Autour de la musique classique

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 Constantin Silvestri

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MessageSujet: Constantin Silvestri   Constantin Silvestri EmptyJeu 30 Juil 2015 - 2:22

Je ne crois pas qu'un fil ait été dédié à ce chef étonnant.

Mort à 55 ans, il a eu la chance:

- de fuir la dictature roumaine.
- d'atterrir dans deux grandes capitales où son talent fut immédiatement remarqué.
- de se voir confier un orchestre pour lequel il avait carte blanche quant au nombre de répétitions (apparemment il était TRÈS exigeant).
- d'avoir de très bonnes conditions d'enregistrement pour ses disques.

EMI semble avoir dès le départ mis le grappin sur ce phénomène et, au cours d'une décade environ, a su exploiter tout le potentiel de cet heureux partnership. En retour EMI lui accorda les meilleurs studios et salles d'enregistrements, et les meilleurs ingénieurs du son.

le coffret de 15 disques reprend donc l'essentiel sinon la totalité des enregistrements qui découlèrent de cette fructueuse collaboration.

Disque 1: 'Russian Showpieces'. Ruslan y Lyudmila, Prince Igor, polonaise d'Eugene Onegine, Capriccio italien, Ouverture 1812 (pour laquelle le producteur n'hésita pas à mettre toute la gomme, incluant les harmonies additionnelles (cuivres), canons etc. qui en firent un disque de démonstration). Quels que soient l'oeuvre et l'orchestre (Paris, remarquable, Bournemouth ou Londres), Silvestri déclenche la pluie et le beau temps, les éclairs et le tonnerre, les senteurs du printemps ou la grêle d'hiver. Ce qui épate le plus est l'intensité incroyable de ces prestations. Du Ormandy mâtiné de Dorati et de Solti, plus tendu que le premier, plus généreux que le second, moins hystérique que le dernier.


Dernière édition par André le Jeu 30 Juil 2015 - 2:46, édité 3 fois
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MessageSujet: Re: Constantin Silvestri   Constantin Silvestri EmptyJeu 30 Juil 2015 - 2:35

Disque 2:

Un disque particulièrement bien structuré, placé sous le signe du 3: trois oeuvres majeures du 20ème siècle, de durée sensiblement égale, jouées par le Philharmonia Orchestra dans le Kingsway Hall et toutes trois en trois mouvements. Silvestri me semble gagner un tiercé:

- La Symphonie en trois mouvements, mon oeuvre préférée de Stravinsky, dont j'ai entendu quantité de versions, pour toujours revenir à la même: Klemperer et le Philharmonia, également sur EMI avec le Philharmonia. En un mot: ma préférence est désormais partagée avec Silvestri, absolument renversant de justesse. C'est égal à Klemperer dans l'analyse microscopique, laser, tranchante, mais c'est pris dans un tempo beaucoup plus convaincant. À noter que EMI enregistrait l'oeuvre avec le même orchestre, dans la même salle, à moins de deux ans d'intervalle. C'était le bon temps!

- Le Divertimento pour cordes de Bartok. Beaucoup moins enregistré, j'ai toujours préféré la version de Dorati avec l'Orchestre de la BBC (Philips). Silvestri est remarquable et la prise de son très fouillée. On y entend autant de détails de danses (forcément très stylisées), mais la phalange des cordes du Philharmonia est plus 'grasse' et colorée que celle du BBC. Chacun à son goût !

- Pour Mathis der Maler de Hindemith, les versions ne manquent certes pas. À nouveau une forte préférence, cette fois pour un orchestre américain: le Boston Symphony sous Steinberg (DGG). Des couleurs extraordinaires, que le Phil. O. n'est pas loin d'égaler. Très belle prise de son. Silvestri accentue le côté dérangeant de l'oeuvre (la Tentation de Saint-Antoine), alors que Steinberg y fouille l'aspect mystérieux (Concert des Anges). Prises de son fort différentes, offrant des perspectives également valables sur un chef-d'oeuvre orchestral de son époque: fondue, colorée et bien réverbérée (Symphony Hall, Boston) d'une part. Rapprochée, analytique et très 'stéréoïsée' (1958) tout en étant parfaitement aérée (le fameux Kingsway Hall de Londres).
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MessageSujet: Re: Constantin Silvestri   Constantin Silvestri EmptySam 1 Aoû 2015 - 14:40

C'est un de mes chefs préférés et bien aimés.

