Reynaldo Hahn par L'Oiseleur des Longchamps : 18/10/2013
Temple du Luxembourg, Paris
Reynaldo Hahn :
- Valse n°8
- Prométhée Triomphant : Solo et choeur d'entrée
- Valse n°9 : La Feuille
Chansons et Madrigaux :
- Un loyal coeur (Charles d'Orléans)
- Vivons, mignarde (Jean-Antoine de Baïf)
- Pleurez avec moi (Agrippa d'Aubigné)
- En vous disant adieu (Antoine Boesset)
- Comment se peut-il faire ? (Charles d'Orléans)
- Les fourriers d'été (Charles d'Orléans)
- Valse n°2
- Les Bretonnes (Charles Le Goffic)
- Valse N°5
Études Latines : (Leconte de Lisle)
- Lydie (à M. Massenet)
- Néère (à Frédéric de Madrazo)
- Salinum (à Marie-Louise Nordlinger)
- Thaliarque (à Monsieur Gabriel Fauré)
- Lydée (à Madame Jeanne Tripier-Gouzien)
- Vile Potabis
- Tyndaris (à madame la Comtesse de Guerne, née Ségur)
- Pholoé
- Phidylé (à mon ami Marcel Proust)
- Phyllis (à Madame la Comtesse de Guerne)
L'Oiseleur des Longchamps, baryton
Stéphanie Humeau, piano
Ensemble vocal APOSTROPH' (dirigé par France de La Hamelinaye) :
Lia Naviliat Cuncic – Julia Gaudin, sopranos
Alice Hache, mezzo
Cécile Banquey, alto
Samuel Rouffy – Fabrice Foison, ténors
Jean-Christophe Lanièce, baryton
Lancelot Dubois, basse
Récitant : Alexandre d'Oriano
Une soirée dévolue à Reynaldo Hahn, c'est assez rare pour être souligné, et heureusement qu'on m'a rappelé ce concert, car j'y ai passé une superbe soirée...
Le principe de la soirée était de proposer des oeuvres peu connues de Hahn entre lesquelles s'intercale des écris de Hahn lus par Alexandre d'Oriano. Et c'est pour moi ce qui aura été le point négatif de la soirée. A force d'effet théâtreux où le récitant nous fait des grands gestes, se déplace, prend à partie une personne... et va même jusqu'à s'installer sur un fauteuil dos au public... Alexandre d'Oriano dresse un portrait totalement composé et vraiment trop partial de Hahn. Présenté sous l'aspect d'un dandy précieux et imbu de lui, je n'ai vraiment pas peu trouver un peu d'impartialité qui aurait dû être de mise pour nous présenter le personnage. J'aurais préféré une lecture beaucoup plus extérieur que ce "jeu" qui pour moi est totalement tombé à plat.
On passera aussi rapidement sur les 4 valses présentées ici. Loin d'être passionnantes dans leur ensemble, elles sont souvent assez lourdes et assez lourdement jouées... se détache la Valse N°9 au beau mouvement et à la mélancolie prenante. La pianiste Stéphanie Humeau n'est pas parfaite dans son accompagnement, à la fois par un jeu un peu trop uniformément large, mais aussi par quelques fausses notes ou effets un peu trop marqués.
Celui qui est à l'origine de la soirée et qui reste l'élément principal est l'Oiseleur des Longchamps. La voix n'est pas forcément impressionnante en terme de puissance, mais le chant est soigné, l'impact certain, la diction très belle et le timbre agréable... Avec Prométhée, le chanteur nous entraine dans une oeuvre dont ces quelques bribes montrent un impact certain, avec une atmosphère qui n'est pas sans me faire penser au Paradis Perdu de Dubois ! Prométhée s'exprime par une grande déclamation noble, pleine de sentiments élevés... et le choeur y répond de manière particulièrement variée et expressive. Avec juste 8 minutes de l'oeuvre, on est entré dans un monde complet.
Les Chansons et Madrigaux sont superbes. Polyphoniques et sans accompagnement, ils varient les ambiances avec bonheur depuis le recueillement jusqu'à la joie. C'est ici qu'on découvre totalement l'ensemble APOSTROPH'. Avec ses 8 chanteurs, cet ensemble propose des pièces particulièrement soignées, surtout si on pense qu'ils sont des amateurs ! Les départs sont parfaitement en place et il n'y a que très très rarement des fausses notes. Entre les chanteurs et les compositions, c'est une magnifique découverte ! La pièce Les Bretonnes isole les quatre dames de l'ensemble pour une pièce variée et humoristique.
Enfin les Études Latines font alterner l'Oiseleur, l'ensemble... et des solistes de l'ensemble. Cette composition est très variée donc par l'effectif, mais aussi par les ambiances car même si toutes sont sur les textes de de Lisle aux accents latins, on retrouve beaucoup de différence. L'Oiseleur est toujours aussi à l'aise dans le répertoire, à la diction plus soignée que chez Prométhée et donne beaucoup de nuances à ces interventions. Les chanteurs de l'ensemble qui viennent chanter en soliste montrent de belles techniques et des voix assez belles. Si le ténor Samuel Rouffy n'a pas l'ampleur d'une voix lyrique de soliste, le chanteur est très fin dans sa technique. Lia Naviliat Cuncic montre elle une superbe voix de soprano lyrique, alors que Alice Hache manque un peu d'assurance. Par contre, la baryton Jean-Christophe Lanièce est véritablement une révélation tant la voix est belle, sonore et ronde. Tous ces jeunes artistes ainsi que l'Oiseleur nous font vraiment passer un très bon moment.
Soirée de découverte dans de très bonnes conditions, avec des artistes très à l'aise dans ce répertoire. L'Oiseleur nous informe en fin de concert (après avoir repris Prométhée!) qu'il souhaiterait pouvoir monter Prométhée Triomphant dans toute sa gloire, avec orchestre symphonique, grand choeur et tous les solistes... on ne peut qu'espérer que ce projet voit le jour, afin de montrer que Hahn n'est pas que le compositeur d'opérettes et de mélodies de salon (même si ces compositions sont magnifiques!!)