Festival de piano de la Roque d'Anthéron

Bon voilà, j'étais hier soir dans un froid polaire au concert de piano de Yuliana Avdeeva.
Je ne suis qu'un simple amateur.

Tout d'abord le piano : un Steinway avec une très belle sonorité dans le médium et les aigus, des trois pianos de concert que j'ai écoutés cette année en live (2 Steinway et un Yamaha), c'était le meilleur sans nul doute. Cependant dans le tube, je vous exorte à aller entendre le Yamaha dont elle magnifie le son au concours Chopin :les basses sonnent sans sonorités métalliques et tous les registres sont magnifiquement équilibrés. Maintenant on peut supposer les ingénieurs japonais sont venus en force et avec moults munitions pour ce concours, donc difficile de comparer.

Grâce au forum, je me suis remis à écouter du piano au même moment de ma découverte de Wagner.
La même année, je découvre la pianiste contemporaine qui continue l'âge d'or du piano.

Le récital était scindé en deux parties plus des rappels.
Première partie, Chopin. Deux nocturnes qui datent à peu près de son départ de Nohan, le premier Scherzo, 4 mazurkas et la polonaise fantaisie.
En fait une entrée en matière (car on peut, je pense, parler de matière pour son jeu de piano). Le froid du mistral pénétrait petit à petit la le Parc, ces nocturnes n'était pas la pour lutter; c'est avec le scherzo brillant qu'une flamme naissait dans le coeur des participants et les mazurkas prenaient le dessus sur l'esprit du temps qui faisait des siennes.

L'entracte apparût, et quelques instants pour vous dire que c'est dans les passages très faibles en volume sonore où Yulianna Avdeeva excelle, les notes sont liées avec beaucoup de naturel, elle chantent avec une sensiblilité féminine particulière, comme peu d'homme possède, et le contraste avec les éclats incroyables de virtuosité, de volume sonore qu'elle maîtrisent aussi magnifiquement, font un paysage plein, sans manque, de la musique de Chopin.


Seconde partie avec des pièces de Listz: la Lugubre Gondole (composée à la mort de Wagner), Nuages gris(la musique d'Eyed Wide Shut lors de l'enterrement de la demi-mondaine new-yorkaise), la Bagatellle sans tonalité (qui rappelle de la musique du XXième siècle) et, avant la pièce de choix, la 17 ième rapsodie pour repartir sur la brillance. Je trouve que c'est (pour moi) des choix judicieux d'aborder Listz par des pièces tristes, pour donner "du fond" avant de terminer par l'Ouverture de Tannhauser transcrite de Wagner.
Transcrite c'est vite dit, car la ressemblance avec des variations sur la mélodie me semble plus adéquat comme terme.
Evidemment sur ce dernier morceau, elle emporta le public par la beauté du thème, sa technique pianistique éblouissante, on avait l'impression d'assister au finale d'un feu d'artifice.
Trois rappels, un Tchaikosky que je ne connais pas, et une valse et une mazurka de Chopin pour revenir au maître du piano.

Très beau.
Daniel


PS sur you tube, vous pouvez écouter la seconde sonate et les nocturnes opus 17 (7 et , mes 3 Everest préférés de Chopin, il n'y a pas de hasard.

Hop, du coup je recopie ici ce que j'avais écrit dans le topic Arte Live Web et qui y tombait un peu comme un cheveu sur la soupe.

Octavian a écrit:

Je ne sais pas quand ça va être diffusé sur Arte Live Web, mais apparemment c’est prévu (ainsi que sur Mezzo), du moins d’après le programme papier du festival. Sur le site Internet, il n’est plus mentionné qu’une diffusion sur France Musique, là encore sans date, et de fait, je n’ai pas aperçu de caméra. Bon, quoi qu’il en soit comme je ne sais pas où poster ça, je le fais ici quand même, et je ne peux vous encourager qu’à guetter la diffusion sous quelque forme que ce soit. Mais de quoi est-ce que je vous parle ?

