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Ivanhoé - Richard Thorpe, sorti en 1952



Un très bon classique.

Curtis Harrington : Night tide        1963

 +
Ce film est le premier film de Curtis Harrington, ancien assistant de Kenneth Anger ; il a été remis au goût du jour grâce à Nicolas Winding Refn qui l'a fait restaurer il y a un peu plus de dix ans. Ce film m'a rappelé Carnival of souls car comme ce dernier, il sort au début des années soixante, de façon complètement marginale, tombe dans l'oubli puis est ensuite un peu porté aux nues. Je serais un peu moins élogieux, j'ai aimé le film, il comporte de très belles scènes visuellement et des scènes qui fonctionnent vraiment (la première vision de la vieille dame, ou le tirage de cartes) mais je trouve qu'il met beaucoup de temps à se mettre en marche. Par contre, une fois mis en marche, le récit est plutôt bien ficelé, la fin est plutôt étonnante - et laisse planer une sorte de doute. Le film raconte l'histoire d'amour entre un jeune homme de la marine et une femme qui joue la sirène dans une attraction de foire ; j'ai beaucoup aimé que le réalisateur utilise toute la mythologie de la sirène pour nous mener en bateau (sans mauvais jeu de mots...) - puisque l'une des premières "révélations" c'est que ses deux premiers amants sont morts -, d'autant plus que la manière dont on présente ces deux personnages met en exergue l'aspect factice ou récent de leur caractéristique principale ; c'est vraiment bien vu. Le film se termine sur une citation de Poe, je me demande si Harrington avait vu certains films de Jean Epstein car sa façon de filmer de manière très incarnée la mer m'a beaucoup rappelé Epstein.

Last action hero

Marie Kreutzer : Sans père        2011


Je ne connaissais pas du tout cette réalisatrice, il s'agit là de son premier long-métrage, récompensé à Berlin ; j'ai été très déçu : il s'agit presque d'une caricature de ce qu'est le nouveau cinéma allemand/autrichien dans l'imaginaire collectif, à savoir une certaine froideur presque systématique - qui a bien sûr des résultats différents, Petzold ne ressemble pas du tout à Schanelec, qui ne ressemble pas à Chiha ; bon, en vérité, ça ne repose sur pas grand-chose ce que je dis car je connais assez mal le cinéma allemand/autrichien. Ici, le récit m'a semble d'une très grande banalité : après la mort de leur père, une famille découvre l'existence d'une enfant de ce dernier dont ils n'avaient jamais entendu parler ; celle-ci se rend compte que son existence avait été tenue secrète par son père, elle va d'abord être agacée puis le film va procéder par flash-back pour se remémorer leur enfances respectives. Le film m'a d'autant plus agacé par sa manière de filmer, presque apathique, très statique ; c'est moins comme ça dans la suite du film, cela dit. Pour moi, c'est vraiment un film qui ne raconte pas grand-chose d'intéressant, ce sujet ayant été éternellement rebattu... Les acteurs/trices sont globalement plutôt pas mauvais(e)s, cela dit mais ç'a été assez difficile d'aller jusqu'au bout tant le film m'a ennuyé.

Okja

Renaud Gauthier : Discopathe        2013


Il s'agit du premier long-métrage de ce réalisateur, produit grâce à un financement participatif via internet, c'est un film assez inégal. D'un côté, le scénario est assez original : à cause d'un traumatisme d'enfance, un homme a des élans meurtriers dès lors qu'il entend de la musique disco ; l'ambiance 70's est assez crédible, le film s'inscrit esthétiquement plutôt bien à la fois dans le genre slasher un peu kitsch mais aussi dans un genre un peu plus tardif qui est celui du film d'horreur un peu parodique ; il s'y inscrit de manière partielle, notamment par l'aspect caricatural du prétexte du trauma d'enfance - pas en tant que tel, bien sûr mais en tant que justification d'à peu près n'importe quoi dans les films d'horreur. Malgré son originalité, le scénario est plutôt très classique dans son déroulement, assez déséquilibré notamment dans le temps qu'il passe à présenter ses personnages ; à quelques rares exceptions, le jeu des acteurs n'est pas très bon. Par contre, pour le côté kitsch, la bande originale m'a beaucoup fait rire notamment avec ce remix un peu early-disco du Vol du bourdon d'un mauvais goût le plus total. En résumé, ce n'est pas un film extraordinaire (aussi bien au niveau de la réalisation ou du scénario) mais il est assez amusant et se suit sans véritable peine.

Bertrand Mandico : Souvenirs d'un montreur de seins        2014


J'ai été assez décontenancé par ce court-métrage dont je n'ai pas tellement compris l'intérêt : il consiste en des plans divers et variés sur Elina Löwensohn accompagnés d'une courte séquence de texte répétée en boucle, où, sans surprise, Löwensohn parle de ses seins. En fait, on dirait qu'il y a presque une volonté de décorporéifier ses seins mais on ne saisit pas tellement ; c'est en tout cas ce que suggère la façon dont elle le répète, presque comme une formule magique ; en fait, Löwensohn a co-réalisé avec Mandico pour ce court-métrage ; à la fin, on nous signale que c'est un work in progress alors je ne sais pas trop quoi en penser.

