(PP) OdP, Alsop, Buniatishvili - Beethoven, Chostakovitch

Orchestre de Paris
Marin Alsop, direction
Khatia Buniatishvili, piano

Beethoven : Concerto pour piano n°1
Chostakovitch : Symphonie n°5

Y a pas dire, entendre un grand orchestre symphonique dans une salle comme ça, c'est quand même beau et ça faisait longtemps !

Magnifique rentrée de l'Orchestre de Paris dans une 5e de Chostakovitch généreuse, engagée (contrebasses extraordinaires de mordant!), bien tenue, conduite de manière impérieuse par Alsop qui jette tous ses forces dans la bataille dès le début (sans partition). Vision assez solennelle, tempo lent (le début du finale où l'on se sent presque écrasé par la fanfare !), direction plutôt carrée qui ne cherche pas midi à quatorze heure mais d'où se dégagent d'impressionnants contrastes (le climax du 1er mouvement, le finale irrespirable) et une grande sobriété dans l'Adagio, très émouvant.
Quelques mini-problèmes d'homogénité chez les cordes dès le 1er mouvement mais ça ira mieux par la suite, tandis que les solistes sont déjà à la fête (la flûte de Lucas, le cor de Barsony, la clarinette de Moraguès).

Dans le concerto, superbe K. Buniatishvili, qu'on n'avait plus entendu aussi convaincante depuis bien longtemps, elle nous offre une jolie balade sans jamais s'écarter du chemin (il faut attendre le 3e mouvement pour entendre quelques accélérations fulgurantes - mais toujours dans l'esprit - qu'Alsop viendra refréner dans la foulée !), Obref tout le contraire de ses derniers récitals où sa tendance à surjouer chaque note, à surligner chaque intention de manière aussi binaire (ppp/fff, lent/rapide) est devenue insupportable. Adagio de Bach en bis complètement suspendu.
Accompagnement sans grande idée et un peu trop carré, là où Buniatishvili proposait légèreté et fantaisie.

Salle pleine à 60-70% pour les raisons que l'on sait (1 siège sépare chaque groupe), et très enthousiaste.
Quelques observations :
- le rang est garanti mais pas la place, les premiers arrivés ont donc le choix exact de leur place (important pour ceux qui veulent absolument voir les mains du pianiste !)
- l'annonce pré-enregistrée mentionne le port du masque obligatoire (respecté, j'ai même vu une ouvreuse intimer l'ordre à un spectateur de bien remettre son masque sur le visage)
- l'entracte est supprimé et les bars fermés mais le changement de plateau a pris 15 minutes, une "pause" pendant laquelle les spectateurs sont invités à ne pas quitter leur place "dans la mesure du possible"
- et le plus important : aucune toux pendant le concert ! On n'avait jamais pu profiter a ce point des moments élégiaques dans cette salle. Covid 1, tousseurs 0

Je n'y suis pas allé mais j'ai enregistré le Chosta sur Mezzo.

Je n'ai pas encore écouté, mais en jetant un oeil au moment du non-entracte, il y a eu une interview de Buniatishvili en direct, puis une interview d'Alsop enregistrée.
Au total il m'a bien semblé que ça faisait 20 minutes, donc le temps d'un entracte...
Bref, fin du concert à 22h30. (annoncé à 22h02 sur le programme de Mezzo)
Tout ça pour dire que je ne comprends toujours pas ce principe de réduire le programme et soi-disant retirer l'entracte...

Citation :

Quelques observations :
- le rang est garanti mais pas la place, les premiers arrivés ont donc le choix exact de leur place (important pour ceux qui veulent absolument voir les mains du pianiste !)

Tu veux dire en plus du changement de place annoncé quelques jours auparavant?

Pourquoi avoir fait ces changements, du coup?... Je n'y comprends décidément rien.

tomseche89 a écrit:

- et le plus important : aucune toux pendant le concert ! On n'avait jamais pu profiter a ce point des moments élégiaques dans cette salle. Covid 1, tousseurs 0

Il fallait trouver un côté positif à cette catastrophe, tu l'as trouvé!

J'avais constaté ça aussi dans les différentes salles en juillet. (aucune toux, peut-être pas, mais très très peu)

tomseche89 a écrit:

- et le plus important : aucune toux pendant le concert ! On n'avait jamais pu profiter a ce point des moments élégiaques dans cette salle. Covid 1, tousseurs 0

Il fallait trouver un côté positif à cette catastrophe, tu l'as trouvé!

J'avais constaté ça aussi dans les différentes salles en juillet. (aucune toux, peut-être pas, mais très très peu)

C'est cela, fin du concert à 22h35. On peut estimer qu'on gagne quand même une dizaine de minutes par rapport à un entracte classique qui dans les faits, dépasse bien souvent les 20 minutes.

