fugace, finalement). Ou, en tout cas, quand elle est dans un rapport de "symétrie" avec un autre personnage (Idamante, face à Idomeneo, etc.) qui crée "l'excitation" dans son chant. Mais je crois que si on veut continuer, il faudra le faire dans le sujet ad hoc ; sans quoi on va se faire sévèrement tancer ! |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97845 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Patrizia Ciofi Dim 4 Mai 2014 - 22:52 | |
| Je ne suis pas sûr des conclusions à tirer, mais je suis pleinement en accord avec la vision de Francesco : indépendamment des formats utilisé, Ilia a les parties les plus verbales, finalement. Et les lyriques un peu trop moelleux occultent parfois cette dimension. |
| | | AlfredoGermont Mélomane averti
Nombre de messages : 136 Date d'inscription : 13/12/2010
| Sujet: Re: Patrizia Ciofi Dim 4 Mai 2014 - 23:37 | |
| Je ne comprends pas comment quelqu'un qui n'a jamais entendu Ciofi dans le théâtre offre des avis que Elettra ce n'est pas le rôle pour elle! Et encore une chose: aigu ce n'est pas l'aspect le plus important de l'art vocal! Un peu de confiance pour cette grande chanteuse ! |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97845 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Patrizia Ciofi Dim 4 Mai 2014 - 23:56 | |
| Ça va, on ne va pas en remettre dix couches parce qu' Aurele a des préventions (que beaucoup d'autres doivent avoir, je suppose) sur Ciofi dans ce rôle. Si on devait absolument avoir entendu les chanteurs, les œuvres, les orchestres en vrai pour en parler, on ferait un petit syndicat des voyageurs fortunés de l'art lyrique, pas un forum ouvert à tous. (Sans parler des questions d'âge... on aurait bouche close pendant longtemps). |
| | | AlfredoGermont Mélomane averti
Nombre de messages : 136 Date d'inscription : 13/12/2010
| Sujet: Re: Patrizia Ciofi Lun 5 Mai 2014 - 0:08 | |
| "des voyageurs fortunés de l'art lyrique"?
Ciofi chante beaucoup en France! |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97845 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Patrizia Ciofi Lun 5 Mai 2014 - 0:23 | |
| Ben, le train, les places, l'hôtel, ça ne tombe pas du ciel. Aurèle vit dans une chambre d'étudiant, n'a pas l'argent pour se payer un accès internet décent... il ne va pas voyager pour confirmer qu'il n'aime pas des chanteuses, quand même. On peut contester ses arguments (je l'ai fait d'ailleurs : son Elettra ne me fait pas du tout envie, mais je ne suis pas d'accord avec ses raisons). En revanche, de là à lui contester la légitimité à émettre un avis parce qu'il n'a pas voyagé comme d'autres qui ont quatre fois son âge et huit fois sont compte en banque (non, pas toi )... ça ne me paraît pas très juste. |
| | | Otello Mélomane chevronné
Nombre de messages : 7308 Age : 58 Date d'inscription : 20/05/2010
| Sujet: Re: Patrizia Ciofi Lun 5 Mai 2014 - 0:44 | |
| - DavidLeMarrec a écrit:
- Ben, le train, les places, l'hôtel, ça ne tombe pas du ciel. Aurèle vit dans une chambre d'étudiant, n'a pas l'argent pour se payer un accès internet décent... il ne va pas voyager pour confirmer qu'il n'aime pas des chanteuses, quand même.
On peut contester ses arguments (je l'ai fait d'ailleurs : son Elettra ne me fait pas du tout envie, mais je ne suis pas d'accord avec ses raisons). En revanche, de là à lui contester la légitimité à émettre un avis parce qu'il n'a pas voyagé comme d'autres qui ont quatre fois son âge et huit fois sont compte en banque (non, pas toi )... ça ne me paraît pas très juste. mais même pour qui a un salaire moyen, c'est devenu très difficile de se payer même dans l'hexagone des sorties lyriques qui imposent de débourser une budget non négligeable. |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97845 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Patrizia Ciofi Lun 5 Mai 2014 - 0:50 | |
| Ça dépend de plein de paramètres (notamment la définition du salaire moyen et les autres postes de dépense), et ce n'est pas vraiment le sujet sur lequel je souhaitais embarquer le sujet. :mrgreen:En y mobilisant un peu de son budget loisir et en faisant les choses astucieusement (covoiturage ou troc de billets, places de dernière catégoriedans la salle, représentations en matinée le dimanche), on peut le faire sans se ruiner. Ça doit quand même faire 75€ incompressibles, ce qui n'est vraiment pas insurmontable, une ou deux fois par an, sur un budget de salarié. Mais quand on n'a vraiment pas de rentrées d'argent et qu'on n'a de toute façon pas l'âge pour avoir écumé toutes les scènes et tous les interprètes, difficile de s'entendre reprocher de ne pas avoir entendu tel ou tel. C'était plutôt de ce côté-là que se situait le sens de ma remarque, pas du tout un jugement du mode de vie de chacun (le « vieux voyageurs fortunés » était de la gentille provocation). |
| | | bAlexb Mélomane chevronné
Nombre de messages : 8514 Age : 43 Localisation : Rhône-Alpes Date d'inscription : 18/10/2010
| Sujet: Re: Patrizia Ciofi Mar 13 Mai 2014 - 13:19 | |
| - aurele a écrit:
- Luisa Miller est un rôle exigeant mais je pense qu'elle pourra apporter des choses en terme de nuances, de caractérisation du personnage.
Tu vas être content ; à moins que... Ah ben non, en fait ! - aurele a écrit:
- mais si Luisa Miller est toujours d'actualité par exemple, c'est inquiétant.
Enfin, toujours est-il que la prise de rôle aura effectivement lieu, à Liège en novembre/décembre prochain : http://www.operaliege.be/fr/activites/operas/luisa-miller . Pour éviter à tout un chacun de se livrer au fastidieux copier/coller depuis certain forum : - Citation :
- oui mais Luisa Miller aussi ça va être difficile! passer auditivement après des pointures telles que dans le passé Caballé et Ricciarelli, et aujourd'hui Stoyanova et Cedolins pour ne citer que ces 4 là, ça va faire une fois de plus moineau dans un nid d'aigle.
(Si l'aigle a ce profil-ci : /watch?v=GFhhV_lEhr0 ; heureusement Maazel/DGG rend mieux compte du personnage, malgré la légère petite mollesse habituelle de l'émission/incarnation. ) - Citation :
- J'ai cité Moffo qui ne l'a pas fait à la scène me semble-t-il.
Tu as raison de citer Caballé et Ricciarelli Jérome mais moi, j'aime beaucoup la Luisa de Scotto, avec les limites qu'on lui connaît dans l'aigu qui m'ont rarement posé de problème de toute manière. - Citation :
- oh mais la liste est longue de ces chanteuses qui ont été excellentes dans le rôle parce qu'elles en avaient vocalement les moyens, elles! lol contrairement à Ciofi qui est une demi- Marie de la Fille du Régiment ... Alors je veux bien croire qu'elle va adapter le rôle a sa voix mais dans ce cas là ce ne sera plus vraiment Luisa Miller.
