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 Wolf - Lieder

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Drosselbart
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MessageSujet: Re: Wolf - Lieder   Wolf - Lieder - Page 2 EmptyMar 27 Oct 2020 - 16:30

Benedictus a écrit:

24 Mörike-Lieder
Olaf Bär (baryton), Geoffrey Parsons (piano)
Londres, IX.1986
EMI

Benedictus a écrit:

14 Mörike-Lieder. 11 Goethe-Lieder
Ruth Ziesak (soprano), Ulrich Eisenlohr (piano)
Hambourg-Harbourg, X.1992
Sony

Tes deux présentations m'ont bien donné envie de me remettre à l'essai avec Wolf. J'ai commandé les disques, et j'attends que se présente enfin la révélation !
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Benedictus
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Benedictus


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MessageSujet: Re: Wolf - Lieder   Wolf - Lieder - Page 2 EmptyMer 28 Oct 2020 - 2:47

Entre ce week-end et aujourd’hui, et deux fois chacun:

Wolf - Lieder - Page 2 Wolf_s10
Spanisches Liederbuch
Anne Sofie von Otter (mezzo-soprano), Olaf Bär (baryton), Geoffrey Parsons (piano)
Londres, VII.1992, III.1993 & VI.1994
EMI


Wolf - Lieder - Page 2 Wolf_i11
Italienisches Liederbuch
Dawn Upshaw (soprano), Olaf Bär (baryton), Helmut Deutsch (piano)
Bristol, VII.1995
EMI


Soit donc une découverte (Italienisches) et une énième réécoute (Spanisches.)


S’agissant du Spanisches, j’ai peu à ajouter à tout le bien que David et Rubato ont déjà dit de cette version.

La voix d’Olaf Bär s’est déjà un peu élargie et assombrie par rapport à ses inestimables Mörike-Lieder de la décennie précédente, même si elle reste encore ténorisante pour un baryton; mais surtout, c’est toujours la même émission franche et ductile, la même générosité de coloris, peut-être encore plus de velouté dans la mezza-voce, et  surtout la même éloquence poétique sobre et directe.

Anne Sofie von Otter est ici dans à la fois dans ses meilleures années (on a encore ce timbre léger mais charnu, finement coloré et lumineux) et dans son meilleur répertoire (celui où son exceptionnel sens du phrasé et du mot est soutenu par un engagement communicatif.) Autrement dit: non seulement les deux chanteurs sont ici idéals, mais leurs qualités sont idéalement appariées, tant en termes de vocalité que d’interprétation.

Parsons, on l’a déjà dit, n’est pas le plus électrisant des accompagnateurs, mais il est ici dans son meilleur répertoire, plus ferme et persuasif qu’à l’accoutumée. Le seul vrai défaut noir provient en fait de la captation, très étouffée.

Décidément, un des enregistrements les plus enivrants de lied postromantique, et dont la saveur ne s’émousse pas, même après d’innombrables réécoutes.

*

L’Italienisches Liederbuch ne m’a certes pas exalté au même degré (mais ça tient probablement aussi à l’œuvre - cf. infra), mais je remercie quand même Drosselbart de m’avoir fait découvrir cette version, qui dans l’ensemble m’a plutôt plu, tout en déjouant certaines de mes craintes comme de mes attentes.

Première surprise, l’amélioration sensible de la captation, en un an: même si ça ne devient pas extraordinaire, au casque, en passant directement du Spanisches Liederbuch à l’Italienisches, on dirait qu’on a retiré une couche de filtre isolant des écouteurs - très étonnant, car ce sont les mêmes équipes de production; et a priori, les différences d’acoustique - une église (St. George’s de Brandon Hill à Bristol) pour l’Italienisches, un studio (le Studio 1 d’Abbey Road) pour le Spanisches - auraient a priori plutôt dû avoir l’effet inverse.

Autre différence: Parsons, mort entre les prises et la publication du Spanisches Liederbuch, a été remplacé par Helmut Deutsch. Sur ce point, je crois que je comprends un peu la remarque de Drosselbart, «piano un peu massif, peut-être?»: je ne dirais pas forcément que je le trouve massif (le jeu est contrasté, fin et élancé, la sonorité variée colorée), mais je lui trouve quelque chose d’assez «démonstratif» ou «volontariste»: plus en avant que celui de Parsons, on sent qu’il participe très activement à l’interprétation de l’œuvre (ce qui n’est pas un défaut pour moi.)

Vocalement, le début d’évolution qu’on peut noter chez Bär dans le Spanisches Liederbuch s’accentue ici: voix plus sombre, plus large, plus franchement baryton - avec peut-être aussi quelque chose d’un peu plus opératique dans la projection, dans les passages à dynamiques élevées; l’éloquence est restée intacte, mais plus extravertie - là aussi, on sent un léger déplacement du curseur entre accentuation des contrastes expressif et élan naturel de la phrase, qui tend vers un équilibre un peu plus opératique.

Dawn Upshaw est beaucoup plus focalisée et nette que je ne le redoutais - et, très étrangement, c’est plutôt dans la mezza voce et le médium de la tessiture que son émission garde l’aspect un peu flou qu’évoquait David. Par ailleurs, on sent bien, certes, comme le dit Drosselbart, qu’elle n’est pas parfaitement à l’aise avec l’allemand - mais ça ne se sent que par une impression de flottement d’incertitude dans certaines apertures, certaines accentuations de phrase: l’articulation est dans l’ensemble vraiment bonne; et le timbre, la musicalité ont de belles qualités poétiques à faire valoir. Mais, conséquence sans doute de cette moindre aisance linguistique, on sent aussi comme une réserve en termes de caractérisation.

*

Tout cela posé, je dois dire que mes impressions sur les deux recueils n’ont pas beaucoup changé - mais qu’elles se sont peut-être précisées.

