Radio France - Wagner, Mahler, Hosokawa - Ticciati 07/01/15

Mercredi 07 janvier 2015
20h00

Maison de la Radio - Auditorium

Richard Wagner Lohengrin (prélude de l’acte I)

Toshio Hosokawa Concerto pour harpe et orchestre (CRF)

Gustav Mahler Symphonie n°4

Orchestre National de France
Robin Ticciati direction
Camilla Tilling soprano
Xavier de Maistre harpe

Un beau programme, et l'occasion pour moi de découvrir cette salle.

Je reçois un mail de Radio-France conseillant d'arriver en avance, car il y aura des contrôles de sécurité importants à l'entrée, et de se présenter avec une pièce d'identité.

Ca faisait bien plusieurs années que je n'avais pas mis les pieds à Radio France... j'avais oublié à quel point c'était galère pour y aller, 3/4 d'heure d'attente à Saint-Michel pour avoir le RER C dans la direction de la station de l'Avenue du président Kennedy!

Sinon, j'ai été d'abord impressionné par l'Orchestre National de France.
Quand on dit qu'il est moins bon que le Philharmonique ou l'orchestre de Paris... là franchement ça n'était pas flagrant!

Le prélude de Lohengrin était superbe, très bien tenu par Ticciati, très beau son d'orchestre, exécution très propre et très soignée.
J'étais d'abord un peu mal placé sur le côté et un peu derrière l'orchestre, de ces places-là on ne voit d'ailleurs que les 2/3 de l'orchestre, je ne sais pas trop si l'acoustique en est affectée, en tout cas j'ai été transporté par ce Lohengrin.
Mais comme les timbres y sont peu mis en avant (c'est une orchestration très fondue globalement), je n'ai pas pu m'y faire une idée précise de la qualité de cette nouvelle salle.
Pas trop non plus avec la pièce d'Hosokawa, Aeolus Re-Turning III, pour harpe et orchestre de chambre, jolie pièce (j'aime beaucoup Hosokawa) mais vraiment pas surprenante quand on connaît le reste de la production du compositeur japonais: musique athématique, avec une atmosphère mystérieuse très prenante mais très uniforme et statique, une seule couleur harmonique du début à la fin de la pièce (mode 2 de Messiaen sans aucune variation), pas de contrastes...
J'aime bien cette musique mais je peux lui faire autant d'éloges que de reproches, tant ça manque de renouvellement d'oeuvre en oeuvre.

J'ai pu me replacer davantage de face après l'entracte (la salle était presque à moitié vide, mais difficile de se replacer sans gêner beaucoup de monde), et j'ai pu goûter cette 4è symphonie de Mahler avec délectation.
Sans être de celles que je trouve parfois bavardes, au moins dans certains mouvements (comme la 3è, la 5è, la 7è ou la 8è), ce n'est pas non plus une de mes préférées.
Et pourtant je ne me suis pas ennuyé une seconde, car l'acoustique de cet auditorium, qu'on peut trouver un peu froide, ou neutre, permet une belle précision des timbres, une grande clarté, le son ne semble jamais gonflé, la réverbération est minimale, certes on n'est pas soulevé par les tutti, mais il n'y a jamais aucune saturation et au final on a un son très net qui permet de goûter les timbres et la netteté des attaques.
Ici l'ensemble des cordes n'a jamais sonné comme une masse ou un trait épais et dégoulinant mais avec un tranchant vraiment appréciable.
Et chaque bois se faisait entendre de façon idéale, impeccable, facile, dans toutes les nuances.
Du coup on a cette sensation de radiographie de la partition, c'est un régal.
Bref, pas grand chose à dire sur l'interprétation, je ne suis pas très familier de l'oeuvre, j'étais vraiment occupé à l'apprécier et à apprécier l'orchestre, j'ai seulement un tout petit peu décroché dans le final.
La voix de Tilling, très légère, peinait un peu à se faire entendre (je pense qu'avec mon placement de la 1ère partie je l'aurais très mal entendue), mais enfin ça allait dans l'ensemble.

Très beau concert, et très belle salle!
Cette impression d'être dans une assez petite salle d'un point de vue sonore alors qu'il y a 1400 places est appréciable.
On peut simplement s'interroger sur l'absence d'ascenseur... (pour aller au 2è balcon on va d'abord au 1er puis il faut faire d'autres escaliers, au final on rencontre 4 ou 5 ouvreuses avant d'arriver à bon port!)
Et on peut aussi regretter la difficulté pour s'y rendre en transports...
Je ne peux que recommander de vous rendre dans cet auditorium profiter de sa belle acoustique.

Prochains rendez-vous pour moi en février avec notamment On the Transmigration of souls d'Adams et les Liturgies de Messiaen!