Joli film d'animation, tendre, les dessins sont très beaux mais... Assez curieux quand même dans sa manière de traiter les évènements, les péripéties, etc. Tout est tellement "poétisé", quasi replié sur sa joliesse que... La moindre aspérité dramatique n'est finalement que chose lointaine et un peu abstraite, quasi sans conséquence...

Sophie Letourneur : Le marin masqué        2011

 +
Dans ce court-métrage d'une trentaine de minutes, deux amies se rendent à Quimper en voiture ; pendant le trajet, elles échangent sur leurs vies respectives et l'une d'elle va se remémorer des vacances en Bretagne durant lequel elle a rencontré un garçon dont elle est tombée amoureuse, elle l'appelle "le marin masqué". Le film est intéressant dans sa manière de raconter les choses car il met en place deux lignes temporelles parallèles - celle du flashback et celle de la narratrice - qui vont bien sûr interagir. En fait, la frontière est même parfois brouillée entre ces deux lignes puisque certaines scènes de flashback semblent être issues de la temporalité présente - ou alors, parfois, il y a une coïncidence de scènes qui fait que les deux temporalités font la même chose ; cela permet également de dynamiser le film, d'autant plus que le sujet n'est pas inintéressant mais il finit par lasser car il fait pas mal de sur-place. Le fait de placer le récit de vacances dans une voiture avec laquelle on se rend en vacances est intéressant car le mouvement des personnages va de pair avec le mouvement du souvenir, comme s'il ne s'agissait que d'un pur souvenir - certains diront que ce film est un devenir-souvenir. C'est un peu frustrant qu'il n'y ait pas plus de contenu dans le scénario.

Jonas Mekas : Travel songs        1981

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J'ai été un peu déçu par ce Mekas ; bien sûr, c'est un bon court-métrage mais le fait qu'il soit quasiment muet (était-ce un problème du fichier ?) lui enlève beaucoup de potentiel, le seul passage où il y a de la voix-off est beaucoup plus présent. Malgré cet aspect un peu perturbant, il y a quelque chose d'assez beau dans la manière de saisir un flot d'image et curieusement, c'est saisi (et monté) d'une manière complètement non-figurative, comme s'il s'agissait de donner à voir un complexe sensationnel ; ça se sent dans la manière de gérer la couleur, notamment avec les plans de fleurs un peu comme des aplats. J'ai trouvé le rythme par contre un peu trop uniforme dans sa globalité, tout le temps très accéléré, comme s'il s'agissait de retranscrire vraiment une dynamique du flot - ça m'a beaucoup surpris.

Agnès Varda : Salut les cubains        1963


Réalisé à partir de photographies prises par Agnès Varda à Cuba l'année précédant la réalisation, soit quelques années après la révolution cubaine ; ce film est donc bien sûr politique mais de manière assez particulière : il montre les conséquences de la révolution cubaine sur le pays et si l'on a des séquences avec les chefs de file de cette révolution, le film de Varda nous rappelle que la révolution est collective, il ne s'agit pas de montrer simplement Castro mais aussi les artistes, les gens dans la rue, s'appesantir sur des gestes. Le fait d'animer des photos donne un côté fabriqué très plaisant qui rejoint l'aspect extrêmement attachant et humain des films de Varda ; certaines séquences sont vraiment remarquables.

Babis Makridis : Pity        2018

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Le synopsis de ce film est plutôt original : une femme est dans le coma, son mari, avocat, décide de bien accentuer cet état de fait pour s'attirer la pitié et la compassion des gens qu'il rencontre : c'est là-dedans qu'il trouve son bonheur ; sauf qu'au milieu du film, sa femme sort du coma, il essaie de faire croire aux gens qu'elle est toujours dans le coma et que les médecins ne sont pas très optimistes mais ça ne prend pas, il devient donc de plus en plus triste et cherche une solution à ce qui est pour lui un problème. La façon de filmer très clinique, le caractère inerte des personnages semblent être tous droit sortis d'un film de Lánthimos (avec un goût peut-être moins frontal pour le bizarre en tant que bizarre). Le film procède par boucle, rendant les personnages (déjà peu nombreux) complètement automatisés : la scène du gâteau à l'orange, le passage chez le teinturier, le passage de l'avocat dans son bureau, le fils qui joue du piano ; cela sert un propos sur l'aspect aliénant de la routine (n'en déplaise aux expert(e)s en routinologie) et éventuellement sur l'égoïsme ; enfin bref, le propos social n'est donc pas très original mais le film est plutôt pas si mal, drôle par moments, avec quelques longueurs occasionnelles et une fin à mon avis trop grandiloquente qui vient un peu gâcher la retenue du reste du film.

