Ellisir d'amore -- ONP -- octobre 21

Bon, l'ONP nous a offert de luxueuses place gratuites, la moindre des choses est de dire un mot ici sur ce spectacle, bien joli et joyeux.....

Mon 1er Donizetti en salle, et une oeuvre que je ne connaissais pas... Avec le livret et la mise en scene, j'ai eu tout de suite l'impression d'etre dans une comédie musicale--d'excellente qualité. (D'ailleurs, je ne sais pas bien ou l'opéra s'arrete et où commence l'opérette; une histoire de dialogues parlés?) Quel savoir-faire en tout cas, ce Donizetti! Dire qu'il pondait un tel spectacle tous les 6 mois.... Vraiment une chose joyeuse et efficace, parfaite pour un dimanche apres midi (et pas mal pour les enfants, pas tres nombreux hier). Qui gagne beaucoup à etre joué avec un beau plateau, comme hier. Et un excellent orchestre, comme l'ONP, ca permet les folles accélérations dans les scenes de groupe, qui sont tellement efficaces et un peu la marque de fabrique de cette musique je trouve. La jeune soprano américaine à une voix fraiche et fruitée, Polenzani est tres pro, tres bien dans cette musique, et la basse (ou bariton-basse) est tres bien aussi (meme si j'aurais aimé avoir Maestri). Direction efficace et beaux choeurs bien tenus par le chef (non-tonitruants donc). Histoire simple à la Goldoni (pour ne pas dire simplette), mais avec un peu de profondeur quand-meme: l'elisir magique est d'abord du vin, puis de l'argent (l'héritage de Nemorino), puis la jeunesse et la beauté (de Adina), du coup on se prend à penser que ca pourrait etre aussi la musique, donc l'oeuvre elle-meme, qui fait apparaitre l'amour par magie, et le magicien c'est Donizetti.... D'ailleurs le grand air/tube du tenor apporte un peu de beauté grave à l'approche de la fin, qui est bien trouvée et dépasse le simple coté bouffe.

Merci à l'ONP en tout ca, un beau spectable joyeux, en attendant les Oedipe, Hollander, Rigoletto, Elektra et autres sombres affaires....

Patzak a écrit:

(D'ailleurs, je ne sais pas bien ou l'opéra s'arrete et où commence l'opérette; une histoire de dialogues parlés?)

L'opérette est inscrite dans une époque (fin XIXe-première moitié XXe) et des lieux (la France, l'Autriche… il n'existe pas vraiment d'opérette italienne ou russe).

Effectivement il y a toujours des dialogues parlés, mais c'est aussi le cas de l'opéra comique (en France) et du singspiel (dans les pays germaniques), qui prennent parfois le nom d'opérette dans la période susmentionnée.

En Italie, les dialogues parlés sont rares, on parle d'opera buffa mais ils ont des tas de dénomination possibles.

En l'occurrence, c'est une comédie lyrique plus qu'un véritable opéra bouffe (avec sa composante sentimentale un peu plus sérieuse). Officiellement, Donizetti l'a appelé melodramma giocoso.

Merci, David. C'est vrai qu'on ne voit pas bien quelle serait la traduction d'opérette en italien....

Citation :

Quel savoir-faire en tout cas, ce Donizetti! Dire qu'il pondait un tel spectacle tous les 6 mois....

En 1832, il a même écrit 4 opéras !

Outre l'Elisir, il y a eu Ugo conte di Parigi, Il furioso all'isola di San Domingo (d'après l'épisode du Quichotte), Sancia di Castiglia, et même la création de Fausta (écrit l'année précédente) en janvier !

Sacrée cadence. Surtout qu'il écrivait aussi de la musique sacrée, des quatuors…

Il faut quand même préciser, avant que tu ne sois déçu, qu'à mon avis c'est (de loin) son meilleur opéra, il n'en pondait d'aussi bons tous les ans, clairement. (Dans beaucoup d'entre eux, on entend les mêmes formules figées réutilisées au kilomètre.)

Citation :

D'ailleurs le grand air/tube du tenor apporte un peu de beauté grave à l'approche de la fin, qui est bien trouvée et dépasse le simple coté bouffe.

