Hector Berlioz - Le corsaire, Ouverture Op.21 (1844)
Frédéric Chopin - Concerto N°1 en Mi mineur Op.11 (1830)
Ludwig van Beethoven - Symphonie n°5 en Ut mineur Op.67 (1807,1808)
Jan Lisiecki (piano)
Paavo Järvi - Orchestre de ParisOuverture de saison pour l'Orchestre de Paris et son directeur musical Paavo Järvi. Un programme très classique décliné sur deux soirées avec l'ouverture du Corsaire, l'un des deux concertos de Chopin joué par un artiste dont c'est la première à Paris et la 5e en conclusion. Demain soir ce sera donc au tour de Khatia Buniatishvili dans le 2e de Chopin.
Je vais commencer par le gros ratage pour moi de la soirée, à savoir le concerto de
Chopin. Je n'avais jamais entendu Jan Lisiecki donc je n'attendais rien mais ce n'était vraiment pas sa soirée. A sa décharge, on peut imaginer un coup de mou ou un gros coup de pression pour le premier concert parisien de ce très jeune pianiste (16 ans) qui, semble-t-il, a brillé cet été dans les festivals (La Roque, Montpellier). Mais bon. Beaucoup d'ennui pour moi et quelques accrochages pour lui dans le premier mouvement. Järvi le couve du regard quasiment d'un bout à l'autre, pressentant peut-être la suite. Des idées glissées ça et là dans le second mouvement qui se termine sur un savonnage douloureux : le gamin le nez dans son piano qui cherche ses notes et Järvi, pas paniqué mais pas rassuré, qui essaye de raccrocher l'orchestre. Forcément, après ça, le troisième ne ressemble plus à grand chose. C'était pas super agréable à entendre et surtout un peu triste à voir. Le public lui réserve au final un bon accueil et Lisiecki offre deux bis (Valse en do dièse mineur op. 64/2 et Aria des Goldberg). Le Chopin me fait dire qu'il a de la ressource, le Bach qu'il est encore un peu vert.
Avant Chopin, ouverture du Corsaire de
Berlioz. Mon écoute et mon souvenir ont été un peu perturbés par la voisine de derrière qui racontait sa journée à son petit ami. J'en retiens cependant les belles démonstrations de vents et des cordes explosives. Je garde le sentiment, cependant, que Järvi doit encore explorer son Berlioz. Je ne serais d'ailleurs pas étonné d'apprendre que parmi ses motivations à diriger l'ODP, sa volonté d'approfondir le répertoire français figure en bonne place. D'ailleurs, si l'alchimie prend si bien entre l'orchestre et son chef, on peut imaginer que c'est parce qu'ils ont beaucoup à apprendre de l'autre.
La preuve, selon moi, vient en seconde partie avec la 5e de
Beethoven. J'avais été très très impressionné en mars dernier par la 4e donnée par Järvi et l'ODP. Je n'ai pas été déçu hier soir. Une version fulgurante (à peine trente minutes) et extrêmement claire. La symphonie est tournée en concerto pour orchestre avec des notes acides, des saillies des vents et des cuivres, des précipités, de l'humour même… Comme si Järvi voulait digérer l'héritage des lectures de Gardiner ou d'Harnoncourt en en tirant une nouvelle inspiration pour "grand orchestre", d'une part, pour un son français d'autre part. Et pour moi, ça marche. Forcément, c'est très très différent des recherches de Christian Thielemann et du retour à des nappages voluptueux qui fleurent bon les seventies. Paris n'est pas Vienne, ni Berlin, bien sûr, mais hier on n'avait pas à s'en plaindre. Et si l'applaudimètre n'est pas forcément pertinent, la qualité d'écoute du public trompe, je trouve, rarement et elle m'a semblé hier bien plus intense dans Beethoven que dans Chopin.
Je ne vais pas essayer de faire semblant de vous faire une lecture "technique" de tout cela, vu que je sais pas

Mais je serais curieux de savoir ce qu'en pensent certains des habitués du forum qui eux savent de quoi ils parlent (ça fait un peu lèche non ?). En tout cas, si cela suscite de la curiosité chez vous, il y a session de rattrapage ce jeudi soir. Et vous pouvez vous rabattre sur le concert à la réécoute sur le site de France musique.
Enfin, pour l'anecdote, Järvi a passé plusieurs mesures au début du troisième mouvement de la 5e à essayer de se débarrasser du bout gaffer qui était collé sous sa semelle. Le tout sans perdre de vue l'orchestre. Le gaffer a passé un sale moment, le technicien de France mu qui l'a oublié a du en passer un autre.