Jeu, set et match - Ida Lupino - 1951

A bout de course - Sidney Lumet - 1988

Philippe Garrel : Les hautes solitudes        1974


J'ai été assez embêté pour noter ce film : il s'agit d'un film muet d'une heure vingt consacré à Jean Seberg, cinq ans avant qu'elle se donne la mort - il y a d'ailleurs une scène du film où elle ingère des médicaments pour se suicider. En fait, ce film n'a pas d'histoire, il y a simplement quelques personnages (Nico, Laurent Terzieff et Tina Aumont) qui gravitent autour de Jean Seberg et le film est presque fait à la manière d'un making-of ; comme à son habitude Garrel veut saisir une intimité mais le film est par conséquent profondément ennuyeux - mais avec des belles images ; l'ennui est en plus accentué par l'aspect totalement muet du film ; mais ce n'est pas la totalité du problème puisque Le révélateur est muet mais superbe, parce qu'il y a une intensité, une tension qui est ici totalement absente, quelques scènes exceptées mais qui ne s'inscrivent pas dans un continuum de tension.

Bertrand Mandico : Y a-t-il une vierge encore vivante ?        2015


J'ai bien aimé ce court-métrage de Mandico, j'y ai retrouvé l'opulence visuelle qui me plaît tant chez lui : de la couleur, de l'organique, des surimpressions. Ici, Mandico s'attaque au mythe de Jeanne d'Arc et comme on le devine, c'est à son surnom qu'il s'attaque : ici, c'est "Joan the slut" (bon, ok, c'est peut-être un peu caricatural et sans doute maladroit), le seul personnage du film qui a une puissance d'action totale (et cela va sans doute à rebours du surnom de "pucelle" qui est une sorte de moyen d'extraire Jeanne d'Arc de la chair pour l'enfermer dans un mythe total) ; ici, on a une Jeanne d'Arc complètement organique, réintégrée à la vie ; et puis, il y a également une grande inventivité visuelle, jusqu'à la dernière scène.

Eliza Capai : Your turn        2019

 + / 
Ce film est le quatrième long-métrage documentaire de la réalisatrice brésilienne Eliza Capai et la thématique s'inscrit à nouveau dans la perspective de donner de la visibilité à des gens engagés dans des luttes sociales : ici, le film prend comme point de départ la manifestation des étudiant(e)s et écolier(e)s en 2013 suite aux fermetures de classes et à la restriction budgétaire sur l'éducation ; il y a trois dates-clé dans le film : 2013 pour les manifestations, 2015 pour l'occupation généralisée des écoles et l'élection de Bolsonaro en 2018 - le film s'arrête juste avant sa cérémonie d'investiture. Le film s'articule comme une longue présentation où trois personnes prennent la parole à tour de rôles pour expliquer leurs luttes, les problèmes rencontrés (violences policières, principalement) et expliquent également les discriminations plus généralisées (et peut-être moins immédiatement visibles) comme le lissage des cheveux chez les personnes noires. Le film a donc une nette part informative : on voit les différents partis (le parti centriste qui se désolidarise dès que la lutte devient plus vigoureuse), on voit les actions faites pendant l'occupation des écoles (des choses qui ne sont jamais organisées dans les écoles comme des débats autour de questions comme le racisme, le féminisme, l'homophobie), on voit également des extraits d'émissions télévisées où les politiciens se désolidarisent de toutes les luttes. Ce qui est absolument remarquable dans ce film, c'est qu'il donne la parole à beaucoup de gens d'horizons différents, tous/tes concerné(e)s par ces luttes et qui n'ont d'ordinaire pas de visibilité ; et puis le montage et l'utilisation des voix-off rythment vraiment le film.

