Festival Jeunes Talents 2018

Dans une des cours de l’hôtel de Soubise, un beau festival de musique de chambre avec de jeunes formations françaises. Un concert avec le quintette de Franck et le Conte fantastique de Caplet, David Grimal dans les trois trios de brahms, récital de Nathalia Milstein, du baroque (Justin Taylor)… Des œuvres de Connesson et Hersant pour le contemporain.

Concerts gratuits le premier soir et le 14 juillet.

4 catégories de places, 16, 13, 12, 11 euros (!) Certains récitals sont déjà bien remplis (Grimal).

(J’ai assisté à des concerts l’année dernière mais reçu aucun mail pour m’informer de la nouvelle édition…)

https://www.jeunes-talents.org/festival/presentation


Sinon, l'Orchestre de Chambre de Paris joue aussi en juillet dans des cours d'hôtels du Marais (Sully et Beauvais). Deborah Nemtanu dirige deux concerts. Mozart, Beethoven, avec une louchée de Telemann et Haydn ou de von Dohnanyi. http://www.orchestredechambredeparis.com/concerts/saison/

Très bonne recommandation!

Il n'y a plus grand-chose à se mettre sous la dent (ou entre les oreilles) à Paris en juillet mais ce n'est absolument pas un pis-aller que de se rendre à l'une ou l'autre des manifestations de ce festival, qui séduit toujours par ses jeunes artistes - il n'y qu'à voir ce que sont devenus ceux qui ont fait l'affiche les premières années du festival - et par son lieu, en plein air, weather permitting.

Effectivement, toujours de très beaux concerts, dans de bonnes conditions.
C'est toujours ma première source de concerts en juillet.

Je vais au quintette Caplet-Franck du mercredi 4/07 et au soprano-musique de chambre du samedi 7/07. (Gaubert, Debussy, Ravel, Fauré…)

À noter que Jeunes Talents fait, au même endroit (mais en intérieur) des concerts de grande qualité et pour tarif modique semblable, sur le même format chambriste.

(Cela dit, comme l'essentiel des participants sont des actuels ou anciens du CNSM, on peut aussi aller les écouter gratuitement dans leur maison, pour ceux qui peuvent être Porte de Pantin à 19h précises.)

Puisque le sujet des festivals se pose comme chaque année (il y aurait pourtant de quoi remplir n'importe quelle offre, puisqu'il n'y a aucune concurrence, et forcément quelques autochtones qui restent…), j'indique le relevé que j'ai justement écrit hier chez moi : http://operacritiques.free.fr/css/index.php?2018/06/26/3025-trouver-des-concerts-a-paris-cet-ete .

Concernant plus précisément Jeunes Talents :

Le festival est moins varié que les années précédentes (pas de baroque, pas de lied, alors que le remplissage en était très satisfaisant ; les œuvres contemporaines aussi sont sensiblement les mêmes au fil des ans, Hersant / Connesson), mais multiplie les formations de musique de chambre, certaines insolites (formations de vents, duos marimba-piano, etc.), et propose d'assez nombreux concerts gratuits. Au demeurant, les payants, entre 11 et 16€ pour toutes les places, sont loin d'être ruineux.

Comme pour la saison régulière, l'association recrute de jeunes musiciens (beaucoup sont issus des CNSM de Paris et Lyon), d'excellent niveau et très habités. On a ainsi pu y entendre les trios Sōra, Zadig, Karénine, les quatuors Akilone, Hanson, Zaïde, et d'autres ensembles formidables comme les Kapsber'girls… Je vous laisse remonter la piste, tous ces interprètes ont été plusieurs fois présentés (et loués !) sur ce forum ou dans les pages de Carnets sur sol.

Ce n'est pas follement original, mais l'acoustique est parfaite pour les petites formations dans la Cour de Guise où se tiennent les concerts (site historique des Archives Nationales), vraiment idéal pour une fin de journée, ou emmener des amis moins férus de musique mais qui seront sensible à l'atmosphère du lieu, voire aux interférences des mouettes.

Il y aura tout de même, outre les transcriptions pour marimba et piano, le Quintette de Franck & le Conte fantastique de Caplet (le 4), et quelques choses assez sympathiques à côté (comment refuser un sextuor de Tchaïkovski, une intégrale des trios de Brahms par Grimal, le Deuxième Quatuor avec piano de Brahms (le plus beau mais le plus long, donc rarement donné en concert hors intégrales)…

Le festival dure les trois premières semaines de juillet, ce qui est vraiment bien, à l'échelle de Paris. (Mais de juillet-4 à août-3 inclus, c'est le désert.)

