Votre dernier film visionné

Bien sûr que si.

Evidemment que non.

Il est flagrant que oui...

Ah que non.

Claro que si.

C'est génial je sais même plus de quoi on parle.

Mais de toute façon, la réponse est non.

+1.

Nous nous demandions si les opéras de Strauss étaient meilleurs que ceux

de Verdi.





Trop tard Xavier tu as répondu.

Déjà on est dans un sujet cinéma...

Bravo Tu n'as donc pas totalement perdu le fil de la conversation.

Je suis bien entourée ici.

Antichrist de Lars von Trier! Personne ne l'a vu ou n'ose en parler?
Je n'ai pas tout vu ni tout aimé de ce cinéaste, mais là, j'ai été quasi bouleversé par ce dernier opus si malmené par la critique et tant controversé. Techniquement, c'est la perfection absolue. La première longue séquence filmée en noir et blanc et à un ralenti à 1000 images secondes(!) est absolument stupéfiante, que quelques critiques imbéciles ont osé comparer à une pub d'eau de toilette... Tout dans Antichrist est fait pour surprendre et déranger. Bien sûr, les scènes finales, d'une violence hors norme frisent l'insupportable. Il m'a semblé voir une oeuvre puissante, excessive, d'une noirceur exceptionnelle, mais c'est une expérience dans ma vie de spectateur que je n'oublierai pas. Un bon film, c'est celui qu'on n'oublie pas.

Crapio et moi-même en avions longuement parlé ici, et je partage tout à fait ton ressenti ! Rarement vu de films d'une telle force, d'une telle profondeur, mêlant des esthétiques différentes mais de manière très cohérente.

Un film que j'ai tout simplement peur de voir...

Si tu n'es pas trop déprimé en ce moment, faut pas hésiter. J'aurais tendance à penser que, vu toutes les horreurs dont tu as pu raffoler, celui-ci ne te bousculera pas trop, mais en fait je n'en sais rien...

Wolferl a écrit:

Si tu n'es pas trop déprimé en ce moment, faut pas hésiter. J'aurais tendance à penser que, vu toutes les horreurs dont tu as pu raffoler, celui-ci ne te bousculera pas trop, mais en fait je n'en sais rien...

Je suis toujours plus ou moins déprimé, à vrai dire... Mais même si j'ai l'habitude des films d'horreur, je ne suis pas fan du gore, et certaines choses me révulsent, comme l'excision...

Attention, quand je dis que ça me révulse, je ne porte pas du tout un jugement moral sur le film, évidemment. Je veux dire que ce sont des choses qui heurtent ma sensibilité, et j'ai tout simplement peur que cela me traumatise... !

Ah mais en plus tu connais déjà les trucs gores qui s'y passent !

Si tu le regarde sur ta télé, tu peux bien fermer les yeux et te boucher les oreilles, voire mettre avance rapide (chose impossible au cinéma, ça a été un moment assez pénible)...

Wolferl a écrit:

Ah mais en plus tu connais déjà les trucs gores qui s'y passent !

Ben tiens, je me renseigne !

Il y a tout un tas de films d'horreur que je ne regarderai jamais parce qu'ils sont trop gores, mais cela ne m'a pas empêché d'aller lire tout ce que je pouvais dessus, d'aller même voir certains extraits sur le web, et de pouvoir somme toute en parler pas aussi bien que si je les avais vu, mais presque.

Joël a écrit:

Antichrist de Lars von Trier! Personne ne l'a vu ou n'ose en parler?