Anthony Chen : Ilo ilo        2013

 + / 
Ce film est le premier long-métrage du réalisateur singapourien Anthony Chen, il a été présenté à la quinzaine des réalisateurs en 2013 où il a obtenu le prix de la caméra d'or. J'ai trouvé que ce film se faisait pas mal descendre alors que je l'ai bien aimé ; la structure globale et l'histoire au prime abord sont peut-être relativement classiques : une gouvernante philippine arrive chez un couple singapourien, elle a d'abord du mal à s'occuper de l'enfant du couple, qui est assez turbulent et il ne lui rend pas la tâche facile mais petit à petit, un transfert s'opère car le garçon se rapproche de plus en plus de la gouvernante et s'éloigne de sa mère. J'ai trouvé que les personnages étaient extrêmement attachants (ou parfois agaçants comme la mère), c'est à mon avis une conséquence de la manière qu'a Chen de filmer les personnages d'assez près et surtout d'accompagner les gestes : il y a beaucoup de plans qui sont juste des plans-geste, sorte d'hybride entre le pillow shot que l'on peut trouver chez Ozu et le plan incarné. Le film se passe à la fin des années 90 à Singapour et son contexte social est donc celui de la crise qui frappe l'Asie du sud-est à ce moment-là : les entreprises licencient, partent, demandent toujours plus de qualifications ; on sent également à la fois une grande rigidité structurelle (le racisme ambiant des singapourien(ne)s envers les philippin(e)s, la dimension spectaculaire de la punition à l'école, l'imperméabilité des classes à laquelle la mère semble particulièrement attachée - même avant qu'elle soit mue par la jalousie) mais on sent un point de basculement (entreprises qui demandent que les employé(e)s parlent l'anglais, notamment) et on sent que les deux parents sont en fin de route (cf. la vieille Honda qui rend son dernier souffle, le père qui essaie de masquer sa situation de chômeur, sa femme qui fait des tas d'heures supplémentaires). J'ai également beaucoup aimé le fil rouge que constitue le cahier du petit garçon dans lequel il colle les résultats des courses hippiques et essaie de trouver une logique déterministe dans ces derniers, il y a vraiment une sorte d'obstination (accentuée par le fait qu'on en parle que très peu dans le film mais qu'on le singularise beaucoup dans la manière de le montrer). Il y a également quelque chose de plus classique mais également d'assez beau dans plusieurs séquences de transmission (les bonbons philippins ramenés par la gouvernante, le walkman, la mèche de cheveux et le rouge à lèvres avant le départ). Pour moi, c'est vraiment une belle découverte, sans doute un peu sous-estimée et rapidement relayé au grade de "drame social sans véritable  personnalité".

Dial M for Murder

Réparer les vivants.
****

Julia Artamonov : Moonchild        2018

 + / 
Je suis très partagé sur ce premier court-métrage de l'actrice Julia Artamonov (qui a joué chez Breillat ou chez Schoeller, notamment) ; je savais que ça allait être un peu tortueux car ç'a tout de même été produit par le GREC mais ici, ça me semble même vraiment confus sans que quelque chose de véritablement intéressant résulte de cette atmosphère où la confusion domine. Dans ce court-métrage, on suit un couple de lycéens qui doivent travailler pour présenter des exposés sur la catastrophe nucléaire de Fukushima et à partir de là, tout se mélange et on ne comprend plus grand-chose ni l'intérêt de toutes les choses mises en jeu - même si on sent des lignes directrices notamment une logique de pensée très axée sur le dualisme vie-mort... La fin me semble vraiment brouillon, sans véritable intérêt à part contraster avec la mort (revendiquée) du début - et éventuellement retourner l'ordre inhérent au récit cinématographique (le début du film se référerait à la vie et la fin à la mort du film). Je n'ai pas non plus beaucoup aimé les passages récités du film, auxquels je n'ai pas trouvé beaucoup d'intérêt. Cependant, j'ai trouvé ce film intéressant visuellement, il y a de belles choses, dans la manière de faire coexister les images - notamment en terme de surimpression - et ce style elliptique est assez beau lui aussi ; avec un scénario solide, ça pourrait donner quelque chose de très bon.

Bertrand Mandico : Depressive cop        2016

 + / 
J'ai beaucoup aimé ce court-métrage, le synopsis a immédiatement retenu mon attention et je le trouve presque assez drôle : "Un flic dépressif mène une enquête sur une fille disparue en Écosse. La mère accuse les habitants de l'île, alors qu'elle et sa fille sont en fait la même personne." Ce qui m'a séduit dans le film (comme toujours chez Mandico, on commence à le savoir, maintenant), c'est l'atmosphère très fragmentée et chargée ; ici, on a presque l'impression qu'on plonge dans les tréfonds d'un seul et même personnage (qui est "celui" interprété par Elina Löwensohn, figure absolument centrale du cinéma de Mandico) et que l'on voit sous plusieurs angles différents : celui de la mère, celui de la fille et celui du policier. Ce film peut être vu comme un film sur la différance : le personnage de la mère est là pour constater que sa fille a disparu et le policier joue une espèce de personnage officiel intermédiaire, celui qui va constater ; j'ai beaucoup aimé le traitement de ce personnage, avec son œil bandé et son aspect flegmatique ; la situation insulaire permet (comme à la fin des années soixante chez Bergman) de projeter l'intériorité des personnages sur le territoire ; ici, l'île grouille de menaces, c'est totalement en raccord avec cette ambition d'explorer l'intérieur. À mon sens, un des courts-métrages les plus intéressants de Mandico.

