[TCE] Norma, avec Cecilia Bartoli

Je me permets de renvoyer au blog Carnets sur sol, sur lequel David explique remarquablement les aspects rafraîchissants, et inédits (même par rapport à l'enregistrement de miss Bartoli d'après mon souvenir), de la soirée du 14 octobre.

Quelques ajouts à ces opinions que je partage en majeure partie :
j'ai trouvé tout de même que la voix d'Adalgisa était d'ampleur un peu restreinte, malgré, en effet, un bel éventail de nuances et un chant superbe. Mais l'effet de complémentarité était admirable, et sûrement voulu, avec la voix de Norma.
En effet, le subtil Pollione manquait d'héroïsme, mais n'était-ce pas dû à ses aigus très couverts ?

Je ne vais pas souvent voir ce répertoire, mais j'ai vraiment ressenti la magie du bel canto. Et paradoxalement, cette lecture légère et nuancée permettrait d'apprécier la richesse psychologique particulière de cette œuvre, et le soin porté par le compositeur à la fois à l'ensemble (rythme) et à tous les détails (caractères, couleurs).

Enfin, sur la mise en scène, je suis d'accord que c'était efficace et beau. Toutefois, il manquait la magie de l'extérieur, de la forêt de chênes sacrés éclairés par la lune, qui me semble faire partie de l'atmosphère de cet opéra. Ici, malgré certains beaux effets nocturnes, tout se passait en intérieur.

La transposition en "Norma fait de la résistance" fonctionne assurément. Mais là encore, on n'évite pas un certain ridicule : j'ai eu très peur en voyant arriver Cecilia Bartoli l'air furtif, habillée en "Michelle from the resistance" (du feuilleton de la BBC "Allo Allo"), pendant l'ouverture.



Heureusement, ensuite, elle reste en robe noire.
Les autres résistants participent de l'esthétique "résistance proprette" qu'on voit dans les téléfilms de la télévision publique française, ce n'est pas très convaincant... Et bien sûr, on n'a pas voulu donner à Pollione un aspect trop méchant, donc on ne l'a habillé ni en soldat nazi, ni en SS. Mais alors, s'il est en civil, c'est qu'il est de la Gestapo, ce n'est pas tellement mieux !

Je badine, mais c'était vraiment très bien.

Oui!!!!!! Bartoli vraiment scotchante. Un début un peu difficile (mais en même temps, à froid commencer le "Sedicioze voci!", c'est dur dur!), mais rapidement la voix prend du volume, de l'aisance dans l'aigu et le grave... et elle s'impose rapidement par son chant d'un nuancé incroyable, mais aussi par son charisme! Une vraie lionne qu'elle rugisse ou qu'elle pleure. Une prestation vraiment grande et intense.
Belle Adalgisa aussi, fraîche comme il faut et toujours bien chantante.
Un peu étranges débuts pour Polione qui se rattrape à partir de la fin du premier acte avec un trio endiablé entre les trois protagonistes. Et puis super final!
Reste de la distribution qui fait son travail sans plus.

Direction un peu bruyante et surtout un problème d'équilibre frappant! Dès qu'on a des cuivres, ils couvrent tout! On se croirait dans Wagner dirigé par EschenBIIIIIIIIIPPPPPP! C'est le troisième orchestre baroque que j'entends dans cette oeuvre, et c'est de loin le moins bon! Où se cache le caractère et les couleurs d'un Europa Galante... et surtout cette finesse qu'il pouvait permettre? Là c'est vraiment trop guerrier et violent à bien des moments.

Niveau mise en scène, les passages intimes sont grandioses... les duos/trios ou scène de solitude de Norma sont parfaitement travaillés et rendus, depuis la direction d'acteurs jusqu'aux lumières. moins convaincu par les scènes de foules et le sang du début par contre...