Vu à l'époque de sa sortie. Je ne suis pas 100% convaincu (j'ai trouvé des longueurs et des "maladresses"), mais ça reste le film le plus convainquant que j'aie vu de LVT. Effectivement un film puissant, intelligent, marquant - et qui a essuyé pas mal de critiques pour de mauvaises raisons.

pas vu. De Lars Von Trier, je n'en ai vu que 2, un que j'avais détesté - dancer in the dark -, un autre que j'avais adoré - les idiots. Mais il me faudrait les revoir car j'étais jeune, c'était il y a plus de 10 ans déjà.

dernier film visionné : camille claudel. Adjani, c'est compliqué de l'écouter hors film, mais dedans, respect. Et Depardieu, également très crédible en Rodin. Intéressant de savoir que le producteur n'était pas du tout satisfait du montage final (trop long). 2h40 : effectivement, ça ne se justifiait peut-être pas, même pour une saga. Quoique le principal point qui m'a titillé, c'est que le film couvre une trentaine d'années de la vie de camille claudel et la belle Isabelle ne prend pas une ride du début à la fin. Quand on a vu des réussites dans le même genre du style la mome piaf, pour un film qui se veut historique, y a quand même comme un petit problème.

Ajami
Difficile de résumer ce film... En gros, c'est sur les confrontations entre musulmans, juifs et chrétiens à Tel-Aviv, mais aussi au sein des communautés, à travers l'histoire de plusieurs personnages qui gravitent les uns autour des autres.
Très bien fichu, bien filmé, l'histoire est prenante, réaliste, les acteurs sont bons... Un film un peu dur, mais beau. Je conseille.

Les aventures d'Adèle Blanc Sec . L'adaptation des BD de Tardi par Besson est plutôt réussie; les costumes sont très bien et les effets spéciaux sont excellents : Le Ptérodactile et les momies sont confondants de réalisme et le maquillages, notament pour Almaric (Dieuleveut) sont superbes

calbo a écrit:

Les aventures d'Adèle Blanc Sec . L'adaptation des BD de Tardi par Besson est plutôt réussie; les costumes sont très bien et les effets spéciaux sont excellents : Le Ptérodactile et les momies sont confondants de réalisme et le maquillages, notament pour Almaric (Dieuleveut) sont superbes

Tu as omis l'attraction principale : Louise Bourgoin!!

C'est vrai . Elle sort un N° du feu de Dieu dans ce film

J'irais même jusqu'à dire que c'est elle qui fait le principal intérêt du film.

Les effets spéciaux sont biens mais je ne suis pas sûr qu'ils valent vraiment tant d'enthousiasme ; la réalisation, bon... c'est du Besson, même si c'est plutôt dans une moyenne haute par rapport au reste de sa production (il s'est calmé sur certains tics... mais pas sur tous) ; pour les jeux des autres acteurs, on oscille entre le moyen et le franchement mauvais ; et pour ce qui est du scénario et de l'ambiance générale, à deux ou trois séquences près on cherche quand même un peu le rapport avec la BD de Tardi...

Après, dans la mesure où je redoutais un peu le pire en y allant, je peux certes dire que j'ai été agréablement surpris. Mais sans l'abattage et le charme de Louise Bourgouin, il ne resterait quand même pas grand chose.

Et ben pour du Besson c'est clairement un très bon film par rapport au grand bleu par exemple. Dans un autre genre j'ai aussi beaucoup aimé Le cinquième élément

calbo a écrit:

Et ben pour du Besson c'est clairement un très bon film

Ah oui, jusque-là, je suis d'accord (après j'aurais peut-être formulé les choses un peu différemment pour les films que tu cites...).

Enter the Void de Gaspard Noé : après une première demi-heure prometteuse et trippante le film devient plus classique et rapidement chiant. Provocation facile, insistance lourdingue (remontrons vingt fois la même chose pour que tout le monde comprenne bien, cette manière de prendre le spectateur pour un idiot est insupportable), mélodrame à deux balles... Un film qui dure bien 1h30 de trop.

Octavian a écrit:

calbo a écrit:

Et ben pour du Besson c'est clairement un très bon film

Ah oui, jusque-là, je suis d'accord (après j'aurais peut-être formulé les choses un peu différemment pour les films que tu cites...).

Je comprends bien mais c'est purement personnel .

