Pour les autres oeuvres de Chopin, se reporter ici :
https://classik.forumactif.com/general-f1/chopin-la-vie-l-oeuvre-t1524.htm .
Chopin n'a écrit aucune oeuvre qui ne comporte pas de piano, mais il existe tout de même quelques oeuvres où le piano n'est pas seule vedette, voire où il peut
accompagner.
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Musique de chambreOn y trouve :
- Le
Trio avec piano, une oeuvre enfiévrée dont Clara Wieck-Schumann conserve quelques réminiscences dans son propre trio (peut-être encore plus beau). Ce n'est pas forcément très original, mais c'est une oeuvre de jeunesse dotée d'une véritable inspiration.
- Plus noir et plus virtuose, la
Sonate pour violoncelle et piano est elle aussi une réussite, avec une splendide cantilène dans son largo et un scherzo sarcastique saisissant. J'aime moins le développement des mouvements extrêmes, conçu pour soutenir la virtuosité des deux instrumentistes, avec l'impression qu'on dévale sans cesse des pentes.
-
Introduction et Polonaise pour violoncelle et piano. Une pièce très dansante, simple et jubilatoire, écrite pour un aristocrate violoncelliste de niveau modeste (si bien que certains interprètes y ajoutent des traits - les retours du thème en rondeau ne sont nullement variés dans la partition). En revanche, la partie de piano, quoique destinée à l'accompagnement, est assez brillante.
Une pièce jugée mineure, qui l'est certes du point de vue de l'histoire de la musique, mais pas du charme très fort qu'elle porte - voilà ce qu'est une véritable
Invitation à la danse !
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Grand duo concertant sur des thèmes de Robert le Diable (de Meyerbeer). Cette pièce, plus rarement donnée, est assez faible en réalité : les thèmes choisis ne sont clairement pas les plus marquants de
Robert (plutôt les cantilènes belcantistes d'Isabelle, je pense), et la réalisation en est assez laborieuse. En tout cas, je suis toujours passé à côté du discours même de cette pièce.
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Variations sur le rondeau final de La Cenerentola (de Rossini). Une ébauche dont l'attribution est douteuse. Le piano ne fait réellement que plaquer l'harmonie (jamais changée), à la façon des chansons de variété les plus indigentes, et la flûte brode joliment des diminutions peu originales sur le thème entraînant de Rossini. Un exercice d'écolier, mais rien de spécialement intéressant, il y a bien mieux chez les laborieux académiques de l'époque...
Alors que sa toute première Polonaise à l'âge de sept ans est déjà envoûtante. (Personnellement, indépendamment de la platitude de l'oeuvre, je suis très étonné que Chopin qui composait au clavier ait écrit des accords aussi plats, même sous forme d'ébauche...)
Les trois premières pièces, indispensables, figurent dans un remarquable disque P. Franck / Ma / Ax.
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Mélodies Polonaises17 sont publiées sous l'opus 74, il en existe deux autres publiées séparément, et on a aussi trace d'une autre de perdue.
Chopin aurait dû exceller dans le domaine vocal, mais étrangement, la plupart de ces mélodies restes assez charmantes, et la mélancolie évidente qui s'y trouve ne torture pas la forme comme elle le fait dans ses oeuvres pour piano solo. C'est dommage, tout le potentiel est là, mais on dirait qu'il craint de briser le caractère présentable en salon de ses pièces, qui sont néanmoins extrêmement belle, je m'empresse de le préciser.
La plupart sont sur des poèmes de Witwicki et Pol, et on trouve même un Mickiewicz.
Si vous voulez écouter quelques mélodies pour vous faire une idée du style, je vous recommandes celles-ci dans l'opus 74 :
- Śpiew z mogiłki (n°17), qui raconte de façon saisissante le paysage de la Pologne martyre, bouleversant ;
- Nie ma czego trzeba (n°13), une belle plainte nostalgique ("Chanter, ah, chanter, et personne pour m'entendre") ;
- Wojak (n°10), une évocation assez bien imitée du pas du cheval du guerrier parti à la guerre ;
- Smutna Rzeka (n°3), une rivière gonflée par les pleurs d'une mère ayant perdu ses sept enfants, sur une mélodie ineffable typique de Chopin ;
- Hulanka (n°4), une bacchanale étonnante, dont on n'attendrait pas les accents presque insolents de Chopin ;
- Śliczny chłopiec (n°8 ), le blason de l'amant aimé par la jeune fille, avec une jubilation communicative ;
- Piosnka litewska (n°16), une petite histoire lituanienne d'une jeune fille mouillée par la rosée en allant chercher l'eau à son puits...
On en trouve des partitions en différentes langues, y compris des arrangements français, on peut donc y avoir accès facilement même si on ne maîtrise pas du tout le polonais.
Je recommande sans hésitation l'intégrale d'Elzbieta Szmytka et Malcom Martineau, parce que le polonais y est extraordinairement limpide, et la voix sublime. Description et extraits ici :
http://operacritiques.free.fr/css/index.php?2006/10/22/412 .
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J'espère que ceci donnera aussi l'occasion à ceux qui n'aiment pas le Chopin pianistique de lui donner une autre chance, avec les mêmes qualités, mais un autre ton.