Le Spanisches Liederbuch me semble décidément être ce que Wolf a laissé de plus immédiatement enthousiasmant: si l’harmonie est retorse, elle semble moins tortueuse et moins grise, avec des élans et des couleurs qui tranchent avec la plus grande partie de sa production. Ici, la sophistication de l’écriture crée certes un effet de distanciation par rapport la naïveté ou l’archaïsme des poèmes, mais cette ironie ne semble cependant jamais sarcastique. Dans les Geistliche Lieder, loin de jouer avec le sentimentalisme et le pittoresque de cette imagerie mariale, Wolf semble au contraire soucieux d’évoquer, non sans nostalgie, la sincérité et l’élévation grave de la piété populaire d’antan. Dans les Weltliche Lieder, on sent comme une sorte de gourmandise amusée dans l’art avec lequel Wolf cisèle ces tableautins qui illustrent toutes les facettes du discours amoureux dans la culture populaire: des piquantes ritournelles de la séduction (l’irrésistible In dem Schatten meiner Locken!) à la lamentation pétrarquisante de l’amour dédaigné, Wolf s’attache à détailler chacune avec une sorte de maniérisme plein de verve.

En apparence assez proche dans son thème comme dans ses sources des Weltliche Lieder du Spanisches Liederbuch, l’Italienisches Liederbuch semble par contraste beaucoup plus élusif dans son propos comme dans son écriture musicale. Ici, les lieder sont beaucoup plus courts, et semblent tous bâtis sur le même schéma: un élan initial au climat très marqué (là aussi, tantôt joueur tantôt exalté, tantôt morose…) mais qui très vite semble se perdre dans les méandres de l’écriture pour se terminer, très vite aussi, de façon abrupte et/ou évasive. Comme si Wolf, qui dans le recueil espagnol prenait plaisir à surjouer les affects de ses textes, y renonçait ici, les traitant comme autant de lieux communs tous également factices et inconsistants - l’impression qui domine ici est celle d’une ironie généralisée non dépourvue d’une amertume un peu lasse.

Il faut d’ailleurs noter que, ainsi que Bär s’en explique dans les deux notices, les lieder ne sont pas donnés ici dans l’ordre des recueils imprimés (même si la distinction entre Geistliche et Weltliche Lieder est préservée dans le Spanisches Liederbuch), mais selon un ordre que lui-même avait établi pour les donner en concert: un ordre qui les arrange selon des échos et correspondances entre les textes, de manière à ce que leur enchaînement «raconte une histoire.» Or, si l’effet de ce choix produit des effets d’échos, de réponses et de contrastes piquants dans le Spanisches Liederbuch (où d’une voix à l’autre, on a plutôt l’impression de suivre les modulations parfois inattendues d’un même thème littéraire), cela crée dans l’Italienisches Liederbuch un effet plus sensiblement théâtral (peut-être du fait de la brièveté des lieder) - et l’impression qui s’en dégage est, au total, celui d’une espèce de constant jeu de dupes entre les deux «personnages», comme une espèce de petit théâtre de l’amour pas dépourvu d’un certain cynisme.


Donc, pour résumer: le Spanisches Liederbuch, un recueil enthousiasmant dans une interprétation peut-être insurpassable; l’Italienisches Liederbuch, un recueil qui m’inspire des sentiments plus mitigés, dans une interprétation excellente, mais qui n’est peut-être pas non plus aussi absolument ultime (je vais attendre d’avoir écouté Oelze / Blochwitz / Jansen et Ziesak / Schmidt / Eisenlohr & Jansen - et peut-être encore quelques autres - avant de me prononcer.)


Dernière édition par Benedictus le Mer 28 Oct 2020 - 3:32, édité 3 fois
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Benedictus
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MessageSujet: Re: Wolf - Lieder   Wolf - Lieder - Page 2 EmptyMer 28 Oct 2020 - 3:11

Drosselbart a écrit:
Benedictus a écrit:
24 Mörike-Lieder
Olaf Bär (baryton), Geoffrey Parsons (piano)
Londres, IX.1986
EMI

Benedictus a écrit:
14 Mörike-Lieder. 11 Goethe-Lieder
Ruth Ziesak (soprano), Ulrich Eisenlohr (piano)
Hambourg-Harbourg, X.1992
Sony

Tes deux présentations m'ont bien donné envie de me remettre à l'essai avec Wolf. J'ai commandé les disques, et j'attends que se présente enfin la révélation !
J'espère que ce sera concluant, même si Wolf, j'en suis bien conscient, est peut-être un des compositeurs les moins évidents qui soient. Cela dit, l'aborder par ces deux enregistrements-là (et le Spanisches Liederbuch dont je viens de parler), c'est quand même mettre toutes les chances de son côté.
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Francesco
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MessageSujet: Re: Wolf - Lieder   Wolf - Lieder - Page 2 EmptyMer 28 Oct 2020 - 12:15

Le Wolf "facile" on peut l'entendre aussi avec le récital de Hendricks. Comme toujours avec elle, le timbre, le legato, la lumière éclairent la partition. Ca peut être épuisant mais dans Wolf ça "dessine" très bien et on se repère dans les notes et les textes avec une aisance assez stupéfiante. Et le choix est très beau, très plastique aussi, c'est vrai, mais ça reste du Wolf.

J'ajoute que les lieder avec orchestre sont étonnamment sensuels et ont, eux aussi, une certaine évidence (j'ai vraiment été étonné par la séduction immédiate qu'ils peuvent exercer, en tout cas ceux que j'ai entendus par Meier dans son récital Erato).
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Benedictus
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MessageSujet: Re: Wolf - Lieder   Wolf - Lieder - Page 2 EmptyMer 28 Oct 2020 - 14:41

Francesco a écrit:
Le Wolf "facile" on peut l'entendre aussi avec le récital de Hendricks. Comme toujours avec elle, le timbre, le legato, la lumière éclairent la partition. Ca peut être épuisant mais dans Wolf ça "dessine" très bien et on se repère dans les notes et les textes avec une aisance assez stupéfiante. Et le choix est très beau, très plastique aussi, c'est vrai, mais ça reste du Wolf.
Je crains que l'allemand de Barbara Hendricks soit assez à rebours des attentes de Drosselbart.

