Mahler - Das Lied von der Erde

Je n'ai pas trouvé le smiley Calimero ...

Non, je réagissais vraiment au message précédent sur cette impression de richesse orchestrale qui se suffit à elle-même, que je ne ressens pas du tout dans Le Chant de la Terre mais bien parfois chez Wagner (ou dans Pelléas).

Pacini était surnommé "le roi de la cabalette" et a longuement expliqué à quel point c'était un art délicat C'est plus aimable que du Mercadante et assez savant, je trouve, mais bon ... là vraiment on s'éloigne du sujet.

En ce qui concerne Dame Janet dans Le Chant de la Terre, je ne connais que ses studios dans Mahler en général, mais c'est toujours vraiment, mais alors vraiment, déprimant, quel que soit le chef. Ce sont des lectures très sombres, très angoissées, pas expressionnistes à la Fassbaender (c'est moins "dramatisés") mais c'est profondément triste, pour ne pas dire désespéré. D'une certaine manière, dans d'autres versions, même Ferrier par exemple, pourtant intrinsèquement mélancolique, il y a un arrière plan métaphysique qui affleure, une méditation presque abstraite. Baker tutoie la mort plutôt, mais la version "quatre planches et le trou noir".

Francesco a écrit:

Non, je réagissais vraiment au message précédent sur cette impression de richesse orchestrale qui se suffit à elle-même, que je ne ressens pas du tout dans Le Chant de la Terre mais bien parfois chez Wagner (ou dans Pelléas).

Je ressens ça sur toutes les oeuvres vocales de type opéra, oratorio ou symphonie avec chanteur en fait, j'ai beaucoup de mal à m'intéresser aux parties de voix.

Sur les derniers opéras que j'ai vus en vrai (I Puritani de Bellini et Benvenuto Cellini de Berlioz) j'ai eu la même impression que les parties orchestrales auraient pu se suffire à elle-même (pas dans l'ensemble puisque des fois c'est vraiment de l'accompagnement, mais en resserrant les oeuvres il y avait de quoi faire de beaux poèmes symphoniques...

Et c'est amusant mais pour moi Pelleas est justement le contre-exemple parfait, les interludes sont superbes et suffisent à mon plaisir orchestral mais les parties avec voix sont elles aussi essentielles et expriment souvent des choses que l'orchestre ne dit pas explicitement. Par exemple l'introduction n'aurait pas la même puissance sans la voix, l'orchestre cultivant une atmosphère entre bucolisme et inquiétude, mais c'est bien dans le "Oui, ouiiii" de Mélisande que réside toute l'angoisse de la scène, faisant apercevoir le trauma de l'héroïne.

Pour Wagner je ne dis pas, je me contente fréquemment de programme d'ouvertures et préludes.

J'ai écouté la version Klemperer/Schwarzkopf, et j'ai été agréablement surpris, je suis assez méfiant sur certaines interprétations de Mahler par ce chef, mais là, vraiment bien. La version Haitink/Schafer m'a donné plus de plaisir à l'écoute encore, et j'ai aussi bien apprécié Mengelberg/Jo Vincent, il me semble pour cette dernière que je l'avais déjà écoutée il y a longtemps, mais pas moyen de retrouver ma source, peut-être une k7 audio que je ne dois plus avoir.

Au niveau de l'orchestre, j'ai écouté une autre version de Klemperer (à présent que j'ai moins peur !)  des interprétations de ce chef, avec l'orchestre de Vienne, cela m'a semblé plus doux à l'oreille, version avec Elsa Calveti/Anton Dermota.

J'ai aussi écouté la version de "Das Klagende Lied" par Michael Tilson Thomas avec l'orchestre de San Francisco, bien mais mon impression est que pour cette œuvre, l'orchestre ne semble pas adhérer totalement, c'est mon ressenti, peut-être est-ce moi aussi, car j'attends Thomas sur d'autres œuvres que Mahler, donc ça a pu jouer. C'est clinquant, mais je préfère les versions de Chailly ou Wyn Morris que j'ai plus l'habitude d'écouter.

Plus haut, il est mentionné le compositeur Hans Rott, j'ai écouté sa symphonie n° 1 il y a environ 1 an, mais je n'ai pas aimé, après écoute complète, j'ai l'impression qu'il a voulu copier Mahler, c'est à certains moments très/trop flagrant, et je préfère écouter l'original plutôt qu'une pâle copie. Comme c'est la symphonie n° 1, il en existe peut-être une deuxième, mais je ne l'ai pas trouvée pour me faire un autre avis.

https://classik.forumactif.com/t3209-hans-rott-1858-1884

christophe21 a écrit:

j'ai l'impression qu'il a voulu copier Mahler, c'est à certains moments très/trop flagrant, et je préfère écouter l'original plutôt qu'une pâle copie.

Sauf que, justement, en l'occurrence, c'est possiblement l'ami Gustav qui n'a pas été blanc-bleu...

[quote="christophe21"]
Plus haut, il est mentionné le compositeur Hans Rott, j'ai écouté sa symphonie n° 1 il y a environ 1 an, mais je n'ai pas aimé, après écoute complète, j'ai l'impression qu'il a voulu copier Mahler, c'est à certains moments très/trop flagrant, et je préfère écouter l'original plutôt qu'une pâle copie. [/quote]

Sauf que Rott a écrit sa symphonie en 1778-1880, cinq bonne années que Mahler écrit sa 1ere symphonie.