Il s'était établi à Paris en 1959 et y est resté jusqu'en 1961, quand il a pris la direction de l'orchestre symphonique de Bournemouth. Il était alors très populaire en France ou son enregistrement fameux de la Symphonie du Nouveau Monde avec le National l'avait rendu célèbre.

Il a beaucoup enregistré entre 1957 et 1961 pour le label His Master's Voice, avec des orchestres londoniens et parisiens et avec le Philharmonique de Vienne. Contrairement à ce qu'on peut penser, il n'était pas très satisfait de ses enregistrements et le faisait savoir ce qui, évidemment, exaspérait la direction de HMV. Il finira d'ailleurs par se fâcher avec HMV qui ne renouvelera pas son contrat. Il ne recommencera à enregistrer qu'en 1966 mais c'était déjà bien tard, il ne fera que quelques LPs avec son orchestre de Bournemouth. Fort heureusement, entre 1998 et 2009, BBC Music lui a consacré quatre publications reprenant des retransmissions radiophoniques qui donnent une idée de son répertoire peu banal et de son activité à Bournemouth et en Grande-Bretagne.
Une biographie de Constantin Silvestri en langue anglaise parut en 1998 (John Gritten, Warwick Editions). Malgré de nombreuses illustrations, elle n'est malheureusement pas très satisfaisante. On pouvait espérer beaucoup mieux.

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MessageSujet: Re: Constantin Silvestri   Constantin Silvestri EmptyDim 2 Aoû 2015 - 19:28

Merci Alpha Piscis Austrini Laughing  pour ce premier commentaire !

Le Disque 9 du coffret est consacré à la septième de Dvorak, enregistrée au Musikverein en 1960. Curieusement, je retrace très peu de  Dvorak avec les WP avant cette année 1960. Un chef roumain d'ascendance italienne dirigeant une phalange viennoise dans cette musique d'inspiration slave !

Silvestri nous présente un I qui est une mise en place stratégique: introduction sombre et tragique, allegro modéré (maestoso dit la partition), se concluant en force pour finalement affirmer ce mouvement comme un exemple de la forme classique d'inspiration schumanniene-brahmsienne. Le mouvement lent qui suit est relativement sage. Les deux derniers mouvements prennent feu dès les premières mesures du Scherzo. Les accents, rit et autres sf se déploient avec force claquements et alanguissements. D'une certaine façon l'approche me rappelle celle de Zdenek Kosler à la tête de la Philharmonie slovaque. J'aurais aimé entendre Karl Böhm avec le même orchestre dans cette oeuvre ! Quoi qu'il en soit Silvestri conclut ici avec force son exploration de la première des grandes symphonies du Maître bohémien.

Mentionnons que le coffret comprend aussi la huitième avec le LPO (1957, Kingsway Hall) et la neuvième (deux fois !) avec l'ONRF (1957 ET 1959, Salle Wagram). Conclusion pour la septième: excellent, mais je préfère C. Davis et le Concertgebouw, Kertesz LSO, Kosler et la Philharmonie slovaque et, dans l'absolu, un disque de rêve: Böhm et le WP.

Le disque se conclut avec 'Carnaval' opus 92 à Londres (acoustique TOTALEMENT différente !), des Danses slaves (opus 46 nos 1 et 2) et Danses hongroises de Brahms (nos 5 et 6) avec l'OSCCP transformé en orchestre de tziganes ! Jamais entendu la 5ème jouée avec un tel rubato, et de surcroît, une révélationqui convainc malgré son étrangeté.
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MessageSujet: Re: Constantin Silvestri   Constantin Silvestri EmptyDim 2 Aoû 2015 - 21:34

Disque 4 du coffret: symphonie numéro 4 de Tchaikovsky. Les nos 5 et 6 continuent la série sur un autre disque. Philharmonia Orchestra de Londres, Kingsway Hall en 1957. Encore une fois Klemperer allait ré-enregistrer ces oeuvres avec le même orchestre et dans la même salle, en 1962-63. Avec un résultat similaire !

Les gravures de Klemperer sont fameuses: organisées comme des séries de blocs sonores, dont la majorité contiennent des épisodes lents remarquablement 'construits', brique par brique pour ainsi dire. Les épisodes rapides relient les Lego entre eux. Bref, une curieuse alternance de "lassu-frist" (alla Bartok qui est, je crois une caractéristique de l'époque. Karl Böhm produira plus tard la version définitive de cette approche avec la Philharmonie tchèque (Orfeo) et le LSO (DGG).

Pour une approche antithétique fort valable, les version BP de Karajan (sur DGG) sont à explroer.

