[Jazz] Playlist

Paul Bley Trio - Live in Pisa '79

Paul Bley, piano
Kent Carter, bass
Barry Altschul, drums

Rec. live at Teatro Giardino Scotto, Pisa
on June 28, 1979

1. Ictus a.o. (18:57)
2. King Korn (37:19)

TT: 56:16
audience recording

La réunion d'un des trios (magiques, dit le bleymane invétéré) de Paul Bley dans les années 60 : Barry Altschul y est très en forme.

Alifie a écrit:

et après aussi,  cf. www.rivbea.com & www.bb10k.com/RIVERS.disc.html pour sa disco.

Merci, merci! (Passionnants, ces liens.)

Donc, comme prévu:

Sam Rivers: Contours
Sam Rivers (saxophone ténor, saxophone soprano, flûte), Freddie Hubbard (trompette), Herbie Hancock (piano), Ron Carter (basse), Joe Chambers (batterie)
Blue Note, 1965

(J'attends avec impatience la «cacophonie melliflue».)

Sam Rivers: Fuchsia Swing Song
Sam Rivers (saxophone ténor), Jaki Byard (piano), Ron Carter (basse), Tony Williams (batterie)
Blue Note, 1964

(Très, très chouette, mais j'aime mieux Countours, esthétiquement plus assertif.)

Vous m'avez donné envie avec Rivers

Avec moi, c'est forcément plus actuel   :

Sam Rivers - RivBea All-Star Orchestra - Inspiration (1998)

De belles ambiances, et une voix magnifique.

Thelonious a écrit:

Avec moi, c'est forcément plus actuel :

Sam Rivers - RivBea All-Star Orchestra - Inspiration (1998)

Pff, quel passéiste, ce Thelonious qui écoute du vieux jazz du XXème siècle !



Bon, j'ai à peine mieux en fait, puisque c'est un remake du trio de S. Rivers des années 70 : à près de 84 ans, Papy Sam, malgré une sonorité un peu moins musclée, avait encore de beaux restes (il est vrai qu'à 90 ans révolus, Marshall Allen continue lui à diriger l'Arkestra déguisé en sapin de Noël et en soufflant comme un beau diable dans son alto, allez les !).

Allez hop, un p'tit coup de jazz !
Avant d'avoir revisité King Crimson, Médéric Collignon, l'homme dont le cornet ne me laisse pas de glace, avait réinterprété avec ses acolytes Ennio Morricone dans un opus qui convaincra les plus... Septik : Il était une fois la ré(s)olution. Une version iconoclaste qui ne manque pas... de souffle !

Pour vous faire une idée : /watch?v=twwAj1uAjeU

Même sans le tube, ça donne envie d'aller y voir de plus près.



un petit parfum du trio de Sam Rivers aussi dans cet album plus récent : à 70 ans, Barry Altschul est toujours très vert.

Sam Rivers: Dimensions & Extensions
Donald Byrd (trompette), Julian Priester (trombone), James Spaulding (saxophone alto, flûte), Sam Rivers (saxophone ténor, saxophone soprano, flûte), Cecil McBee (basse), Steve Ellington (batterie)
Blue Note, 1967

Formidable!

Laia Genc + Liaison tonique
Talisman

En concert, c'est drôlement mieux. Le jazz en studio ... :/

A tout prendre, en concert, on ne devrait pas l'enregistrer non plus, ça éviterait d'encombrer inutilement les discothèques.

D'accord, d'accord, j'ai oublié tous les enregistrements superbes réalisés en studio, mais dans un esprit de recherche et d'impro.

Quel intérêt d'enregistrer en studio des morceaux de jazz peaufinés, qui sentent la boîte de conserve à plein nez?

Je m'étais mal exprimée.

(à moins que tu ne veuilles parler de Leia Genc )

Je ne suis pas sûr de ce que j'avance (Alifie me corrigera si je me trompe), mais il me semble que:
1. sur certains albums, en particulier pour des musiques un peu complexes avec des effectifs importants, le studio a permis de réaliser des choses extraordinaires qui n'auraient sans doute pas été possibles autrement, ou alors avec forcément de gros moments de flottement (je pense à des choses comme The Black Saint and the Sinner Lady, Liberation Music Orchestra, Escalator Over the Hill ou Out of the Cool);
2. des disques qui ne se concevaient que comme des disques de studio, en particulier des musiques de film, ont pu donner lieu à de vrais grands moments de jazz - et du plus libre (Les Stances à Sophie, Chappaqua Suite, New York Eye and Ear Control, Mickey One...)

