Maurice Emmanuel (1862-1938)

Catalogue des oeuvres

Son catalogue n'est pas très étendu :  
(clavier / lyrique / vocal / chambre / orchestre )
Toutes mes excuses aux forumistes daltoniens   
L'astérique signifie que l'oeuvre est disponible sur au moins un disque.

1882-1911 (opus 14), 3 Pièces pour orgue et harmonium
1886 (op. 1), Pierrot peintre, pantomime en 2 tableaux livret de M. Emmanuel & F. Régamey, pour alto ou mezzo, récitant et orchestre. Créé à la Radio Française en septembre 1938
1887 (opus 2), Sonate pour violoncelle et piano * Timpani 2, K617
1890 (opus 3), Ouverture pour un conte gai d'après P. Bergon & E. Meurant, pour orchestre * Timpani 3
1893 (opus 4), Sonatine n° 1 dite Bourguignonne * Timpani 4, Accord, Continuum, Chant du Monde
1897 (opus 5), Sonatine n° 2 dite Pastorale * Timpani 4, Accord, Continuum, Marcal Classics
1902 (opus 6), Sonate en ré mineur pour violon et piano * Toccata Classics
1902 (opus 7), Zingaresca, fantaisie pour 2 piccolos, 2 pianos, timpanon et cordes
1903 (opus 8 ), Quatuor à cordes en si bémol majeur * Timpani 2
1905 (opus 9), O filii pour soliste et chœur
1907 (opus 10), Suite sur des airs populaires grecs pour violon et piano * Timpani 2, ZigZag, Toccata Classics
1907 (opus 11), Sonate en trio pour flûte, clarinette et piano * Timpani 2, Accord, Brilliant Classics, EMI
1908 (opus 12, 1), In memoriam (R. Vallery-Radot) pour voix soliste, violon, violoncelle et piano * Timpani 1
1908 (opus 12, 2), Musiques, 12 chansons sur des textes de  L. de Launay : «Crépuscules et nocturnes») pour soliste avec accompagnement piano * Timpani 1, Toccata Classics
1911 (opus 13), 3 odelettes anacréontiques sur des textes de R. Belleau et P. de Ronsard pour voix soliste, flûte et piano * Timpani 1
1913 (opus 15), 30 chansons bourguignonnes du pays de Beaune, d'après des chants populaires recueillis par C. Bigarne, A. Bourgeois & C. Masson, pour voix soliste et piano (arrangement du n° ? pour chœur et orchestre 1914-1915 ; du n° 10 pour voix soliste et orchestre 1932-1936 * Naxos/Marco Polo 2 (intégrale), Erato (sélection : versions pour orchestre ? Upshaw/Nagano), Hungaroton (sélection), Erato LP (sélection), Alpha (sélection)
1916-1918 (opus 16), Prométhée enchaîné, opéra en 3 actes, livret de M. Emmanuel, d'après Eschyle, Créé au théâtre des Champs-Élysées à Paris le 23 novembre 1959
1916 (opus 16), Prologue de Prométhée enchaîné pour orchestre
1919 (opus 18), Symphonie n° 1 en la majeur , A, op.18, 1919 * Naxos/Marco Polo 1, Timpani 3
1920 (opus 19), Sonatine n° 3 pour  piano,  1920 * Timpani 4, Accord, Continuum, FY 017
1920 (opus 20), Sonatine n° 4 sur des modes hindous, pour piano * Timpani 4, Accord, Continuum, FY 017
1921-1923 (opus 21) Salamine, opéra en 3 actes d'après Eschyle, orchestré en 1924, révisé en 1927, créé à l'Opéra de Paris le 19 juin 1929 * Solstice
1923-1928 (opus 21) Ouverture de Salamine
1925 (opus 23), Sonatine n° 6 pour piano * Timpani 4, Accord, Continuum, FY 017
1925 (opus 22), Sonatine n° 5 alla francese pour piano * Timpani 4, Accord, Continuum
1926 (opus 24), Vocalise-étude pour alto, baryton et clarinette * Timpani 1
1930-1931 (opus 25), Symphonie n° 2 dite Bretonne en la majeur * Naxos/Marco Polo 1, Timpani 3, Barclay
1934-1935 (opus 26), Suite française pour orchestre [5 des 6 mouvements de la Sonatine n° 5] * Timpani 3
1935 (opus 27), 2 chansons populaires, d'après des rondes populaires pour voix soliste et piano (opus 27, 2 : pour voix soliste, viole de gambe ou violoncelle, piano]
1936 (opus 29), Sonate en si bémol majeur pour cornet ou bugle et piano * Timpani 2
1936 (opus 28), Amphitryon, texte de Plaute, traduit par A. Ernout, créé à Paris , Amphithéâtre de l’Institut d’art et d’archéologie, le 20 février 1937
1938 (opus 30), Le poème du Rhône, poème symphonique d'après Frédéric Mistral [orchestré par M. Béclard d’Harcourt] * Naxos/Marco Polo 1

