[Jazz] Playlist

Cecil Taylor : Air Above Mountains (1976)

Je subodore ton impression : trop de notes, trop de rythme ? (c'est assez pulsé, comme on dit sur ta playlist d'origine)

bah, je ne sais pas.

mais ça m’intéresse, (notamment) parce que je retrouve certaines harmonies (horizontales) qui m’ont toujours un peu intrigué (et que Sorabji anticipe magistralement dans un petit et nauséabond prélude de 1920). enfin, le mot harmonie ne convient peut-être pas, il y a aussi des paramètres de timbre, de dynamique et de tempo.
peut-être qu’un jour j’arriverai à cerner cette chose.

(re)

Thelonious Monk with John Coltrane

Ruby, my dear
Trinkle, tinkle
Off minor
Nutty
Epistrophy
Functional

Thelonious Monk : piano
John Coltrane : saxophone ténor
Wilbur Ware : contrebasse
Shadow Wilson : batterie

Ray Copeland : trompette
Gigy Grice : saxophone alto
Coleman Hawkins : saxophone ténor
Art Blakey : batterie


(Riverside, avril-juillet 1957)

oua la pochette

chez Apple Records, ceci explique cela.

Ah bon, c'est pas "Magic Mushrooms Records"?

Inception

Inception
There is no greater love
Blues for Gwen
Sunset
Effendi
Speak low

McCoy Tyner : piano
Art Davis : contrebasse
Elvin Jones : batterie

(Impulse, janvier 1962)

Popocatepetl a écrit:

Ah bon, c'est pas "Magic Mushrooms Records"?

à peu près, si on se fie à Lucy in the Sky with Diamonds.

Décidément ....

Effectivement, si on compare les 3 dernières pochettes à celle avec les Swingle Singers, on mesure bien les basculements esthétiques de l'époque.

The World of Cecil Taylor (1960)

peut-on demander à ces messieurs l’accompagnant de se taire un peu ?

/watch?v=zWWxqgVFtQk

néthou a écrit:

Le jazz est souvent une musique collective, Lucien...

bien sûr, bien sûr.
mais ce genre de jeu / ce qu’ils jouent (les autres) m’insupporte un peu.

néthou a écrit:

Et comme ton extrait vidéo le montre, le pianiste ne met pas une queue de pie pour le concert...

mais ça cela m’indiffère complètement (que le pianiste mette une queue de pie ou autre).

C'est aussi que c'est un album des débuts du free-jazz (1960), où les accompagnateurs de Cecil Taylor sont bien moins extravertis que ceux de ses formations suivantes.

Ceci dit, je crois avoir compris que ce qui est fondamentalement rédhibitoire dans le jazz pour lucien, tous styles confondus, est la pulsation rythmique qui lui est inhérente, à peu d'exceptions près, comme à la même époque le trio Giuffre-Bley-Swallow de la tournée européenne de 1961 et de l'album Free Fall l'année suivante.

Pour la suite, je crois que c'est plutôt du côté du free-jazz européen qu'il faut chercher pour trouver des émancipés de la rythmique jazz traditionnelle ou modernisée version free (les anglais du label Incus par ex., Derek Bailey ou Evan Parker) ou alors d'Anthony Braxton dans une partie de sa production et de quelques autres qui ne me viennent pas spontanément à l'esprit (Joe McPhee peut-être ?) pour ce qui est du jazz américain.

