Grand Théâtre de Genève : saison 2014-2015

Je viens de recevoir la brochure pour la saison prochaine du Grand Théâtre ; à vous de juger :

http://1415.geneveopera.ch/

Rigoletto : Rutkowski, Vassallo, Siurina/Gordeladze, Luttinen, Mhamdi, dir. Joel, msc. Carsen
Eugène Onéguine : Shishkova, Toczyska, Lamprecht, Nagy, Montvidas, Kowaljov, dir. Michael Jurowski, msc. Carsen
Grande-Duchesse de Gérolstein, Donose, Tauran, Trümphy, Lafont, Grappe, Briand, dir. Villard, msc. Pelly
Iphigénie en Tauride : Antonacci, Taddia, Davislim, Mimica, dir. Haenchen, msc. Hemleb
Porgy & Bess : Marshall, Scott, Giannini, dir. Barkhymer, msc. Lee
Requiem de Verdi : NN, Urmana, Massi, Scandiuzzi, dir. Bychkov
Medea : Larmore, Mingardo, Carè, Okulitch, dir. Letonja, msc. Loy
Fidelio : Pankratova, Stagg, Elsner, Roth, Dohmen, dir. Steinberg, msc. Hartmann

Récitals : Terfel/Martineau, Petibon/Manoff, Dessay & Naouri/Pikulski, Volle/Deutsch, Damrau/De Maistre
Concerts exceptionnels : Capuleti en coproduction avec Baden-Baden (Garanca, Kurzak, Meli) & récital Gheorghiu.

Pour moi, c'est à chiffrer, mais ça sent l'abonnement : Grande-Duchesse, Iphigénie, Fidelio, Medea & récitals Petibon & Dessay/Naouri.

Larmore en Medea, cela peut être très intéressant.
Antonacci en Iphigénie, ce sera sans doute très bon.
Beaucoup de mises en scènes importées, notamment les deux Carsen et la production de Pelly.
Je ne connais pas tous les noms de chanteurs, de chefs et de metteurs en scène.
Pour les récitals, Dessay et Naouri font une tournée visiblement.

aurele a écrit:

Pour les récitals, Dessay et Naouri font une tournée visiblement.

Moi qui croyais que Dessay devait être retirée en 2015   !
EDIT : je me retrouve assez dans ce que tu écris ; dans l'ensemble je trouve une belle exigence en matière de variété (sans "folie" notable, c'est vrai aussi : pas de Sigurd cette saison   ) et un souci de proposer des distributions pertinentes (Vassallo/Siurina pour Rigoletto, évidemment Larmore & Antonacci pour deux belles figures de tragédiennes, etc.). Reste à "tenir" ces distributions (point trop de changements, par pitié ; pas comme cette saison) !

Retirée pour les productions scéniques et l'opéra, pas pour les récitals de mélodies et lieder, exercice dans lequel elle ne s'est pourtant jamais trop sentie à l'aise.

aurele a écrit:

Retirée pour les productions scéniques et l'opéra, pas pour les récitals de mélodies et lieder, exercice dans lequel elle ne s'est pourtant jamais trop sentie à l'aise.

On a quand même lu partout, très tôt/trop vite que c'était au chant lyrique qu'elle avait fait ses adieux ; alors même qu'elle a toujours protesté du contraire !

oui le chant lyrique pour ce qui concerne l'opéra uniquement.

Otello a écrit:

oui le chant lyrique pour ce qui concerne l'opéra uniquement.

Et compte tenu du programme et de "l'attelage", c'est bien heureux   !

Ce pianiste a fait plusieurs enregistrements avec José van Dam me semble-t-il.

En revanche, je ne sais pas ce que peut donner Naouri dans de la mélodie française. Dessay dans Debussy était plutôt à côté de la plaque. Cela ne me fait pas envie personnellement.

aurele a écrit:

En revanche, je ne sais pas ce que peut donner Naouri dans de la mélodie française. Dessay dans Debussy était plutôt à côté de la plaque. Cela ne me fait pas envie personnellement.

On se doutait un peu de la conclusion   !
Naouri, on avait eu, par exemple, il y a quelques années un récital à Aix avec des Histoires naturelles de Ravel détaillées et savoureuses ; on connaît, de toute façon, son souci du verbe et la voix a un relief naturel (y compris des creux, peut-être même des bosses) qui m'intéresse vraiment dans la mélodie.
Dessay c'est... autre chose. Un ailleurs ; un voyage, assurément.
Dans la mélodie, j'ai des souvenirs (Avignon, notamment ; il y a... au moins tout ça   ) d'une chanteuse d'opéra qui, parce qu'elle n'était pas nécessairement rompue à l'exercice, déboulait là avec une fraîcheur qui tranchait immédiatement avec l'idée qu'on peut se faire d'un certain type de récital (en cela, je lui trouve des qualités similaires à Delunsch, voire à Petibon ; peut-être avec une poésie moindre, c'est vrai). Sur son Debussy les avis ont été extrêmement divergents ; c'est Dessay, de toute façon, et on pouvait s'attendre à ce que les qualités discernées par les uns soient ipso facto des défauts pour les autres. Le fait qu'elle veuille reprendre le mano a mano qu'elle avait vite abandonné avec les poètes (et on sait qu'elle peut être une interprète très consciente, de ce point de vue dès lors qu'elle se trouve dans ses petits souliers, hors de sa zone de confort) et les compositeurs me séduit définitivement beaucoup. Je veux croire qu'une rencontre est possible !
Et puis... c'est à côté de chez moi, alors   ...