EDIT: Je suis en train d'en écouter quelques pistes en streaming, et je confirme que c'est à déconseiller à Drosselbart (ça reste du Wolf, mais plus vraiment du Goethe ni du Mörike.)
En revanche, je me surprends à beaucoup aimer ce que j'entends, musicalement, tout au moins: vocalement, c'est assez différent du Hendricks standard: le timbre est moins uniment limpide-lumineux, il se fait même étonnamment capiteux par moments, et le legato se craquèle un peu (ça a dû être capté nettement plus tard que les Schubert avec Lupu, non?); et l'accompagnement de Pöntinen est d'une superbe finesse.

Francesco a écrit:
J'ajoute que les lieder avec orchestre sont étonnamment sensuels et ont, eux aussi, une certaine évidence (j'ai vraiment été étonné par la séduction immédiate qu'ils peuvent exercer, en tout cas ceux que j'ai entendus par Meier dans son récital Erato).
Oui, c'est même étonnant à quel point l'orchestre rend les lieder de Wolf immédiatement séduisants. Je ne connais pas la version Meier (sûrement très bien - mais seulement  trois lieder et avec Barenboim/OdP, mouais), mais j'ai écouté en boucle le disque DFD/Soltesz ces derniers jours (prodigieux, mais je pense que tu vas détester.)


Dernière édition par Benedictus le Mer 28 Oct 2020 - 16:57, édité 1 fois
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Drosselbart
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MessageSujet: Re: Wolf - Lieder   Wolf - Lieder - Page 2 EmptyMer 28 Oct 2020 - 16:19

Benedictus a écrit:
J'espère que ce sera concluant, même si Wolf, j'en suis bien conscient, est peut-être un des compositeurs les moins évidents qui soient. Cela dit, l'aborder par ces deux enregistrements-là (et le Spanisches Liederbuch dont je viens de parler), c'est quand même mettre toutes les chances de son côté.

J'avais acheté il y a longtemps un coffret EMI qui contenait aussi ce Spanisches Liederbuch. Donc j'ai vraiment toutes les cartes en main.

D'ailleurs, j'y pense, à cette époque là j'avais assez aimé le disque Wolf de Ian Bostridge avec Pappano (également dans ce coffret). Son chant un peu étrange m'avait fascinée dans ce répertoire chimérique. D'autant plus que lorsqu'il se tient en bride, son sens de la langue peut être prodigieux. Encore quelque chose que je dois réécouter.


Benedictus a écrit:
Je crains que l'allemand de Barbara Hendricks soit assez à rebours des attentes de Drosselbart.

Effectivement, Barbara Hendricks est un peu l'archétype de tout ce qui a tendance à m'exaspérer dans le Lied. J'ai le souvenir d'un enregistrement avec des Rückert-Lieder effrayants...


Dernière édition par Drosselbart le Mer 28 Oct 2020 - 17:27, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Wolf - Lieder   Wolf - Lieder - Page 2 EmptyMer 28 Oct 2020 - 16:56

Drosselbart a écrit:
D'ailleurs, j'y pense, à cette époque là j'avais assez aimé le disque Wolf de Ian Bostridge avec Pappano (également dans ce coffret). Son chant un peu étrange m'avait fascinée dans ce répertoire chimérique. D'autant plus que lorsqu'il se tient en bride, son sens de la langue peut être prodigieux. Encore quelque chose que je dois réécouter.
... Et qu'il faudra que j'écoute, je ne connais pas encore (mais ça fait assez envie.) (Sinon, tout à fait d'accord sur Bostridge.)
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MessageSujet: Re: Wolf - Lieder   Wolf - Lieder - Page 2 EmptyMer 28 Oct 2020 - 17:13

Les Mahler tardifs de Hendricks sont pour le moins particuliers. Moi j'aime beaucoup, à cause du rubato mouvant et de la fatigue crépusculaire qu'on perçoit dans la voix et qui s'apparie assez à la musique. Mais je ne dirais pas que c'est caractéristique non plus de sa manière dans la lied.
En revanche, pour l'allemand, oui, ce n'est pas idiomatique du tout, mais c'est raisonnablement articulé (comme toujours avec elle, malgré l'accent anglo-saxon qu'elle a partout). Cependant le disque Wolf est enregistré plus tôt, l'émission est plus stable, mieux contrôlé et vraiment il y a encore des moments de pure beauté vocale, étonnants dans du Wolf. Non que ce soit indispensable, sans doute, pour beaucoup, mais, assez curieusement, je trouve que le lied (et plus il est austère/tardif, plus c'est vrai pour moi) exige davantage de chatoiement vocal et de ferveur sonore que l'opéra, par exemple. Oui, je sais, c'est un peu comme quand David explique qu'il écoute surtout l'orchestre dans Donizetti Mr. Green

Le sommet du disque de Meier est le versant Wolf/Wagner (les Mahler ne fonctionnent pas très bien) mais évidemment je ne peux pas le conseiller pour découvrir Wolf !