un rip de LP approximativement enregistré, mais en solo, sans pénibles jazzeux faisant du bruit autour du piano, lulu.

```

Popocatepetl a écrit:

Ca manque de "liant".

C'est parce que la sauce free n'avait pas encore tout à fait pris à l'époque : l'album Free Jazz avec le double quartet d'Ornette Coleman improvisant collectivement date de quelques mois plus tard.

Pour Cecil Taylor, il faut attendre (de mémoire, je n'ai ni l'un ni l'autre sous la main) la session de l'album Into the Hot que lui avait confiée Gil Evans, l'année suivante, et Nefertiti, le live enregistré au Danemark en 1962 pour l'entendre avec des formations plus débridées, qui préfigurent celles des albums Unit Structures et Conquistador chez Blue Note ( cf. www.jazzdisco.org/cecil-taylor/catalog/album-index pour les références).

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/watch?v=43LMFchkXfI ?

Je ne connais pas, mais je vais le visionner à l'occasion (pas le tube chez moi).

www.discogs.com/Paul-Desmond-Modern-Jazz-Quartet-Paul-Desmond-The-Modern-Jazz-Quartet/release/4242529

Alifie a écrit:

 

www.discogs.com/Paul-Desmond-Modern-Jazz-Quartet-Paul-Desmond-The-Modern-Jazz-Quartet/release/4242529

très belle collaboration entre Desmond et le MJQ, avec  un merveilleux "Blue Dove" .

Dans les nombreux plaisirs de ce concert, où la sonorité aérienne de Desmond se marie à la perfection avec l'aussi sophistiqué que swinguant MJQ, John Lewis qui joue un long chorus à la manière de Teddy Wilson.



Ted Curson (trumpet -1) Roswell Rudd (trombone -1) Jimmy Lyons (alto saxophone) Archie Shepp (tenor saxophone) Cecil Taylor (piano) Henry Grimes (bass) Sunny Murray as Jimmy Murray (drums), Rudy Van Gelder Studio, Englewood Cliffs, NJ, October 10, 1961 : 1. Mixed - 2. Pots - 3. Bulbs

On other tracks : John Carisi (composer, arranger, trumpet), John Glasel, Joe Wilder, Clark Terry, Doc Severinsen or Ted Curson (trumpet) Urbie Green or Roswell Rudd (trombone) Bob Brookmeyer (valve trombone) Harvey Phillips (tuba) Jim Buffington (French horn) Gene Quill or Phil Woods (alto saxophone) Eddie Costa (piano, vibraphone) Barry Galbraith (guitar) Milt Hinton (bass) Art Davis (bass) Osie Johnson (drums) , recorded Rudy Van Gelder Studio, Englewood Cliffs, NJ, September 14. October 6, 10 and 31,1961

Au début des années 60, Gil Evans signa pour deux albums chez Impulse. Après le premier, Out of the Cool, il décida d'offir le second à deux musiciens dont il voulait faire connaître le travail, Cecil Taylor et John Carisi, qui était déjà de l'aventure de Birth of the Cool plus de 10 ans auparavant.

Impulse refusa de modifier la maquette de la pochette, qui sortit sous le nom de Gil Evans, dépité de ne pas avoir pu faire créditer Carisi et Taylor, alors que, comme il le répéta ensuite à l'envie, "son rôle s'était borné à porter les sandwiches aux gars".

Dans la séance de Cecil Taylor, le plus intéressant est Mixed, en septet, bien plus conséquent que l'un peu anecdotique Things ain't what they used to be enregistré avec une formation de même taille pendant les sessions Candid de l'année précédente. On n'en est pas encore à Unit Structures, mais il y a une vraie conception de l'écriture pour un ensemble plus large que les trios, 4tets et 5tets plus conventionnels des années précédentes.

Belle redécouverte avec les 3 titres du discret John Carisi : du Third Stream très swinguant, assez proche de la manière de Gil Evans, dont on a murmuré qu'il avait prêté la main à son acolyte Carisi pour les orchestrations.

Alifie a écrit:

Dans les nombreux plaisirs de ce concert, où la sonorité aérienne de Desmond se marie à la perfection avec l' aussi sophistiqué que swinguant MJQ, John Lewis qui joue un long chorus à la manière de Teddy Wilson.

ça c'est quelque chose que je n'aurai pas su remarquer, c'est sur quel titre ?

Alifie a écrit:

Belle redécouverte avec les 3 titres du discret John Carisi : du Third Stream très swinguant, assez proche de la manière de Gil Evans, dont on a murmuré qu'il avait prêté la main à son acolyte Carisi pour les orchestrations.

L'occasion de retrouver ces titres (Angkor Wat me semble le plus remarquable), ainsi que d'autres, dans ce superbe CD Freshsound que j'avais déjà mentionné:

Il n'y a pas si longtemps si je me souviens bien ? Je l'ai mis sur mes tablettes (et l'ai un peu oublié, à force de divaguer de rayon en rayon).

dm, un standard, plutôt un des deux après Jesus-Christ Superstar : un solo beaucoup plus disert que d'habitude de John Lewis, qui m'a effectivement fait penser à Teddy Wilson (néthou ou toi-même pourraient arbitrer, l'heure tardive de mon écoute y est peut-être pour quelque chose).

Un mot aussi sur l'album du MJQ avec un orchestre symphonique dirigé par Maurice Perres : j'avais quelques préventions, ne connaissant pas ce disque, mais vite levées : orchestrations assez aérées et convaincantes... enfin jusqu'à Aranjuez, où là (hormis Don Sebesky pour Desmond, encore lui, et Chet, qui d'ailleurs à réussi en faire quelque chose en jazz ?)

Tonalité générale plutôt easy listening (bossas et John Lewis au Fender Rhodes), mais largement plus sympathique que l'un peu inutile Plastic Deams, leur précédent album chez Atantic avant le détour par Apple.

Quelques années après Bossa Antigua, un autre album brésilien de Paul Desmond, avec des orchestrations de l'arrangeur-maison, le très inventif Don Sebesky (darkmagus, il y a des cordes, mais pas de grenadine).

