Si j'aime le jazz...

Que pensez-vous de cette compilation : http://www.amazon.fr/Complete-Recordings-1945-1960-Davis-Miles/dp/B005DCMVO8

Le programme a l'air très intéressant, mais je crains que ce soient de précaires repiquages de vinyles...

avec Miles, il est de toute façon absolument interdit, sous peine de radiation immédiate de la confrérie des dignes jazzophiles, de parler de compilations. Tu seras juste autorisé à te dispenser le cas échéant, comme ton auguste mentor discographique, de sa période électrique, ce qui te fera tout de même faire de sérieuses économies.

Alifie a écrit:

avec Miles, il est de toute façon absolument interdit, sous peine de radiation immédiate de la confrérie des dignes jazzophiles, de parler de compilations.

Ce n'est pas une compil, c'est une intégrale de ses albums d'avant 1960...

Sérieusement, pouquoi acheter les albums séparément au prix fort si on les trouve en coffret ?

Parce que c'est comme ça, nom d'une pipe en bois : il faut avoir les albums originaux, les découvrir et les chérir individuellement (et ils ne sont plus au prix fort depuis longtemps) ... bon, il y a des exceptions, mais on ne mélange pas Birth of the Cool, Kind of blue et Sketches of Spain dans le même coffret, non mais !

Ca y est, j'ai compris : tu veux ma ruine...

Non, ce sont plutôt des principes intégristes de ceux qui ont payé chaque album au prix fort et qui veulent jalousement me dissuader d'une bonne affaire...

Bon, sérieusement, je m'y perds dans ces tous ces coffrets, ces compils de Miles Davis. On verra demain...

Dans les exceptions admissibles *, tu as ça par exemple : www.amazon.com/Chronicle-Complete-Prestige-Recordings-1951-1956/dp/B000000ZC0 soit l'intégralité des 17 séances Prestige de Miles.

Pour Columbia, c'est de mon point de vue contre-indiqué : à part une intégrale (hors de prix) en 70 cds reprenant les albums originaux, CBS a édité (via Mosaic, dont néthou va peut-être te parler, pour les séances en studio) des coffrets par ordre chronologique incluant une papardelle de prises alternatives loin d'être indispensables (le coffret The complete Columbia studio recordings of Miles Davis & Gil Evans par exemple est à peu près dénué d'intérêt **).

Beaucoup plus intéressant pour la période électrique, puisqu'à l'époque Miles répétait en studio et que de nombreuses séances ont été dispersées sur des albums originaux, des albums d'inédits publiés ensuite, et d'autres inédits encore édités pour la 1ère fois dans ces coffrets, qui permettent aussi de mettre en lumière le travail fait sur ces bandes originales avec Teo Macero, le producteur de Miles chez Columbia, pour des albums composites très élaborés comme In a Silent Way ou Jack Johnson. Mais comme il est de toute façon probable que tu vas te dispenser de cette période...

Pour la discographie de Miles par albums, tu peux te reporter à http://en.wikipedia.org/wiki/Miles_Davis_discography


* et probablement recommandable pour celle-ci : si les rééditions des albums Columbia sont à des prix très accessibles, celles des Prestige sont actuellement, je viens de le voir sur ta zone préférée, ou plutôt chères ou épuisées (et dans le meilleur des cas disponibles en occasion)

** séances expéditives et sans aucune répétition, en raison des effectifs engagés, pour les 4 albums studio de Miles avec Gil Evans : les prises alternatives sont pour l'essentiel des exécutions doublées et très probablement jouées en continuité de la totalité des scores

Il faut quand même qu'il acquière Tutu, à défaut de tout. 

ou, si Mélomaniac ne doit en écouter qu'un seul



mais quel dommage de se priver du reste.