Dont acte ; là encore, les "instruments" concernés (liste non limitative que tout le monde connait : Caballe, Souliotis, Cebotari, Kelston, Martinez, Cedolins, Millo, Jaho etc.) sont tellement pluriels que, pour moi (et seulement pour moi, évidemment), je peine à en tirer quelque argument déterminant (au sens propre du terme ; c'est à dire qui déterminerait le rôle). Du reste, je me suis toujours demandé quel rôle Verdi avait vraiment voulu écrire ; je pense au poncif des "trois voix" qu'on lit souvent au sujet de Luisa, je pense aussi à l'inadéquation (qu'on lit moins) de la créatrice que Verdi n'aimait pas tellement (dans ce rôle, s'entend ; quand il lui taillera/coudra le rôle de Lina, de fait, les jonctions avec Luisa paraîtront bien oiseuses). La tessiture est, finalement, assez économe ; c'est plutôt le "vocabulaire" (la "grammaire" comme on lit ici ou ailleurs, parfois) qui compte et j'imagine que c'est par là qu'on tire la ligne jusque vers Gilda (que beaucoup de Luisa historiques n'ont jamais chanté ; jamais seulement pensé pouvoir chanter), parce que je ne pense pas que de doctes commentateurs ne s'attacheraient qu'à la chronologie seule. Ce qui m'intéresse, c'est l'idée d'un drame "rustique" qui descendrait en cascade de la Sonnambula ; ce qui implique, dans mon idée, une atmosphère sans virtuosité excessive (sauf à vouloir abîmer les sentiments) dès lors que la scena d'entrée est passée mais avec une vraie palette de nuances et de colorations à défaut de vraies couleurs (ou de changements de couleurs, j'aurais envie de dire ; la "jeune" verdienne varie peu, finalement). De ce point de vue, Aurèle, comme toi je suis intéressé par le potentiel "en terme de nuances, de caractérisation du personnage". A suivre... |
| | | bAlexb Mélomane chevronné
Nombre de messages : 8514 Age : 43 Localisation : Rhône-Alpes Date d'inscription : 18/10/2010
| Sujet: Re: Patrizia Ciofi Mer 14 Mai 2014 - 0:04 | |
| Interview au sujet de Tancredi, à quelques encablures de la prima au TCE : http://www.concertclassic.com/article/une-interview-de-patrizia-ciofi-et-enrique-mazzola-tancredi-symbolise-une-certaine-purete-de . Ciofi, Lemieux & Mazzola étant, par ailleurs, les invités du Magazine de France Musique en réécoute ici : http://www.francemusique.fr/emission/le-magazine/2013-2014/marie-nicole-lemieux-patrizia-ciofi-enrique-mazzola-jean-osinki-05-14-2014-12-30 . |
| | | bAlexb Mélomane chevronné
Nombre de messages : 8514 Age : 43 Localisation : Rhône-Alpes Date d'inscription : 18/10/2010
| Sujet: Re: Patrizia Ciofi Ven 16 Mai 2014 - 8:10 | |
| Confirmation de ce qui "bruitait" déjà : à savoir qu'une Mimi scénique succédera, en 2015-2016 à Liège, à la prise de rôle parisienne en version de concert de juin prochain, http://www.forumopera.com/index.php?mact=News,cntnt01,detail,0&cntnt01articleid=6547&cntnt01origid=57&cntnt01detailtemplate=gabarit_detail_breves&cntnt01lang=fr_FR&cntnt01returnid=36 . |
| | | aurele Mélomane chevronné
Nombre de messages : 23541 Age : 33 Date d'inscription : 12/10/2008
| Sujet: Re: Patrizia Ciofi Ven 16 Mai 2014 - 9:57 | |
| Concernant Mimi, elle peut y apporter une vraie sincérité et sensibilité. En revanche, il est évident qu'elle n'a pas la voix d'une Mirella Freni ou même d'une Victoria de Los Angeles qui sont à ce jour mes deux Mimi préférées, bien que la voix de la seconde ne me paraisse pas si impressionnante que cela en terme d'ambitus et de puissance, loin de là. |
| | | Polyeucte Mélomane chevronné
Nombre de messages : 20753 Age : 41 Date d'inscription : 03/07/2009
| Sujet: Re: Patrizia Ciofi Ven 16 Mai 2014 - 10:11 | |
| Enfin entre Freni et Los Angeles, il n'y a pas non plus beaucoup de similarités... Et Mimi n'est pas vraiment un rôle "vocal", mais beaucoup plus un rôle sensible, comme Butterfly. Donc peu importe les dimensions de la voix, la largeur, l'ambitus ou la puissance... L'important est la musicalité, l'émotion qui se dégage... |
| | | aurele Mélomane chevronné
Nombre de messages : 23541 Age : 33 Date d'inscription : 12/10/2008
| Sujet: Re: Patrizia Ciofi Ven 16 Mai 2014 - 10:18 | |
| Parmi les Mimi d'aujourd'hui, je n'ai entendu en entier que Mula et Gheorghiu et je n'avais pas trop apprécié la Mimi d'Orange de la première, tant vocalement qu'en terme d'émotion. La deuxième est une Mimi manquant d'émotion (là encore entendue/vue dans la captation d'Orange avec Alagna, connais pas encore la version Chailly en entier). |
| | | Polyeucte Mélomane chevronné
Nombre de messages : 20753 Age : 41 Date d'inscription : 03/07/2009
| Sujet: Re: Patrizia Ciofi Ven 16 Mai 2014 - 10:29 | |
| - aurele a écrit:
- Parmi les Mimi d'aujourd'hui, je n'ai entendu en entier que Mula et Gheorghiu et je n'avais pas trop apprécié la Mimi d'Orange de la première, tant vocalement qu'en terme d'émotion.
La deuxième est une Mimi manquant d'émotion (là encore entendue/vue dans la captation d'Orange avec Alagna, connais pas encore la version Chailly en entier). Ah ben sans avoir entendu Mula dans la Bohème, je sais entre les deux qui me tenterait le plus... Sinon pour revenir à la Mimi de Ciofi, j'aurais peut-être dû prendre une place Maintenant je suis curieux, mais c'est un peu trop tard pour mon porte monnaie (surtout que juin signifie prendre toutes les places de l'OC, Pleyel, Philharmonie pour la saison prochaine ). J'imagine bien sûr qu'il n'y aura pas de diffusion radio ou vidéo |
| | | bAlexb Mélomane chevronné
Nombre de messages : 8514 Age : 43 Localisation : Rhône-Alpes Date d'inscription : 18/10/2010
| Sujet: Re: Patrizia Ciofi Ven 16 Mai 2014 - 15:44 | |
| - Polyeucte a écrit:
- J'imagine bien sûr qu'il n'y aura pas de diffusion radio ou vidéo
Quelle idée, enfin ! - Polyeucte a écrit:
- Enfin entre Freni et Los Angeles, il n'y a pas non plus beaucoup de similarités...
