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 Concerts-déambulations au Musée d'Orsay

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DavidLeMarrec
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DavidLeMarrec


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MessageSujet: Concerts-déambulations au Musée d'Orsay   Concerts-déambulations au Musée d'Orsay EmptyVen 21 Déc 2018 - 1:02

Concert #66 : Duos chant-piano de la Fondation Royaumont (Musée d'Orsay)

Concerts-déambulations au Musée d'Orsay Oneto_orsay


Profitant d'une soirée sans concert, j'ai testé la déambulation musicale au Musée d'Orsay : quatre duos piano-chant, lauréats pour toute cette année de la Fondation Royaumont (avec des masterclasses prestigieuses et des concerts), choisissaient un programme autour du tableau de leur choix et jouaient trois fois leur concert de 20 minutes, entre 18h et 20h.

J'avoue que la motivation principale (alors que le programme n'était pas disponible en ligne…) était de réentendre Célia Oneto-Bensaid, une des accompagnatrices les plus finement musicales que j'aie entendues ces dernières années. Elle fera peut-être une belle carrière solo, alors je profite de l'entendre dans ce répertoire de lied où elle excelle – parfois plus expressive même que ses excellents partenaires chanteurs – tant qu'il en est encore temps !

Un mot peut-être sur les caractéristiques pratiques, du point de vue du public, de l'exercice : il est difficile de tout voir (je suis arrivé un peu après 18h, il faut vraiment être au premier récital à 18h et ne pas avoir de difficultés de mobilité si l'on veut entendre chaque récital en entier), on est debout (avec, donc, ses habits sur les épaules dans les espaces surchauffés), le public alentour se tait diversement (et bien sûr, la foire aux vidéos). Ce n'est donc pas une ambiance dans le confort du concert, mais il y a quelque chose de convivial dans cet instané, cet à la carte, où la musique vient à soi, sans estrade, où les artistes sont tout proches, à portée de question, de félicitations, sans décorum. Ils viennent faire de la musique, on les admire, il n'y a pas de codes particulier (on est suffisamment près pour ne pas être gêné par les bavardages, il y a suffisamment de lumière pour que les portables ne soient pas un problème). 
C'est un peu fatigant, donc, deux heures debout en passant aux étages 5 puis 0 puis 5 (erreur d'aiguillage) puis 2 puis 0… mais le concept est assez sympathique – bien sûr, on ne pourrait pas faire ça avec des vedettes, l'anonymat relatif de ces artistes néanmoins exceptionnels permet de ne pas causer d'émeute. 

Concert 1 : Marie-Laure Garnier (soprano), Célia Oneto-Bensaid
Schubert (Dem Unendlichen, Die junge Nonne), Wolf (Mühvoll komm ich und beladen).
Le réglage du piano n'était pas optimal, mais on retrouvait les qualités des deux artistes : l'instrument glorieux de M.-L. Garnier, aux aigus si amples et maîtrisés, la finesse de conduite, tension, caractérisation, justesse du détail de C. Oneto-Bensaid. (Elle vient de sortir un disque de ses propres arrangements de Gershwin et Bernstein : elle a en plus le goût de l'exploration.)

Concert 2 : Alex Rosen (basse), Michal Biel (piano)
Schubert (Gruppe aus dem Tartarus, Grenzen der Menschheit, Prometheus)
J'ai beaucoup aimé l'accompagnement très subtil de Michal Biel (belles préparations des harmonies, des évolutions de nuances). Plus partagé sur Alex Rosen : le matériau, ténébreux, est formidable, et dans le cantabile des Grenzen, c'est saisissant, mais je crains (comme la plupart des basses – l'est-il d'ailleurs, vu la minceur de la projection du bas de la tessiture, malgré le timbre profond ?) qu'il ne se repose un peu trop sur la beauté naturelle de cette voix : dans Prometheus, la voix restait en arrière dans les aigus, on sentait la recherche de la couleur plutôt que de l'émission efficace / saine. Au demeurant un artiste très généreux, mais s'il ne veut pas abîmer son remarquable instrument et en tirer le meilleur parti, il faudrait vraiment travailler à maintenir un son plus antérieur (à mon très humble avis de spectateur).

Concert 3 : Marielou Jacquart (mezzo-soprano), Kunal Lahiry
Schubert (Romanze), Wolf (Die Nacht), Crumb (The Night in Silence Under Many a Star, Dance of the Moon in Santiago)
Là aussi, j'ai été frappé par le fait que le pianiste était plus bruyant en parlant anglais (avec un accent américain, fort twang très sonore) que la chanteuse lorsqu'elle chantait : la voix reste très ronde, très à l'intérieur, ce qui est dommage pour une émission lyrique (où l'on sacrifie la diction et le naturel pour un certain impact physique). Mais programme passionnant, avec ce Wolf assez conservateur, lentement égrené (ambiance Mondnacht de Schumann), et ces Crumb réjouissants (râclements dans le piano qui sonnent comme un moteur de bateau, beaux arpèges d'harmonies polarisées, dialogue saisissant en entendant la mort qui frappe comme dans les ballades écossaises…).

Concert 4 : Jean-Christophe Lanièce (baryton), Romain Louveau.
Massenet (Poème du souvenir). 
Cycle presque joué en entier (un seul poème retiré), conçu sur le modèle schumannien (continuité narrative, avec postlude qui reprend la matière thématique de la première mélodique, comme dans Frauenliebe et Dichterliebe). Très bel ensemble, dans un genre qui pourrait évoquer La Bonne Chanson de Fauré, mais sur des poèmes d'Armand Silvestre qui ne sont pas ses meilleurs, et bien sûr avec des harmonies beaucoup moins élusives. 
Surtout, Jean-Christophe Lanièce (pour lequel je m'étais fait beaucoup de souci en entendant son récent Pelléas intégral) semble avoir recouvré l'entièreté de ses facultés, avec cette émission si franche, ce français si généreux (tout est tellement intelligible, naturel, incarné), et sur ce timbre mi-clair, mi-mordant… Il m'a violemment évoqué Jérôme Correas et Gérard Théruel, soit les deux meilleurs compliments qu'on puisse faire pour un chanteur de mélodie française. Il avait aussi participé aux Études latines de Hahn données par la Compagnie de L'Oiseleur et je ne vois pas qui, actuellement, chante mieux ce répertoire que lui : il figure déjà parmi la compagnie illustre des Panzéra, Kruysen, Herbillon, Théruel, Correas. Tout simplement.
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