Martín Rejtman : Silvia Prieto        1999

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J'ai bien aimé ce film, je l'ai trouvé léger et agréable. Il raconte l'histoire d'une femme de vingt-sept ans dont le nom est Silvia Prieto qui décide de remettre de l'ordre dans sa vie mais tout vacille pour elle dès lors qu'elle apprend qu'il existe une autre Silvia Prieto dans sa ville. Le film va constamment jouer à ce jeu de chassé-croisé entre les protagonistes qui sont à la fin tous liés les uns aux autres en termes de relation (untel connaît un autre) mais le film met également l'accent sur les objets (presque autant que sur les personnages) et ces derniers constituent également des liens entre tous les personnages (cf. la veste Armani qui passe entre toutes les mains et que tous les personnages masculins du film ont portée) ; par sa mise en scène minimaliste et fonctionnant sur peu d'éléments traités de manière cyclique, Rejtman parvient à rapidement installer une ambiance assez drôle notamment avec cette scène où la première Silvia Prieto appelle l'autre Silivia Prieto ; il utilise pas mal le gimmick aussi - notamment la précision absurde du personnage principal qui se rappelle à l'unité près combien de cafés noirs, de crèmes et de cafés au lait elle a servis dans la journée ou qui se souvient qu'elle a coupé le poulet en douze morceaux. L'aspect cyclique permet d'insuffler une certaine dynamique au film et l'usage de la voix-off à la première personne installe d'emblée une proximité avec le spectateur qui le rendent qui le rend plaisant à regarder même si au fond, c'est un film qui raconte des choses plutôt communes sur la difficulté de se trouver soi-même.

Un petit bonheur du jour qui a plus sa place ici : J'ai enfin mis la main sur un des dvd que je recherchais le plus, à savoir Jardins de pierres de Francis Coppola que je voulais revoir et avoir. Une rareté, 2002 pour ce dvd et non réédité depuis.

Roger Gnoan M'Bala : Au nom du Christ        1993

 +
Je ne connaissais pas du tout ce réalisateur et j'ai été vraiment agréablement surpris que ce film ait été si bien restauré. Dans ce film, un porcher d'un village d'Afrique de l'ouest réalise au cours d'une vision qu'il est en fait le cousin du Christ et qu'il a été choisi pour sauver son peuple ; il va alors prendre le nom de Magloire Premier et monter progressivement une secte, hostile aux autres religions présentes sur le territoire, demandant à ses adeptes d'effacer toute leur culture, de tout céder à la secte. Dans le village, il y a les conquis(es) et ceux/celles qui sont contre ; il y a notamment ces deux frères qui sont séparés à cause de cela, qui essaient malgré tout de ne pas perdre le contact. Le film a cependant parfois un aspect ouvertement comique, notamment dans les dialogues qui est assez agréable ; d'autant plus que certains plans sont très beaux - certaines scènes de nuit, ou certains travellings derrières les plantes. C'est une belle découverte.

Shūji Terayama : Les fruits de la passion        1981

 
Je ne connaissais rien de Terayama et je dois dire que ce film est une assez mauvaise entrée en matière ; en fait, ça ressemble pas mal à du Duras couplé avec un fond de Robbe-Grillet ; l'histoire se résume très rapidement : à la fin des années vingt, un homme (interprété par un Klaus Kinski pas vraiment bon) manipule une jeune femme (interprétée par Isabelle Illiers dont c'est la deuxième apparition au cinéma) qu'il envoie dans une maison close pour qu'elle lui "prouve son amour", mais lui, bien sûr, il se tape une autre femme - notamment Arielle Dombasle. Il n'y a à mon avis pas grand-chose à sauver de ce film car il semble se ficher complètement de l'histoire et visuellement, il y a quelques plans intéressants (notamment des plans non fonctionnels qui font boiter un peu le rythme du film) mais ça ne va pas au-delà ; les dialogues sont en plus assez répétitifs, je ne parle même pas de la voix-off qui semble être une copie nullissime de celle d'un film de Marker.

Le Jouet



Shaun of the dead

Séances de rattrapage avec:



La dernière Corvée (Hal Ashby - 1973)
Traversée des U.S. des années 70, sorte de voyage initiatique pour un des protagonistes...
Plutôt sympa.

Puis:

Raging Bull (Martin Scorsese - 1980)
De sacrés plans dans ce film...