De toute façon Mélomaniac, dis-toi bien qu'en jazz, les rééditions en coffret ne sont pas aussi rationnelles qu'en classique, ne serait-ce que parce la musique ayant fait par nature l'objet de nombreuses prises, ou n'ayant pas été éditée tout de suite, ou séparément, etc, etc..., ça devient souvent un maquis qu'il est difficile de clarifier. Rien que les séances Prestige de Miles Davis dans les années 50 sont charcutées dans plusieurs disques et il est difficile d'en retrouver l'ordre chronologique. 

On reconnaît dans ton souhait d'acquérir des intégrales ton penchant discophile qui veut que rien ne lui échappe...
Voici une raison, peut-être, de te diriger vers les albums originaux: les pochettes originales des disques, toi qui régulièrement poste en playlist des pochettes originales de classique très belles.


(une suggestion, du reste: n'as-tu jamais pensé scanner tout ça et le mettre à (notre) disposition ? Que les jeunes générations se rendent compte de ce que c'était qu'une pochette de disque, un vrai, pas un vulgaire carré de plastaga qui casse à tout bout de champ... )

Surtout quand le facteur vous les livre sous forme de puzzle...

Zeno a écrit:

Il faut quand même qu'il acquière Tutu, à défaut de tout. 

Non pitié

Oh toi ça va, retourne à Villa-Lobos ! 

Si tu préféres la musique de superette de Tutu aux flamboiements multicolores de Villa-Lobos je ne peux plus rien pour toi.

Tutu est un excellent disque, c'est tout sauf de la supérette. Cette remarque m'étonne, de ta part. 
Concernant Villa-Lobos, j'ai un peu exagéré. J'aime ses quatuors, sa musique pour guitare... Avec l'orchestre j'ai du mal. 
Mais je préfère quand même ça à Carmen, entendons-nous bien.

Tutu?
Rien que la prod'
...Et puis comparé aux Kind of blue, Sketches of spain, Filles de Kilimandjaro et autres In a silent way...

zeno a écrit:

Mais je préfère quand même ça à Carmen, entendons-nous bien.

En même temps qu'est-ce qui n'est pas supérieur à Carmen?

Non mais,c'est pas bientôt fini de vous chamailler pour des histoires de

 Et d'abord Tutu est un excellent disque de Marcus Miller.

On est d'accord:c'est donc un très mauvais disque de Miles.

Miles, à partir de In a Silent Way, c'est tout le temps de la prod, comme tu dis, ce qui ne change strictement rien, il n'y a qu'à écouter les live de l'époque, celui au Fillmore East avec Corea et Jarrett, Agharta, Pangea et Dark Magus pour la période qui suit, qui eux n'en sont pas. Et on sent bien que tu t'arc-boutes sur In a Silent Way à cause de Zawinul (alors que Bitches Brew est probablement plus décisif). Quant à Sketches of Spain, c'est probablement le moins intéressant des 4 albums de Miles avec Gil Evans, l'indigence du matériau que constitue le concerto d'Aranjuez, quelles que soient les merveilles qu'en tirent Gil Evans et Miles comme soliste, y étant pour beaucoup, na !

Tu compares la prod' vintage 70's de Miles avec celle archi-aseptisée des 80's?!?!?

Et je ne parle même pas de la difference abyssale de qualité entre les 2 périodes...

arnaud bellemontagne a écrit:

Tu compares la prod' vintage 70's de Miles avec celle archi-aseptisée des 80's?!?!?

Et je ne parle même pas de la difference abyssale de qualité entre les 2 périodes...

Ca, ça ne fait aucun doute, et pour personne je pense, mais Tutu n'en reste pas moins un fort beau chant du cygne. archi-aseptisée, je ne comprends pas : si les albums d'après 81 sont à des encâblures de ceux des années 70 (quoique On the Corner ), ce n'est pas non plus exactement la variété de l'époque et pour avoir vu Miles en concert à plusieurs reprises dans chacune de ces ces deux décennies, l'énergie était égale si la musique ne l'était elle pas.

correction, Mélomaniac, quand on arrive à Miles, qui a couvert une bonne demi-douzaine de styles, ça n'est plus autant de styles de jazz = autant de susceptibilités à ménager, avec lui ça marche aussi avec les albums, comme nous venons de te le démontrer.