Pas le dernier, mais quelques uns des derniers

AVATAR : scénario faiblard, mais prodigieux visuellement
HURT LOCKER : suite de séquences hallucinantes de déminage - très bien filmé, mais à la longue assez rasoir - pourquoi l'Oscar ???
GREEN ZONE : beaucoup plus pertinent que HURT LOCKER, il y a une analyse et un point de vue politique
ALICE AU PAYS... Plastiquement réussi, mais assez peu captivant
LES INVITES DE MON PÈRE : beaucoup de finesse pour une comédie qui réfléchit (entre autres choses) à la question de l'immigration

Et puis j'ai revu (en DVD) pour la 4ème ou 5ème fois GRAN TORINO : absolument génial - Clint Eastwood, le plus grand cinéaste vivant ??

Montfort

je ne sais pas ce que tout le monde a avec Gran Torino... J'ai trouvé ça aussi sympa qu'un bon film TV, rien de plus... Et puis c'est tellement dans l'exagération... (les chinois qui lui apportent 800 tonnes de bouffe...)

Oui, c'est un film sympa mais sans plus pour moi aussi...

Montfort a écrit:

ALICE AU PAYS... Plastiquement réussi, mais assez peu captivant

Oui, la réussite plastique est l'atout majeur du film, en dépit de certains effets 3D assez cheap, certains passages sont vraiment très réussis de ce point de vue. Côté scénario, j'ai bien aimé l'idée d'un "retour au Pays des merveilles", avec une Alice qui a "grandi" et oublié ses premières aventures, ainsi que celle du croisement avec d'autres textes de Lewis Carroll, Jabberwocky surtout donc. Hélas, la mise en œuvre de tout ça est quand même loin du génie, et un certain nombre d'éléments sont venus régulièrement gâcher mon plaisir. En gros: alors qu'à l'origine Burton avait claqué la porte des studios Disney où son univers n'avait pas sa place, il est revenu à la maison-mère et son film offre un véritable concentré de tous les travers les plus détestables dans lequel a sombré l'empire:

- transformation de la fantaisie "absolue" de Caroll en combat du Bien contre le Mal (avec, en sus, à la tête du premier camp, une Reine blanche particulièrement tête à claques)

Spoiler:

- personnage qui doit devenir "ce qu'il est déjà" par essence

Spoiler:

avec comme corollaire le rejet de l'altérité, de l' "anormal" physique et social

Spoiler:

- et pour finir en beauté, glorification du fric et du capitalisme libéral

Spoiler:

De même que les néo-conservateurs U.S. aiment à demander "qu'aurait pensé Jésus?", j'ai envie de demander à Burton : qu'aurait pensé Lydia ?

Spoiler:

Vous avez du dormir pendant la projection de GRAN TORINO !!

C'est un film qui parle de beaucoup de thématiques actuelles :
L'insécurité et l'impasse de l'autodéfense
La vieillesse : l'autonomie, les relations entre les générations
Le poujadisme et la cohabitation entre les cultures
L'évolution des quartiers dans les zones touchées par les reconversions industrielles
Et j'en passe...

Toutes choses qu'on trouve, c'est bien connu, traitées dans le téléfilm de base, surtout si il est franchouillard.

Montfort

Toutes actuelles qu'elles soient, ces thématiques m'ont fait le même effet qu'une grosse tarte à la crême bien lourde. Mais peut-être ai-je dormi ...

Montfort a écrit:

Vous avez du dormir pendant la projection de GRAN TORINO !!

C'est un film qui parle de beaucoup de thématiques actuelles :
L'insécurité et l'impasse de l'autodéfense
La vieillesse : l'autonomie, les relations entre les générations
Le poujadisme et la cohabitation entre les cultures
L'évolution des quartiers dans les zones touchées par les reconversions industrielles
Et j'en passe...

Toutes choses qu'on trouve, c'est bien connu, traitées dans le téléfilm de base, surtout si il est franchouillard.

Montfort

ce sont justement tous ces sujets qui font que je n'ai pas vraiment aimé ce film ! Il aurait peut-être dû réaliser un documentaire, finalement !