Mais il y aura peu de programmes aussi longs que celui-ci finalement. La 5e de Chosta fait 50 minutes, c'est à dire pas assez longue pour être jouée toute seule. Pour des symphonies d'1h-1h10, on peut imaginer (espérer?) qu'elles ne seront pas précédées de concertos ! (tant que le virus circule activement).

Et à Radio France, j'ai l'impression que les programmes seront plus encore courts (par exemple le 7 octobre : l'Empereur puis la Suite du Chevalier, ça doit faire à peine 1h de musique).

Tout cela m'arrange, je dois dire, la concentration n'en sera que plus forte pendant le concert et on gagnera un peu de sommeil !

Xavier a écrit:

Tu veux dire en plus du changement de place annoncé quelques jours auparavant?

Oui !
Mes billets ont été modifiés il y a une dizaine de jours. Et en arrivant à ma place, l'ouvreuse m'a indiqué le rang et m'a dit que je pouvais m'installer où je voulais, tant que je respectais un siège d'écart avec mes voisins.

Xavier a écrit:

Il fallait trouver un côté positif à cette catastrophe, tu l'as trouvé! Very Happy
J'avais constaté ça aussi dans les différentes salles en juillet. (aucune toux, peut-être pas, mais très très peu)

C'était vraiment extraordinaire d'entendre une mouche voler dans les mouvements lents (la fin du III dans Chosta, le bis de Buniatishvili), de pouvoir profiter de la réverbération jusqu'à la disparition du son ! Ca n'arrive jamais dans cette salle.

tomseche89 a écrit:

Et à Radio France, j'ai l'impression que les programmes seront plus encore courts (par exemple le 7 octobre : l'Empereur puis la Suite du Chevalier, ça doit faire à peine 1h de musique).

Tout cela m'arrange, je dois dire, la concentration n'en sera que plus forte pendant le concert et on gagnera un peu de sommeil !

Moi c'est l'inverse, j'aime bien en avoir pour mon argent. (et pour mon déplacement en fait surtout... je n'aime pas trop faire 3 heures de transport pour un concert d'une heure, et surtout je n'aime pas avoir réservé ma place pour un concert et qu'on en rabote le programme)

Je te rejoins pour le III de la S5 de Chosta, je crois que je ne l'ai jamais entendu sans toux particulièrement mal placées qui gâchent vraiment l'écoute.

Ca peut aussi être mis sur le compte du nombre de spectateurs, si la salle n'est remplie qu'aux 2/3, ça fait quand même 1/3 de tousseurs potentiels en moins.

Concert d'ouverture très réussi. De l'arrière-scène j'entendais assez mal Buniatishvili dans le concerto, mais elle m'a paru plus sobre dans son jeu et plus en accord avec la cheffe que par le passé. Accompagnement à la papa, mais comme c'est une œuvre que j'écoute rarement j'ai quand même pu profiter de ses beautés. Joli bis de Bach.

Le plat de résistance était évidemment le Chosta : pas grand-chose à ajouter à ce que dit tomseche89, une lecture intègre, sans esbroufe, assez lente, jouée avec conviction et solidité. Le tempo m'a un peu dérangé dans le deuxième mouvement,  dont il gommait le côté grinçant et clownesque. Mais le largo fut de toute beauté, avec des interventions toutes en retenue mais parfaitement senties des solistes, des phrases articulées dans toute leur longueur. Et le fait de jouer lentement permettait d'en garder sous la pédale pour le finale, dont la montée en puissance fut parfaitement jaugée. Une lecture sincère, touchante. On nous annonce six ou sept cheffes par saison pour l'OP donc on peut s'attendre à revoir Alsop.

Cordes en 14-12-10-10-8, le plateau de scène était rempli, on ne peut pas faire plus ! Et oui quel plaisir d'entendre un orchestre au complet. Du premier rang de l'arrière-scène, à la verticale des timbales, on a les pieds qui tremblent et l'impression de faire partie de la cavalerie.  Par contre le timbre des vents est assez altéré, mais c'est intéressant de les entendre de cette manière de temps en temps.

Sur les conditions du concert : le changement de plateau était assez long (le piano, les chaises à rajouter, les partitions etc.), donc on a eu vingt minutes de pause. Ça laisse le temps de se lever si c'est indispensable et évite les bars d'entracte, moi ça me convient.

Des critiques :
https://bachtrack.com/fr_FR/critique-beethoven-chostakovitch-buniatishvili-alsop-orchestre-de-paris-philharmonie-septembre-2020
https://www.lemonde.fr/culture/article/2020/09/10/double-feminin-triomphal-pour-le-premier-concert-de-l-orchestre-de-paris-a-la-philharmonie_6051708_3246.html
https://www.diapasonmag.fr/critiques/orchestre-de-paris-dialogue-de-sourds-entre-deux-dames-31034

Et la vidéo : https://live.philharmoniedeparis.fr/concert/1116195/

mickt a écrit:

Sur les conditions du concert : le changement de plateau était assez long (le piano, les chaises à rajouter, les partitions etc.), donc on a eu vingt minutes de pause. Ça laisse le temps de se lever si c'est indispensable et évite les bars d'entracte, moi ça me convient.