Quand on a un aigu tendu comme un string chez Debussy et une diction très floue, excuse moi mais j'appelle ça un ratage complet. J'ai envie d'écrire, faites la taire et mettez nous à la place la sublime Véronique Gens.

aurele a écrit:

Quand on a un aigu tendu comme un string chez Debussy et une diction très floue, excuse moi mais j'appelle ça un ratage complet. J'ai envie d'écrire, faites la taire et mettez nous à la place la sublime Véronique Gens.

Tu sais que ça n'est pas mon vocabulaire ; et tu sais aussi que je suis curieux par nature (et toujours disponible).
Quant à Gens... eh bien, en réalité il n'y a aucun rapport (ni le même exercice, ni la même voix/voie ; rien que ne s'exclut naturellement) et, du coup, aucune comparaison valable !

Tu es surtout beaucoup trop indulgent.

Evidemment que ce n'est pas le même profil vocal que Véronique Gens mais dans la mélodie française, Gens est une des mes artistes de coeur avec Lott, Von Otter et Lemieux. Pour Poulenc, je suis curieux du disque à paraître bientôt de Sophie Karthäuser par exemple. Dessay fera sans doute un disque à l'issue de cette tournée ou avant celle-ci. Evidemment que ce sera toujours plus pertinent que son excursus avec Michel Legrand avec sa voix de variété sans intérêt.

aurele a écrit:

Tu es surtout beaucoup trop indulgent.

Evidemment que ce n'est pas le même profil vocal que Véronique Gens mais dans la mélodie française, Gens est une des mes artistes de coeur avec Lott, Von Otter et Lemieux. Pour Poulenc, je suis curieux du disque à paraître bientôt de Sophie Karthäuser par exemple. Dessay fera sans doute un disque à l'issue de cette tournée ou avant celle-ci. Evidemment que ce sera toujours plus pertinent que son excursus avec Michel Legrand avec sa voix de variété sans intérêt.

Indulgent ? Après tout tu as peut-être raison oui, puisque je fais comme si j'avais à me justifier !
Tu sais, Gens ça doit bien faire 15 ans que je l'écoute de manière intensive et dans tout ; je l'ai entendue sur scène (opéra et récital) et je continuerai à le faire dès que ça me sera possible.
Le problème (ton problème) tient à la capacité à bouger un curseur ; ça ne revient pas à se renier, et c'est tout juste chercher un chemin, un éclairage, une lumière, etc. Pour une mélodie, une phrase, un instant même fût-il fugace (la fameuse phrase de la sonate de Vinteuil qui est à la fois passée, présente et future), l'essai vaut la peine.
Le reste c'est de la rhétorique, des préjugés ou appelle ça comme tu veux ; moi, j'en reparlerai quand ça aura plus d'épaisseur qu'une feuille de papier dans un programme, c'est à dire après le 28 janvier !

Selon les répertoires, je n'ai pas les mêmes critères d'appréciation et la sensibilité à une "maniera", à une sensibilité artistique est toute personnelle.

Chez Strauss et Wagner, je ne suis pas gêné outre mesure par les faussetés par exemple même si c'est hors sujet.

aurele a écrit:

même si c'est hors sujet.

Tout à fait.

bAlexb a écrit:

Eugène Onéguine : Toczyska, Lamprecht, Nagy, Kowaljov

Ça va être violent, ça.

Citation :

Grande-Duchesse de Gérolstein, Donose, Tauran

Déjà beaucoup plus engageant !

Citation :

Fidelio : Elsner

Ouille (bis).


D'ailleurs, vous avez pu entendre la bande de Sigurd, finalement ?

DavidLeMarrec a écrit:

bAlexb a écrit:

Eugène Onéguine : Toczyska, Lamprecht, Nagy, Kowaljov

Ça va être violent, ça.

Citation :

Grande-Duchesse de Gérolstein, Donose, Tauran

Déjà beaucoup plus engageant !

Citation :

Fidelio : Elsner

Ouille (bis).


D'ailleurs, vous avez pu entendre la bande de Sigurd, finalement ?