Bien, oublions ces intestines querelles pour continuer notre petit tour d'horizon...
En accélérant un peu tout de même, quitte à faire quelques impasses.

Horace Silver

     
       


Donald Byrd

     

Lee Morgan

     

Hank Mobley

     ou  


Quelques exemples de grandes figures des années 50 (et d'après), avec un choix discographique nécessairement très sélectif.

néthou a écrit:

On reconnaît dans ton souhait d'acquérir des intégrales ton penchant discophile qui veut que rien ne lui échappe...

Oui !
 
 

néthou a écrit:

Voici une raison, peut-être, de te diriger vers les albums originaux: les pochettes originales des disques,

Oui, enfin en Classique il m'arrive fréquemment d'acheter des coffrets pour compléter mes collections, et c'est parfois le seul moyen d'acquérir des enregistrements rares (au risque des doublons avec ce que j'ai déjà).
Et de toute façon, comme tout un chacun, je ne suis pas dégagé de la contrainte économique...
Une belle pochette ok, mais cette logique de nostalgie iconographique trouve ses limites si les albums ont été avantageusement réédités en coffret...
 
 

néthou a écrit:

toi qui régulièrement poste en playlist des pochettes originales de classique très belles.
(une suggestion, du reste: n'as-tu jamais pensé scanner tout ça et le mettre à (notre) disposition ? Que les jeunes générations se rendent compte de ce que c'était qu'une pochette de disque,

Beh justement, comme tu le signales dans ta première phrase, j'essaie souvent d'illustrer les playlist avec des reproductions des pochettes d'origine...

Mélomaniac a écrit:

Une belle pochette ok, mais cette logique de nostalgie iconographique trouve ses limites si les albums ont été avantageusement réédités en coffret...

Ben justement, dans le domaine du jazz, c'est bien moins courant qu'en classique...

Pour continuer la discographie sélective, avant de passer au piano.

Cannonball Adderley

     

     

L'altiste élégant de Kind of Blue. Something Else où Miles Davis, pour une très rare fois, est sideman, Things are gettin' better avec Milt Jackson et Know what I mean où l'on retrouve Bill Evans. La dernière proposition reste en famille avec le disque phare de son frère Nat.

Jackie McLean

     

Autre grand altiste de la période au son très caractéristique, particulièrement poignant dans le 1er disque, et très funky dans le second.

Après tout ce panorama des années 50-60, on va si vous le voulez bien passer au piano, comme le demande Mélomaniac, en partant des classiques.

néthou a écrit:

Après tout ce panorama des années 50-60, on va si vous le voulez bien passer au piano, comme le demande Mélomaniac, en partant des classiques.

Merci pour cette nouvelle salve !

Oui oui, les trios avec piano !

Le piano solo je suis pas sûr d'aimer...

Malheureux ! Et Théodorius Monk alors ? Déjà que tu es prêt à acquérir des "compilations" de Miles !

Spoiler:

Alifie a écrit:

Et Théodorius Monk alors ?

 
En ensemble OK. En solo, à voir...
 
Merci pour toutes vos recommandations qui vont me permettre de dégager des pistes d'approfondissement et des idées d'achats...
 
En attendant, je vais pouvoir commencer à défricher le terrain car j'ai reçu aujourd'hui mon premier coffret anthologique (25 CDs) :
 

Tu commences par la fin !? (c'était bien la peine que néthou te fasse tout dans l'ordre chronologique…)

Les yeux qui fascinent a écrit:

Tu commences par la fin !? (c'était bien la peine que néthou te fasses tout dans l'ordre chronologique…)

 
Mille merci à Néthou pour ses recommandations !
 
C'est pas la fin, ce coffret reçu aujourd'hui représente le volume 3/4 de l'anthologie chronologique du jazz avant 1959.
 
J'y peux rien si mon fournisseur a cru bon m'envoyer ce coffret avant les trois autres.
 