Tout à fait, on est dans le genre plus mixte du mélodrame (ou de la tragicomédie, au sens italien – rien à voir avec le Cid !).

Citation :

Merci à l'ONP en tout ca, un beau spectable joyeux, en attendant les Oedipe, Hollander, Rigoletto, Elektra et autres sombres affaires....

Oui, Oedipe, clairement pas la même ambiance. (Et le temps passe beaucoup plus lentement, le livret est atrocement raté et la musique pas du tout dramatique.)

DavidLeMarrec a écrit:

Il faut quand même préciser, avant que tu ne sois déçu, qu'à mon avis c'est (de loin) son meilleur opéra,

Compris. Ca m'a quand meme donné envie d'entendre Don Pasquale, si ca vient à prix réduit.... (J'ai aussi Cenerentola sur ma liste, visiiblement Donizetti c'est un peu le clone de Rossini...)

Patzak a écrit:

Compris. Ca m'a quand meme donné envie d'entendre Don Pasquale, si ca vient à prix réduit.... (J'ai aussi Cenerentola sur ma liste, visiiblement Donizetti c'est un peu le clone de Rossini...)

Ah, Rossini, c'est encore assez différent, Donizetti est de la génération suivante, avec des changements notables dans l'esthétique. Mais oui, si tu peux entendre le Turc en Italie, l'Italienne à Alger ou la Cenerentola, ça vaut la peine !

Je te recommande moins Don Pasquale, beaucoup plus figé, beaucoup moins amusant aussi. (Et musicalement, deux étages en-dessous.)

J'ai vu l'Italienne à Garnier il y a quelques années et j'écoute parfois un Turc au disque..... Du coup il me manque Cenerentola (et Viaggio) et je vais un peu oublier Don Pasquale..... (fin du HS!)

Le Viaggio, c'est super, mais il y a pas mal de moments qui sont des parodies de belcanto sérieux : si l'on n'aime pas la virtuosité purement vocale ou qu'on n'a pas l'habitude de ce répertoire, ce doit perdre en saveur. (Mais il y a des choses épatantes là-dedans.)

DavidLeMarrec a écrit:

Je te recommande moins Don Pasquale, beaucoup plus figé, beaucoup moins amusant aussi. (Et musicalement, deux étages en-dessous.)

Exact. Je me demande ce qui peut bien faire la réputation de drôlerie de cet opéra. Ce n'est pas désagréable, mais ça ne va pas bien loin. Des kilomètres en dessous de l'Italiana ou du Viaggio.

L'Elisir meilleur opéra de Donizetti ? Mais les reines Tudor, ce n'est quand même pas mal.

Stolzing a écrit:

L'Elisir meilleur opéra de Donizetti ? Mais les reines Tudor, ce n'est quand même pas mal.

Musicalement, c'est bien, bien en-dessous, il ne se passe pas grand'chose.

Sinon j'aime beaucoup Il Diluvio universale et ses opéras français (L'Ange de Nisida, La Favorite, Les Martyrs, à la rigueur Dom Sébastien). Le rôle de Lucia est insipide à mon gré mais le reste de l'opéra contient des pages sublimes.

Mais peu de pépites parmi ses opéras italiens moins connus, parmi ceux que j'ai tentés…

Donc je ne vais pas m'ennuyer avec l'Elixir? (sourire naïf)

Comme c'est gratuit...

Xavier a écrit:

Donc je ne vais pas m'ennuyer avec l'Elixir?  (sourire naïf)

Tu as trouvé qu'Armide c'était bof, on ne peut plus rien pour toi…

(En réalité, non, je pense que tu ne vas pas t'ennuyer : l'intrigue légère est plutôt touchante, les personnages sont attachants, il y a plein d'ensembles… ça ne va pas t'intéresser musicalement, mais ça se suit beaucoup plus facilement que les scènes statiques du belcanto sérieux.)

C'est ce que je présume aussi, et puis quitte à écouter un seul Donizetti dans ma vie, pourquoi pas en salle. (en disque je serais trop tenté de couper court!)