Mea culpa, alors ! J'arrête les généralisations. Le jazz est un terrain très glissant pour moi.
Mais merci pour les précisions, car pour être honnête, j'ignorais tout cela.

Dans le cas de Laia Genc, le choix du studio n'était pas judicieux.

Je te chambrais un peu malicieusement.

Dans le cas de l'artiste dont tu parles (que je ne connais pas, je suis un réac qui n'écoute que du vieux jazz), il y a peut-être tout simplement une volonté de ses producteurs de la rendre plus compatible avec un public plus large au disque, ce qui affadit certainement, d'après ce que tu as pu constater toi-même, ce qu'elle peut proposer sur scène.

Après, qu'il y ait nombre de disques inutiles ou qui ne rendent pas justice à des artistes parce que mal ou trop hâtivement produits, ça ne fait pas de doute, mais je ne crois pas me tromper en pensant que c'est vraiment tous genres musicaux confondus.

Enfin, sur la spontanéité qui serait perdue en jazz dès lors qu'on le met en boîte (ça n'est pas pour enfoncer le clou, mais pour rebondir puisqu'on peut toujours se poser la question du caractère volatil des musiques improvisées), outre, comme l'a pointé Benedictus avec quelques exemples, le fait que le studio offre des possibilités de produire des musiques qui ne pourront pas être aussi élaborées lors d'une prestation sur scène, certains (nombreux) comme mon chouchou, le pianiste Paul Bley, abordent tout enregistrement de la même façon qu'une prestation live, suivant le principe "une prise, pas plus, les suivantes sont inutiles" quand d'autres, comme le maniaque hyperactif John Zorn, s'appliquent parfois à reproduire avec le plus de précision possible sur scène ce qu'ils ont élaboré en studio. La ligne de fracture entre live et studio est donc moins tranchée dans ce genre musical qu'il peut le sembler de prime abord.

Alifie a écrit:

je suis un réac  qui n'écoute que du vieux jazz

Mais non, tu as dépassé le stade "New Orleans" tout de même. Bley est très/trop moderne pour beaucoup de personnes me semble t'il.

Sinon, tout à fait d'accord sur le fait que toute les musiques peuvent perdre de leur spontanéité à l'enregistrement, même si je pense que le Jazz échappe plus à ce phénomène grâce à l'impro (à condition bien sur qu'elle ne soit pas écrite et qu'on enferme pas le soliste dans un nombre de grilles prédéterminés s'il se sent en capacité d'en produire plus, de qualité). Et puis ça dépend de tellement de paramètres. Certains vont être plus détendu en studio (ou pas), l'état de forme, l'état d'esprit du moment, tout ça ne se programme pas. Est-ce que Kind Of Blue aurait été ce qu'il est s'il avait été enregistré un autre jour ou en prise live?
Désolé, je t'ai paraphrasé, mais j'aime tellement être d'accord avec toi. C'est tellement rare.

Citation :

(à condition bien sur qu'elle ne soit pas écrite et qu'on enferme pas le soliste dans un nombre de grilles prédéterminés s'il se sent en capacité d'en produire plus, de qualité)

Voilà, c'est exactement à ça que je pensais!

Je ne suis pas allée très loin dans mon exploration du jazz, et surtout, je n'ai jamais fait attention aux conditions d'enregistrement Mais ce qui me séduit le plus, c'est l'improvisation, l'idée de création en cours, et même le caractère inachevé de certains interprétations. Je sais bien que le jazz ne se définit pas seulement par l'improvisation, mais il m'a toujours semblé que c'était l'un des apports les plus inestimables des jazzmen à la musique. ça me rappelle qu'à une époque, même certains virtuoses "classique" avaient tendance à s'écarter de la "lettre" des compositions pour faire leur petite tambouille personnelle. Aujourd'hui, peu d'interprètes de renom oseraient, pendant un récital, s'écarter de la partition. Je ne suis pas sûre que ça me plairait, d'ailleurs, qu'on rajoute des notes aux Nocturnes de Chopin. Tout ceci est question de conventions.