Xavier a écrit:

Ca faisait bien plusieurs années que je n'avais pas mis les pieds à Radio France... j'avais oublié à quel point c'était galère pour y aller, 3/4 d'heure d'attente à Saint-Michel pour avoir le RER C dans la direction de la station de l'Avenue du président Kennedy!  

Sinon, j'ai été d'abord impressionné par l'Orchestre National de France.
Quand on dit qu'il est moins bon que le Philharmonique ou l'orchestre de Paris... là franchement ça n'était pas flagrant!

Le prélude de Lohengrin était superbe, très bien tenu par Ticciati, très beau son d'orchestre, exécution très propre et très soignée.
J'étais d'abord un peu mal placé sur le côté et un peu derrière l'orchestre, de ces places-là on ne voit d'ailleurs que les 2/3 de l'orchestre, je ne sais pas trop si l'acoustique en est affectée, en tout cas j'ai été transporté par ce Lohengrin.
Mais comme les timbres y sont peu mis en avant (c'est une orchestration très fondue globalement), je n'ai pas pu m'y faire une idée précise de la qualité de cette nouvelle salle.
Pas trop non plus avec la pièce d'Hosokawa, Aeolus Re-Turning III, pour harpe et orchestre de chambre, jolie pièce (j'aime beaucoup Hosokawa) mais vraiment pas surprenante quand on connaît le reste de la production du compositeur japonais: musique athématique, avec une atmosphère mystérieuse très prenante mais très uniforme et statique, une seule couleur harmonique du début à la fin de la pièce (mode 2 de Messiaen sans aucune variation), pas de contrastes...
J'aime bien cette musique mais je peux lui faire autant d'éloges que de reproches, tant ça manque de renouvellement d'oeuvre en oeuvre.

J'ai pu me replacer davantage de face après l'entracte (la salle était presque à moitié vide, mais difficile de se replacer sans gêner beaucoup de monde), et j'ai pu goûter cette 4è symphonie de Mahler avec délectation.
Sans être de celles que je trouve parfois bavardes, au moins dans certains mouvements (comme la 3è, la 5è, la 7è ou la 8è), ce n'est pas non plus une de mes préférées.
Et pourtant je ne me suis pas ennuyé une seconde, car l'acoustique de cet auditorium, qu'on peut trouver un peu froide, ou neutre, permet une belle précision des timbres, une grande clarté, le son ne semble jamais gonflé, la réverbération est minimale, certes on n'est pas soulevé par les tutti, mais il n'y a jamais aucune saturation et au final on a un son très net qui permet de goûter les timbres et la netteté des attaques.
Ici l'ensemble des cordes n'a jamais sonné comme une masse ou un trait épais et dégoulinant mais avec un tranchant vraiment appréciable.
Et chaque bois se faisait entendre de façon idéale, impeccable, facile, dans toutes les nuances.
Du coup on a cette sensation de radiographie de la partition, c'est un régal.
Bref, pas grand chose à dire sur l'interprétation, je ne suis pas très familier de l'oeuvre, j'étais vraiment occupé à l'apprécier et à apprécier l'orchestre, j'ai seulement un tout petit peu décroché dans le final.
La voix de Tilling, très légère, peinait un peu à se faire entendre (je pense qu'avec mon placement de la 1ère partie je l'aurais très mal entendue), mais enfin ça allait dans l'ensemble.

Très beau concert, et très belle salle!
Cette impression d'être dans une assez petite salle d'un point de vue sonore alors qu'il y a 1400 places est appréciable.
On peut simplement s'interroger sur l'absence d'ascenseur... (pour aller au 2è balcon on va d'abord au 1er puis il faut faire d'autres escaliers, au final on rencontre 4 ou 5 ouvreuses avant d'arriver à bon port!)
Et on peut aussi regretter la difficulté pour s'y rendre en transports...
Je ne peux que recommander de vous rendre dans cet auditorium profiter de sa belle acoustique.

Prochains rendez-vous pour moi en février avec notamment On the Transmigration of souls d'Adams et les Liturgies de Messiaen!

Et l'alerte maximum de vigipirate n'a pas du arranger les choses

Xavier a écrit:

Ca faisait bien plusieurs années que je n'avais pas mis les pieds à Radio France... j'avais oublié à quel point c'était galère pour y aller, 3/4 d'heure d'attente à Saint-Michel pour avoir le RER C dans la direction de la station de l'Avenue du président Kennedy!  

C'est le problème, il n'y a pas de station de transport proche, à part une branche spécifique du RER.

En revanche, il y en a quand même d'autres : ligne 9, ligne 10, et puis le RER C à Javel est assez près, tu y es en dix minutes de marche. Ce peut être un problème pour le public âgé, mais pour un jeunot comme toi, c'est plus rapide que d'attendre le RER de la bonne branche !