Encore heureux que ce coffret soit arrivé aujourd'hui, j'étais tellement en manque que j'en étais à ratisser mon vieux fond de collection. Encore un peu et je je serais tombé dans le jazz fusion...
 
Bon je vais ces prochains jours poster mes écoutes commentées en playlist.
 
J'y attends vos conseils et réactions.

Mélomaniac a écrit:

Encore un peu et je je serais tombé dans le jazz fusion...

Tutu plaisantes, j'imagine ?

Spoiler:

Des fois que l'ami Mélomaniac ait tout de même envie (on lui souhaite) de jeter une oreille sur la période électrique de Miles, je ne peux pas résister, puisque néthou s'en abstiendra, à proposer, en plus d'In a Silent Way, une petite sélection personnelle qui, je l'espère, recueillera l'agrément de mes (tout aussi fougueux que moi) commensaux milesophiles :



en privilégiant peut-être (pour Mélomaniac) les albums studio... le dernier, ci-dessous, est en option seulement.

Spoiler:

Cette grande Histoire du jazz correspond bien à ce que cherchais pour découvrir ce répertoire.
 
Merci à Alifie de m'avoir conseillé ces grosses boîtes...
 
Je regrette seulement que ne soient pas indiqués les albums originaux dont sont tirés ces morceaux.
 
En feuilletant le livret, je m'aperçois qu'aucun album ne semble intégralement repris dans les 100 CDs qui constituent ces quatre volumes.
 
Je pourrai et devrai donc investir dans les albums single pour approfondir, en me référant aux conseils que vous avez prodigués ci-dessus (encore merci à néthou). Et j'espère que vous allez continuer !

Alifie a écrit:

le dernier, ci-dessous, est en option seulement.

Spoiler:

 
Pour celui-là, à lire les allusions narquoises déjà ci-dessus exprimées par vous autres, je subodore un conseil de mauvais aloi. J'allais dire un tuyau foireux mais parlant de trompette, ce serait ambigu...

Mélomaniac a écrit:

Cette grande Histoire du jazz correspond bien à ce que cherchais pour découvrir ce répertoire.
 
Je regrette seulement que ne soient pas indiqués les albums originaux dont sont tirés ces morceaux.

C'est dommage en effet, mais ça doit pouvoir se retrouver sans trop de difficulté... et si ça n'est pas le cas, il suffit de demander.

Mélomaniac a écrit:

Alifie a écrit:

le dernier, ci-dessous, est en option seulement.

Pour celui-là, à lire les allusions narquoises déjà ci-dessus exprimées par vous autres, je subodore un conseil de mauvais aloi. J'allais dire un tuyau foireux mais parlant de trompette, ce serait ambigu...

C'est juste un album qui prête, comme tu as pu le constater, à polémique : le mieux est encore de juger par toi-même... enfin au moins quand tu auras épuisé la période 1910-1960.

Alifie a écrit:

enfin au moins quand tu auras épuisé la période 1910-1960.

A supposer que je veuille découvrir ce qui s'est enregistré après ça...

Si mon exploration est chronologique, j'en aurai noirci des pipes d'ici là...

Tu seras donc mûr pour les rythmes alanguis de Sun Ra



... et son intégrale en 123 volumes.

Alifie a écrit:

Tu seras donc mûr pour les rythmes alanguis de Sun Ra

Il ne figure pas dans mon anthologie en 100 CDs.

Son importance doit donc-être très très secondaire dans l'histoire du jazz...

d'avant 1960 seulement, tu as certainement remarqué qu'il s'est écoulé plus d'un demi-siècle depuis.

Alors M. Alifie,
qu'en est-il de ce morceau de Stan Getz nommé "Her" ou "She" (je ne me souviens pas bien, hors le côté extrêmement féminelle du morceau!!!) dont je te parlais il y a maintenant 6 mois ?
L'as-tu trouvé et écouté ?

Alifie a écrit:

tu as certainement remarqué qu'il s'est écoulé plus d'un demi-siècle depuis.