http://www.musicologie.org/Biographies/e/emmanuel_maurice.html

http://mauriceemmanuel.fr/catalogue/

Discographie complète

Musique orchestrale

- Barclay (LP) :



Symphonie No. 2 "Bretonne"

Orchestre philharmonique de l'ORTF, dir. Jean Doussard

- Naxos Patrimoine / Marco Polo 1 :

Spoiler:

Qui dirige l'orchestre pour les symphonies ? Disques Marco Polo et Naxos Patrimoine : orchestre, dates et minutages identiques... Leif Segerstam ou James Lockhart ?
Pour le "poème du Rhône" pas de problème, Gilles Nopre dirige l'orchestre.

- Timpani 3 (enr. 2010, éd. 2011) :



Orchestre Philharmonique Slovène
Emmanuel Villaume

Spoiler:

Musique de chambre

- Accord (1986, rééd. 2004) :



Sonate en trio pour flûte, clarinette et piano op. 11

Alain Marion, flûte
Richard Vieille, clarinette
Marie-Catherine Girod, piano

- K617 (1993, rééd. 2002) :



Sonate pour violoncelle et piano op. 2

Marc Coppey, violoncelle
Eric Le Sage, piano

- ZigZag (2001) :



Suite sur des airs populaires grecs pour violon et piano op. 10 (1907)

Patrick Bismuth, violon
Anne Gaels, piano

- EMI (2005) :



Sonate en trio pour flûte, clarinette et piano op. 11

Emmanuel Pahud, flûte
Paul Meyer, clarinette
Eric Le Sage, piano

- Timpani 2 (enr. 2009, éd. 2011) :

Spoiler:

- Brilliant Classics (2013) :



Sonate en trio pour flûte, clarinette et piano op. 11

Markus Brönnimann, flûte
Jean-Philippe Vivier, clarinette
Michael Kleiser, piano

- Toccata Classics (2014) :



Sonate pour violon en ré mineur op. 6
Suite pour des airs populaires grecs op. 10

Frédéric Angleraux, violon
François Killian, piano

Spoiler:

Les oeuvres pour piano

- Chant du Monde (microsillon) :

Sonatine No. 1 "Bourguignonne"

Hélène Boschi, piano
LE CHANT DU MONDE
réf. LDY-A- 8069, disque microsillon (épuisé)

- FY 017 (LP) :



Sonatine No. 3
Sonatine No. 4
Sonatine No. 6

Yvonne Lefébure, 1974 (grand prix du disque 1976)



- Marcal Classics (?) :

Sonatine No. 2 "Pastorale"

Mireille Saunal, piano
réf. MARCAL Classics MA040302 2004
(avec des œuvres de Déodat de Séverac, Georges Migot, Laszlo Lajtha, Pierre Wissmer, Daniel-Lesur, Max Pinchard, Jean-Jacques Werner)

- Accord (1986, rééd. 2004) :



Les 6 Sonatines
Marie-Catherine Girod, piano

- Continuum (1993) :



Les 6 Sonatines
Peter Jacobs, piano

- Timpani 4 (2012) :



Les 6 Sonatines
Laurent Wagschal, piano

Musique vocale

- Erato LP

Chansons bourguignonnes du pays de Beaune
Ensemble vocal Stéphane Caillait
dir. Stéphane Caillat
Sylvaine Billier, piano
ERATO n° LDEV 2020 (13 chansons sur 2 faces de disque microsillon)

- Timpani 1 (1995, réédition 2013) :


Florence Katz, soprano
Marie-Catherine Girod, piano
Claude Lefebvre, flûte
Lionel Peintre, baryton
Jean-Marc Phillips, violon
Henri Demarquette, violoncelle

Spoiler:

- Naxos Patrimoine / Marco Polo 2 :

Spoiler:

- Erato :


Dawn Upshaw/Kent Nagano/ONL

Spoiler:

Chansons bourguignonnes :
- Quand j'ai sorti de mon village
- Il était une fille, une fille d'honneur
- Le Pommier d'Août
- Noël
- Complainte de Notre Dame
- Adieu Bergère !