Mais en tout cas, une Norma grandiose, cohérente et où Bartoli a trouvé des partenaires de haut niveau et parfaitement adaptés... bon, on aurait eu Osborn en Polione, ça ajoutait encore au bonheur, mais ne nous plaignons pas!
Je ne sais pas si un des spectacles de cette "tournée" a été filmé... mais je serais intéressé un jour par une vidéo ou un DVD!

Polyeucte a écrit:

Niveau mise en scène, les passages intimes sont grandioses... les duos/trios ou scène de solitude de Norma sont parfaitement travaillés et rendus, depuis la direction d'acteurs jusqu'aux lumières. moins convaincu par les scènes de foules et le sang du début par contre...

Je vois la reprise de la production à Saint-Étienne dans 3 semaines ; avec Polito dans le rôle-titre. À suivre ...

bAlexb a écrit:

Polyeucte a écrit:

Niveau mise en scène, les passages intimes sont grandioses... les duos/trios ou scène de solitude de Norma sont parfaitement travaillés et rendus, depuis la direction d'acteurs jusqu'aux lumières. moins convaincu par les scènes de foules et le sang du début par contre...

Je vois la reprise de la production à Saint-Étienne dans 3 semaines ; avec Polito dans le rôle-titre. À suivre ...

Ah je serais curieux de voir le rendu... parce que la production semble être du cousu main pour Bartoli... du coup, comment fonctionne-t-elle avec une autre personnalité??

C'est la production précédente, de Braunschweig, qui est reprise à Saint-Étienne. Avec un parti pris comparable en matière de distribution, en revanche, puisque Adalgisa sera chanté par Judith Gauthier, voix très claire. J'aime beaucoup cet équilibre, bien sûr.

Sinon, très d'accord avec le commentaire de Carnets sur sol ( ) pas d'accord avec les réserves mentionnées :
¶ Rebeca Olvera (en Adalgisa) déclamait formidablement, rarement entendu un italien aussi beau (pourtant elle est mexicaine, mais c'est de la technique et de la diction italienne du plus haut niveau).
¶ L'orchestre était à la peine rythmiquement, mais sinon, les équilibres étaient remarquablement variés et aboutis… comme il y a peu de tutti, et toujours brefs, ce ne serait pas au problème, mais au contraire, j'entendais tout, ce qui n'est jamais le cas dans les versions traditionnelles.

DavidLeMarrec a écrit:

¶ L'orchestre était à la peine rythmiquement, mais sinon, les équilibres étaient remarquablement variés et aboutis… comme il y a peu de tutti, et toujours brefs, ce ne serait pas au problème, mais au contraire, j'entendais tout, ce qui n'est jamais le cas dans les versions traditionnelles.

Ah ben alors soit ça venait de mon placement (sur le côté, avec vue imprenable sur les cuivres, les violoncelles et les contrebasses), soit ils étaient pas en forme hier soir.
Honnêtement, régulièrement je n'entendais pas les cordes, c'est quand même embêtant...

Placé de 3/4 en face des cors, pas de déséquilibre non plus, c'était même très bien dosé et parfaitement avec les voix.
Sur Rebeca Olvera, je parlais simplement de la dimension réduite de la voix, qui était plus sensible que pour Norma et Pollione (mais le rôle est moins varié, aussi), et ça correspond à ses rôles habituels cités par David. Toutefois, je ne me suis pas dit "c'est une soubrette", comme je l'ai lu dans une critique de presse !

Je n'ai pas pris ce spectacle dans mes abonnements de cette saison - j'avais vu l'oeuvre avec Agresta l'an dernier, et je ne suis pas un inconditionnel de Bartoli.
Et pour moi ce que j'ai entendu de mieux, c'était June Anderson à Bastille.

Quand on lit les critiques et les commentaires sur les forums, les avis sont partagés, avec quand meme plus d'avis positifs que de réserves...

Parmi ceux qui ont beaucoup aimé :

http://www.anaclase.com/chroniques/norma-4

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