Ah, non ?!

Mon petit doigt me dit qu'il n'y a pas grand-chose qui va m'intéresser après 1960...

L'intérêt de chaque époque n'est pas proportionné au temps qui passe...

Her *, c'est un des titres de Focus, album que j'ai posté en ouvrant ce fil dans ma petite sélection de "l'île déserte", modeste mise en bouche avant les travaux herculéens de néthou. C'était une question de recoupement, ttod ? (je me souviens t'avoir recommandé alors l'écoute de la musique du film Mickey One **, avec les mêmes Getz et Sauter, qu'en est-il depuis ?)

* et non pas Herr comme on pourrait le croire lorsqu'on entend Getz présenter les morceaux sur ses albums live

** pas sur deezer ou grooveshark, dommage maintenant que tu as une clé 3G toute neuve

Bien, nous allons attaquer la suite ... piano !

Le ragtime à l'origine, bien sûr. Même s'il ne dure qu'un temps et disparaît ensuite, c'est lui qui pose les bases sur lesquelles le piano jazz va s'affirmer. Notamment la main gauche qui à la fois pose l'harmonie du thème et "drive" rythmiquement le discours.
Posons tout de suite que si le piano est tout de suite partie intégrante du jazz, il faudra attendre les années 30 pour que l'instrument ait ses vrais premiers solistes. Les premiers vrais trios de piano ne voient le jour qu'au début des années 40. Le cas Art Tatum mis à part, le pianiste peut jouer de son instrument en soliste, mais dans le cadre d'un orchestre.
C'est le cas de Jelly Roll Morton, musicien important des années 10 et 20, dont le peu d'enregistrements ne permet pas de mesurer la valeur. Il contribue comme d'autres au passage entre New Orleans traditionnel et jazz plus élaboré.
 

Le père du piano stride (main gauche solide qui fait la "pompe", sur la base de laquelle la main droite peut broder), c'est James P. Johnson.
   

De lui (mais pas uniquement: il faut aussi compter avec Eubie Blake ou Willie "the lion" Smith) procèdent d'autres pianistes au premier rang desquels Fats Waller, mais aussi le piano boogie woogie voire des musiciens bien plus tardifs comme Monk.

Fats Waller

Traverse le jazz de la fin des années 20 à la guerre. Un peu en dehors de tout style et de l'évolution du jazz, l'humeur et la vigueur de sa musique emportent tout. Fabuleux show man, chanteur, pianiste néanmoins très fin, organiste, compositeur (Honeysuckle Rose, Ain't Misbehavin', Squeeze Me), il dirige dans les années 30 un petit ensemble (Fats Waller and his Rhythm) sans solistes de renom mais d'une cohésion remarquable où son piano se fait entendre d'abondance. On imagine mal le succès qu'il pouvait avoir, mais quelques semaines avant sa mort précoce en 1943, il jouait un concert devant 120 000 personnes.
(une anecdote sur Fats: ayant composé "Honeysuckle Rose", il file avec son complice Andy Razaf (diminutif de son vrai nom -imprononçable- de vrai prince malgache) pour la porter chez son éditeur (et se faire payer par la même occase. Dans la rue la partition à la main, un oiseau s'"oublie" dessus au passage. Fats Waller nettoie un peu, puis en repartant s'arrête brusquement et dit à Razaf: "On a quand même du bol ! heureusement que les éléphants ne volent pas !")

   

 

Le premier CD présente le Fats Waller soliste et permet d'entendre la finesse et la fraîcheur de son jeu. Les 2 CD suivants sont 2 des rééditions Bluebird de ses enregistrements avec ses Rhythm dans les années 30, devenus difficilement trouvables. La dernière image est celle de la couverture du coffret 33T reprenant les mêmes enregistrements, qui m'a bien fait baver étant jeune...

