Je n'ai pas eu de réponse à ma question (et ce n'est pas grave du tout) mais comme mes pérégrinations dans cet univers étrange de ce qui s'apparente à du proto-Krautrock ont donné quelques résultats, j'ai pensé que cela pouvait toujours valoir le coup de les partager.
Donc, tout est parti de The Vampires of Dartmoore, fausse musique de faux film d'horreur, avec des sonorités très sixties, un peu psyché sur les bords, à la limite de l'easy-listening, le tout nimbé de dialogues savoureux. Ce disque m'a amené à me pencher sur un autre groupe, The Vampires's sound incorporation et leur album Psychedelic Dance party, dont les mêmes musiciens (Manfred Hübler et Siegfried Schwab) allaient ensuite réaliser le disque Sexedelic. Les deux opus seront ensuite utilisés par Bruno Mattei dans plusieurs films, permettant l'existence notamment du disque Vampyros Lesbos, excellente sélection (presque intégrale, en réalité) des pistes de deux disques. Le morceau le plus connu étant sans doute The Lion and The Cucumber, qui sera par la suite utilisée par Quentin Tarantino. Un peu funk, un peu soul, un peu psyche, très mélodieux parfois, c'est vraiment un plaisir à écouter.
The Science Fiction Dance party est assez différent, plus axé sur le caractère parodique en imaginant des dialogues surrannés ou en mettant en scène des saynètes audio sur des thèmes musicaux parfois inventifs. Le défilé de mode des extraterrestres (ou machines) est très amusant. Il est rare de tomber sur des disques pop à visée narrative, du moins à ce point-là, donc c'est une curiosité qui vaut le coup d'oreille pour les amateurs.
Je suis moins convaincu par un autre disque, Fantastic Party (Staff Carpenborg And The Electric Corona) qui m'a semblé plus convenu, mais c'est à prendre avec des pincettes, je ne l'ai finalement pas écouté tant que cela et toujours d'une oreille distraite. Si les disques précédemment cités ont retenu mon attention, celui-ci est peut-être passé entre les gouttes sans que cela soit mérité. De toute manière, tous ces disques se trouvent assez facilement en écoute sur Youtube, ce n'est pas compliqué à retrouver.
Du coup, quoi d'autre ? De fil en aiguille, j'ai atterri sur un disque dont je suis tombé réellement amoureux, à savoir la bande-son de la série de films érotiques allemands Schulmadchen Report, par Gert Wilden. Encore une fois, on retrouve les mêmes sonorités funk-pop-psyche et un peu easy-listening, avec des mélodies souvent audacieuses et des orchestrations savoureuses. Certaines musiques font penser à des (non) mélodies classiques de n'importe quel film porno ou érotique, d'autres au contraire surprennent, comme la musique du générique très énergique (et très 70's) ou une variation sur le thème de On the road again de Canned Heat dont on se demande ce qu'elle vient faire là !
N'en jetez plus ? Si, j'en ai encore. En restant dans les bandes-sons, je découvre Walter Kubiczeck et ses musiques pour la série est-allemande Das Unsichtbare Visier, un équivalent de James Bond pour le public soviétique dans laquelle un agent de la Stasi sauve le monde, traque les anciens nazis et déjoue les plans de la CIA. Visiblement de bonne facture (en termes de réalisation comme de jeu), la série se dote aussi d'une bande-son très proche de celle d'un James Bond occidental, avec notamment le recours à des gros cuivres qui tachent (Tentakel) très savoureux. Ou des digressions disco nantis d'une guitare bien crade (Eldorado) qui m'emplissent de joie sans que je comprenne pourquoi. Parce que ce n'est pas de la grande musique, hein, j'en ai pleinement conscience...
Tout cela m'a encore amené à découvrir des artistes est-allemands, notamment dans le domaine de la musique électronique, même si cela commence à sortir de mon champ d'investigation. Klaus Schulze et son Elektronik-Impressionen m'ont beaucoup impressionné. Le groupe Pond et son album Planetenwind moins : c'est intéressant à écouter, en cela que c'est clairement une copie de l'univers de Jean-Michel Jarre, notamment des albums Oxygene et Equinoxe, avec beaucoup moins de moyens mais peut-être pas moins d'inspiration.
Ensuite, je suis parti sur Amon Düül II, que je ne connaissais pas (à ma grande honte) mais que certains ici connaissent probablement par coeur, je n'ai aucun doute là-dessus. En quittant le champ allemand, j'ai encore eu quelques jolies surprises. Un album Skake Sauvage, collection de musiques de films français coquins ou érotiques sortis entre 1968 et 1973 (avec des noms très connus, comme Cosma, Lai, Bolling ou Sarde), ou encore les deux volumes de Psicotronica, collection des bandes-sons « groove et funky » du cinéma espagnol entre 1968 et 1976.
Et encore d'autres choses (les compilations Hallo du label est-allemand Amiga, ou les compilations Mind Expanders proposant notamment un morceau de l'éphémère groupe psyche français Les Apollos)... Mes recherches ne sont pas finies loin de là, donc je relance mon appel : si vous connaissez d'autres pépites psyche funk, allemandes ou pas, mais dans ces sonorités et familles psyche sixties-seventies qui se rapprochent de toutes ces choses, soyez gentils de m'en faire part. Merci et désolé pour la tartine !