... ni de singularités particulières (chez la seconde, notamment). - aurele a écrit:
- En revanche, il est évident qu'elle n'a pas la voix d'une Mirella Freni ou même d'une Victoria de Los Angeles qui sont à ce jour mes deux Mimi préférées
C'est sûr et je ne pense pas que quiconque cherche à le nier ; mais Freni et Los Angeles n'étaient pas, non plus, a priori si proches que ça de Tebaldi ou Caballe, autres grandes Mimi (et encore faut-il s'entendre sur Freni ; je veux dire s'il d'agit de celle du live viennois de 63 ou des années 80, la première étant encore ce qu'il y a de plus proche [ou de moins éloigné, en réalité je ne sais pas] de ce qu'on a conservé de Cesira Ferrani, la créatrice puisque, là, le témoignage existe). Finalement, je me demande si, au-delà des splendeurs étales de timbres superbes (mais sonnant peu "cousette"), on ne gagne pas parfois à se frotter à des chairs plus palpitantes (ce qui ne préjuge ni de l'investissement, ni de la capacité à colorer) : dans le désordre, la jeune Freni, justement, Carteri, Albanese, Eipperle, Sayao, Lorengar, Cebotari (un cran au-dessus, c'est vrai). Ce qu'on a peut-être tendu à oublier dès lors qu'on a distribué presque systématiquement (au disque, au moins), le rôle à des lyriques moelleux ; soit depuis les années 60-70 (pour distinger, en mode "Fach" Mimi de Musetta ?). - Polyeucte a écrit:
- Et Mimi n'est pas vraiment un rôle "vocal", mais beaucoup plus un rôle sensible
On est assez d'accord ; sauf vouloir à disserter sur le terme "vocal" mais, là, nos amis "glottophiles" sauront le faire beaucoup mieux que moi .
Dernière édition par bAlexb le Ven 1 Aoû 2014 - 8:34, édité 1 fois |
| | | bAlexb Mélomane chevronné
Nombre de messages : 8514 Age : 43 Localisation : Rhône-Alpes Date d'inscription : 18/10/2010
| Sujet: Re: Patrizia Ciofi Ven 1 Aoû 2014 - 8:32 | |
| Rappel du programme du concert de lundi, aux Chorégies d'Orange : http://www.choregies.fr/fr/5-saison_2014-3.html . Si tout, plus ou moins, est connu (Stuarda en intégrale, Bolena pour la scène finale déjà), Semiramide est à noter ("Bel raggio lusinghier" & "Serbami ognor si fido") ; on en reparle à la sortie ! |
| | | Otello Mélomane chevronné
Nombre de messages : 7308 Age : 58 Date d'inscription : 20/05/2010
| Sujet: Re: Patrizia Ciofi Ven 1 Aoû 2014 - 14:32 | |
| un tout petit peu léger comme programme en quantité! elles auraient tout de même pu faire chacune 2 airs par partie et il aurait pu y avoir 2 duos par partie! Surtout qu'il y a tout de même 4 ouvertures .... |
| | | bAlexb Mélomane chevronné
Nombre de messages : 8514 Age : 43 Localisation : Rhône-Alpes Date d'inscription : 18/10/2010
| Sujet: Re: Patrizia Ciofi Ven 1 Aoû 2014 - 14:37 | |
| - Otello a écrit:
- un tout petit peu léger comme programme en quantité!
elles auraient tout de même pu faire chacune 2 airs par partie et il aurait pu y avoir 2 duos par partie! Surtout qu'il y a tout de même 4 ouvertures .... Se contenter de ce qu'on nous offre ; j'imagine que ça doit, aussi, être largement conditionné par le "cahier des charges Chorégies" (et que ce dernier doit, par exemple, s'adapter beaucoup plus facilement à une configuration soprano/ténor ou à celle qu'on a vu l'an passé avec Ciofi/Nucci) ... (Je deviens raisonnable ?)
Dernière édition par bAlexb le Ven 1 Aoû 2014 - 22:56, édité 1 fois |
| | | Otello Mélomane chevronné
Nombre de messages : 7308 Age : 58 Date d'inscription : 20/05/2010
| Sujet: Re: Patrizia Ciofi Ven 1 Aoû 2014 - 22:31 | |
| - bAlexb a écrit:
- le "cahier des charges Chorégies" (et que ce dernier doit, par exemple, s'adapter beaucoup moins facilement à une configuration soprano/ténor ou à celle qu'on a vu l'an passé avec Ciofi/Nucci)
excuse moi mais là j'ai du mal à saisir ton raisonnement ... |
| | | bAlexb Mélomane chevronné
Nombre de messages : 8514 Age : 43 Localisation : Rhône-Alpes Date d'inscription : 18/10/2010
| Sujet: Re: Patrizia Ciofi Ven 1 Aoû 2014 - 22:43 | |
| - Otello a écrit:
- bAlexb a écrit:
- le "cahier des charges Chorégies" (et que ce dernier doit, par exemple, s'adapter beaucoup plus facilement à une configuration soprano/ténor ou à celle qu'on a vu l'an passé avec Ciofi/Nucci)
excuse moi mais là j'ai du mal à saisir ton raisonnement ... Je voulais dire qu'il y a sans doute plus matière à construire un programme "Chorégies" (musique "grand public"* qui s'entend/s'écoute bien dans le théâtre antique) dans une configuration soprano/ténor que soprano/mezzo (quel grand Verdi, quel grand Puccini par exemple ?). Soprano/baryton c'est peut-être déjà plus limité mais ça marchait très bien l'année dernière pour Ciofi/Nucci qui ont à leur répertoire commun (je veux dire : ensemble) Rigoletto ET Traviata qui permet largement de construire un programme vendeur et substantiel. Pardon si ça n'était pas clair d'emblée . * Rien de péjoratif ; ça n'est absolument pas une appréciation liée à la qualité de la musique en question (je m'empresse de préciser ). EDIT : on peut aussi compter sur les bis qui, non-écrits/annoncés, peuvent suivant les chanteurs constituer une part appréciable du programme (en 2008 à Bilbao, Ciofi/Barcellona avaient donné la Barcarolle des Contes d'Hoffmann et le Duo des fleurs de Lakmé ; Florez à Marseille en 2011 avait été bien généreux avec "Ah ! Lève-toi soleil", "La donna è mobile", "Pour mon âme" et "Cessa di piu resistere", pour un exemple qui me vient spontanément à l'esprit ). |
| | | bAlexb Mélomane chevronné
Nombre de messages : 8514 Age : 43 Localisation : Rhône-Alpes Date d'inscription : 18/10/2010
| Sujet: Re: Patrizia Ciofi Mer 26 Nov 2014 - 12:18 | |
| Pour mémoire : la prima de la prise de Ciofi dans Luisa Miller, c'est ce soir à Liège (ici, quelques images mises en ligne par l'Opéra royal de Wallonie : /watch?v=Wq8JucYkpRA) . |
| | | bAlexb Mélomane chevronné
Nombre de messages : 8514 Age : 43 Localisation : Rhône-Alpes Date d'inscription : 18/10/2010
| Sujet: Re: Patrizia Ciofi Lun 5 Jan 2015 - 8:40 | |
| - bAlexb a écrit:
- A propos de la Leïla de Ciofi, à Naples ( et pardon pour la traduction) :
"La chanteuse toscane confirme son statut d'artiste sensible, toujours à l'intérieur du personnage auquel elle infuse/transfuse l'expressivité et le caractère qui rendent le portrait pénétrant. La soprano possède le timbre idéal du rôle, dont elle surmonte les obstacles sans chercher les accomodements/la commodité, mais au contraire en les résolvant au mieux grâce à une technique de fer combinée à une émission toujours contrôlée, admirable de légèreté et de fluidité. Non moins [admirable] est le grand soin porté à la parole chantée : la Ciofi ne néglige pas un seul accent de nature à donner âme et crédibilité à son personnage." http://www.operaclick.com/recensioni/teatrale/napoli-teatro-di-san-carlo-i-pescatori-di-perle