Kiwi a écrit:

Toutes actuelles qu'elles soient, ces thématiques m'ont fait le même effet qu'une grosse tarte à la crême bien lourde. Mais peut-être ai-je dormi ...

+ 1000

Robin des bois : Sans Russel Crowe et Cate Blanchet ce film ne présenterait aucun intérêt. Certes les images sont très belles et les scènes de batailles sont très bien mises en scène, mais présenter Richard coeur de lion comme un souverain voleur et sans foi ni loi c'est quand même limite. Quant à Godefroy, même s'il est imaginaire, je doute que Jean sans terres, qui était naturellement instable et versatile, ait jamais eu besoin d'avoir un tel personnage à ses cotés.

calbo a écrit:

Robin des bois : Sans Russel Crowe et Cate Blanchet ce film ne présenterait aucun intérêt. Certes les images sont très belles et les scènes de batailles sont très bien mises en scène, mais présenter Richard coeur de lion comme un souverain voleur et sans foi ni loi c'est quand même limite. Quant à Godefroy, même s'il est imaginaire, je doute que Jean sans terres, qui était naturellement instable et versatile, ait jamais eu besoin d'avoir un tel personnage à ses cotés.

Et le débarquement ne t'a pas choqué outre-mesure ?

ça m'a fait un peu bizzare, mais bon si on devait compter toutes les fautes de réalisation et les fautes historiques ca donnerait un film carrément insipide. Ce qui le sauve c'est le couple Crowe/Blanchet, sans eux y a tout simplement pas de film

Quand j'ai vu la bande-annonce, je me suis dit : tiens, c'est Robin des Bois qui fait la révolution américaine.

Y a Batman le défi sur la 3

Imogène : Dans la droite ligne des films "Mon petit doigt m'a dit" et "Le crime est notre affaire"... loufoque au possible, mais totalement drôle... Catherine Froh dans le genre de rôle où elle excelle et un Lambert Wilson qui lui rend très bien la réplique!
Un bon moment!

Polyeucte a écrit:

... loufoque au possible, mais totalement drôle... Catherine Froh dans le genre de rôle où elle excelle
Un bon moment!

il faut dire qu'avec un nom comme ça elle ne peut être que drôle !

Pour ton info, c'est Catherine Frot et pas "Froh" ("content" en allemand)

Olivier a écrit:

il faut dire qu'avec un nom comme ça elle ne peut être que drôle !

Pour ton info, c'est Catherine Frot et pas "Froh" ("content" en allemand)

Octavian a écrit:

Montfort a écrit:

ALICE AU PAYS... Plastiquement réussi, mais assez peu captivant

Oui, la réussite plastique est l'atout majeur du film, en dépit de certains effets 3D assez cheap, certains passages sont vraiment très réussis de ce point de vue. Côté scénario, j'ai bien aimé l'idée d'un "retour au Pays des merveilles", avec une Alice qui a "grandi" et oublié ses premières aventures, ainsi que celle du croisement avec d'autres textes de Lewis Carroll, Jabberwocky surtout donc. Hélas, la mise en œuvre de tout ça est quand même loin du génie, et un certain nombre d'éléments sont venus régulièrement gâcher mon plaisir. En gros: alors qu'à l'origine Burton avait claqué la porte des studios Disney où son univers n'avait pas sa place, il est revenu à la maison-mère et son film offre un véritable concentré de tous les travers les plus détestables dans lequel a sombré l'empire:

- transformation de la fantaisie "absolue" de Caroll en combat du Bien contre le Mal (avec, en sus, à la tête du premier camp, une Reine blanche particulièrement tête à claques)

Spoiler:

- personnage qui doit devenir "ce qu'il est déjà" par essence

Spoiler:

avec comme corollaire le rejet de l'altérité, de l' "anormal" physique et social

Spoiler:

-

Citation :

et pour finir en beauté, glorification du fric et du capitalisme libéral

Spoiler:

De même que les néo-conservateurs U.S. aiment à demander "qu'aurait pensé Jésus?", j'ai envie de demander à Burton : qu'aurait pensé Lydia ?