Mercredi 4 donc c'était:

Caplet: Conte fantastique (version piano et cordes)
Franck: Quintette pour piano et cordes

Guillaume Bellom, piano
Quatuor Zaïde

Un très beau programme et un superbe concert.

Le fameux conte fantastique de Caplet fonctionne pas mal avec piano, même si je préfère la version harpe, mais cette version était ici desservie par le piano Steingraeber et Sohne assez sourd, sonnant quasiment comme muni d'une sourdine. (l'interprète n'y étant pour rien à mon avis)
Sinon c'était très bien.

Mais encore mieux, le quintette de Franck, et surtout le magnifique premier mouvement, tellement riche et intense qu'il se suffirait bien à lui-même.
Interprétation très engagée et très propre, concert très intense.

Et demain soir:

Jules Massenet (1842 – 1912)
Élégie pour voix, violoncelle et piano sur un poème de Louis Gallet | vers 1872

Gabriel Fauré (1845 – 1924)
Sonate n°1 en ré mineur pour violoncelle et piano, op. 109 | 1917

Jules Matton (Né en 1988)
Trio pour flûte, violoncelle et piano | 2016

Entracte
Claude Debussy (1862 – 1918)
Syrinx pour flûte seule | 1913

Philippe Gaubert (1879 – 1941)
Trois Aquarelles pour flûte, violoncelle et piano | 1915

Maurice Ravel (1875 – 1937)
Shéhérazade pour voix, flûte, violoncelle et piano sur des textes de Tristan Klingsor | 1903

Jeanne Gérard, Soprano
Mathilde Caldérini, Flûte traversière
Yan Levionnois, Violoncelle
Guillaume Bellom, Piano

Xavier a écrit:

Mercredi 4 donc c'était:

Caplet: Conte fantastique (version piano et cordes)
Franck: Quintette pour piano et cordes

Guillaume Bellom, piano
Quatuor Zaïde

Le Conte Fantastique de Caplet m'étonne toujours par son contenu bien plus dramatique et paroxystique que la nouvelle de Poe (qui travaille beaucoup plus sur le contraste entre l'attention et la révélation), sans exposition narrative, tout de suite tourmentée,, d'une hardiesse rythmique et harmonique rare ; extrêmement virtuose aussi, farci d'effets (doubles glissandi au piano, doubles cordes glissées avec harmonique supérieur, triples cordes avec harmonique supérieure et accacciatures, superpositions de carrures, juxtapositions harmoniques osées, accords complexes, figures et événements inhabituels de toutes sortes).

J'avais apporté la partition pour pouvoir m'immerger dans le Quintette piano-cordes de Franck, et ce fut judicieux (replacés à l'intérieur en raison d'un risque de grêle, je ne voyais que l'archet du premier violon et la touche du violoncelle…). Quelle partition ultraformelle (du Brahms enchevêtré), ultrachromatique (je ne crois même pas que chez Wagner ce soit aussi systématique et acharné…), sans aucun effet gratuit ; le piano se limite aux figures d'accompagnement typiques de la musique de chambre (accords brisés et arpèges de toutes sortes), mais cela tricote à vitesse et harmonies folles. Le final, certes, s'accélère et fonce vertigineusement, mais il refuse tout climax (quelle fin à la fois discrète et plate !).
Pour autant, il y a là des moments de lyrisme très intenses (et pas du tout bon marché), dans le I surtout, mais aussi à ce moment du III (le final : Franck ne s'est évidemment pas embarrassé d'une forme aussi sommaire qu'un scherzo) lorsque le violon seul subsiste de l'accord précédent pour opérer le pont entre la frénésie générale qui précède et l'élan lyrique qui suit.
Pas vraiment converti, mais j'en ai mieux vu les beautés – à défaut de les bien comprendre… ça ne s'entend pas vraiment à l'oreille seule pour moi, mais Franck mérite sa réputation de chromatiseur hystérique lorsqu'on ouvre les partitions. Dans le genre du lyrique-mais-ça-plaisante-pas, je conserve tout de même plus d'intérêt pour le Trio de Chausson ou les Quatuors & Quintettes de Fauré, par exemple.