- Hungaroton :


Entko Bukai, soprano / Till Alexander Körber, piano
Chansons bourguignonnes (sélection, voir spoiler)

Spoiler:

- Alpha (2010) :


Chants bourguignons (sélection) :
- Lorsque j'aivions des noisettes
- Mai grand meire, ç'ast les gens de bouze

Spoiler:

- Toccata Classics (2014) :



Musiques (op. 12,2 ou op. 17 ?)

Hélène Hébrard, mezzo-soprano
François Killian, piano

Spoiler:

Lyrique

- Solstice (enr. 1958, éd. 2013) :



Orchestre Symphonique de la RTF
Dir. Tony Aubin
Chœurs de la RTF, dir. René Alix

Flore Wend (la Reine Atossa)
Jean Giraudeau (Xerxès)
André Veyssières (Darius)
Bernard Demigny (le Messager)
Lucien Lovano (le Coryphée, récitant)
Joseph Peyron (un dignitaire de la Cour)

L'opéra Salamine est sorti ce mois chez Solstice !   

Il est disponible sur Qobuz, j'écoute quelques extraits avant de me procurer le disque physique. L'enregistrement date de 1958. Il s'agit d'un enregistrement radio dirigé par Tony Aubin (Orchestre et Choeur de l'ORTF) avec Jean Giraudeau, Flore Wend, André Veyssières, Bernard Demigny, Lucien Lovano et Joseph Peyron.
Je suis surpris par la durée de 1h12 : est-ce bien une version complète ou bien seulement des extraits ? Pour une "tragédie lyrique" ça me semble peu... D'un autre côté Emmanuel n'a que peu composé pour la scène et son style est plus concis qu'expansif... Ceux et celles qui ont accès au livret numérique Qobuz pourront peut-être m'éclairer.
A première vue la musique est assez belle, le livret pompeux et le style de chant (délicieusement) désuet, mais au moins on comprend tout.

EDIT : renseignement pris (http://mauriceemmanuel.fr/instrumentation/musique_lyrique/) :

Ouverture : 5′, Acte I : 39′, Acte II : 13′, Acte III : 22-23′
Durée totale : 1) au concert : 80′ - 2) sur scène : 90′

Donc c'est a priori complet, peut-être une ou deux petites coupures ici où là, mais ça doit pouvoir s'écouter en continu sans problème.

Merci Woo.   
Quelqu'un a écouté Prométhée Enchaîné?
J'en ai entendu dire beaucoup de bien...

j'adore le sticker "première mondiale" pour un enregistrement de 1958!

waouh ! quel travail , bravo !

arnaud bellemontagne a écrit:

Merci Woo.   
Quelqu'un a écouté Prométhée Enchaîné?
J'en ai entendu dire beaucoup de bien...

Tous les détails sur les opéras peuvent être trouvés ici :
http://mauriceemmanuel.fr/instrumentation/musique_lyrique/

Orchestre Radio-Symphonique de la RTF, dir. Eugène Bigot
Jean Mollien (Prométhée)
Yvon Le Marc’Hadour (Hermès)
Geneviève Moizan (Io)
Mmes Le Marc’Hadour, Micheline Grancher et Codinaz (trio d’Océanides)
Chœurs de la RTF dir. René Alix (troupe des Océanides)

Première audition publique de l'oeuvre complète au Théâtre des Champs-Elysées, lundi 23 novembre 1959.
Durée : entre 1h et 1h15 (Acte I: 24′ dont 7′ pour la Scène 1 = Prologue, Acte II : 22′, Acte III : 10-12′)

Cette version a été enregistrée et elle doit bien circuler quelque part... mais où ?

Petite mise à jour de la discographie avec un disque Toccata Classics à paraître le 8 mai prochain.
Principaux intérêts de ce disque : premier enregistrement de la sonate pour violon et piano en ré mineur op. 6 et le cycle des "Musiques" op. 12,2 ou 17 ? chanté par une autre chanteuse que Katz, ce qui ne peut être qu'une bonne nouvelle.

