Pas de fil sur l'un de nos plus grands ténors français
Michel Sénéchal : ténor français né le 11 février 1927 à Paris et mort le 1er avril 2018 à Eaubonne.
Sénéchal, c'est avant tout un timbre unique, immédiatement reconnaissable et surtout une personnalité formidable qui donnait un relief exceptionnel à tous les "seconds" rôles qu'il a interprétés.
Avant d'aborder tous ces/ses rôles de caractère Michel Sénéchal avait chanté la plupart des rôles de "jeunes premiers" que lui autorisait sa tessiture : Ferrando, Almaviva, Don Ottavio, Tamino, Vincent dans Mireille, Nicias dans Thaïs, etc. Reconnaissons-le, on trouve nettement mieux et il ne s'agit pas là de ses plus grandes incarnations.
Parallèlement, il a su ressusciter Platée et le Comte Ory. Certes là aussi, on trouve mieux aujourd'hui dans ces deux rôles, surtout au niveau du style. Mais, malgré les défauts que peuvent lui trouver les rossiniens ou les baroqueux, reconnaissons qu'il y est tout de même remarquable.
Par contre là où il est difficile de trouver mieux ce sont tous ces seconds rôles qu'il a su mettre au premier plan. Je regrette qu'il n'ait pas enregistré Basilio dans les Noces (c'est dans ce rôle que je l'ai entendu pour la première fois le 14 juillet 1980 - production ONP). Heureusement, on le trouve facilement sur YT.
Sur scène, je l'ai vu plusieurs fois dans les Contes d'Hoffmann (les 4 valets), Madame Butterfly (Goro), Carmen (Remendado), Manon (Guillot de Mortfontaine) et surtout en Falsacappa dans les Brigands d'Offenbach à la Bastille : très grand moment
Karajan ne s'est pas trompé en l'engageant si souvent, y compris dans des rôles normalement chantés par des barytons (Dancaïre de Carmen sur scène ou Benoit dans la Bohême).
Parmi tous ses enregistrements, je retiendrais :
- Platée
- Le Comte Ory
- Pedrillo dans L'enlèvement au Sérail en live dirigé par Rosbaud à Aix avec Stich-Randall
- Thaïs et Mireille : car c'est rare de l'entendre dans des rôles sérieux
- Monsieur Triquet d'Eugène Onegin (de préférence la version Levine) : c'est tellement rare d'avoir un français qui chante cet air (et donc sans accent)
- Remendado dans Carmen, de préférence la version Solti pour les dialogues parlés et l'entourage (ahhh la Mercédes de Berbié
, de la même veine que Sénéchal)
- Goro dans Madame Butterfly, car il y est formidablement vicieux, mielleux et détestable
- Dans les Contes d'Hoffmann : la version Nagano pour son Spalanzani absolument parfait et la version Ozawa car il y chante l'air de Frantz
- Et plus largement, tous les autres Offenbach qu'il a enregistrés car il y est à chaque fois génial !