Le disque Silvestri demeure remarquable tant pour son approche anti-sentimentale que pour le résultat remarquable au niveau technique (quels vents dans II !! )
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MessageSujet: Re: Constantin Silvestri   Constantin Silvestri EmptyMer 12 Aoû 2015 - 2:02

À nouveau Tchaikovsky dans une de ses oeuvres les plus caractéristiques, l'immense symphonie à programme Manfred. Ici jouée par l'Orchestre national de la Radiodiffusion française. Salle Wagram, Paul Vavasseur à la console. 1957, prise de son monophonique.

D'emblée on distingue les timbres uniquement français de la section des cors. To-ta-le-ment différent des melliflus instrumentistes du Philharmonia (symphonie no 4, également introduite par cette phalange cornue). À noter aussi l'acoustique caverneuse de la Salle Wagram, dont les ingénieurs de la EMI (Pathé ?) n'avaient pas vraiment apprivoisé tous les sombres recoins. Ça sature un peu ici et là, ça détimbre un brin dans les très hautes fréquences (le piccolo du II). Mais dans l'ensemble ça reste une prise de son plus que correcte presque 60 ans affraid  plus tard: ampleur verticale, profondeur, spatialisation. Très bonne captation de la harpe et de la petite percussion. Un peu de confusion dans les tutti lorsque tous les instruments graves sont sollicités (fin du I).

Et que dire de l'interprétation ? Abravanel avec sa petite phalange mormonne donne une version cursive, serrée, sans flaflas de cette fresque baroque (dans le sens anglais du terme). J'aime énormément car il y a là une conduite intelligente de cette fresque (frasque) échevelée.

Silvestri donne dans l'exagération (une multitude de particularités dans les phrasés, par exemple d'audacieux portamenti vers 12:00 dans le IV, l'énoncé du thème dans les mouvements liminaires), le délire berliozien, l'effusion lyrique, l'orgasme dans le son et le geste des pupitres... La "symphonie fantastique", le "Harold en Italie" (Orgie des brigands) de Tchaikovsky.

En résumé: tout est dans l'ampleur et la générosité de la conception. Si c'est conçu sur une grande échelle comme ici, il faut y mettre les moyens et plus encore. Maazel, Decca et le WP ne lésinent pas sur les moyens, mais c'est par trop sobre, comme un fêtard qui serait capable de dire 'non' après la première bouteille de champagne tutut

Manfred est pour moi une des plus grandes oeuvres de Tchaikovsky, et Silvestri la traite comme tel. C'est-à-dire avec la démence, l'outrance, le pathos requis. L'orchestre est très correct (et même très bon), la prise de son ne dénature pas les intentions des exécutants et du chef. Rappel: prise de son mono qu'on dirait réellement stéréophonique: la netteté des interventions des pupitres des cordes dans le fugato de IV (vers 7:30sq) est étonnante. L'entrée de l'orgue à la fin de l'oeuvre laisse bouche bée (y' a un orgue dans la Salle Wagram ? Et quel type siouplait ?).

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MessageSujet: Re: Constantin Silvestri   Constantin Silvestri EmptyMer 12 Aoû 2015 - 2:26

En complément sur le disque Manfred on retrouve l'ensoleillé Capriccio espagnol de Rimsky-Korsakoff. Pris un tout petit peu plus rapidement qu'Ormandy, mais un o=peu plus lentement que Scherchen, Silvestri fait ressortir les rythmes - pointés ou alanguis - plutôt que les couleurs très chastes et élégantes de son orchestre (le Wiener Philharmoniker), cependant que les ingénieurs du son (Francis Dillnutt, Musikvereinsaal, 1959) accentuent la spatialisation des effets. Je devrai comparer avec d'autres très bonnes versions (Zinman, Désormière, Ormandy), mais celle-ci brille de très beaux feux.
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MessageSujet: Re: Constantin Silvestri   Constantin Silvestri EmptyMar 18 Aoû 2015 - 0:01

Moussorgsky orchestré par Rimsky: Une nuit sur le Mont chauve.

Rimsky-Korsakoff: Schéhérazade. Bournemouth symphony Orchestra.