Edit : absolument d'accord pour Pöntinen, c'est toujours très intéressant. Et, oui, c'est tardif aussi (ça doit être dans les derniers disques EMI qui a d'ailleurs fait la gueule quand elle a continué à enregistrer ce qui lui chantait - c'est le cas de la dire - alors que ça n'allait pas se vendre et que, de toute manière, les critiques allaient la rétamer).
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MessageSujet: Re: Wolf - Lieder   Wolf - Lieder - Page 2 EmptyMer 28 Oct 2020 - 18:18

J'écoute les Wolf de Seefried parus chez Orfeo. Ca commence par les Italiens, mais je me demande comment j'ai pu trouver ça terne pour le coup. On a tellement l'impression que tout fourmille d'histoires et d'intentions (et je ne parle pas du tout l'allemand, mais Seefried a toujours été une passeuse magique pour moi, sur ce plan) que le suspens est souvent insoutenable. Quelle pointe ou humeur nous attendent à la fin ? Et ce piano insaisissable et grave à la fois ? ...moi je trouve ça toujours poignant. Evidemment, la brièveté des pièces est un peu une gageure. C'est un peu comme lire 50 sonnets de Pétrarque à la suite. On est épuisé, agacé, on attend plus ou autre chose, mais la démarche trouve presque sa réalisation en elle-même.


Dernière édition par Francesco le Mer 28 Oct 2020 - 18:43, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Wolf - Lieder   Wolf - Lieder - Page 2 EmptyMer 28 Oct 2020 - 18:42

Tu parles du récital solo de 59 ou de l'Italienisches Liederbuch de 58 avec DFD? (Les deux sont en Orfeo «Festspieldokumente.»)
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MessageSujet: Re: Wolf - Lieder   Wolf - Lieder - Page 2 EmptyMer 28 Oct 2020 - 18:45

Non, le solo (là, d'ailleurs, j'en suis aux Morïke, qui sont ceux que je trouve les plus romantiques, ceux qui m'évoquent presque Schumann en fait.).
Les Italiens sont de 56, je crois (le compact regroupe deux récitals).

Le disque avec DFD m'a été vendu comme un accomplissement extraordinaire, mais je ne l'ai pas acheté encore.
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MessageSujet: Re: Wolf - Lieder   Wolf - Lieder - Page 2 EmptyMer 28 Oct 2020 - 18:47

Mais c'est vraiment une musique et une interprétation qui rendent triste.
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MessageSujet: Re: Wolf - Lieder   Wolf - Lieder - Page 2 EmptyMer 28 Oct 2020 - 19:05

Les Spanisches pour terminer. C'est parfois vraiment insoutenable de mélancolie, je trouve. Il faut dire que Seefried a une manière de de vous regarder en face qui vous empêche de détourner le regard. Le timbre est tellement pénétrant, l'allemand claque tellement, l'émission est si nette qu'ils ne vous laissent jamais en paix. Même les habituelles incertitudes d'intonation ajoutent à une atmosphère d'inquiétante étrangeté.
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MessageSujet: Re: Wolf - Lieder   Wolf - Lieder - Page 2 EmptyMer 28 Oct 2020 - 19:11

Francesco a écrit:
Les Spanisches pour terminer. C'est parfois vraiment insoutenable de mélancolie, je trouve.
Les Geistliche du début, oui, mais même In dem Schatten meiner Locken?

Francesco a écrit:
Il faut dire que Seefried a une manière de de vous regarder en face qui vous empêche de détourner le regard. Le timbre est tellement pénétrant, l'allemand claque tellement, l'émission est si nette qu'ils ne vous laissent jamais en paix. Même les habituelles incertitudes d'intonation ajoutent à une atmosphère d'inquiétante étrangeté.
Bon, allez, hop, c'est commandé.
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MessageSujet: Re: Wolf - Lieder   Wolf - Lieder - Page 2 EmptyMer 28 Oct 2020 - 19:21

Il y a des lieder presque légers, mais il y a quelque chose de toujours tourmenté chez Seefried ce soir-là, d'inquiet, en tout cas de très dense qui ne colore pas toujours la joie (peut-être qu'elle a peur de craquer ses aigus, comme d'habitude, je ne sais pas si c'est à cause de ça Mr. Green ). C'est rare, en général, elle sourit très bien aussi.
Je vais écouter le studio DG maintenant (surtout qu'il y a les Egt que j'adore en complément) et Wâchter qui intervient dans deux Spaniches. Tu aurais peut-être dû attendre avant de commander quand même, je ne peux pas être sûr que ça colle entre vous. Confused
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MessageSujet: Re: Wolf - Lieder   Wolf - Lieder - Page 2 EmptyMer 28 Oct 2020 - 19:43

Oh, si, Seefried, a priori...
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MessageSujet: Re: Wolf - Lieder   Wolf - Lieder - Page 2 EmptyMer 28 Oct 2020 - 19:54

Dans le studio (réédition éloquence volume 10), les Spanisches sont plus légers, "picorent" un peu plus et du coup, on retrouve le sourire dans la voix qui illumine la partie profane. Le contraste entre les deux sélections est d'autant plus frappant, parce qu'elle n'est pas loin de l'hystérie à certains moments des lieder religieux. La voix est un peu plus moelleuse (confort du studio, car ce sont exactement les mêmes années), moins tranchante, plus posée, le grave est plus chaleureux, mais il y a aussi quelque chose de peut-être plus lisse ou qui donne moins l'impression qu'elle chante comme si sa vie en dépendait. Ca reste très beau, mobile et vivant, cependant.
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MessageSujet: Re: Wolf - Lieder   Wolf - Lieder - Page 2 EmptyMer 28 Oct 2020 - 21:05

Je suis en train de regarder ça...

Apparemment, outre les Egk, on y trouve ces deux microsillons...
Wolf - Lieder - Page 2 Spanis10 Wolf - Lieder - Page 2 Nimmer10
... mais pas en entier: la plus grande partie des lieder chantés par Eberhard Wächter sur le premier et des poèmes de Mörike dits par Oskar Werner sur le second ne sont pas repris sur ce CD - mais on en trouve quand même deux ou trois à chaque fois. Pourquoi alors ne pas reprendre carrément l'intégralité des deux programmes (qui correspondaient en fait à des projets artistiques plus cohérents que l'Italienisches Liederbuch de studio «avec DFD», lui toujours réédité tel quel) - ou alors uniquement les plages avec Irmgard Seefried?