Du récital CPE Bach / Beethoven / Brahms par Christian Zacharias donné hier soir (6 août) à La Roque d’Anthéron.

J’y étais et je ne sais pas à combien d’années en arrière je dois remonter pour avoir ressenti à un autre concert classique ce que j’ai ressenti hier. J’avoue n’avoir découvert ce pianiste que récemment (honte à moi) et le peu que je connaissais de lui (essentiellement ses Scarlatti, pourtant déjà tout à fait étonnants et envoûtants) ne m’avait pas préparé à ça. Une interprétation au sens fort, à la limite perpétuelle de la déconstruction (jeux de tempi, d’accentuation), mais toujours à la limite, préservée de verser dans le cubisme total par le chant, ténu et pourtant souverain, enchanteur. Fascination totale, en ce qui me concerne. À la fin de la première partie, après la sonate n°31 de Beethoven, j’étais dans un tel état de choc que ma compagne s’inquiétait de savoir si je serais capable de conduire au retour.



Accessoirement, en tant que pianiste très très amateur (et n’ayant plus sérieusement touché le clavier depuis un bail), j’avais un peu l’impression de quelqu’un qui aurait vaguement filmé les vacances familiales au caméscope étant gamin et qui découvrirait brusquement Orson Welles.

Il y a un topic Interprètes sur Zacharias ? Non ? Il est peut-être temps d’en créer un.

Un peu plus tôt dans le cadre du même festival, j'ai également assisté à un récital d'Alexandre Tharaud, à l'Étang des Aulnes, avec un programme essentiellement consacré à Beethoven et Scarlatti. "Essentiellement", car il y avait aussi du Webern au milieu... collé là de façon un peu étrange, s'enchaînant avec une pièce de Beethoven de façon un peu énigmatique, et de surcroît pas interprété de la façon la plus convaincante qui soit, à mon goût. Bon. C'est du chipotage parce que l'ensemble du concert était quand même magnifique, en particulier la seconde partie consacrée à Scarlatti qui était vraiment magique.

Bonjour, aujourd'hui sur Arte en direct de 17h55 à 19 h45:

"Nuit ARTE (en direct)
“Piano à l'ombre des platanes”
Nikolaï Lugansky piano
Vadim Rudenko piano
Frank Braley piano
David Kadouch piano
Francesco Tristano piano
Yaron Herman piano
Jean-Claude Pennetier piano (ne pourra être présent)
Marie-Josèphe Jude piano
Emmanuel Strosser piano
Claire-Marie Le Guay piano
Guillaume Vincent piano
Orchestre de Pau Pays de Béarn
Fayçal Karoui direction


Oeuvres de Rachmaninov, Bach, Mozart, Beethoven, Liszt

Les artistes interpréteront l’“Hexameron” transcrit par Jean-Claude Pennetier pour six pianos ; Six Variations sur “La Marche des Puritains” de Bellini par Liszt, Thalberg, Pixis, Herz, Czerny et Chopin.

En 1837, Liszt, Thalberg, Pixis, Herz, Czerny et Chopin composèrent chacun une variation sur cette marche alors très populaire de l’opéra de Bellini. Liszt se chargea de la réduction pour piano du thème, de la 2ème variation, des transitions et du finale. L’Hexameron fut l’œuvre qu’il joua le plus fréquemment au cours de sa carrière de virtuose. Il lui arriva également de le donner dans une version pour piano et orchestre. Cette œuvre a aujourd’hui totalement disparu du répertoire ; le nom de Frédéric Chopin lui-même, qui livra la 6 ème variation, joyau du recueil, ne put la sauver de l’oubli."


L'occasion pour moi de comprendre la fameuse transition entre l'opéra de Bellini et le piano de Chopin.