Du coup supprimer des oeuvres pour raccourcir les programmes ne rime vraiment à rien, puisque ceux qui auraient impérativement besoin d'aller aux toilettes peuvent tout à fait le faire pendant cette pause.

mickt a écrit:

Cordes en 14-12-10-10-8, le plateau de scène était rempli, on ne peut pas faire plus !

Pourtant le Sacre est toujours prévu pour la fin du mois...

Xavier a écrit:

mickt a écrit:

Cordes en 14-12-10-10-8, le plateau de scène était rempli, on ne peut pas faire plus !

Pourtant le Sacre est toujours prévu pour la fin du mois...

Laurent Bayle sur Radio Classique cette semaine, il a été confirmé que le Sacre et la Symphonie des mille étaient annulés (même si c'était dit par la journaliste et non par Bayle lui-même). Mais on aimerait qu'ils annoncent les œuvres qui les remplacent plus vite.

OK...

Bon, ça va être une symphonie de Beethoven, à tous les coups...

J'ai donc écouté le Chosta.
Que la marche du I (juste avant le climax) soit lente pour être plus implacable, pourquoi pas, ça marche très bien.
Pour le II, je suis déjà plus circonspect, c'était vraiment lent et lourd, mais pas grinçant ni dansant.
Pour le final, pour moi ça ne fonctionne vraiment pas, on sent que ce n'est pas écrit pour être joué comme ça.

Sinon l'ensemble m'a semblé assez réussi, notamment le III, mais on a peut-être entendu de plus belles 5è à la Philharmonie avec Dudamel (énergie folle) et Sokhiev. (plus sobre mais pas mou)

Chosta :
Début du I -> Bien
le II -> Bof
le III -> Le meilleur mouvement
Le IV -> J'ai bien aimé

J'ai trouvé le Chosta très bruyant.

Pour le placement à la Philharmonie, les ouvreurs sont aussi sympas que les années précédentes.

Au premier balcon, j'ai vu où se situaient les anti-masques. Ils ont tellement réservé en avance, et ils sont si bien placés que ce serait dommage d'en porter un...

Xavier a écrit:

on a peut-être entendu de plus belles 5è à la Philharmonie avec Dudamel (énergie folle) et Sokhiev. (plus sobre mais pas mou)

Oui, Dudamel/Los Angeles était complètement dingue à ce niveau, quasi hors concours. Sokhiev, je n'en ai gardé aucun souvenir... Il y avait aussi eu le Russian National Orchestra avec Altinoglu (plutôt moyen) et Pittsburgh/Honeck en 2019 (qui avait fait polémique !).

Sinon, l'OP avait déjà été admirable dans cette oeuvre avec P. Järvi en 2015. Moins marqué par Mäkelä en 2019.

Au final, Alsop est une bonne surprise.

Chung et le Philhar' donneront aussi Chosta 5 en décembre à la Philharmonie (incontestablement l'une des oeuvres les plus programmées dans cette salle).

Bychkov avec le Concertgebouw aussi. C'est peut-être même la symphonie la plus jouée à la Philharmonie depuis son ouverture ?

Honeck avait fait polémique, certains lui reprochaient son côté américain tonitruant, d'où la dimension politique et intime aurait été absente, et c'est amusant parce que j'ai vu récemment une interview où il faisait justement une lecture extrêmement fouillée de l'œuvre sur ces points, expliquant par exemple faire jouer les cordes sul ponticello dans le 3e mouvement pour faire entendre les voix lointaines des amis de Chosta déportés.

mickt a écrit:

Bychkov avec le Concertgebouw aussi. C'est peut-être même la symphonie la plus jouée à la Philharmonie depuis son ouverture ?

Devant Brahms et Beethoven??

Enfin, ce n'est pas injustifié non plus, mais on attend aussi davantage la 2, la 4, la 11, la 13 et la 14...

Xavier a écrit:

mickt a écrit:

Bychkov avec le Concertgebouw aussi. C'est peut-être même la symphonie la plus jouée à la Philharmonie depuis son ouverture ?

Devant Brahms et Beethoven??

Enfin, ce n'est pas injustifié non plus, mais on attend aussi davantage la 2, la 4, la 11, la 13 et la 14...

La cote de Brahms a légèrement fléchi ces dernières années, et les orchestres en tournée ne le jouent pas beaucoup. Et puis ses quatre symphonies sont chacune jouées régulièrement, un peu comme pour Beethoven. La Quatrième de Mahler doit aussi figurer très haut au classement.

Pour Chosta j'aime bien la 6 aussi.