Peut-être pas la peine de traduire, ici : "Patrizia Ciofi dà voce a Léila con la grazia e l’abilità che tutti le riconoscono da sempre". http://www.giornaledellamusica.it/rol/?id=4137
"Patrizia Ciofi donne a Leila le juste équilibre entre virtuosité aérienne et intensité dramatique ; elle dispose d'une voix agile, précise et expressive, même si le volume n'est pas des plus larges." http://www.teatro.org/spettacoli/dettaglio_spettacolo.asp?contrRecensione=OK&id_spettacolo=24498
"La soprano Patrizia Ciofi, dont la diction française est si parfaite [...]" http://www.corriere.it/cultura/12_ottobre_18/elzeviro-isotta-triangolo-amoroso-giovane-bizet_8e792e46-190e-11e2-b7ea-e60076599502.shtml La production napolitaine a été captée par Naxos et sort en dvd : http://www.naxos.com/catalogue/item.asp?item_code=719604 ; avis aux amateurs. |
| | | bAlexb Mélomane chevronné
Nombre de messages : 8514 Age : 43 Localisation : Rhône-Alpes Date d'inscription : 18/10/2010
| Sujet: Re: Patrizia Ciofi Ven 16 Jan 2015 - 14:40 | |
| "Prise de rôle" annoncée dans le Requiem de Verdi sous la baguette de Chung, à Saint-Denis, les 23 & 24 juin prochains : http://www.festival-saint-denis.com/concert/verdi . |
| | | Polyeucte Mélomane chevronné
Nombre de messages : 20753 Age : 41 Date d'inscription : 03/07/2009
| Sujet: Re: Patrizia Ciofi Ven 16 Jan 2015 - 14:49 | |
| Affiche intéressante... Peut-être pas très "habituelle" dans les profils, mais qui me tenterait bien! |
| | | bAlexb Mélomane chevronné
Nombre de messages : 8514 Age : 43 Localisation : Rhône-Alpes Date d'inscription : 18/10/2010
| Sujet: Re: Patrizia Ciofi Ven 16 Jan 2015 - 15:30 | |
| - Polyeucte a écrit:
- Affiche intéressante...
Peut-être pas très "habituelle" dans les profils, mais qui me tenterait bien! ... Qui me tente beaucoup, évidemment ! (Affiche originale, en tout cas ; susceptible de susciter pas mal de "commentaires", j'imagine !) |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97845 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Patrizia Ciofi Sam 17 Jan 2015 - 15:00 | |
| - Polyeucte a écrit:
- Affiche intéressante...
Peut-être pas très "habituelle" dans les profils, mais qui me tenterait bien! Si tu n'as jamais tenté Saint-Denis, l'acoustique est assez immonde. Même du premier rang, on n'entend guère que de la bouillie. J'y avais entendu Juntunen, Spence, Goerne et le Rundfunkchor Berlin dans le War Requiem… et ils paraissent toujours assez lointains alors que je pouvais quasiment les toucher en me penchant… (En plus c'est cher.) |
| | | Xavier Père fondateur
Nombre de messages : 91393 Age : 43 Date d'inscription : 08/06/2005
| Sujet: Re: Patrizia Ciofi Sam 17 Jan 2015 - 15:15 | |
| Je confirme, j'y suis allé une fois, c'était la dernière. Réverbération de 15 secondes au moins. |
| | | Polyeucte Mélomane chevronné
Nombre de messages : 20753 Age : 41 Date d'inscription : 03/07/2009
| Sujet: Re: Patrizia Ciofi Sam 17 Jan 2015 - 15:19 | |
| C'est toujours ce que j'ai entendu dire pour l’acoustique... Disons que ça me plairait dans l'absolu... mais il y a peu de chances que j'y aille de toutes façons... |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97845 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Patrizia Ciofi Sam 17 Jan 2015 - 15:31 | |
| - Xavier a écrit:
- Je confirme, j'y suis allé une fois, c'était la dernière.
Réverbération de 15 secondes au moins. C'est au delà de la réverbération : à Saint-Sulpice, c'est affreux (et pire) de ce côté-là, mais c'est le seul paramètre. À Saint-Denis, en plus, le son d'échappe bizarrement, comme si on avait installé une hotte à musique au-dessus de la scène. Il n'y a pas beaucoup d'endroits où rien ne me ferait revenir, mais comme pour Xavier, à moins qu'il y ait un truc vraiment immanquable… et encore, pas sûr. |
| | | bAlexb Mélomane chevronné
Nombre de messages : 8514 Age : 43 Localisation : Rhône-Alpes Date d'inscription : 18/10/2010
| Sujet: Re: Patrizia Ciofi Dim 8 Fév 2015 - 20:31 | |
| Programme du concert de vendredi à Marseille, en duo avec Clémentine Margaine : http://opera.marseille.fr/concerts/concerts-symphoniques/20150213-opera . Stuarda, qu'on a entendue souvent dans ces conditions (avant reprise, en concert & en intégrale la saison prochaine à Avignon) et scène de la lettre/"Addio del passao" de Traviata, bien connue aussi (on espère le second couplet dans lequel Ciofi montre toujours sa capacité à varier les couleurs du texte). On retrouve avec plaisir, après Liège, la scène de l'acte II de Luisa Miller avec sa cabalette ; et le 3e air d'Elettra d' Idomeneo dont la dernière avait lieu, à Lille, ce vendredi (en toucherai-je deux mots ?). En duo, Capuleti (reprise à Barcelone, également la saison prochaine) et, surtout... Norma. Après Semiramide cet été avec Daniela Barcellona, c'est une autre manière de mordre et d'aborder, dans les conditions du concert, aux rives d'un autre rôle mythique du bel canto (mais après tout, peut-être Margaine fera-t-elle Norma & Ciofi Adalgisa, dans laquelle j'ai toujours pensé qu'elle avait un sillon à creuser ). A suivre ... |
| | | Polyeucte Mélomane chevronné
Nombre de messages : 20753 Age : 41 Date d'inscription : 03/07/2009
| Sujet: Re: Patrizia Ciofi Dim 8 Fév 2015 - 20:47 | |
| - bAlexb a écrit:
- Programme du concert de vendredi à Marseille, en duo avec Clémentine Margaine : http://opera.marseille.fr/concerts/concerts-symphoniques/20150213-opera .
Quand j'ai vu le programme, j'ai vraiment été content! Varié, avec des choses connues et d'autres moins par Ciofi... j'attends avec impatience! - Citation :
- le 3e air d'Elettra d'Idomeneo dont la dernière avait lieu, à Lille, ce vendredi (en toucherai-je deux mots ?).
- Citation :
- En duo, Capuleti (reprise à Barcelone, également la saison prochaine) et, surtout... Norma. Après Semiramide cet été avec Daniela Barcellona, c'est une autre manière de mordre et d'aborder, dans les conditions du concert, aux rives d'un autre rôle mythique du bel canto (mais après tout, peut-être Margaine fera-t-elle Norma & Ciofi Adalgisa, dans laquelle j'ai toujours pensé qu'elle avait un sillon à creuser ).