Spoiler:

C'est quoi - où - cette histoire de capitalisme libéral (au passage : pléonasme) ??

Montfort

Octavian a écrit:

Quand j'ai vu la bande-annonce, je me suis dit : tiens, c'est Robin des Bois qui fait la révolution américaine.

Oui c'est exactement ça, et ça fait les forces et les (grosses) limites du film. J'ai plutôt bien aimé, mais pour notre époque, le propos est conservateur.

Montfort a écrit:

C'est quoi - où - cette histoire de capitalisme libéral

Les balises "spoiler" sont là pour être ouvertes, la réponse est dedans. Et si tu as vu le film il me semble difficile que tu sois passé à côté de la séquence en question : c'est l'épilogue.

Montfort a écrit:

(au passage : pléonasme)

Dans l'acception actuellement courante des termes, peut-être. Mais à proprement parler le libéralisme (en tant que doctrine économique, je ne parle même pas de son origine politique) n'est qu'un des aspects possibles du capitalisme, qui existait bien avant. Cela dit je concède que ma formule n'était pas forcément idéale, mais bon, mon but n'était pas non plus de générer un débat approfondi à ce propos...

Kilban a écrit:

Octavian a écrit:

Quand j'ai vu la bande-annonce, je me suis dit : tiens, c'est Robin des Bois qui fait la révolution américaine.

Oui c'est exactement ça, et ça fait les forces et les (grosses) limites du film.

C'est surtout totalement anachronique. Bon, je peux à la limite faire abstraction de ce genre de choses si le film est très très bon par d'autres aspects, mais là je ne suis pas convaincu que ça soit le cas... Mais bien sûr je n'ai vu que la bande-annonce ce qui peut être trompeur.

Kilban a écrit:

mais pour notre époque, le propos est conservateur.

Conservateur ? Dans quel sens ?...

Il faut beaucoup d'imagination pour voir dans l'épilogue une glorification du capitalisme, fut-il "libéral" !!
L'héroïne a démontré son intelligence et sa force de caractère - au lieu d'être l'épouse soumise d'un aristo demeuré, elle accède à des responsabilités dans les affaires qui furent celles de son père - je ne me souviens pas si cet épilogue figure dans Lewis Carroll, mais peu importe.
Si ça devait l'apologie de quelque chose, ça serait plutôt du féminisme....

Pour toi une fin "appropriée" ça aurait été quoi : qu'elle assassine la Reine Victoria ou qu'elle adhère au NPA !!??

Montfort

Montfort a écrit:

qu'elle assassine la Reine Victoria ou qu'elle adhère au NPA !!??

Je salue les efforts visiblement déployés pour répondre d'une façon qui ne soit pas, mais alors pas du tout, caricaturale.

Puisque la question de l'épilogue originel est posée, Alice au Pays des Merveilles se termine ainsi (traduction par Henri Parisot) :

Citation :

Finalement, elle imagina sa petite sœur devenue, dans l'avenir, une vraie femme ayant conservé, à travers les années de son âge adulte, le cœur simple et aimant qu'elle avait, étant enfant ; elle la vit entourée d'autres petits enfants dont elle ferait briller les yeux en leur racontant d'étranges histoires, y compris, peut-être, ce vieux rêve du Pays des Merveilles, et dont elle partagerait les petits chagrins et les naïves joies, en se souvenant de sa propre enfance et des heureuses journées d'été.

Quant à la fin de De l'autre côté du miroir, et ce qu'Alice y trouva, elle botte en touche par des interrogations sur qui a rêvé quoi. Mais on pourrait légitimement dire que cela importe assez peu, en effet - d'une part parce que malgré son titre le film de Burton n'est pas, stricto sensu, une adaptation du livre mais plutôt une continuation de celui-ci, d'autre part parce que de toute façon le fait qu'une femme devienne capitaine d'industrie est à peu près impensable dans le contexte où Lewis Carroll écrivait.