C'est plutôt paradoxal, mais je ne suis pas sûr qu'on construise un Fidelio sur son Florestan ; et si Elsner (que je n'ai pas entendu depuis un certain temps, c'est vrai) peut peut-être manquer de la lumière nécessaire (autre paradoxe : "welch Dunkel hier") pour son air, je ne suis pas sûr que le reste de sa partie le prenne vraiment en défaut. Dohmen m'intéresse ; Roth encore plus. Pankratova n'est pas, a priori, le format de beau lyrique échauffé que j'aime dans Leonore mais je reste largement disponible. A voir, donc.
Onéguine peut être sanguin, c'est vrai ; mais je n'irai vraisemblablement pas (mon abonnement est sous enveloppe et bon pour envoi).
Pas d'avis sur Medea, ni sur Iphigénie ?
La bande de Sigurd ? Oui je l'ai entendue ; et, au-delà de la question fondamentale des coupures, ça confirme largement ce que j'avais ressenti en salle, notamment quant au relatif déséquilibre des pupitres graves qui phagocytent tout ou partie de leurs collègues. Quant aux dynamiques, bien nivelées (pas ce sentiment d'hypertrophie douloureuse/pénible de la salle), elles ne permettent pas aux voix, à mon goût, d'émerger suffisamment du tissu orchestral ; moi, personnellement, je n'y ai pas regagné Antonacci, ni des basses un peu égarées. Tant pis.
Et toi, tu l'as entendue ?

Et au final, pas de nouvelles du possible Robert le Diable (reprise de la prod de Londres, avec d'après les bribes qui avaient filtré Kunde et Pisaroni)?

Sinon pour Sigurd, j'en avais un peu parlé aussi suite à l'écoute de la bande... intéressant pour les voix globalement, mais beaucoup de coupures et un gros soucis d'équilibres graves/aigus j'avais trouvé...
Mais sinon c'était chouette!

Polyeucte a écrit:

Et au final, pas de nouvelles du possible Robert le Diable (reprise de la prod de Londres, avec d'après les bribes qui avaient filtré Kunde et Pisaroni)?

Je sais que l'anniversaire c'est en 2014 ; c'était annoncé pour 2015, il me semble, donc il reste (heureusement) encore la carte du début de la saison 2015-2016. Mais c'est loin, je l'admets (et je le regrette) !

bAlexb a écrit:

Je sais que l'anniversaire c'est en 2014 ; c'était annoncé pour 2015, il me semble, donc il reste (heureusement) encore la carte du début de la saison 2015-2016. Mais c'est loin, je l'admets (et je le regrette) !

Dans mon souvenir, c'était dans la saison prochaine, donc je désespérai!

Mais sinon oui, il reste une chance. sauf que Kunde en 2015/2016... on ne sait pas trop ce que ce sera. (entendons-nous bien, c'est encore immense, mais j'ai la sensation d'un final en feu d'artifice pour lui, chantant tout avec autant d'engagement jusqu'à ce que ça casse... donc j'ai peur pour lui, peut-être à tord et je l'espère beaucoup car toutes ses prises de rôles sont assez stimulantes!! )

Mauvaise conjonction astrale :
"Genève, le 7 avril 2015. Pour des raisons de santé, la soprano américaine Jennifer Larmore se voit obligée de renoncer aux représentations de Medea de Cherubini, à l'affiche du Grand Théâtre de Genève du 9 au 24 avril 2015. Elle est remplacée par Alexandra Deshorties, qui a accepté de reprendre au pied levé ce rôle extrêmement exigeant, figurant rarement au répertoire d'artistes lyriques."
Pour mémoire, l'oeuvre n'a plus été donnée à Genève depuis 1978 ; la distribution (Deutekom ), ici : http://archives.geneveopera.ch/resultat_1617_0100#distribution .

Pour mémoire, la Medea de Letonja/ex-Larmore est toujours visible sur Arte live web : http://concert.arte.tv/fr/medee-au-grand-theatre-de-geneve .
Belle proposition théâtrale de Loy (le travail sur les mains) et qui passe remarquablement l'épreuve de la scène c'est à dire de la vue depuis la salle, je veux dire ; Deshorties intense dans un rôle qui paie comptant (dès lors qu'il est "contant", cf. Callas évidemment et même tard, Jones, Plowright, Olivero, etc.) avec des mains d'une expressivité (sic !) bouleversante ; Carè assez idéal avec "profil à médaille" pour un Giasone très unidimensionnel ; Mingardo modelée (autant dire : modèle) en pleine pâte ; Letonja sachant mettre de la pulsation, de la verdeur, presque de la crudité toujours là où il faut ; belle architecture d'ensemble qui ne paralyse jamais le drame et le porte, au contraire.
S'il y avait eu Larmore (oui : je tourne en boucle mais j'ai du mal à dépasser ma déception initiale)...