Ah oui, je n'avais pas pensé à "inverser" les rôles... mais en effet, pourquoi pas Ciofi en Adalgisa! Ou alors elle nous font le coup de Bumbry/Verrett qui avait, lors d'un concert, inversé les rôles pour le BIS!! Vivement vendredi en tout cas! |
| | | Mariefran Mélomane nécrophile
Nombre de messages : 14259 Age : 63 Localisation : Lille Date d'inscription : 25/02/2008
| Sujet: Re: Patrizia Ciofi Lun 9 Fév 2015 - 18:43 | |
| J'ai entendu Ciofi à Lille, mardi dernier. Elle a eu du mal dans l'air du premier acte, comme si elle n'était pas en voix, mais s'est bien reprise dans les deux suivants. Pas une "belle" voix mais il y a quelque chose de marquant, qui sort de l'ordinaire, cela m'a bien intéressée. |
| | | bAlexb Mélomane chevronné
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| Sujet: Re: Patrizia Ciofi Lun 9 Fév 2015 - 20:09 | |
| - Mariefran a écrit:
- J'ai entendu Ciofi à Lille, mardi dernier. Elle a eu du mal dans l'air du premier acte, comme si elle n'était pas en voix, mais s'est bien reprise dans les deux suivants. Pas une "belle" voix mais il y a quelque chose de marquant, qui sort de l'ordinaire, cela m'a bien intéressée.
Vendredi, pour la dernière, ça sentait encore la laryngite ; et d'ailleurs pas que pour Ciofi (Spicer & Montvidas autrement affectés). Paradoxalement (ou pas, en fait), ces quelques scories traînantes, ces quelques raucités ajoutaient à l'épaisseur du personnage, par ailleurs intensément poétique dès lors que la phrase peut se tendre ("Idol mio" mais plus encore "Placido è il mar" aux appogiatures superbement posées sur le souffle). Une Elettra assez complète (et complexe), au final : intense toujours (les récitatifs, évidemment, sculptés dans une matière sonore à la fois pulvérulente et parfaitement tenue ; aux affects maîtrisés, délimités mais jamais secs, ni à court d'abandon) mais jamais figée (et sans ratés "fondamentaux" comme c'est souvent le cas chez ses consoeurs qui manquent au moins l'un de leurs trois airs par défaut ou bien d'imagination, ou bien de tenue, ou bien de ligne, etc.). Et un "D'Oreste d'Aiace" diabolique, pour finir, aux piqués vertigineux ! |
| | | Polyeucte Mélomane chevronné
Nombre de messages : 20753 Age : 41 Date d'inscription : 03/07/2009
| Sujet: Re: Patrizia Ciofi Lun 9 Fév 2015 - 21:01 | |
| - Mariefran a écrit:
- J'ai entendu Ciofi à Lille, mardi dernier. Elle a eu du mal dans l'air du premier acte, comme si elle n'était pas en voix, mais s'est bien reprise dans les deux suivants. Pas une "belle" voix mais il y a quelque chose de marquant, qui sort de l'ordinaire, cela m'a bien intéressée.
(non non, tu n'es pas surveillée! ) - bAlexb a écrit:
- Vendredi, pour la dernière, ça sentait encore la laryngite ; et d'ailleurs pas que pour Ciofi (Spicer & Montvidas autrement affectés). Paradoxalement (ou pas, en fait), ces quelques scories traînantes, ces quelques raucités ajoutaient à l'épaisseur du personnage, par ailleurs intensément poétique dès lors que la phrase peut se tendre ("Idol mio" mais plus encore "Placido è il mar" aux appogiatures superbement posées sur le souffle).
Une Elettra assez complète (et complexe), au final : intense toujours (les récitatifs, évidemment, sculptés dans une matière sonore à la fois pulvérulente et parfaitement tenue ; aux affects maîtrisés, délimités mais jamais secs, ni à court d'abandon) mais jamais figée (et sans ratés "fondamentaux" comme c'est souvent le cas chez ses consoeurs qui manquent au moins l'un de leurs trois airs par défaut ou bien d'imagination, ou bien de tenue, ou bien de ligne, etc.). Et un "D'Oreste d'Aiace" diabolique, pour finir, aux piqués vertigineux ! Ne dit pas plus... je vais attendre la fin du récital de Marseille avec une folle envie! Merci pour le retour en tout cas! |
| | | bAlexb Mélomane chevronné
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| | | | Polyeucte Mélomane chevronné
Nombre de messages : 20753 Age : 41 Date d'inscription : 03/07/2009
| Sujet: Re: Patrizia Ciofi Lun 16 Fév 2015 - 11:16 | |
| - bAlexb a écrit:
- Ç'aura donc été une Norma en mode Grisi ; CR à suivre (mais si d'autres souhaitent s'y coller, qu'ils ne se privent pas ) !
En cours! Très bientôt... (mais j'ai été assez long et donc sûrement plein de lourdeurs et fautes, donc faut que je relise un minimum!) |
| | | bAlexb Mélomane chevronné
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| Sujet: Re: Patrizia Ciofi Lun 16 Fév 2015 - 11:20 | |
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| | | Polyeucte Mélomane chevronné
Nombre de messages : 20753 Age : 41 Date d'inscription : 03/07/2009
| Sujet: Re: Patrizia Ciofi Lun 16 Fév 2015 - 11:47 | |
| Bon, c'est comme ça vient... pas forcément particulièrement argumenté, mais comme je l'ai ressenti! En tout cas un super concert qui méritait bien le déplacement! Patrizia Ciofi-Clémentine Margaine : 13/02/2015 Opéra de Marseille Gioacchino Rossini :Il Barbiere di Siviglia : Ouverture Gaetano Donizetti :Maria Stuarda : "O nube che lieve...Nella pace del mesto riposo" * Luigi Cherubini :Medea, Air de Néris : " Medea....solo un piango " ° Gioacchino Rossini :Semiramide : Ouverture Giuseppe Verdi : La Traviata : "Teneste la promessa...Addio del passato " * Vincenzo Bellini :I Capuleti e i Montecchi, Duo : "Si, fuggire" * ° Giuseppe Verdi : Luisa Miller : "Tu puniscimi o Signore...A brani, a brani o perfido" * Gaetano Donizetti :La Favorita "Oh mio Fernando" ° Roberto Devereux : Ouverture Wolgang Amadeus Mozart : Idomeneo : "O smanie, o furie....D'Oreste, d'Aiace" * Vincenzo Bellini :Norma, Duo : "Mira, oh Norma" * ° BIS :Les Contes d'Hoffmann (Offenbach) : Barcarole Lakmé (Delibes) : Duo des fleurs Orchestre Philharmonique de Marseille Direction musicale : Luciano Acocella Soprano : Patrizia Ciofi * Mezzo : Clémentine Margaine ° Le programme n'était pas annoncé à l'ouverture des réservations, mais quand on connait les programmes en duo de Patrizia Ciofi, on se doutait bien qu'on en sortirait passionné! Et en effet, à l'annonce du programme on voit que l'émotion va être au rendez-vous, permettant au public d'entendre quelques extraits de ses récentes prises de rôles ( Luisa Miller et Idomeneo), de prise de rôle futur ( Maria Stuarda)… et l'un des rôles ( La Traviata) qu'elle aura marqué de manière assez indélébile! Par contre, Clémentine Margaine restait un relatif point d'interrogation. En effet, cette mezzo a reçu un bel accueil pour Les Troyens à Marseille il y a peu, mais la voix semblait un peu large et opaque donc en contradiction avec celle de Ciofi… au final, la cohabitation des deux femmes se passe de belle manière! L'ouverture du concert se fait sur la traditionnelle ouverture de Barbier de Séville. La pièce est chouette, mais il serait peut-être temps qu'un jour on trouve un autre morceau pour inaugurer un récital d'opéra italien! De même l'ouverture de Semiramide qui suit devient de plus en plus donnée… et vu sa longueur on pourrait vite arriver à saturation. Par contre, belle idée que cette ouverture de Roberto Devereux! Originale et peu entendue, elle est très bien dirigée (comme les deux autres d'ailleurs) par Acocella qui mène avec bonheur les forces de l'Opéra de Marseille. Cet orchestre semble faire de beaux progrès car après un très beau Moïse et Pharaon à l'automne, il nous donne à entendre de superbes pièces orchestrales. Mais bon, le principal était bien sûr les chanteuses et particulièrement Patrizia Ciofi… Dès son arrivée pour Maria Stuarda, j'ai été assez saisi par l'aisance qu'elle dégageait. Si sa Lucia à Bastille