Techniquement, c'était quand même un programme gigantesque, rien ne les effraie ! Je n'adore pas le son (vraiment pincé, un peu plaintif) des Zaïde, que je n'entendais pas très bien en outre (équilibre inverse du tien), mais l'engagement et l'assurance technique forcent le respect et servent sans faillir le programme.
J'ai été impressionné par la musicalité de Bellom (si jeune pourtant) au piano, vraiment concentré sur les articulations proprement musicales plutôt que sur les traits, les effets, les idiosyncrasies d'interprète. Je confirme ce que tu dis du piano, qui a le même défaut avec les autres pianistes (Bellom est probablement le pianiste entendu à Soubise qui en a le mieux maîtrisé les pièges), un son un peu ouaté. Rien de rédhibitoire non plus… l'association n'a pas les revenus pour financer un Steinway de concert.

Au passage, l'association traverse depuis un peu plus d'un an une période dangereuse (retraits de mécènes importants, désirs de retraite du fondateur qui est justement le lien avec les financeurs) : ils sont en train de se faire déclarer d'utilité publique, mais ils ont besoin de quelques adhérents pour ce faire. Ils ont donc ouvert des adhésions à 10€, n'hésitez pas à participer si tenez à conserver un peu de musique de chambre à prix modique l'été à Paris…

DavidLeMarrec a écrit:

Le festival dure les trois premières semaines de juillet, ce qui est vraiment bien, à l'échelle de Paris. (Mais de juillet-4 à août-3 inclus, c'est le désert.)

Ou presque, en effet.

Il y a quand même deux possibilités, assez différentes, mais toutes deux de très bon aloi.

D'abord le mardi soir à Notre-Dame, la série de concerts de "Musique à Notre-Dame" se poursuit tout l'été, autour des ensembles vocaux et des organistes de la cathédrale, la palette des programmes allant du grégorien à nos jours.

Ensuite, du 19 juillet au 15 août, le jeudi soir et le dimanche après-midi à Bagatelle, l'Octuor de France continue sur sa lancée des années précédentes avec des programmes mêlant célébrités (Beethoven, Debussy, Ravel...) et trouvailles du directeur artistique, Jean-Louis Sajot, clarinettiste au National (Berwald, Somervell et... Rodolphe d'Autriche).

Merci pour ces infos, je ne connaissais pas l'Octuor de France.
C'est du très haut niveau?

Xavier a écrit:

Merci pour ces infos, je ne connaissais pas l'Octuor de France.
C'est du très haut niveau?

Disons que c'est le meilleur octuor... de France.

Blague à part, de bons musiciens, qui ont l'habitude de jouer ensemble, qui aiment ça, dans une ambiance détendue, installée par leur clarinettiste et directeur musical, qui a une manière bien à lui de présenter les oeuvres au public - ce qui n'est d'ailleurs pas du luxe quand il s'agit du Septuor de Blanc ou du Quintette avec clarinette de Somervell - et se concluant dans les jardins attenant à l'orangerie, si cela n'a pas changé, par un petit verre de l'amitié.

Et puis Bagatelle est vraiment le cadre estival approprié pour des musiques comme le Septuor de Beethoven ou l'Octuor de Schubert, qu'ils jouent chaque année en fond de répertoire. Musiques qu'on ne peut guère entendre d'habitude que lorsque des bandes de solistes se retrouvent dans des festivals comme Prades ou l'Empéri.

Ensuite, je suis généralement moins convaincu quand ils mettent au programme des oeuvres que d'autres peuvent souvent jouer mieux qu'eux (sonates, quatuors, etc.) alors qu'ils me paraissent plus intéressants dans des pages moins fréquentes, à partir du quintette.

Merci beaucoup pour ces tuyaux, Josef, j'étais passé à côté de ça ! En plus à Bagatelle (je ne connaissais que le Festival Chopin, beaucoup moins stimulant), les prix ne semblent pas exorbitants (20€ pour beaucoup de concerts).

Xavier a écrit:

Merci pour ces infos, je ne connaissais pas l'Octuor de France.
C'est du très haut niveau?

Ils ont fait pas mal de disques, qui sont de bonnes références. Il y a plus souple sans doute, mais enfin, ce sont des gens qui sont tous musiciens dans les grands orchestres français, pas des cachetonneurs grisonnants.

Je ne les ai jamais entendus dans les répertoires de sonates, trios et quatuors, mais il paraît effectivement logique qu'ils ne soient pas aussi aguerris que les spécialistes.

Dans tous les cas, tu peux y aller sans crainte, ce n'est pas du petit niveau (et ce n'est pas comme s'il y avait le choix).