Jean-Daniel Pollet : L'amour c'est gai, l'amour c'est triste        1968


J'avais été un peu déçu par Une balle au coeur qui m'avait fait découvrir le cinéma de Pollet, j'ai été un peu plus convaincu par celui-ci qui me semble plus singulier et intéressant. Tout d'abord, le casting est séduisant : un Marielle truculent à souhait (même si son personnage est parfois assez nauséabond), un Melki très touchant, une Lafont versatile qui ne se laisse pas faire. Dans ce film, on suit un petit tailleur (interprété par Claude Melki) dont la sœur est voyante (c'est en tout cas ce qu'il pense) ; il tombe amoureux de l'une de ses amies et se rend compte que sa sœur fait des passes et que le personnage de Marielle la prostitue. La logique globale du film - que l'on trouve déjà dans le titre - est celle de l'opposition et le mouvement est celui de l'aller-retour, comme un long dialogue ; c'est particulièrement manifeste dans la manière de filmer par travellings incessants (c'est assez étrange, d'ailleurs) comme si la caméra voulait annihiler le mouvement propre des personnages - cela renforce également l'aspect huis-clos du film qui ne se passe quasiment que dans l'appartement du tailleur et de la sœur, qui est le même appartement. Le quatuor permet cette scission particulière en deux groupes de deux personnages, ceux de Marielle et de Melki étant opposé : le premier est beau parleur, grand, agaçant alors que le second est discret, petit, très touchant ; ce sont deux amours différents, aux trajectoires divergentes comme l'atteste la belle fin où Melki disparaît dans l'horizon. Le personnage de Melki, c'est aussi un mélange de Chaplin et Keaton : il a l'aspect touchant de l'un et le geste de l'autre mais c'est un Keaton qui ne peut plus exister car le dynamisme si caractéristique de Keaton est ici dissout par les mouvements de caméra et la phrase qu'il répond à la question de Marielle sur ce qu'il essaie de faire (il répond qu'il essaie de vivre) me semble parlante de ce point de vue. Un scénario un peu plus ramifié n'aurait pas été de refus, par contre.

My sweet pepper land (Hiner Saleem - 2013)

Peut-être pourra-t-on lui reprocher quelques "facilités" scénaristiques - et autres maladresses -, ainsi que sa brièveté (1h30 de film), mais j'ai trouvé le film vraiment très chouette malgré tout, attachant...

Saïs a écrit:

My sweet pepper land (Hiner Saleem - 2013)

Peut-être pourra-t-on lui reprocher quelques "facilités" scénaristiques - et autres maladresses -, ainsi que sa brièveté (1h30 de film), mais j'ai trouvé le film vraiment très chouette malgré tout, attachant...

J'ai envie de le voir, celui-ci ! 

L'impossible Monsieur Bébé

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Tatie Danielle



The Marriage circle

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Agnès Varda : Black panthers        1968

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Dans ce court-métrage, Varda filme des manifestations des Black Panthers, notamment une manifestation pour la libération de leur compagnon de lutte Huey P. Newton, l'un des fondateurs du Black Panther Party for self defense. Ce court-métrage est un peu à la fois un peu à part dans la filmographie de Varda puisqu'elle n'intervient pas autant (de manière personnelle) qu'elle a l'habitude de le faire (sa voix étant juste là pour traduire les paroles des femmes qui parlent dans le film) mais ce court-métrage est également le témoignage d'un engagement vif (aussi bien en terme d'intensité que d'acuité) pour les combats contre l'oppression des minorités. En parallèle à la manifestation pour la libération de Huey P. Newton, Varda est allée interviewer ce dernier qui nous parle (entre autres) du fait que les blancs renvoient les noirs à l'état de corps agissant (c'est quelque chose qui est encore pourtant palpable soit dans les clichés sur la prétendue sauvagerie des personnes noires ou même dans les clichés sur la taille du sexe des hommes noirs ; ce qui remis dans la perspective d'une dichotomie entre l'esprit et le corps où le corps est comme un boulet et dans laquelle le sexe serait une sorte de réalisation archétypale du corps) ; il parle également de la nécessité de se ré-approprier leur histoire et leur pensée ; une militante parle également des coupes de cheveux des femmes noires notamment sur la question du lissage.  

Frank Henenlotter : Basket case        1982


Ce film est le premier long-métrage de Henenlotter, cinéaste ayant commencé dans le milieu de l'horreur, sans doute amateur de cinéma bis, puis a glissé vers le documentaire depuis une dizaine d'années. Basket case connaîtra deux développements successives eux aussi réalisés par Henenlotter. J'ai été un peu déçu par ce film : il me semble assez novateur car je crois que les films d'horreur parodiques n'ont vraiment fleuri qu'à la fin des années 90 ; cependant, le récit n'est pas complètement passionnant : un homme se balade avec son frère siamois dans un panier en osier, c'est une sorte de petite créature ; ils décident de se venger de ceux qui sont à l'origine du raté de la séparation : le père et le chirurgien. Parallèlement, le protagoniste rencontre une femme, passe du temps avec mais rien de plus ; quelques aventures en passant avec la créature. Le film porte à un nouveau niveau la figure du freak qui n'est pas ici prise isolément comme chez Browning mais est consubstantielle au personnage, une sorte de petit double. La manière (totalement fauchée) dont est faite la créature est assez amusante : les gens aux bruitages ont dû se faire plaisir à hurler et à faire des bruits en tout genre ; le fait que la créature soit animée en stop-motion donne aussi un ton un peu décalé au film. Par contre, il est à peu près clair que les dialogues sont assez mauvais, le scénario plutôt moyen mais pas complètement inintéressant.

Gentlemen prefer blondes

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Captive State - Rupert Wyatt, sorti en 2019



Un thriller sur fond d'invasion E.T plutôt captivant.