la montrait un peu réservée certains soirs (elle était malade), ici la voix sonne très bien. Peut-être que la salle convient mieux aussi, mais j'ai entends plus de dynamique et de rondeur. Du coup sa Maria prend son envol, à la fois gracieuse et impérieuse. Car c'est souvent ce qui fait le prix des interprétations de Ciofi : une grâce de chant presque éthéré, mais aussi une implication forte, réussissant à combiner ces deux éléments souvent concurrents. Pour l'air du troisième acte de La Traviata, on est immédiatement baigné dans le tragique par une lecture de la lettre où la pudeur le dispute à la rage de vivre… Avec l'air complet, Ciofi nous donne toute l'étendue de son talent de compteuse et de coloriste : l'air est subtilement nuancé pour les reprises, toujours avec un chant délicat et intérieur où seuls certains moments sont enflés comme l'extériorisation d'une douleur qui se doit de sortir avant que l'épuisement ne revienne. L'émotion qui se dégage de cet air séparé est assez impressionnante!! La deuxième partie voit des héroïnes un peu plus lyriques avec une Luisa Miller au lyrisme teinté de belcanto. Les représentations de Liège semblent être encore dans la mémoire de Ciofi car son air est particulièrement incarné. Pour avoir assisté à une représentation de cet opéra à Bastille il y a quelques années, je n'avais pas eu ce sentiment de douceur puis là encore cette farouche volonté de s'élever au-dessus de son destin! Empoigné avec volonté et un certain abandon aussi, cet air impressionne et frappe. Mais le grand attendu pour moi était l'air d' Idomeneo… Les échos des représentations de Lille étaient très bons et en effet, la soprano italienne se sort avec brio de cet air démoniaque à plus d'un titre! Le récitatif qui précède l'air en tant que tel est parfaitement dit et vécu, laissant percer l'amertume plus que la violence pure… et l'air qui suit fait de même évoluant entre la rage et le désespoir pour ce personnage immense qu'est Elettra… L'air est assumé d'un bout à l'autre, n'était un petit souci dans l'une des montés "par escalier" conclue de manière un peu étrange par un aigu forte… mais peu importe ce léger accros! L'interprétation est magistrale et parfaitement assumée! Clémentine Margaine a moins à chanter que sa collègue. Et est presque l'exact opposé en fait! Si Ciofi frappe par son implication et ses nuances, la mezzo française se montre un peu frustre par moments mais déploie une voix torrentielle de mezzo large et aisé. On est assez saisi par le timbre sombre et la tessiture large, ne reculant devant aucun aigu. Mais pour totalement convaincre, il manque un peu de nuances et d'interprétation dans l'air de Néris de Médée, trop uniforme pour montrer toute la douleur de la servante. De même l'air de Leonora de La Favorite manque de mordant, cherchant avant tout à soigner la ligne et à faire du bon son. Mais la mezzo est jeune et une fois l'armure fendue, elle pourrait se révéler une superbe mezzo qu'attendent des rôles tels que Dalila par exemple! Mais alors ces deux chanteuses si différentes… comment peuvent-elles marier leur voix? Et bien par le jeu. Car le duo des Capulets montre étrangement Margaine beaucoup plus impliquée et vivante dans son chant, créant véritablement un personnage. Peut-être est-ce l'expérience de la scène qui parle ici… et Ciofi se montre capable de rivaliser sans soucis avec la mezzo, de par sa projection qui remplit sans soucis l'opéra de Marseille. Les deux chanteuses marient leurs voix et leurs timbres de belle manière. La Giulietta de Ciofi possède toute la délicatesse de la jeune fille là où le mezzo large et puissant de Margaine permet à ce Romeo de prendre toute son ampleur. Pour le duo de Norma, un petit doute subsistait sur qui chanterait qui… mais la logique voulait que le rôle-titre revienne à Ciofi, ce qui sera le cas. Là encore les voix se marient très bien, le style est toujours aussi impeccable… Mais le décalage est trop grand tout de même : Margaine manque cruellement de jeunesse pour Adalgisa alors que Ciofi manque un peu de stature pour la grande prêtresse… surtout vu son Adalgisa! Peut-être que l'inverse aurait donné plus d'impact dans les personnages. Mais reste la musique qui est superbement servie… Véritable triomphe bien sûr à l'issus de ce concert… et lorsque les chanteuses reviennent pour le premier BIS, Ciofi veut prendre la parole… et là sa voix se brise… Car même si tout au long du concert la soprano a toussoté ou dégluti, elle ne semblait pas aussi atteinte que ce qu'elle nous dit : une grippe… et donc une voix qui arrive à épuisement en fin de concert! Voilà qui explique le petit souci d'Elettra… mais qui amplifie encore plus la grande prestation dans ce récital! Les chanteuses ont prévu quelques duos… mais Ciofi n'est pas certaine de pouvoir aller au bout. Pourtant, la Barcarolle des Contes d'Hoffmann passe sans soucis, superbement phrasée par les deux chanteuses qui semblent parfaitement unies… triomphe… retour des chanteuses avec Ciofi qui semble particulièrement heureuse de ce deuxième bis : le duo des fleurs de Lakmé. Superbe, délicat pour Ciofi et plus terrien pour Margaine… puis Ciofi est prise d'une quinte de toux sous le regard compatissant de Margaine. Le public reprend son souffle… la soprano revient à temps pour sa partition… puis une autre quinte l'empêche de finir. Moment de stupeur dans la salle et sur scène. La soprano semble totalement désemparée et le public le sent puisqu'il l'applaudit alors qu'elle retourne en coulisse laissant Margaine seule chanter la fin du duo. Immense ovation, chaleureux triomphe pour remercier Ciofi qui s'est donné comme toujours à 200% dans cette soirée, malgré la maladie… Et quand elle revient sur scène pour saluer, c'est avec semble-t-il le cœur réchauffé par l'ovation du public alors qu'on sentait toute la détresse lors de sa sortie de scène. Un concert donc magistral à plus d'un titre! Ciofi aurait été en pleine forme, il aurait déjà été splendide, mais quand on repense après à son état et ce qu'elle a produit, on est encore plus admiratif! Une grande artiste généreuse et le public l'a bien compris : les remerciements fusent, la salle salue. Margaine aussi reçoit un triomphe, poussée par Ciofi d'aller saluer seule… Seul point noir de la soirée : la salle n'était qu'à moitié remplie… pour une telle artiste qui propose régulièrement de grandes prestations dans le sud de la France, il est étrange que le public n'est pas été au rendez-vous. Mais peu importe car ceux présents ont énergiquement compensé le faible nombre. Vivement Hamlet à Avignon… et espérons que Maria Stuarda (Ciofi/Deshayes/Jordi/Acocella) soit bien confirmée pour l'année prochaine! |
| | | bAlexb Mélomane chevronné
Nombre de messages : 8514 Age : 43 Localisation : Rhône-Alpes Date d'inscription : 18/10/2010
| Sujet: Re: Patrizia Ciofi Lun 16 Fév 2015 - 11:50 | |
| Avant d'aller plus loin : Stuarda n'est pas une prise de rôle à venir, Ciofi l'a déjà faite en scène à Liège et à Athènes (cette dernière sous la baguette de Bonynge). Je pinaille, je pinaille ; pardon ! (J'assimile, je digère ; et je donne, dans la foulée, ma version du "plat" !) |
| | | Polyeucte Mélomane chevronné
Nombre de messages : 20753 Age : 41 Date d'inscription : 03/07/2009
| Sujet: Re: Patrizia Ciofi Lun 16 Fév 2015 - 11:54 | |
| - bAlexb a écrit:
- Avant d'aller plus loin : Stuarda n'est pas une prise de rôle à venir, Ciofi l'a déjà faite en scène à Liège et à Athènes (cette dernière sous la baguette de Bonynge). Je pinaille, je pinaille ; pardon !