C'est incroyable, à chaque fois que les studios DG d'Irmgard Seefried font l'objet d'une réédition en CD, c'est
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Francesco
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MessageSujet: Re: Wolf - Lieder   Wolf - Lieder - Page 2 EmptyMer 28 Oct 2020 - 21:25

C'est ça pour le programme. Les Wolf avec Wächter sont en fait deux duos, il n'y a pas de plage avec lui seul.
Et pour Werner, je cherche encore mais je ne l'entends pas ... en fait, a priori, ils sont bien édité les lied où elle chante.

Note que c'est Eloquence et pas DG, qui fait effectivement souvent n'importe quoi (encore récemment avec Mathis)
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Benedictus
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MessageSujet: Re: Wolf - Lieder   Wolf - Lieder - Page 2 EmptyMer 28 Oct 2020 - 22:02

Oui, enfin, je me souviens qu'il y a 25 ou 30 ans, les premières rééditions CD de récitals de Seefried, chez DG donc (collection «Dokumente»), c'était aussi des coffrets de 2CD qui reprenaient plusieurs microsillons incomplets (en y ajoutant des bouts d'intégrales déjà rééditées dans les volume Arien - les Mozart de Fricsay, notamment.)

Spoiler:

Et, pour revenir à Wolf, la soi-disant intégrale studio de l'Italienisches Liederbuch par Seefried et DFD était en fait le montage de deux sessions distinctes des deux chanteurs avec des pianistes différents (Erik Werba et Jörg Demus.) (Sachant qu'en plus, les deux chanteurs avaient déjà enregistré d'autres sélections de lieder du recueil pour DG - aussi avec Werba pour Irmgard Seefried et avec Herta Klust pour DFD.) Enfin, même si je ne l'ai pas encore écoutée, j'imagine que la soirée salzbourgeoise de 1958 parue chez Orfeo, avec les deux chanteurs et le seul Werba doit assez efficacement régler la question.
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Francesco
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MessageSujet: Re: Wolf - Lieder   Wolf - Lieder - Page 2 EmptyMer 28 Oct 2020 - 22:50

Ah .... merveilleux souvenirs de ces coffrets DG qui m'ont fait découvrir Seefried ... j'hésite parfois à les racheter "pour l'objet" mais ça tourne au fétichisme.

Un ami critique a en fait été très impressionné par la réécoute du faux Italien (et effectivement il considérait que le live Orfeo était exceptionnel). Mais, je ne sais plus exactement ses mots, la réécoute (nouvelle édition Eloquence, d'ailleurs) du studio a été passionnante, même si il faut renoncer à comprendre comment un montage pareil pourrait bien fonctionner. J'ai les deux dans mon panier amazon, avec le nouveau confinement, je vais avoir du temps Neutral


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MessageSujet: Re: Wolf - Lieder   Wolf - Lieder - Page 2 EmptyJeu 29 Oct 2020 - 0:13

Benedictus a écrit:
Oui, c'est même étonnant à quel point l'orchestre rend les lieder de Wolf immédiatement séduisants. Je ne connais pas la version Meier (sûrement très bien - mais seulement  trois lieder et avec Barenboim/OdP, mouais), mais j'ai écouté en boucle le disque DFD/Soltesz ces derniers jours (prodigieux, mais je pense que tu vas détester.)

Si on veut du Wolf orchestral, aux antipodes du crépusculaire et apaisé DFD / Soltesz, il y a tout de même D. Henschel avec Herreweghe, d'une couleur et d'une fureur sans exemple. Moins mon Wolf dans les choix de pièces, mais album absolument splendide, très accessible lui- aussi.
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MessageSujet: Re: Wolf - Lieder   Wolf - Lieder - Page 2 EmptyJeu 29 Oct 2020 - 0:29

C'est sorti il n'y a pas longtemps, non?

(«D. Henschel avec Herreweghe, d'une couleur et d'une fureur sans exemple»: rassure-moi, c'est Herreweghe qui s'occupe de la couleur et Henschel de la fureur, non? Parce que si c'est l'inverse: Confused )


Et tu as écouté ses Mörike chez Fuga Libera? (Je n'aime pas trop Henschel en général, mais il semble avoir quelque chose à dire dans Wolf.)
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MessageSujet: Re: Wolf - Lieder   Wolf - Lieder - Page 2 EmptyJeu 29 Oct 2020 - 0:37

Henschel peut être un grand coloriste !  Ça dépend vraiment des jours.

Oui, je parlais du résultat du disque : fureur inscrite dans les pièces, et couleur due à l'orchestre royal de Flandre. Smile

Pas longtemps, si, quand même, vers 2013 il me semble.

Benedictus a écrit:
Et tu as écouté ses Mörike chez Fuga Libera? (Je n'aime pas trop Henschel en général, mais il semble avoir quelque chose à dire dans Wolf.)

Non, pas essayé. J'ai beaucoup usé le disque Bär des Mörike et les ai beaucoup joués et chantés moi-même, si bien que je n'ai pas tellement exploré la discographie. (Et puis, après Bär et moi-même, j'ai eu peu d'émerveillements supérieurs de ce côté-là.)
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MessageSujet: Re: Wolf - Lieder   Wolf - Lieder - Page 2 EmptyJeu 29 Oct 2020 - 0:51

DavidLeMarrec a écrit:
Henschel peut être un grand coloriste !  Ça dépend vraiment des jours.
Je n'ai pas dû avoir de chance, alors. (Toujours très engagé, en revanche!)

DavidLeMarrec a écrit:
Oui, je parlais du résultat du disque : fureur inscrite dans les pièces, et couleur due à l'orchestre royal de Flandre. Smile
Noté!