Ariane Labed : Olla        2019

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Il s'agit de la première réalisation de l'actrice Ariane Labed qui a notamment joué chez son mari Lánthimos, Grandrieux ou Maddin. Dans ce court-métrage d'une trentaine de minutes, Olla, une femme venant probablement de l'Europe de l'est a rencontré Pierre sur ce qu'on devine être un site de rencontre - rien n'est dit - ; le film m'a rappelé Seule à mon mariage de la cinéaste belge Marta Bergman notamment par son accent entre l'incompréhension entre les deux membres du couple. Le court-métrage de Labed est en revanche plus frontal (sans doute aussi parce que c'est un court-métrage) et plus militant : dès sa premières arrivée dans l'appartement de Pierre, ce dernier demande à Olla de changer de nom pour que personne ne lui pose de questions sur son origine ; Pierre est d'ailleurs particulièrement violent - et c'est aussi un homme lambda, sans aucun signe distinctif particulier dans le court-métrage - : il la frappe lorsqu'elle prend l'initiative de redonner de la couleur aux cheveux de sa mère et il viole Olla aussi ; le court-métrage montre bien que ce sont des sortes de réflexes assimilés. Ce qui frappe dans ce court-métrage, c'est le quasi-mutisme d'Olla qui ne dit que quelques mots  mais cela ne lui empêche pas de reprendre le pouvoir notamment à partir de ce pivot que constitue la scène-exutoire de la danse chez la mère, scène absolument remarquable (Romana Lobach impressionnante) où elle va reprendre le contrôle sur tout ce qu'il se passe ; le film semble fonctionner sur cette symétrie : l'arrivée puis le départ ; le viol puis l'acte sexuel qu'elle contrôle totalement. L'importance significative de l'utilisation de la chanson What is love ? qui est utilisée discrètement m'a bien plu. Un début prometteur pour Labed.

Corneliu Porumboiu : Policier, adjectif        2009


J'avais découvert ce réalisateur l'année dernière par son dernier film en date, Les siffleurs ; je me dis que Porumboiu a bien évolué depuis Policier, adjectif car Les siffleurs est assez subtil, sans lourdeur ; bien plaisant, finalement. J'ai été un peu déçu par Policier, adjectif : je l'ai trouvé beaucoup trop lourd, explicite (en fait, je l'ai même trouvé très laborieux) et puis il y a cette lenteur extrême que l'on retrouve dans plusieurs films de la nouvelle vague roumaine et du coup, je me suis pas mal ennuyé. Dans ce film, un agent de police mène des filatures sur un jeune homme qui fume et possède du cannabis - ces actions sont passibles de plusieurs années de prison en Roumanie, je ne sais pas si c'est toujours le cas - ; il décide alors de faire son travail mais s'oppose à son supérieur et refuse d'arrêter le jeune homme car il n'a pas envie de briser sa vie. Ainsi, la question des différentes lois (la loi du pays, l'éthique mais aussi la linguistique) puisque le supérieur ne veut pas que les sentiments du policier interfère avec le règlement ; alors bien sûr, l'intérêt du film n'est pas tellement dans ce qui se passe à l'écran - des filatures où il ne se passe rien de véritablement intéressant, la plupart du temps - mais plutôt dans ce qui est dit mais même de ce point de vue, le film est peu adroit. Les idées sur les liens respectifs entre les différents types de lois sont pourtant intéressantes, mais c'est un terrain glissant ; par exemple, dans la scène de fin, les personnages vont jusqu'à discuter les définitions des mots, dictionnaire en main ; il y a également une scène où on dissèque un couplet d'une chanson roumaine ; enfin, bref, voilà le genre.

Bus stop

Bertrand Mandico : Ultra pulpe        2018


Dans ce long court-métrage, on retrouve plusieurs actrices (Elina Löwensohn, Vimala Pons, Pauline Lorillard) qui jouaient dans le précédent long-métrage de Mandico (Les garçons sauvages) ; elles y jouaient des rôles d'homme alors qu'ici, au contraire, elles sont censées représenter des personnages très féminins. Ce film peut être rapproché de Notre dame des hormones : il met en scène un tandem de femmes et surtout, il mobilise tout un univers extrêmement fabriqué, c'est vraiment ce que j'ai énormément aimé sur ce film. Dans ce film, Elina Löwensohn joue une réalisatrice qui tourne un film de science-fiction à tendance apocalyptique ; elle s'appelle Joy d'Amato (référence au cinéaste sulfureux Joe d'Amato) et son actrice s'appelle Apolcalypse. Ce qui est particulièrement étonnant avec ce film, c'est qu'il est en fait tourné principalement en décors naturels malgré son aspect extrêmement fabriqué, cela lui permet aussi de renforcer l'illusion d'un monde singulier, d'estomper la frontière entre les studios et les décors naturels. Mandico aborde également quelques autres thématiques notamment le contact beaucoup trop précoce des enfants et de la pornographie mais également cette espèce de sexualisation complètement malsaine. C'est sans doute la réalisation la plus esthétiquement chargée et envoûtante de Mandico que j'ai vu jusqu'alors, j'aime beaucoup.