Citation :

Sinon, j'ai été d'abord impressionné par l'Orchestre National de France.
Quand on dit qu'il est moins bon que le Philharmonique ou l'orchestre de Paris... là franchement ça n'était pas flagrant!

Oui, c'est un excellent orchestre, qui s'est amélioré de façon fulgurante sous les ères Masur et Gatti. Même dans des répertoires mineurs, ça joue sans routine et avec beaucoup de relief. Je me suis toujours demandé quelle espèce de préjugé prévalait pour qu'on le regarde avec cette condescendance.
D'ailleurs, transparence et plasticité stylistique bien supérieures au Philhar — beaucoup plus mon genre d'orchestre, personnellement. Évidemment, dans le post-postromantique du XXe, ce n'est pas aussi intense, mais dans le répertoire romantique, c'est assez merveilleux. Et puis le niveau individuel est hallucinant, comme tu as pu le constater dans leur récital chambriste Szymanowski, Berg & co du 104 !

Citation :

Et pourtant je ne me suis pas ennuyé une seconde, car l'acoustique de cet auditorium, qu'on peut trouver un peu froide, ou neutre, permet une belle précision des timbres, une grande clarté, le son ne semble jamais gonflé, la réverbération est minimale, certes on n'est pas soulevé par les tutti, mais il n'y a jamais aucune saturation et au final on a un son très net qui permet de goûter les timbres et la netteté des attaques.
Ici l'ensemble des cordes n'a jamais sonné comme une masse ou un trait épais et dégoulinant mais avec un tranchant vraiment appréciable.
Et chaque bois se faisait entendre de façon idéale, impeccable, facile, dans toutes les nuances.
Du coup on a cette sensation de radiographie de la partition, c'est un régal.

Ce doit être très bien pour cette symphonie-ci, effectivement ; peut-être bien pour la Neuvième aussi. En revanche, pour celles qui reposent davantages sur les grands contrastes comme les 2,3,5,6,7 et 8, ce doit être assez frustrant.

Effectivement, l'impression de proximité et la précision du son sont remarquables.

J'espérais que tu nous apporterais de meilleures nouvelles pour la conduction des voix, mais il est vrai que Tilling doit avoir un instrument très « directionnel »…

Oui, c'est quand même plutôt une petite voix dont la projection ne s'épanouit pas dans toute la salle.

Pour les transports, j'y réfléchirai pour la prochaine fois!

Il y a effectivement le métro Passy, avec là aussi 10 minutes de marche environ.

Le truc c'est qu'au début tu ne sais pas forcément que tu vas attendre 45 minutes: puis un train supprimé, un autre retardé...

Calbo: non, c'était beaucoup moins drastique que prévu, on nous annonçait une palpation et une présentation de carte d'identité, en fait non, il y a eu une inspection rapide de nos affaires et un passage au détecteur de métaux, c'est tout.

Tiens, question pratique : il était annoncé, je crois, que les bagages étaient interdits. Il y a eu des problèmes de ce genre ? Parce que s'ils n'acceptent les sacs et mallettes ni en salle, ni au vestiaire, ça va vite devenir compliqué.

J'avais ma sacoche habituelle, on ne m'a rien dit... je n'ai même pas fait attention s'il y avait un vestiaire.

Oui, il y a un vestiaire (moi, on m'avait obligé d'y poser un petit sac à dos). Ce doit être sur le site de la Philharmonie que j'ai vu ça, en fait. Mais ça me paraît impossible à mettre en place, même si on voit très bien la logique de la chose.

http://jeanpierrerousseaublog.com/
Le blog du nouveau directeur de la musique de Radio France... Ses derniers articles portent sur ce concert, et sur l'actualité récente, évidemment...

Carnetiste de longue date, sans pompe : on est parfois étonné de la simplicité du style comme du propos. Je l'ai découvert par là, et j'ai longtemps cru que c'était un « mélomane du rang » ! Ce qui est assez attachant, je dois dire, à côté de ces patrons verbeux qui promettent la lune et habillent leurs déficiences de jargon oiseux (à moi Gégé, à moiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii !).

Ouaip, je le lis depuis longtemps... Depuis que je vais voir l'Orchestre de Liège, dont il a été le directeur général pendant 15 (?) ans... Il a permis d'accroître la fréquentation de la salle philharmonique... (Enormément !)... Je n'ai jamais discuté avec lui, mais ça ma l'air d'être un type simple, très compétent et très fin connaisseur... Ce n'est pas qu'un gestionnaire... Je dirais même que c'est avant tout un mélomane... Ceci dit, je pense qu'il avait fait le tour de ce qu'il y avait à faire à Liège, et c'est bon pour lui et pour Radio France, de retrouver Paris...