DavidLeMarrec a écrit:
Benedictus a écrit:
Et tu as écouté ses Mörike chez Fuga Libera? (Je n'aime pas trop Henschel en général, mais il semble avoir quelque chose à dire dans Wolf.)
Non, pas essayé. J'ai beaucoup usé le disque Bär des Mörike et les ai beaucoup joués et chantés moi-même, si bien que je n'ai pas tellement exploré la discographie. (Et puis, après Bär et moi-même, j'ai eu peu d'émerveillements supérieurs de ce côté-là.)
De toute manière, je dois d'abord écouter Frauke May et Stephan Genz, que j'ai sous la main.
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MessageSujet: Re: Wolf - Lieder   Wolf - Lieder - Page 2 EmptyJeu 29 Oct 2020 - 9:55

Benedictus a écrit:
DavidLeMarrec a écrit:
Henschel peut être un grand coloriste !  Ça dépend vraiment des jours.
Je n'ai pas dû avoir de chance, alors. (Toujours très engagé, en revanche!)

Ça s'entend notamment dans son Doctor Atomic (moins insolent que Finley, mais assez sophistiqué), ses Bach avec Herreweghe, son épatant Beckmesser avec Janowski, son Wunderhorn avec Herreweghe… moins la couleur à proprement parler le plus souvent que des variations de textures, assez travaillées.
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MessageSujet: Re: Wolf - Lieder   Wolf - Lieder - Page 2 EmptyJeu 29 Oct 2020 - 10:01

DavidLeMarrec a écrit:
moins la couleur à proprement parler le plus souvent que des variations de textures, assez travaillées.
Ah, ça, oui, d'accord. (Parce que Wunderhorn Herreweghe mis à part, je connais tous ceux que tu cites.)
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MessageSujet: Re: Wolf - Lieder   Wolf - Lieder - Page 2 EmptyJeu 29 Oct 2020 - 18:31

Je réécoute Hendricks (les Mörike en priorité, mais j'ai toujours adoré son Kennst du Das Land dans cette version). Je suis toujours convaincu par ce que j'entends. Ça date de 1998, c'est vraiment encore beau et soyeux et puis, parfois, il y a ces étonnants relents de Spirituals (!) avec des dérapages vers des graves un peu rauques. Le blues de Wolf, en quelque sorte ... Ce n'est pas idiomatique du tout, je dois le reconnaître, même moi je le sens, il y a trop de consonnes et elles se ressemblent un peu trop. Mais, allez savoir pourquoi, je trouve que ça marche quand même, peut-être parce que je m'imagine des choses (de la sincérité, de l'amour pour cette musique ? C'est très subjectif, tout ça). Et puis le programme est tellement beau ...
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MessageSujet: Re: Wolf - Lieder   Wolf - Lieder - Page 2 EmptySam 31 Oct 2020 - 2:32

Wolf - Lieder - Page 2 Wolf_l12
5 Eichendorff-Lieder. 17 Mörike-Lieder. 2 Goethe-Lieder
Ian Bostridge (ténor), Antonio Pappano (piano)
Londres, IV.2005
EMI


Je n’ai pour l’instant écouté que les cinq Eichendorff et les huit premiers Mörike, mais je trouve ça gé-nial!

Une approche très personnelle, peut-être un peu hétérodoxe mais à coup sûre très pensée (Bostridge a rédigé la notice du disque - assez percutante: «it almost seems like a chimerical cabaret turn, half Richard Wagner, half Noel Coward» ou «Wolf’s song are about modulating music with words and vice versa») et somptueusement réalisée: c’est la première fois que je trouve la voix de Bostridge aussi séduisante (Belmonte mis à part), et le piano de Pappano est somptueux (amples arabesques et virtuosité ludique, profondeur orchestrale du coloris…)

Une extraversion musicale et verbale folle, un allemand mordant et percutant, un style complètement unique, regardant en effet souvent du côté de la chanson mais sans renoncer à ses sophistications bizarroïdes (et parfois avec un humour ravageur: Seemanns Abschied!), mais qui semblent ici totalement en phase avec le texte. À l’opposé absolu des beautés poétiques de Bär, Bostridge propose un Wolf à la fois intellectuel, fantasque, ironique, érotique, jubilatoire - mais terriblement persuasif et même électrisant (en l’écoutant, on se dit sans cesse: «C’est tellement ça!»)

(En revanche captation totalement anti-naturelle, qu’il faut éviter d’écouter au casque: on dit parfois «le micro dans la bouche», mais là ce n’est pas une truthful hyperbol: on a vraiment l’impression que d’avoir la tête entourée par l’émission vocale - quand on a l’a entendu en salle, hum!)

Je tâcherai d’en redire un mot quand j’aurai fini d’écouter le disque et que je l’aurai réécouté (une telle idiosyncrasie pourrait mal supporter la réécoute) (et quand j’aurai le temps: la semaine qui vient risque d’être éprouvante.)
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MessageSujet: Re: Wolf - Lieder   Wolf - Lieder - Page 2 EmptySam 7 Nov 2020 - 12:22

En Playlist, Benedictus a écrit:
Wolf - Lieder - Page 2 Wolf_m10     Wolf - Lieder - Page 2 Wolf_m11
Mörike-Lieder
- Frauke May (mezzo-soprano), Bernhard Renzikowski (piano)
Cologne, III-IV & VI.2002, II-II & V-VII.2003
Arte Nova

- Dietrich Henschel (baryton), Fritz Schwinghammer (piano)
En public, Vienne, 2009
Fuga Libera