Picnic

Blackmail

Rachel Lang : Les navets blancs empêchent de dormir        2011

 +
Ce court-métrage a retenu mon attention en raison de son titre assez étrange, il ne m'a pas laissé une impression mémorable : il montre la vie d'une jeune femme dans une période de transition en proie au délitement de son couple mais fait également quelques rencontres. Il y a quelques belles scènes (la scène du voyage en train où elle rabroue des militaires qui embêtent une jeune femme) et j'ai beaucoup aimé l'importance croissante du silence dans le court-métrage mais j'avoue que j'ai été un peu déçu car le scénario est vraiment court et même si le film se suit sans déplaisir, je n'en retire finalement pas tellement de choses mais cette réalisatrice semble intéressante !

Apichatpong Weerasethakul : Tropical malady        2004


Ce film est vraiment à cheval entre Blissfully yours (duquel il hérite sa structure bipartite très nette construite sur une opposition - la plupart du temps entre la ville et la forêt (ou la campagne)) et Oncle Boonmee (avec l'importance des vies intérieures). Dans la première partie de ce film, on suit un couple de deux hommes Keng et Tong qui passent beaucoup de moments ensemble, se faisant des cadeaux, profitant de la vie en ville ; cette partie est beaucoup plus classique que la seconde : j'ai un peu pensé à Wong Kar-wai notamment en raison de l'importance de la chanson mais aussi à travers la séquence où l'un donne à l'autre une cassette des Clash. La seconde partie m'a beaucoup fasciné, Tong disparaît (concomitamment à plusieurs bêtes autour de la forêt) et Keng part dans la forêt pour une sorte de traque, de recherche - mais ce n'est pas une traque très physique comme dans O fantasma de Rodrigues, c'est une traque très lente, incertaine. Cette partie est ponctuée par des sortes d'intertitres avec des images d'animaux ; peut-être que ça ajoute un peu de distance (par exemple dans Oncle Boonmee, c'est plus intégré dans le récit) mais à la fois, cette façon de présenter les choses m'a émerveillé : comme s'il racontait une histoire au sens où l'on ouvre un livre et on raconte - je ne crois pourtant pas en les choses qui sont mises en jeu, mais Weerasethakul a cette manière très simple de raconter les choses qui les rend très belles. Ce qui est également très envoûtant dans cette partie, c'est le fait que la forêt devient un personnage universel - il prend tour à tour l'apparence de plusieurs animaux ou personnages ; à la fois hostile (le tigre) mais en même temps bénéfiques (le chaman) - qui encercle le personnage de Keng et c'est un personnage qui va l'aider à se découvrir ; finalement, il s'agit un peu de deux procédés différentes de se découvrir. On pourrait également voir cette forêt comme la territorialisation d'une certaine bestialité de l'amour (la passion, etc.) mais ça me semble nettement moins intéressant.

Ad Astra -James Gray, sorti en 2019



C'est un bon film, plutôt étonnant, mais il en dit parfois un peu trop.

Louis Séguin : Saint-Jacques Gay-Lussac        2019
 +
Il s'agit du deuxième court-métrage de Louis Séguin, réalisateur que je ne connaissais pas du tout ; il a piqué ma curiosité car le film se passe dans un quartier que je connais plutôt bien et j'ai finalement été assez déçu car j'ai trouvé que le court-métrage était assez confus. On suit un jeune homme assez triste qui est là comme un fond de décor, souvent noyé par un flot de paroles des personnes qui l'entourent dans les scènes ; les personnages sont généralement assez antipathiques, insupportables par leur préciosité et assez caricaturaux de manière générale - à part Carmen et Jimmy ; j'ai eu l'impression que le ton général était assez railleur mais je n'en suis pas si sûr car il y a tellement des personnages qui disent des choses caricaturales ou artificielles, sans qu'il y ait un petit mouvement de recul. L'importance de la géographie (notamment avec l'importance de la carte qui apparaît régulièrement) est intéressant notamment en regard de l'immobilité de tous les personnages - la référence à Un homme qui dort n'est pas là par hasard.

Yórgos Lánthimos : Nimic        2019


Sorti exclusivement sur MUBI, ce court-métrage qui ne dure pourtant que douze minutes ne perd pas une minute pour être caricatural. À nouveau, Lánthimos fait du bizarre pour le bizarre, en pilotage complètement automatique : un violoncelliste professionnel rencontre une femme dans le métro qui va ensuite le doubler et le film boucle ; voilà, c'est à peu près tout. Le réalisateur reprend la manière de filmer de The favorite en très grand angle, comme pour attiser l'étrangeté de la situation ; heureusement que ça ne dure qu'une dizaine de minutes car ça ne raconte vraiment rien et c'est assez désespérant...