Robert Simpson, Symphonie n°9, Bournemouth SO, Vernon Handley.
J'ai commencé par me demander pourquoi j'écoutais ça, mais tout compte fait j'y trouve sans doute un plaisir plus consistant qu'aux délicieuses sucreries goûtées hier.
Ça ressemble à un Chosta très arrondi, presque débonnaire, avec de longues tenues dissonantes (presque organistiques) sur fond de mouvements perpétuels, le tout dans une ambiance harmonique à la modalité très élargie sans jamais atteindre à la franche atonalité ; on retrouve des enchaînements d'accords parfaits d'une couleur typiquement britannique, presque dignes d'un Vaughan Williams, au milieu d'un déchaînement tellurique très « continental » — puis une course-poursuite aux timbres sans cesse renouvelés et surprenants, rappelant (si l'on excepte les longues plages statiques et la dissonance omniprésente) les Scherzi des dernières symphonies de Rubbra.
La section lente (la symphonie est en un seul mouvement), majoritairement très minimaliste – quelques instrument solistes engagés dans un délicat contrepoint à l'atmosphère énigmatique – évoque encore à la fois la 8e de Chosta, la 6e de VW et la 7e de Rubbra, avec de brefs accents d'une mélancolie très prenante (même si l'ensemble est plutôt dans le registre lunaire).
Un second scherzo ramène un peu de chair et de sang, mais de façon très ambiguë — il semble que le sol se dérobe sans cesse, notamment lors d'un très étrange épisode où de longue tenues des vents se superposent à un mouvement perpétuel inextinguible des cordes (avant inversion des rôles)...
Suit un long épisode de plus en plus cuivré, soutenu et véhément (un peu fatigant à vrai dire), amenant de façon très attendue un climax très bref sans grand intérêt — suivi d'un long épilogue d'un minimalisme chostakov(itch)ien (mais peut-être surtout vaughanwilliamsien, voire baxien par moments : j'y décèle une parenté secrète avec la coda de la 6e, malgré un langage radicalement différent).
La symphonie se conclut (dans le calme) sur un accord inattendu de do mineur avec quarte ajoutée.
Une œuvre sur laquelle je me dis qu'il vaudrait la peine de revenir, sans (comme très souvent) être certain d'y revenir avant plusieurs années mois....