Spoiler:

WoO a écrit:

L'opéra Salamine est sorti ce mois chez Solstice !  

  Le disque est Diapason d'or ce mois-ci...

WoO a écrit:

Petite mise à jour de la discographie avec un disque Toccata Classics à paraître le 8 mai prochain.
Principaux intérêts de ce disque : premier enregistrement de la sonate pour violon et piano en ré mineur op. 6 et le cycle des "Musiques" op. 12,2 ou 17 ? chanté par une autre chanteuse que Katz, ce qui ne peut être qu'une bonne nouvelle.

J’écoute des extraits de la sonate susmentionnée en ce moment même, ça a l’air intéressant.
Le lien : http://www.toccataclassics.com/cddetail.php?CN=TOCC0231

Complètement d'accord avec tout ça : c'est antérieur aux Perses, au moins, mais effectivement, quand on a déjà entendu les deux autres œuvres, Salamine est un peu incantatoire… Exactement dans le même genre cependant, très exaltant aussi.

bonsoir et bonnes fêtes de fin d'année 2018 à tous !
je suis entrain d'écouter Le poème du Rhône sur youtube et cela me plait davantage que du Darius Milhaud..
Maurice Emmanuel (1862-1938): Le poème du Rhône, poème symphonique d'après Frédéric Mistral, œuvre posthume orchestrée par Marguerite Béclard d'Harcourt, op.30 (1938).
watch?v=tMTG85xKA9g

et j'écoute aussi sa Symphony No.2 "Bretonne", op.25 (1930/1931)/
watch?v=MEYhAqnSb5g
vraiment plaisant agréable à écouter, les violons et les cuivres.....dommage je n'ai jamais entendu les oeuvres de ce compositeur en public.
selon vous xavier david etc que peut-on faire pour inciter des orchestres à interprêter des oeuvres des compositeurs oubliés ?

hommepiano a écrit:

selon vous xavier david etc que peut-on faire pour inciter des orchestres à interprêter des oeuvres des compositeurs oubliés ?

Prier pour que le prochain directeur musical ait un peu de curiosité et le sens du sacerdoce.

Ou acheter CPO.

Sinon, à part désespérer…

DavidLeMarrec a écrit:

hommepiano a écrit:

selon vous xavier david etc que peut-on faire pour inciter des orchestres à interprêter des oeuvres des compositeurs oubliés ?

Prier pour que le prochain directeur musical ait un peu de curiosité et le sens du sacerdoce.

Ou acheter CPO.

Sinon, à part désespérer…

salut david, si tous les chefs et orchestres de France étaient aussi curieux ET persévérants que l'Orchestre de Lorraine qui joue régulièrement des oeuvres oubliées..
Je pense que l'argument rentabilité et tiroir-caisse sont aussi les premiers dont on tient compte....
A Strasbourg tous les 2 ou 3 ans l'Opera du Rhin programme la Flute Enchantée car ils savent que les billets se vendront jusqu'au dernier, quite à rajouter une ou 2 seances supplémentaires....money money money

Précisément, l'Orchestre de Lorraine a eu Jacques Mercier, qui a toujours été dévoué à la cause de la valorisation de la musique française… Avec un autre directeur musical, ils auraient juste fait des Beethoven et des Verdi de qualité moyenne…

hommepiano a écrit:

Je pense que l'argument rentabilité et tiroir-caisse sont aussi les premiers dont on tient compte....
A Strasbourg tous les 2 ou 3 ans l'Opera du Rhin programme la Flute Enchantée car ils savent que les billets se vendront jusqu'au dernier, quite à rajouter une ou 2 seances supplémentaires....money money money

C'est un peu plus complexe que cela : toutes ces représentations sont déficitaires… Donc ce n'est pas pour faire de l'argent. En revanche, oui, quand on joue la Flûte enchantée, on touche un plus vaste public, on remplit la salle, et on a même de l'écho dans les journaux. Alors que si on joue un truc peu célèbre, le matériel d'orchestre coûte plus cher, il faut plus de répétitions, les musiciens n'aiment pas toujours ce que l'on joue, le public vient moins, et la presse n'en dit rien, alors si on n'a pas la foi… hé bien on joue plutôt Mozart et Verdi (qui sont très bien aussi, donc on va au plus simple…).