Jelly Roll Morton, comme James P. Johnson, Meade Lux Lewis ou Albert Ammons, ainsi que d'autres vieilles gloires du New, ont été redécouverts lors du "revival" de la fin des années 30 et donc réenregistrés. Albert Ammons et Meade lux Lewis ont enregistré alors en duo ce qui est le premier disque de la mythique maison Blue Note en 1939. Si l'on veut entendre du vrai boogie-woogie ainsi que du vrai blues au piano, c'est ici:
  ou là  

Merci Néthou pour cette salve pianistique !
 
J'écoute maintenant Conte Candoli et ses sbires. Quelqu'un connaissait ce trompettiste ?
 
Ses accompagnateurs sont géniaux !

Attention génie !!

Quand on parle virtuosité, quels que soient les styles et les époques, et même au-delà du jazz (Horowitz disait qu'il aurait aimé avoir sa technique), le nom d'Art Tatum s'impose sans discussion. C'est le premier véritable pianiste à se produire en tant que tel. Si lui-même était inimitable, il pouvait par contre imiter n'importe quel pianiste en activité. Prolifique (il avait un répertoire pratiquement inépuisable de thèmes), il possédait une technique littéralement prodigieuse, avec notamment une main gauche capable d'un enrichissement harmonique inouï, tout en conservant un swing exceptionnel, avec des échanges constants entre les deux mains couvrant tout la richesse du clavier, et souvent à des tempos impossibles.
Au début des années 40, sur le modèle de Nat King Cole, il monte un trio avec bassiste et guitariste (Tiny Grimes puis Everett Barksdale et le bassiste à l'archet zonzonnant Slam Stewart.
Puis dans les années 50 jusqu'à sa mort prématurée en 1956, c'est la somme. Norman Granz le fait enregistrer avec la crème des solistes (Hampton, Carter, Webster, Roy Eldridge, Buddy De Franco), puis en soliste dans des enregistrements-testaments qui sont des monuments. Pour savoir ce qu'était Tatum en trio, l'album issu du coffret Tatum Group Masterpieces avec Red Callender à la basse et Jo Jones aux drums est un must.
Dernier détail: bien entendu, Art Tatum était aussi aveugle, sinon ça ne serait pas du jeu...
(autre anecdote sur Tatum: il mettait un point d'honneur en concert à ce qu'on ne remarque pas sa cécité. Avant le concert il venait repérer les lieux, et le soir, il entrait sur scène, se dirigeait à son piano comme si de rien n'était, levait bien haut les mains, et plaquant un bel accord se lançait dans un morceau échevelé. Egalement, un jour où Fats Waller jouait dans un club, Tatum fait son entrée; Fats s'interrompt à son piano, se lève et annonce au public: "Ladies and gentlemen, God is in the house").

   

   

PS: Conte Candoli est trompettiste, comme son frère Pete d'ailleurs.

Conte Candoli est un trompettiste, mais il a aussi joué dans ce groupe qui s'est consacré à Charlie Parker, où tu retrouveras, au moins dans cet album (le 1er), Warne Marsh :

Alifie a écrit:

Conte Candoli est un trompettiste

Oui bien sûr, lapsus, je pensais aussi à son comparse Bill Holman que je suis en train d'écouter dans un Full Count d'anthologie !

Pour faire suite aux conseils de Néthou concernant Art Tatum, je viens de commander cet album, qui avait en outre reçu un Diapason d'or en juin 1998 :
 

Spoiler:

1er choix on ne plus judicieux !

Spoiler:

Alifie a écrit:

et tu commences donc par du piano solo

  Zut, je pensais que c'était en trio...
 
 

Alifie a écrit:

bientôt Sun Ra

Mélomaniac a écrit:

Alifie a écrit:

et tu commences donc par du piano solo

  Zut, je pensais que c'était en trio...

Ne t'inquiète pas: de mémoire le second disque comprend des titres avec son trio du début des années 50 avec Everett Barksdale.
Si tu veux l'entendre en trio dans toute sa splendeur, le dernier disque présenté avec Red Callender et Jo Jones: un archétype.