néthou a écrit:

Alifie a écrit:

Belle redécouverte avec les 3 titres du discret John Carisi : du Third Stream très swinguant, assez proche de la manière de Gil Evans, dont on a murmuré qu'il avait prêté la main à son acolyte Carisi pour les orchestrations.

L'occasion de retrouver ces titres (Angkor Wat me semble le plus remarquable), ainsi que d'autres, dans ce superbe CD Freshsound que j'avais déjà mentionné:

Je plussoie après écoute : belle anthologie qui donne envie d'en entendre plus, si ce n'est que l'homme a assez peu enregistré sous nom. La séance de Into the hot est vraiment très belle (ça doit être à cause des sandwiches de GIl Evans).

On a comparé Cecil Taylor à Monk à ses débuts (le Bemsha swing qui ouvre son premier enregistrement a dû y contribuer), mais ça a peu de sens : ses harmonies ne sont pas celles de Monk. Il est peut-être plus proche du Sun Ra de l'époque à certains moments, mais son jeu percussif et tendu le distingue déjà complètement. Jazz Advance est loin d'être un brouillon, c'est au contraire un album très abouti, notamment du fait de la présence de Steve Lacy, qui jouait avec Cecil Taylor depuis 3 ans. L'album de Newport vaut lui plus que le détour (Lacy y prend un superbe solo), d'autant plus qu'il est partagé avec le quintet de Gigi Gryce avec Donald Byrd et Hank Jones, pas exactement des tièdes eux non plus.

Rien d'extraordinairement passionnant dans ces deux albums, les deux suivants de Cecil Taylor : avec un vibraphoniste associé à son trio habituel, le premier met surtout particulièrement en valeur le jeu (percutant) de piano de C.T. Quant au second, réédité ensuite sous le titre Coltrane Time, c'était bien à l'origine une séance confiée à Cecil Taylor (publiée sous les titres Stereo Drive ou, pour l'édition mono, Hard Driving Jazz, Coltrane y étant crédité sous pseudo pour des raisons contractuelles), mais le producteur refusa à Taylor le choix des sidemen, en imposant notamment Kenny Dorham, qui n'aimait pas du tout la musique de C.T. Le résultat relève donc essentiellement de la curiosité musicale, une séance hard-bop comme Coltrane en a enregistré plusieurs, à l'accompagnement forcément décalé de Cecil Taylor près.

Alifie a écrit:

Le résultat relève donc essentiellement de la curiosité musicale, une séance hard-bop comme Coltrane en a enregistré plusieurs, à l'accompagnement forcément décalé de Cecil Taylor près.

"Décalé" est même un mot faible.
Je l'ai écouté il y a peu, et dans ce contexte hard bop classique, Cecil Taylor fait clairement tâche; souvent à côté de la plaque, du temps, des harmonies, on se demande un peu ce qu'il fait au milieu des autres (ou les autres avec lui); le résultat étant tout sauf probant, et pourtant, Coltrane qui vient de passer 6 mois avec Monk l'année précédente sait ce qu'il en est de jouer à côté d'un pianiste "décalé" et qui aime un peu laisser quelques chausse-trappes sous les pieds des souffleurs.

néthou a écrit:

on se demande un peu ce qu'il fait au milieu des autres (ou les autres avec lui)

Vu l'état d'avancement de la musique de CT à l'époque (peu à voir, encore une fois, à mon avis, avec Monk), le pb est plutôt là

http://en.wikipedia.org/wiki/Stereo_Drive a écrit:

Taylor has described how the record company determined the choice of musicians on the session: "I said 'Coltrane okay, but I want to use all the musicians that I want.' I wanted to use Ted Curson, who's a much more contemporary trumpet player than the trumpet player I ended up with, Kenny Dorham." Relations between Taylor, who favoured a very avant-garde approach, and Dorham, who verbally disapproved of Taylor's "way-out" tendencies, were strained; and the result was an unpleasantly tension-filled session that was ultimately unsatisfactory to the pianist.

soit l'intégralité des séances d'octobre 1960 qui ont donné The World of Cecil Taylor / Air suivant les éditions et de celles de janvier 1961 pour les albums parus plus tard, New-York City R&B et Jumpin' Pumpkins si je n'en oublie pas.

Bien que Shepp ne semble pas toujours à l'aise avec la fureur à l'oeuvre chez Cecil Taylor, de plus en plus bouillonnant (c'est plus simple pour la rythmique, qui se contente encore, quasiment comme chez les tristaniens, de tenir le tempo), l'intérêt ne faiblit jamais à l'écoute de ces séances, prises alternatives enchaînées incluses, y compris pour ce qui est de la mini-séance en octet, une jam swing tout à fait réussie (mais si, mais si, néthou) avec Clark Terry, Roswell Rudd, Steve Lacy et Charles Davis en solistes en plus de Shepp.

Et les inédits (un duo Archie Shepp-Buell Neidlinger notamment) valent aussi largement l'écoute, donc en ce qui me concerne (je viens d'écouter le coffret quasiment d'une traite).

Pour faire bonne mesure, le 2ème album United Artists de C.Taylor, enregistré lui en avril 1959 :



Cette fois-ci, Cecil Taylor a pu obtenir Ted Curson plutôt que Kenny Dorham et sa rythmique habituelle, donc ça se passe de façon beaucoup plus cohérente que dans la séance foireuse de l'album précédent avec Coltrane (une belle occasion ratée, surtout quand on entend sur celui-ci Bill Barron, un ténor Coltrane-like un peu pâlichon... les producteurs de United Artists auraient mérité qu'on les pende par les pieds).

Bonjour ici

je craque, je ressors mes vinyles


Taylor + Jimmy Lions (Saxo alto) + Sam Rivers (saxo tenor , soprano) + Andrew Cyrille (batterie)