Alors bien sûr, on peut parler d'accomplissement et même de féminisme - il est clair que le choix fait finalement est plus reluisant que celui de devenir l'épouse soumise et silencieuse d' "un aristo demeuré" - mais après tout, cette situation est entièrement une invention du film, c'est lui qui a mis en place les termes du choix en question.

-- Idée de scénario (spécialement dédicacée à Picrotal ). Un homme est enfermé dans une chambre de motel par un psychopathe, qui lui laisse le choix entre se manger volontairement sa propre main (sans découpe préalable) ou être carrément torturé à mort. Le gars obtempère et se grignote jusqu'à l'avant-bras, après quoi son bourreau l'autorise à reprendre sa voiture et à conduire (comme il peut) jusqu'à l'hôpital le plus proche histoire qu'on stoppe l'hémorragie. - Mais c'est immonde ! - Ah ouais, et t'aurais préféré quoi, qu'il se fasse assassiner ??!! - Non, j'aurais préféré que le scénario prévoie l'arrivée des flics qui embarqueraient le psychopathe avant la grande scène d'automutilation. Ou même, que le gars se soit trouvé dans une autre chambre d'un autre motel, avec deux ravissantes rouquines plutôt qu'avec un tueur en série. Ouais, bon, en fait, le truc, c'est que j'aurais sans doute préféré ne pas aller voir ce film-là. --

Les livres de Lewis Carroll, qu'il s'agisse des diverses versions des aventures d'Alice ou d'autres, reposent sur une absolutisation de l'imaginaire lié, pour lui, à l'enfance. Une bonne partie du cinéma de Tim Burton fonctionne, également, sur une valorisation de l'imaginaire et de l' "anormalité". On peut apprécier ou pas cette vision du monde, il n'empêche qu'elle induit certaines attentes. Quel "accomplissement" est proposé à l'héroïne ici ? Reprendre les rênes de l'entreprise familiale. Quelle est la forme ultime du rêve (avec à l'appui la présence symbolique finale, auprès d'Alice, de la Chenille devenue papillon bleu) ? Partir à la conquête du marché chinois ! Yeah ! Le Pays des Merveilles et son imaginaire ? Laissés derrière soi. La tante un peu fofolle ? Qu'elle aille consulter.

Bah désolé, je ne suis pas un "anticapitaliste" forcené, mais il me semble que vu le contexte (= le livre adapté et l'univers habituel du réalisateur), d'autres pistes auraient pu être exploitées, plutôt que de nous asséner cette fin-là. Qu'Alice reste au Pays des Merveilles auprès de son Chapelier (option qui n'aurait pas été si loin de la fin d'un Edward aux mains d'argent). Ou qu'elle devienne artiste (comme le fit l' "authentique" Alice Liddell, inspiratrice des romans). Ou simplement comme dans le texte d'origine, "une vraie femme ayant conservé, à travers les années de son âge adulte, le cœur simple et aimant qu'elle avait, étant enfant" et qui ne renie pas cet imaginaire - ou ne le transvase uniquement dans le domaine de la guerre économique. Qu'on ne sache pas ce qu'elle devient, était encore une autre possibilité. Que la structure du film ne soit pas toute entière bâtie avec cette question du mariage arrangé comme alpha et oméga. Et sans doute bien d'autres choses encore plus intéressantes que ces pauvres idées qui me passent par la tête à cette heure tardive.

Tout cela dit, il ne s'agit que des dix dernières minutes du métrage, il ne s'agit pas de condamner l'ensemble pour cela. Mais j'ai eu la nette impression, hélas, qu'elles entraient dans le cadre d'un système de représentation plus large (ce que je présentais dans mon premier post), qui m'a laissé un goût assez amer en dépit des qualités de ce film par ailleurs (esthétique plutôt réussie, actrice principale, etc.).