Une plus-qu’intégrale (Frauke May) et une presqu’intégrale (Henschel), très complémentaires et extrêmement réussies. Déclamation extravertie et tendue, avec un travail très fouillé sur le grain phonatoire, les textures et les postures vocales (en voilà un qui mérite le titre d’«héritier de Fischer-Dieskau»!) À l’inverse, Frauke May ne cherche pas du tout le geste interprétatif, mais déploie le texte avec une concentration humble (jusque dans l’émission vocale, comme ramassée), mais un sens très subtil des nuances prosodiques, et ce beau timbre un peu voilé.
Par ailleurs, le jeu de Schwinghammer (avec des sonorités presque pianofortisantes - la notice dit juste que le piano est un Blüthner, mais ça ne m'étonnerait pas que ce soit un instrument plus ou moins contemporain des œuvres) est vraiment à l'unisson de ce que fait Henschel: un élan vigoureux qui ne se relâche jamais et tout un travail très sophistiqué sur les textures sonores. Par contraste, le jeu de Renzikowski semble plus limité, quoique très engagé et d'une grande probité.
Vraiment deux très, très grandes intégrales, avec un vrai souci de cohérence et des approches très fouillées et décantées.
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MessageSujet: Re: Wolf - Lieder   Wolf - Lieder - Page 2 EmptyMer 11 Nov 2020 - 17:51

J'ai donc écouté pas mal de disques dont il a été question plus haut. J'aurais un peu de mal à en parler de façon détaillée. Il y aurait trop à dire, et ça irait plutôt dans la rubrique générale. Il y aura bien une occasion d'aborder l'un ou l'autre point de ces Lieder, et sur les problématiques propres à cette musique.

Je voudrais surtout insister sur les deux disques évoqués par Benedictus, les Mörike-Lieder chantés par Olaf Bär et les Mörike-Lieder/Goethe-Lieder Ruth Ziesak. Je confirme qu'il s'agit bien d'une manière idéale d'entrer en matière. Ce sont de véritables joyaux, aboutis à tous points de vue. Je ne connaissais pas du tout Ruth Ziesak, et la surprise en a été vraiment considérable. Et puis les Mörike comportent vraiment des sommets du genre. Du bist Orplid, mein land... Que c'est beau...

Le disque avec les Orchesterlieder chantés par Fischer-Dieskau est un peu plus complexe d'abord - en tout cas il l'a été pour moi. Et je crois que ça vient surtout des œuvres, qui m'ont moins intéressés, alors que DFD m'aurait plutôt convaincu dans son approche. Peut-être est-ce une question d'orchestration, peut-être aussi un peu plus de réticence pour les Goethe-Lieder placés en tête de proue sur ce disque. Il faudra sans doute que j'y revienne.

Et j'aimerais ajouter que le disque de l'Italienisches Liederbuch dans la version Oelze/Blochwitz/Jansen est vraiment très bien - à condition de ne pas trop craindre de vibrato de Blochwitz. Christiane Oelze côtoie les anges dans ce répertoire. J'ai rarement entendu une voix aussi pleine de jeunesse associée à un tel sens du mot. Et puis curieusement, j'ai été beaucoup plus enthousiasmé par ce corpus un peu plus frivole et naïf que je ne l'aurais pensé.

Merci encore pour vos diverses suggestions d'écoute. Je ne regrette pas d'être revenu à Hugo Wolf !
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MessageSujet: Re: Wolf - Lieder   Wolf - Lieder - Page 2 EmptySam 14 Nov 2020 - 12:32

Very Happy cheers Ça fait plaisir, tout ça!

Drosselbart a écrit:
Il y aurait trop à dire, et ça irait plutôt dans la rubrique générale. Il y aura bien une occasion d'aborder l'un ou l'autre point de ces Lieder, et sur les problématiques propres à cette musique.
Ce sera avec plaisir - cela dit, je crois que Wolf n'a pas de sujet dédié en rubrique générale (il me semble que David avait fait une présentation assez détaillée dans le fil «À la découverte du lied.»)

Drosselbart a écrit:
Je ne connaissais pas du tout Ruth Ziesak, et la surprise en a été vraiment considérable.
Extraordinaire, n'est-ce pas? Cette diction précise et expressive et ce timbre lumineux... Trop peu de disques en solo, mais tous excellents (et puis un répertoire vraiment original.)

Drosselbart a écrit:
Du bist Orplid, mein land... Que c'est beau...
Oui, cet incipit est saisissant! (D'ailleurs, si tu as des lumières sur le référent du poème de Mörike, je suis preneur: Weyla, Orplid, c'est la traduction allemande de noms grecs ou bien ça appartient à la mythologie germanique?)

Pour ma part, je compte justement retenter l'Italienisches Liederbuch dans la version, justement dans la version Oelze / Blochwitz / Jansen un de ces jours.
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MessageSujet: Re: Wolf - Lieder   Wolf - Lieder - Page 2 EmptySam 14 Nov 2020 - 15:02

Benedictus a écrit:
je crois que Wolf n'a pas de sujet dédié en rubrique générale (il me semble que David avait fait une présentation assez détaillée dans le fil «À la découverte du lied.»)

Il y a bien un sujet ici, mais qui est en sommeil depuis un bon nombre d'année. Je vais aller fureter un peu, lire la présentation de David et voir ce qui s'est dit depuis tout ce temps !

Benedictus a écrit:
D'ailleurs, si tu as des lumières sur le référent du poème de Mörike, je suis preneur: Weyla, Orplid, c'est la traduction allemande de noms grecs ou bien ça appartient à la mythologie germanique?

Orplid est un pays imaginaire que Eduard Mörike partageait avec ses amis poètes du séminaire de Tübingen (W. Waiblinger, L.A. Bauer...). Ce lieu devait former un refuge, objet d'espérance et de vœux hors du monde, où les douleurs causées par l'amour auraient disparu. Une sorte de point de cristallisation de toutes les nostalgies qu'on retrouve dans la poésie de Mörike. Il est fort probable qu'Orplid ait été une véritable "œuvre vécue" par ces jeunes romantiques, une forme de réalité parallèle, entre le jeu et la construction d'un idéal. Un lieu entièrement inventé, donc, qui n'est qu'en partie littéraire, et qu'on pourrait qualifier de "mythologie privée". Une sorte de Thulé, mais pour un cercle d'initiés.