Bournemouth est une ville de moyenne importance sur la côte sud de l'Angleterre, proche de la "Riviera anglaise". C'est là que Sivestri a fait son nid après son échappée des pays communistes (sa Roumanie natale). Ce n'était ni un grand ni un ancien orchestre. Ça s'entend, comme s'entend la même combinaison à Cleveland sous Rodzinsky, le Philharmonia sous Karajan ou l'Orchestre National sous Munch: des virtuoses en quantité suffisante et un 'corpus' de professionnels pour faire le poids. De son(orité) immédiatement identifiable, point. Ce qui s'entend aisément, c'est l'unanimité à la fois serrée et aérée de ces musiciens sous la houlette d'un grand chef. Avec le même mélange musical Silvestri eût atteint plus de poids et de couleurs à Vienne, mais moins de flexibilité. C'est comme une recette de pain: impossible de modifier un seul ingrédient, faut adapter le reste de la recette. À Londres (Philharmonia) il y aurait eu moins de transparence (ils enregistraient au Kingsway Hall, qui donnait un fondu inimitable à la pâte orchestrale).

Bref, un ensemble super professionnel, mais sans la culture qui donne le grain, le poids, le son particuliers d'un grand orchestre. Je n'en veux comme témoins que la section des vents du Concertgebouw, qui voluptue et orgasmise à qui mieux mieux sous Kondrashin, ou Chalabala et la Philharmonie tchèque qui trônent dans le ciel des Mille et une Nuits. Mais à part cette comparaison injuste, cette Schéhérazade se distingue largement de la compétition et va rejoindre d'autres magnifiques versions (Immerseel et Currentzis pour leur transparence et leurs couleurs, Dutoit et Montréal pour le plus beau solo de violon et le meilleur son).

En "complément": Le Chant du Rossignol de Stravinsky avec justement le Philharmonia à Kingsway Hall. Quels vents !! Absolument incomparables en leur temps (1960, prise de son fabuleuse).
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MessageSujet: Re: Constantin Silvestri   Constantin Silvestri EmptyMer 26 Aoû 2015 - 2:55

Qui aime bien une bonne orange sanguine, juteuse, forte en sucre et en acidité, d'une belle couleur violette-vermillion ? Pour eux, EMI a couplé la Suite de l'Amour des trois oranges  de Prokofieff (17 minutes), Gayaneh  de Khatchaturian (11 minutes) et la Cinquième de Chostakovich.

Toutes trois enregistrées dans les froids mois de février et de décembre 1960 à Vienne, avec les WP.

Je n'aurai que peu de mots pour les deux premières oeuvres. Elles survivent mieux en forme de suites de concert que d'oeuvres de scène (j'ai les deux). Ce qui en subsiste en concert vaut à la fois les applaudissements qu'elles suscitent et le relatif oubli des oeuvres intégrales dont elles proviennent.

Ceci dit, la 5ème de Chostakovich demeure une des oeuvres les plus encensées, recensées et enregistrées du dernier siècle. La version de Silvestri surprend. Elle est nettement 'sanguine', dans le sens anglais du terme. En 48 minutes, elle nous brosse un tableau saisissant, haut en couleurs de l' "acte de contrition" de Chostakovich. Un Moderato glacé mais bouillonnant tout à la fois, qui rappelle de façon saisissante le périple de Michel Strogoff sur l'Ienesseï. Suivi d'un interlude bancal, clownesque et sans apitoiement, d'un Largo angoissé et plein de confessions murmurées.

Grosse surprise dans IV: je croyais que Kondrachine était le premier (le seul) chef à  terminer ce Finale (lentement, massivement) comme une annonce publicitaire du Hummer. Surprise: Silvestri adopte la même approche. Mais quand? Qui a précédé qui? Et sur quelle bases ? Que dit la partition ? C'est important, car les deux approches coexistent dans la discographie. Tout comme coexistent la coda fast and furious de Bernstein et celle, lente et brutale avec un tempo divisé en deux de Silvestri et de Kondrachine. Donc, qu'on récapitule: Silvestri commence en guépard et termine en rhinocéros dans ce Finale.

Excellente prise de son de style 'musique de film hollywoodienne' 1960s comme Chostakovich en rêvait probablement.

Une des très, très bonnes interprétations de l'oeuvre. L'important n'est pas ce qui, aux oreilles d' au jour d'hui semble congruent mais plutôt, ce qui a assonné à la première écoute et continue de déranger. Pas besoin de tout bousculer, mais un bon jeu de coudes donne d'excellents résultats. Dans cette optique, Silvestri bouleverse les idées reçues.
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MessageSujet: Re: Constantin Silvestri   Constantin Silvestri EmptyJeu 27 Aoû 2015 - 23:13

Smile Je ne regrette pas d'avoir conseillé à André le coffret Emi dont il fait apparemment ses délices.