Mais inversement (et c'est là où je voulais en venir ), j'ai du mal à concevoir que des morceaux de jazz soient mis au point comme des sonates, puis interprétés tels quels en studio. L'intérêt de cette conversation, c'est que ça m'a forcée à me demander pourquoi ... Pourquoi le jazz ne serait-il que de l'impro? Est-ce que le jazzman n'est pas soumis aux mêmes règles qu'un interprète "classique", aujourd'hui?

Il me semble qu'il y a, depuis longtemps, une convergence entre les genres. C'est visible dans les compositions, où il y a inspiration mutuelle, circulation des styles, des ambiances ... Mais c'est peut-être aussi notable dans l'interprétation, au sens où il y a une standardisation progressive des manières de jouer qui atteint tous les genres, surtout lorsqu'ils sont intégrés dans la culture des "élites" (par sûre qu'"élite" soit le bon terme, mais bref).

Grachan Moncur III: Some Other Stuff
Grachan Moncur III (trombone), Wayne Shorter (saxophone ténor), Herbie Hancock (piano), Cecil McBee (basse), Tony Wiliams (batterie)
Blue Note 1964

Première écoute: super! Une sonorité de trombone très pleine et avec un sacré impact, et les trois du quintette de Davis surchauffés: aussi inventifs que d'habitude à cette époque, mais avec plus d'urgence et un son plus sanguin, on dirait (sans ce côté classieux qu'on peut trouver dans Maiden Voyage ou Speak No Evil).

Tu as raison, l'improvisation est une constituante essentielle du Jazz. Néanmoins, c'est également une musique écrite et structurée (le Free Jazz, pour caricaturer, faisant exception) etcertaines pièces sont très "écrites"; Wayne Shorter, le premier exemple qui me vient à l'esprit est un excellent compositeur et orchestrateur. Un de nos amis du Jazzclub (je ne sais plus lequel, désolé) a également parlé l'autre jour de l'excellent, "The Way Up Live" de Pat Metheny qui est un parfait exemple que le Jazz ce n'est pas, que, le bordel. Q'on se le dise .

Le film whiplash est à cet égard intrigant: un jazz composé, écrit et dirigé (de main de maître, euh...). Très loin des impro "libres" (même si structurées) des Monk, Taylor, Lacy (etc... pour citer quelques-uns de ceux qui sont apparus dans la playlist dernièrement).

Mais est-ce que ce n'est pas une partie du jazz, en quête de composition (avec l'ambition de reconnaissance culturelle qui va avec -je pense à Duke Ellington-) et d'invention avec "ensembles" -je pense à Mingus- (où les pépites naissant d'un chaos ordonné ont peu de chances de se reproduire sous l'effet seul du hasard, passé le petit ensemble: trio, quintet).

L'improvisation totalement libre est très minoritaire dans le jazz, free-jazz y compris, et surtout le fait d'une partie du free-jazz européen, dont les musiciens se reconnaissent plus d'ailleurs dans l'appellation de "musiques improvisées" que de jazz. D'autres, comme Steve Lacy que tu citais, ou encore Anthony Braxton, se sont joints épisodiquement à ce mouvement, mais pour l'essentiel ces deux derniers, tout comme Monk ou Cecil Taylor, ont pratiqué (ou pratiquent encore pour Braxton et Cecil Taylor) des musiques extrêmement structurées.

Plu rare encore, le jazz totalement écrit : le seul exemple qui me vient à l'esprit est André Hodeir, dans ses adaptations musicales de Joyce, Anna Livia Plurabelle et Bitter Ending, où les solistes exécutent une partition suivant un principe qu'Hodeir nommait "improvisation simulée".

Entre les deux, se situe tout l'espace du jazz en matière de liberté à improviser, qui peut concerner tous types de formations, y compris les ensembles les plus larges : je me souviens par exemple avoir vu se succéder sur la scène du festival d'Antibes-Juan les Pins celles de Carla Bley puis de Gil Evans. Quand, dans la première, les musiciens exécutaient de façon quasi-militaire leur partition, n'ayant de latitude à improviser que dans leurs solos, la seconde était un formidable espace de liberté, où tout était ouvert collectivement à partir d'une orchestration que cet orchestre n'éxécutait jamais deux fois de suite de façon identique (c'est une des raisons pour laquelle je suis personnellement autant une groupie de Gil Evans que je peux l'être du pianiste Paul Bley).

Merci pour vos précisions, ça m'éclaire.

Plein de nouveaux noms pour moi. Je note, je note.