J'ai regardé sur Arte ce concert de clôture : pas aussi mauvais que l'an passé, mais quand même bien en deçà de ce qu'offre en moyenne ce superbe festival.
En cause notamment le désir des organisateurs de faire apparaître sur scène le plus grand nombre possible de pianistes, d'où fragmentation des oeuvres ou encore ces variations pour 6 pianos, musicalement creuses, sur la marche des Puritains.
La Rhapsodie in blue semblait écrasée par la canicule - autre bizarrerie : la cadence dans le concerto de Bach - je n'avais jamais entendu ça chez ce compositeur - je peux me tromper, mais je crois me souvenir que cet exercice est apparu dans les concertos de Mozart, et que c'est toujours positionné à la fin du 1er mouvement, juste avant la coda.

Mais je le redis, ce concert ne rend pas justice à ce superbe festival, d'un haut niveau artistique, qui présente à la fois des artistes confirmés et beaucoup de jeunes talents...
Seul problème : difficile de se loger à cette période de l'année dans cette région coincée entre le Lubéron et la basse vallée de la Durance.

Montfort

Si tu veux des adresses de chambres d'hôtes bien et pas trop chères autour d'Apt (30 kms), je pourrais te les indiquer.

Perso, bien sûr, on n'était pas au niveau de Yulianna Avdeeva, mais c'était beaucoup plus convivial; à la limite, je la plains un peu car une seule femme en face de 1500 mélomanes exigeants, ça fait un peu gladiateur. Mais elle est réellement extraordinaire.

J'ai assisté en dehors du festival à deux concerts piano et piano et chant cet été; je ne sais pas où en parler sur le forum, mais le dernier était devant 150 personnes dans mon petit village avec Asher Fisch au piano et Stéphanie Iranyi au chant. Les artistes discutent avec toi, il y a quelque chose d'artistique qui n'existe plus dans les très grandes manifestations. Et en plus les choses se font comme elles doivent se faire, la volonté humaine n'est pas omniprésente.


Pour l'hexameron, j'ai bien aimé; j'ai bien aimé aussi le prélude de Scriabine joué sur l'herbe du Parc en off pour Arte. On peut comprendre comment un air joué à l'opéra de Paris au début du XIXième descend dans la rue peu après. Et puis c'était amusant de voir 5 pianistes classiques et un pianiste de jazz jouer ensembles.
Qui chante cet air dans l'opéra (il faut que je réécoute Anna Netrebko au MET en blu-ray.)?

Daniel

[quote="d.grammophone"]Si tu veux des adresses de chambres d'hôtes bien et pas trop chères autour d'Apt (30 kms), je pourrais te les indiquer.

Perso, bien sûr, on n'était pas au niveau de Yulianna Avdeeva, mais c'était beaucoup plus convivial; à la limite, je la plains un peu car une seule femme en face de 1500 mélomanes exigeants, ça fait un peu gladiateur. Mais elle est réellement extraordinaire.

J'ai assisté en dehors du festival à deux concerts piano et piano et chant cet été; je ne sais pas où en parler sur le forum, mais le dernier était devant 150 personnes dans mon petit village avec Asher Fisch au piano et Stéphanie Iranyi au chant. Les artistes discutent avec toi, il y a quelque chose d'artistique qui n'existe plus dans les très grandes manifestations. Et en plus les choses se font comme elles doivent se faire, la volonté humaine n'est pas omniprésente.


Pour l'hexameron, j'ai bien aimé; j'ai bien aimé aussi le prélude de Scriabine joué sur l'herbe du Parc en off pour Arte. On peut comprendre comment un air joué à l'opéra de Paris au début du XIXième descend dans la rue peu après. Et puis c'était amusant de voir 5 pianistes classiques et un pianiste de jazz jouer ensembles.

Citation :

Qui chante cet air dans l'opéra (il faut que je réécoute Anna Netrebko au MET en blu-ray.)?

Daniel

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Si mes souvenirs sont bons, c'est un duo baryton - basse : "sona la tromba".

Montfort

Merci Montfort, j'écouterai avec attention au prochain visionnage.