(J'assimile, je digère ; et je donne, dans la foulée, ma version du "plat" !) Pardon! J'ai pas vérifié... Honte sur moi... |
| | | bAlexb Mélomane chevronné
Nombre de messages : 8514 Age : 43 Localisation : Rhône-Alpes Date d'inscription : 18/10/2010
| Sujet: Re: Patrizia Ciofi Lun 16 Fév 2015 - 12:12 | |
| - Polyeucte a écrit:
- Honte sur moi...
Au moins, oui ! |
| | | bAlexb Mélomane chevronné
Nombre de messages : 8514 Age : 43 Localisation : Rhône-Alpes Date d'inscription : 18/10/2010
| Sujet: Re: Patrizia Ciofi Lun 16 Fév 2015 - 14:21 | |
| Donc, le concert de vendredi soir ; et qui n'aurait pas été dit (ou pas assez par Polyeucte ? En réalité pas grand-chose. A l' orchestre, j'ai encore entendu quelques faiblesses (des attaques par très franches et/ou coordonnées pour l'ouverture du Barbiere, par exemple), mais rien de comparable à sa prestation pour le concert Ciofi/Barcellona l'été dernier à Orange, avec le même chef. Acocella, justement, qui tient donc sa phalange en vrai chef de théâtre (beau sens de la respiration avec ses chanteurs, de l'atmosphère aussi que l'exercice du récital impose dès les premières mesures d'un air, cf. "Solo un pianto" au basson plein et aussi doloriste que maternel/maternant). Accessit de ce côté-ci, donc. Sur le plateau. Comme Polyeucte, j'apprécie la plénitude du timbre de Clémentine Margaine ; caramel au beurre salé dirais-je, nourri et nourrissant. Pourquoi ne pas m'auto-citer, après tout ? Voilà ce que j'avais posté, quelques pages plus haut, à propos de son Isaura de Tancredi sous la baguette de Zedda à Berlin : "Une voix à suivre : Clémentine Margaine, qui est en résidence au Deutsche Oper (Carmen, la partie de mezzo du Requiem de Verdi, Flosshilde, la 3e Dame de la Flûte). Un sublime contraltino rossinien d'une plénitude insolente, couvrant tout l'ambitus (jusqu'à de beaux aigus interpolés) avec moelleux et une coloration sombre, étale. A la fois une superbe Dalila à venir et une voix pour tous les "hosenrolen" aussi bien serie que germaniques !" Donc, je retrouve cette chair épanouie d'une voix par ailleurs parfaitement contrôlée ; j'aurais peut-être apprécié moins d'hédonisme (se plaindre que la mariée est trop belle, on croit rêver !), quelque chose de plus instantanément dramatique, d'un peu plus déboutonné, aussi. Il faut dire que deux arie permettent difficilement d'apprécier les qualités d'une voix et la gestion propres à des enjeux finalement assez proches (sauf la cabalette de la Favorita, c'est ici un spianato large qui est convoqué) ; je sens confusément une somptueuse Eboli derrière tout ça, une Amneris en même temps qu'une grandiose Sapho et une potentielle héritière de Lucy Arbell * ! Alors j'attends, j'espère, "j'invoque" ! Polyeucte a bien rappelé que Ciofi était malade ; les quelques dernières mesures du second bis ( Lakmé) en ont douloureusement témoigné pour la chanteuse. C'est, dans le même temps, la preuve que chez Ciofi, la technique n'est pas une fin en soi mais un exhaussement ; s'élever au-dessus de soi, d'une forme de (triste) réalité contingente à la notion d'instrument. Ou comment instrumentaliser l'instrument, justement ; ce dont, je pense, seuls les authentiques artistes sont capables. Bref... ... Bref, Stuarda n'était pas une surprise ; c'est un standard (dans tous les sens du terme) des programmes concertants de Ciofi. Traviata n'en est pas une, non plus ; mais le second air, avec ses deux couplets surtout (et la magie de colorations infinies, comme un ressac lancinant entre résilience, renoncement et soulèvement), installe/instille une atmosphère moins immédiatement "facile" qu'un énième "Ah ! Fors'è lui" que tant d'autres réussissent communément, dans tous les sens du terme. La voix à nue d'une chanteuse doublement dépouillée (du masque scénique, en fait) ; exercice doublement payant dès lors qu'il est réussi, ce qui me semble être sans conteste le cas ici. L'intérêt, si j'ose dire, ce sont les nouveautés (relatives ; j'entends pour ceux qui ont entendu ces prises de rôle récentes) : en l'espèce Luisa Miller & Idomeneo. Dans les deux cas, le silhouettage dépasse largement le schéma d'une forme détourée pour le concert seul ; l'engagement est luxueux, comme l'investissement d'un texte moins méticuleux qu'atmosphérique, comme souvent (par le jeu d'un exercice brillant de nuances alternées/affrontées). Luisa présente un profil sauvage, entêtant ; quant à Elettra, son récitatif prend la forme d'un caducée, soit autant de "ceraste serpenti" enroulés autour d'une barre de mesure qui s'efface, s'estompe au profit d'un drame immédiat, brûlant. Sans compter l'air lui-même, d'autant plus impérieusement humain qu'il échappe aux schématisme facile des furies traditionnelles (je ferai l'économie des noms ). Tout ceci, aussi, par l'effet (et l'efficience) d'un instrument assis depuis quelques saisons sur un médium élargi ; authentique virage qui a permis, justement, "l'étirement" du répertoire en même temps que le profil vocal s'est dissocié du strict lirico leggero. Restent les duos : Giulietta garde, malgré les années de fréquentation (prise de rôle en 2005), une fraîcheur et une prégnance qui sonnent comme la quadrature du cercle. Norma (en mode Grisi, donc), c'est autre chose ; pas athlétique on s'y attendait, largement phrasée, très sensiblement inspirée/expirée (là où sa consoeur, qui chante elle sans partition, semble compter avec moins de naturel ses intentions, ses appogiatures, etc.), distinguant les sections, etc. Comme pour Semiramide l'été dernier ** à Orange, ça pourrait apparaître comme une curiosité seule ; c'est, à mon sens, assurément (pour le moment ?) une forme d'exercice mais ça n'appelle pas moins de mise en place de moyens, de fourbissage technique & musicien (et peut-être plus, en