Alifie a écrit:

celles de Carla Bley puis de Gil Evans. Quand, dans la première, les musiciens exécutaient de façon quasi-militaire leur partition, n'ayant de latitude à improviser que dans leurs solos

Tu l'aimes pas la Carlita, hein? Pourtant elle a écrit tant de belles compositions que Paul a sublimé. J'adore Vashkar.

Thelonious a écrit:

Alifie a écrit:

celles de Carla Bley puis de Gil Evans. Quand, dans la première, les musiciens exécutaient de façon quasi-militaire leur partition, n'ayant de latitude à improviser que dans leurs solos

Tu l'aimes pas la Carlita, hein? Pourtant elle a écrit tant de belles compositions que Paul a sublimé. J'adore Vashkar.

J'aime énormément la compositrice de thèmes, la plus remarquable pour moi dans le jazz post-bop avec Wayne Shorter et Annette évidemment. Pour la chef d'orchestre, c'est effectivement une autre paire de manches.

Tu aimes aussi Shorter comme compositeur. Tu as décidément très bon goût .

Je te retourne le compliment puisque tu commences visiblement, matraquage sur le fil et en bt aidant, à apprécier Paulot.

Toute cette fraternité, c'est magnifique .

Mon ami (si je puis me le permettre) Alifie, aurais tu le courage de poster sur le fil Bley tes 5, 10 (ou plus, mais pas trop tout de même) albums studios, et autant pour les lives, préférés ou que tu recommandes, de manière à ce que tous les amis du Jazzclub (et les autres) puissent partager ton goût pour ce pianiste sans tomber inanimés dans la lecture des pages playlist (et autres) ou tu as semé la bonne parole. Merci.

Thelonious a écrit:

Toute cette fraternité, c'est magnifique .

C'est l'esprit de Noël, on va pouvoir recommencer à se tailler dès qu'on aura récupéré des fêtes.

Citation :

aurais tu le courage de poster sur le fil Bley tes 5, 10 (ou plus, mais pas trop tout de même) albums studios, et autant pour les lives, préférés ou que tu recommandes

Ma devise personnelle étant "courage, fuyons !", je dis car choisir, c'est renoncer, et à quoi bon quand ça ne s'impose pas : en fait je déteste l'exercice, mais je peux à l'occasion reposter quelques liens, pochettes et commentaires du fil playlist, du moins pour ceux qui ne sont pas trop déconnants, en les regroupant à peu près par époques : je le note dans mes résolutions du nouvel an à venir.

bonne année les Jazzeux

itou

P.S. je commence derechef à tenir mes bonnes résolutions (pour la suite, on verra plus tard)

Don Cherry: Complete Communion
Don Cherry (cornet), Gato Barbieri (saxophone ténor), Henry Grimes (basse), Edward Blackwell (batterie)
Blue Note, 1965

Toujours aussi ...

[mode Chris3:]Don + Barbieri, c'est la cerise sur le gato.[/mode Chris3]

Roderick a écrit:

Roderick a écrit:

     superbe disque; je crois qu'Arnaud est fan lui aussi.

Oui, un choc. J'en suis tout

Benedictus a écrit:

Don Cherry: Complete Communion
Don Cherry (cornet), Gato Barbieri (saxophone ténor), Henry Grimes (basse), Edward Blackwell (batterie)
Blue Note, 1965

Toujours aussi ...

[mode Chris3:]Don + Barbieri, c'est la cerise sur le gato.[/mode Chris3]

Oui, un chef d'oeuvre absolu!!!

darkmagus a écrit:

Roderick a écrit:

     superbe disque; je crois qu'Arnaud est fan lui aussi.

Que oui!
Un des disques les plus brilliants de Braxton.
Dans la même lignée, le Performance (Quartet) de 79 est tout aussi scintillant.

MICHEL SARDABY TRIO

Michel Sardaby, piano
Reggie Johnson, basse
John Betsch, batterie

et celui-là de pianiste, vous le connaissez ?  ça aurait fait une sacrée colle en bt non ?
Pas très friand de piano jazz, je n'aurai jamais eu l'idée d'acheter ce (double) CD, mais il m'a gentiment été offert il y a quelques années, et ma foi il s'écoute sans déplaisir et en vaut bien d'autres......de pianistes......je veux dire... hein ?  non ?   

Bohren & der Club of Gore - Sunset Mission