Donc Mahler a repris des choses de Rott, je ne savais pas, ce qui fait que pour certains extraits/phrasés qui se ressemblent, Rott n'a pas autant développé certains de ses thèmes ou de ses effets autant que Mahler qui a donc utilisé le matériau existant jusqu'à la corde, pourtant je préfère ses symphonies plutôt que Hans Rott. Peut-être qu'il a fait d'autres symphonies, mais je n'ai trouvé que la n° 1 pour l'instant.

Je n'ai pas pu me remettre sur mon post plus haut.

Je suis allé lire le post concernant Hans Rott, donc c'est normal que je ne trouve pas d'autre symphonie, dommage, et vu ce que Mahler a écrit sur lui, il adhérait vraiment à ce style musical, c'est probablement quelque chose qui a eu un impact fort sur lui et dont il s'est imprégné pour faire ses œuvres. Rott est encore un des musiciens que l'on a perdu avant qu'il ait eu le temps de donner tout ce qu'il avait en lui musicalement, ça me fait un peu penser à Hugo Wolf qui a fini comme Hans Rott.

christophe21 a écrit:

Donc Mahler a repris des choses de Rott, je ne savais pas, ce qui fait que pour certains extraits/phrasés qui se ressemblent, Rott n'a pas autant développé certains de ses thèmes ou de ses effets autant que Mahler qui a donc utilisé le matériau existant jusqu'à la corde, pourtant je préfère ses symphonies plutôt que Hans Rott. Peut-être qu'il a fait d'autres symphonies, mais je n'ai trouvé que la n° 1 pour l'instant.

Il y aussi une Suite en si bémol et une symphonie en la, mais elles sont antérieures je crois (en tout cas très nettement, stylistiquement parlant !), et pas du tout aussi marquantes que la n°1 en mi.

Pour avoir été longtemps assez réticent aussi devant cette symphonie – que je tiens aujourd'hui pour l'un des grands monuments les plus jubilatoires de l'art symphonique germanique ! –, je peux te donner quelques raccourcis pour mieux l'apprécier :

→ La version, c'est important. Certaines sont moins tendues, exaltent plus ou moins la modernité… Rückwardt et P. Järvi sont véritablement grisantes. Il y a aussi pas mal d'autres versions très réussies, comme Trinks ou D.R. Davies… Mais certaines peinent à donner la mesure de l'œuvre (Weigle, étonnamment étale et indolent ; Segerstam, avec Norrköping on souffre vraiment vu la quantité de cuivres !).

→ Malgré la parenté thématique évidente du scherzo, il ne faut pas l'écouter comme une symphonie de Mahler. La structure de l'œuvre reste tout à fait brahmsienne… à tout prendre, il vaut mieux l'écouter dans l'esprit des mélodies et grands masses de Bruckner, pas du tout comme la bigarrure mahlérienne, sinon tu seras assurément déçu. En y voyant plutôt un grand pastiche brahmsien tardif, tu y trouveras davantage ton compte – la superposition folle des thématiques dans le développement et la récapitulation du premier mouvement, les variations jubilatoires du dernier mouvement avec triangle obligé…

J'ai reçu cette semaine une version très inhabituelle : Beczala /Gerhaher / Huber. Perso c'est la première fois que je vois un duo ténor baryton accompagné par un pianiste pour le chant de la terre

luisa miller a écrit:

J'ai reçu cette semaine une version très inhabituelle : Beczala /Gerhaher / Huber. Perso c'est la première fois que je vois un duo ténor baryton accompagné par un pianiste pour le chant de la terre

J'avais vu cette sortie, mais le duo baryton/ténor ne me tente pas (je ne parle pas de la qualité des interprètes). Pour cette œuvre je préfère un duo homme/femme, et là, avec l'accompagnement au piano, cela aurait pu m'intéresser.

Toutes mes versions sont ténor/mezzo.

Et j'aime beaucoup la version (arr. Schoenberg / Riehn).

Rubato a écrit:

luisa miller a écrit:

J'ai reçu cette semaine une version très inhabituelle : Beczala /Gerhaher / Huber. Perso c'est la première fois que je vois un duo ténor baryton accompagné par un pianiste pour le chant de la terre

J'avais vu cette sortie, mais le duo baryton/ténor ne me tente pas (je ne parle pas de la qualité des interprètes). Pour cette œuvre je préfère un duo homme/femme, et là, avec l'accompagnement au piano, cela aurait pu m'intéresser.

Toutes mes versions sont ténor/mezzo.

Et j'aime beaucoup la version (arr. Schoenberg / Riehn).

Je le prends comme ça, d'ailleurs.

Les deux fois ou je l'ai vu en salle, c'était aussi un duo ténor / mezzo. Je pars à Cahombrd ce soir et demain mas dès que je le peux j'écouterai pour voir ce que ça donne

Il existe une version "piano" Brigitte Fassbaender, Thomas Moser, Cyprien Katsaris

Bon, la version piano avec un duo ténor baryton est intéressante mais définitivement je crois que je préfère la version orchestrale avec le duo ténor mezzo

Idem pour moi. C'est surtout grâce à l'orchestre que l'on appréhende toutes les finesses de l'oeuvre.
Je m'étais déjà fait la réflexion sur les versions avec piano des cycles de lieder de Mahler. C'est très joli. Mais il manque quand même quelque chose