Pour info, on le trouve actuellement à moins de 17 euros (quasiment un euro le CD, et les quinze disques sont quasiment tous époustouflants !) sur le site italien d'Amazone :

http://www.amazon.it/Complete-Emf-Recordings-Constantin-Silvestri/dp/B00ACHXHII

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MessageSujet: Re: Constantin Silvestri   Constantin Silvestri EmptyVen 28 Aoû 2015 - 4:32

Merci Mélo de cette recommandation (via le fil Schéhérazade) !

Hier j'écoutais la symphonie de Franck, la Fantastique et les oeuvres plus courtes qui les accompagnent. Il faut que je réécoute au moins une fois pour me faire un lit. Très intéressantes, passionnantes même. Dans le cas de la symphonie de Franck, pas au point de bouleverser la discographie, mais assez pour que je ressorte 4 versions des étagères (Munch, Paray, van Otterloo et Monteux) pour déterminer la place que j'assigne à Silvestri parmi les très très bonnes versions.

Pour la Fantastique j'ai été surpris: l'originalité côtoie le classicisme, voire l'objectivité académique. À suivre.
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MessageSujet: Re: Constantin Silvestri   Constantin Silvestri EmptySam 5 Sep 2015 - 1:30

- Pusieurs oeuvres plus courtes, notamment du Liszt (Les Préludes, Rhapsodie hongroise no 4, Tasso). J'ai été déçu par les Préludes (Philharmonia Orchestra) dans lesquels je much prefer Fricsay et Karajan. Avec Silvestri les trompettes dominent outrageusement - certainement une exigence du chef car c'est loin d'être une caractéristique de cet orchestre (à l'époque leurs trompettes étaient dominées par les cors et trombones). J'aime beaucoup cette oeuvre avec ses mélodies affligeantes et son orchestration pompière au possible. Il y a moyen de lui donner du corps, et c'est faisant sonner les cors !

J'ai comparé la 4ème de Tchaikovsky par Böhm LSO (DGG 1979) et Silvestri-Philharmonia (Kingsway Hall 1957). Quand je parle d'un Philharmonia dans lequel les cors dominent les trompettes, on entend ça tout de suite ici. La couleur est beaucoup plus sombre. Mais dans le grand ordre des choses, les sonorités de l'orchestre sont ici secondaires. C'est la maîtrise des tempi (surtout dans I) qui caractérise une interprétation de cette symphonie. L'alternance continuelle de passages lents et rapides, d'accelerandos, diminuendos et autres sforzandos est suffisante pour qualifier ou disqualifier n'importe quel chef. Le premier mouvement est carrément schizophrénique dans cette alternance maniaque entre les affects, élans de nostalgie et d'excitation furibonde. Silvestri est ici le maître de l'intégration des tempi par un contrôle extraordinaire de la ligne horizontale. On entend toutes ces transitions sans vraiment se rendre compte qu'elles servent à lier entre eux un épisode lent avec un autre rapide. Autrment dit, l'accélération est imperceptible, tout comme le sont les relâchements du rythme vers les parties lentes. En contrepartie, les tempi ne sont jamais fortement typés. Les parties lentes ne relaxent pas complètemt, et les parties rapides n'atteignent pas le point d'ébullition.

En contraste total, la version Böhm alterne les tempi par le biais d'épisodes de transition brusquement sollicités. Les allegros sont quelquefois démentiels par contraste avec les parties lentes dansantes et hiératiques. L'orchestre est nettement plus libre de démontrer ses qualités considérables de timbre et de qualité d'articulation. Bref chez Böhm on a l'impression que c'est surtout lent, alors qu'il met 2.5 minutes de moins que Silvestri. La prise de son est fabuleuse et la qualité de l'exécution carrément phénoménale. Perso je préfère la fantaisie (!!) de Böhm au contrôle maniaque de Silvestri.

Dernier disque et, surprise: des doublons. La 9ème de Dvorak en particulier, réalisée avec le même orchestre (ONRF) en mono, deux ans avant la version stéréo de '59. Quelle interprétation furieuse, déchaînée et quelle exécution carrément miraculeuse de l'ONRF !! La prise de son est excellente. Minutant à près de 3 minutes plus rapide que la version de '59, cette prestation sensationnelle devient instantanément une de mes préférées.

Autres oeuvres sur ce disque: la Danse macabre et  l'Apprenti sorcier, tous deux  avec le même orchestre français et meilleures que les excellente moutures avec le Bournemouth Symphony (magnifiques, mais moins typées).
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