Concrètement, d'après ce que je sais, il s'agit d'une île, avec une ville de même nom, restée hors du temps, qui se situerait quelque part au milieu de l'océan, entre l'Amérique du Sud et la Nouvelle Zélande. La déesse Weyla en est la protectrice. Il y a aussi d'autres personnages qui peuplent Orplid, et qui se cachent dans l'œuvre de Mörike (Peregrina, par exemple). La référence essentiel, outre le poème Gesang Weylas, se trouve dans le roman Maler Nolten, sous la forme d'une pièce de théâtre d'ombres Der letzte könig von Orplid (Le dernier roi d'Orplid). Je ne peux pas t'en dire beaucoup plus, car c'est un roman que je n'ai pas lu.
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MessageSujet: Re: Wolf - Lieder   Wolf - Lieder - Page 2 EmptyDim 22 Nov 2020 - 23:11

cheers Merci pour toutes ces précisions!  mains
Depuis le temps que je me posais la question…

Entre hier et aujourd’hui:

Wolf - Lieder - Page 2 Wolf_i13   Wolf - Lieder - Page 2 Wolf_i12
Italienisches Liederbuch
- Ruth Ziesak (soprano), Andreas Schmidt (baryton), Ulrich Eisenlohr, Rudolf Jansen (piano)
Berlin, IX.1990
RCA

- Christiane Oelze (soprano), Hans Peter Blochwitz (ténor), Rudolf Jansen (piano)
Berlin, VI & VIII.2002
Berlin Classics


Sans conteste les deux versions de ce recueil qui m’auront apporté le plus de satisfactions.

Alors que beaucoup de versions  (Bär / Upshaw / Deutsch, Damrau / Kaufmann / Deutsch ou Seefried / DFD live et en studio…) réorganisent l’ordre des lieder de manière à la fois à assurer une alternance voix masculine / voix féminine et à «raconter une histoire», ces deux versions suivent en fait l’ordre de publication du recueil. Au fond, je crois que c’est cette dernière option qui a ma préférence: on y perd le côté «théâtral» qui peut, certes, pour une première écoute, constituer une bonne accroche; mais d’un autre côté, c’est beaucoup plus satisfaisant pour l’approfondissement et la réécoute.

Ce choix permet en effet de sortir de sortir de l’approche théâtrale / narrative où le «dialogue amoureux» que le cycle mettrait en scène se réduit finalement à un jeu de dupes. Or, si ce regard cynique sur l’amour est essentiel dans les intentions de Wolf (après tout, même dans l’ordre originel, le recueil se termine par Ich hab’ in Penna einen Liebsten wohnen - un lied qui thématise la duplicité féminine si ce n’est la nymphomanie), l’approche théâtrale / narrative tend à en faire la vérité ultime de tout le recueil, ce qui a souvent pour conséquence de pousser les interprètes à une approche constamment ironique, à toujours traiter les élans lyriques avec distance, à souligner par un surcroît d’effets le sarcasme ou la coquetterie… Ce qui, à la longue (et a fortiori à la réécoute) finit par produire une impression de systématisme expressif assez fastidieux (d’autant plus que surimposé à une musique qui donne souvent l’impression de tourner court.)

Au contraire, le choix de donner le recueil dans l’ordre de publication confère aux lieder une autonomie qui permet aux interprètes d’adopter une approche plus variée, d’adopter des expressions et des postures plus nuancées et plus ambivalentes. Alors, certes, bien souvent dans ces lieder les hommes sont fats et les femmes frivoles; mais parfois aussi, point au détour d’une phrase une expression émue, une nostalgie rêveuse, une joie sans arrière-pensée, une douleur sincère… - bref, une naïveté assez inattendue. Par ailleurs, il m’a semblé que, souvent, ces petites sections de deux ou trois lieder chantés par une même voix, qui structurent la partition originale, ont aussi une sorte de logique interne, fonctionnant souvent comme des variations sur un même thème poétique ou comme un jeu d’antithèses (un peu comme dans les Goethe-Lieder, avec la série des Mignon ou le diptyque Spröde / Bekehrte) qui semblent justement appeler cette variété d’approches.

Cela tient bien sûr aussi - et même énormément - aux interprètes. Je ne peux que renchérir sur l’éloge de Drosselbart à propos de Ruth Ziesak et de Christiane Oelze: voix l’une et l’autre extraordinairement lumineuses et focalisées, toutes deux douées d’un sens ineffable du mot, et de cet art d’en exalter musicalement les subtilités, d’en déplier tous les sens. Quant à Blochwitz et Schmidt, je les ai trouvés excellents eux aussi. Si Blochwitz vibre pas mal et blanchit un peu, le timbre et l’allure restent quand même remarquables, et quelle valeureuse éloquence! Quant à Schmidt, il est ici dans ses meilleures années: timbre alors très ferme, diction soignée, de l’engagement, même si, expressivement, ce n’est pas toujours très fin. (Cela dit, je trouve que Schmidt comme Blochwitz utilisent fort à propos ce que je ressens comme des limites pour caractériser leurs parties.)

Rudolf Jansen n’est pas l’accompagnateur le plus imaginatif ni le plus coloré, mais (comme pour Parsons), ce n’est nullement rédhibitoire dans les partitions déjà très écrites de Wolf; tout au plus sent-on un peu plus d’élans et de foucades chez Ulrich Eisenlohr qui accompagne la seule Ruth Ziesak dans le disque RCA (enfin, je suppose¹.)

Au total, donc, les deux versions que je recommanderais prioritairement: sur la durée, pour approfondir ce cycle, je pense qu’on pourrait difficilement trouver mieux.



¹ La notice RCA est excessivement vague sur ce point:
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