• Les 6 Sonatines
Laurent Wagschal (piano)
Vincennes, IV.2012
Timpani

Très, très belle découverte! À vrai dire, je ne m’attendais pas à ce que ça me plaise autant (j’avais dû écouter les 3ᵉ, 4ᵉ et 6ᵉ par Yvonne Lefébure il y a longtemps, et ça ne m’avait pas plus marqué que ça); il faut dire que c’est une musique assez piégeuse pour l’auditeur.

De ce point de vue-là, le choix même de la forme «Sonatine» semble assez significative: la manière en paraît souvent plus abstraite ou plus formelle que celle des grands cycles «atmosphériques» du piano français de la même époque, la brièveté des mouvements fait qu’il est difficile de se raccrocher à des logiques de «développements» - alors que le langage harmonique (d’inspiration modale) en est assez complexe.

Souvent ça paraît simple, presque naïf, et se révèle très vite beaucoup plus compliqué: Emmanuel a ainsi une capacité déconcertante à partir d’une ébauche de mélodie très simple, de type comptine, pour la transformer aussitôt en multipliant les modulations risquées et en la soumettant à des constructions contrapuntique, avec beaucoup de bifurcations (notamment au niveau des carrures rythmiques)… et à refermer le tout par une clausule en clin d’œil. Le résultat musical pourrait faire penser à un Florent Schmitt en plus modal et en moins pâteux - à la fois plus transparent, plus elliptique et plus anguleux.

La première Sonatine «bourguignonne», op. 4, stylise des motifs des motifs de carillons et de danses folkloriques de la région du compositeur dans une veine qui pourrait faire penser à d’Indy, mais avec des modulations, des combinaisons modales et des ruptures assez surprenantes pour l’époque (1893!) La deuxième Sonatine «pastorale», op. 5, elle, déploie de savantes harmonies ondoyantes, très debussystes (voire proto-debussyste, à partir des chants d’oiseaux (caille, rossignol et coucou) du II de la Symphonie pastorale.

Les troisième et quatrième Sonatines (opp. 19 et 20) datent, elles, de 1920 et constituent probablement les œuvres les plus «avancées» du cycle. La troisième est la plus abstraite - et d’une certaine manière la plus singulière en termes de langage: dans une forme très épurée, classique, en trois mouvement, elle s’écarte assez résolument du langage tonal en combinant un cadre essentiellement modal et de larges passages chromatiques. La quatrième, quant à elle (dédiée à Busoni), métamorphose de manière assez complexe deux modes indiens (kâmavardini dans les mouvements vifs extérieurs, hanumatodi dans le mouvement lent central) - et l’atmosphère sonore en est vraiment singulière, d’un exotisme dépouillé de tout pittoresque.

Les deux dernières Sonatines (opp. 22 et 23) datent de 1925. Elles sont à la fois plus «néoclassiques» de forme et plus dissonantes harmoniquement. La cinquième «alla francese» suit une coupe formelle et rythmique inspirée de Rameau (Ouverture, Courante, Sarabande, Gavotte, Pavane et Gaillarde, Gigue) et mêle modalisme, bitonalité… dans une sorte de jeu aux zigzags inopinés. La sixième Sonatine, enfin, semble condenser ce langage jusqu’à l’ellipse dans trois mouvement très brefs et virtuoses - avec une toccata finale absolument magistrale.

Un corpus qui mérite décidément une écoute attentive - laquelle révèle un compositeur beaucoup plus novateur et singulier qu’on ne l’imaginerait de prime abord (professeur de Messiaen et de Dutilleux, quand même.)

C'est cet entre-deux qui me rend souvent la fréquentation d'Emmanuel compliquée : à la fois simple et contourné, sans toucher la plupart du temps à la corde qui me rend l'un ou l'autre jubilatoire.

(Avec des exceptions bien sûr, comme Salamine.)

Oui, enfin, «entre-deux»... en fait, c'est toujours faussement simple et vraiment contourné. (Surtout si l'on considère qu'il a eu Théodore Dubois comme professeur d'harmonie. )

Tout à fait, mais ce que j'essaie de dire est que je n'y ressens (un peu comme pour certains Prokofiev) ni le bénéfice de la simplicité (le truc entraînant, accrocheur…) ni celui de la sophistication (le frisson de la trouvaille saillante…).

Mais j'ai encore peu exploré le piano de Maurice Emmanuel (je vais sans doute essayer Hemmerlé paru vendredi dernier), peut-être ai-je manqué les pièces qui me convaincront !