vérité, si on y réfléchit honnêtement), pour qu'émerge un caractère crédible qui dépasse les limites du concert seul (lequel favorise, a contrario, quelque chose que j'ai du mal à décrire mais que je qualifierais d'expérience de laboratoire, de musique in vitro en quelque sorte). Pas le clou du concert, en somme, pas son acmé (il y a là, de toute façon, une fusion soprano/mezzo qui n'est pas tout à fait opérative) mais pas, non plus, une prestation seulement anecdotique et passée aussitôt entendue. Les bis sont charmants : une Barcarolle des Contes d'Hoffmann à l'intimisme moite qui incite le spectateur à se rencogner dans son fauteuil pour ne pas déranger le dialogue fluide et complice des chanteuses ; et un duo de Lakmé d'une poésie où les enlacements/élancements des deux instruments dessinent, effectivement, des "dômes épais" aux parfums puissamment projetés dans la salle. En somme : un carton plein pour l'opéra de Marseille... et tant pis pour ceux qui ont cru pouvoir/devoir s'en dispenser. L'espace restant pour les présents a permis de profiter d'autant mieux (moins de catarrheux ) d'un très beau moment de musique partagée en-deçà et au-delà de la rampe. *A lire sur la "légataire contrariée" : http://www.forumopera.com/actu/lucy-arbell-la-legataire-contrariee . **Pardon pour la citation, encore : - bAlexb a écrit:
- La Semiramide de Ciofi ? Sa présence dans le programme pouvait paraître originale ; de fait, ce n'est pas ce qui constitue l'intérêt majeur du concert. J'aime (illustration, justement, du regard sensible porté sur les affects sous-tendus par le texte) la tendresse du personnage ; l'idée que son "Dolce pensiero", par exemple, puisse se parer de couleurs extatiques et s'éloigner d'une exultation uniment hystérique. Idem dans "Serbami ognor si fido" qui affiche de très belles qualités de fondu (et de réponse/répondant entre les deux chanteuses). Pour moi, le profil y gagne une vraie qualité musicienne (autrement, à quoi bon ?) ; si ce n'est une quelconque épaisseur que le format du concert neutralise presque obligatoirement. Bref, ça m'intéresse ; et ça ne m'intéresse même plus ou moins que pour ça. Quant à parler de vocalité, je ne soutiendrai jamais que l'entièreté du rôle n'est pas ailleurs ; mais la configuration d'un concert a(ssume), aussi, une composante d'artifice (et en même temps, parce qu'il ne s'agit "que" de mettre en scène des sections détourées in vitro, elle permet de s'écarter de topoi traditionnels/traditionnalistes, si ce n'est d'expérimenter d'autres voies/voix, justement parce que la vérité de l'exigence d'une l'exécution intégrale ne pèse pas). Oui assurément, l'ornementation n'affiche aucun délire (c'est la logique de ce que je décris plus haut), elle est posée, sobre, équilibrée, avec de belles lignes octaviées dans le section 2 du duo (chez les deux, d'ailleurs mais, pour le coup, ça donne un certain poids à des figures que je trouverais, sinon, fuyantes) ; courte, sans doute, pour certains (mais ces deux pages ne m'ont jamais paru, à moi, foncièrement excitantes, quelles que soient les protagonistes ; CQFD). Exit Semiramide ; à classer, sans doute, au rayon des fausses bonnes idées en tout cas pour ceux qui attendaient un Rossini extérieur et avec effets de manches. Plus la Sémiramis de Jacques Stella aux glacis frémissants, que celle furieuse de Stomer ou que la figure ferme et rigide campée par Degas ; entendu ailleurs et dans d'autres conditions (théâtre à l'italienne "adapté", phalange orchestrale, etc.) ça aurait nécessairement une autre valeur et autrement de portée(s).
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| | | Polyeucte Mélomane chevronné
Nombre de messages : 20753 Age : 41 Date d'inscription : 03/07/2009
| Sujet: Re: Patrizia Ciofi Lun 16 Fév 2015 - 14:39 | |
| C'est en lisant des retours comme ça que je me dis que mon langage est bien pauvre Bravo! En tout cas, je vois qu'on est assez d'accord! Et l'avantage d'un théâtre pas très plein, c'est de se replacer et bénéficier d'un premier rang de premier balcon pour la deuxième partie quand on était en haut de l'Amphi normalement (et en premier rang d'amphi pour la première partie! ) |
| | | bAlexb Mélomane chevronné
Nombre de messages : 8514 Age : 43 Localisation : Rhône-Alpes Date d'inscription : 18/10/2010
| Sujet: Re: Patrizia Ciofi Ven 13 Mar 2015 - 8:16 | |
| A propos de la Leïla des Pêcheurs de perles captée à Naples et récemment publiée en dvd : "Heureusement, Patrizia Ciofi livre une prestation digne d’une grande artiste, dans un français de qualité, et son timbre voilé suffirait à conférer épaisseur et mystère à l’héroïne si on ne la contraignait pas à des pitreries déplacées", http://www.forumopera.com/dvd/les-pecheurs-de-perles-nadir-au-nadir . |
| | | calbo Pertusienne
Nombre de messages : 28126 Age : 53 Localisation : Pictavia Date d'inscription : 29/08/2006
| Sujet: Re: Patrizia Ciofi Ven 13 Mar 2015 - 10:15 | |
| C'est curieux car dans Médée (un CD qui date de 4 ou 5 ans) son français ressemblait plutôt à de la bouillie. Aurait elle fait de si gros progrès en 5 ans ? |
| | | bAlexb Mélomane chevronné
Nombre de messages : 8514 Age : 43 Localisation : Rhône-Alpes Date d'inscription : 18/10/2010
| Sujet: Re: Patrizia Ciofi Ven 13 Mar 2015 - 10:20 | |
| - calbo a écrit:
- C'est curieux car dans Médée (un CD qui date de 4 ou 5 ans) son français ressemblait plutôt à de la bouillie. Aurait elle fait de si gros progrès en 5 ans ?
Non non, Médée est beaucoup plus ancienne que ça ; tu dois penser à la date de réédition (à vérifier mais ça a dû être capté à Martina Franca en 95, je dirais) . (NB : mais les progrès sont réels depuis quelques années, c'est vrai ; et c'est normal, fréquentation oblige.) |
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