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Ca pourrait être pire. Il pourrait faire des chorégraphies sur des textes de Marguerite Duras.

Au moins ça aurait été drôle...

Tout autant que la présence en bonne place d'India Song au festival de films dansés 2020.

Au moins Hervé Gauville, lui, ne s'y trompe pas. Sans parler de la célèbre (et si belle valse), la chorégraphie est un enjeu évident de ce film.
http://www.lesecransdeparis.fr/cinema/2950/reflet-medicis/article/92440/festival-de-films-danses-enleve-tes-chaussons-rouges.

Plus étonnant est le nombre somme toute limité de chorégraphes ayant fait leur ce leg. Même Lucinda Childs l'abordera par le biais du théâtre (avec Robert Wilson).

Pierre Richard : Les malheurs d'Alfred        1972

 +
J'avoue que je suis étonné que quatre personnes se soient mis au scénario (Pierre Richard, Yves Robert, Roland Topor et André Ruellan) pour qu'il ne soit finalement pas extrêmement solide - en tout cas assez peu variés : il n'y a en gros que deux moments dans le film et la scène du jeu télévisé s'éternise. Il s'agit du deuxième long-métrage de Pierre Richard (en tant que réalisateur, donc) et campe ici un rôle de gars extrêmement malchanceux qui n'arrive à rien mener à terme - lui qui est pourtant architecte ; lorsqu'il décide de se suicider, il rencontre une femme, ancienne amante d'un présentateur d'une émission qui est un pastiche d'Intervilles, ce dernier lui mentait éhontément, ce qui conduit cette dernière à tenter de se suicider aussi ; la relation entre ces deux personnages n'est pas beaucoup développé car le film enchaîne directement sur le jeu pour dresser une critique acerbe (qui semble maintenant très convenue - mais qui reste drôle, notamment le final avec la cible dans la télévision) sur l'aspect factice de la télévision : un jeu avec des épreuves toutes plus débiles les unes que les autres où s'affrontent Paris et la province et suite à une consigne de l'ORTF, on récompense seulement les perdants pour consoler les gens de province ; bien sûr, le personnage de Pierre Richard va alors être le champion de ce jeu. J'ai beaucoup aimé l'aspect très cartoonesque du film (notamment dans son générique qui fait beaucoup penser aux génériques des films de Michel Audiard) ou même par son découpage (surtout au début) en petites vignettes - avec ce motif de l'arrêt sur image (assez court et discret) à la fin de chaque scène. J'ai également beaucoup aimé les séquences avec les fermiers qui vont jusqu'à mettre leur télévision dans la brouette pendant qu'ils travaillent.

xoph a écrit:

Tout autant que la présence en bonne place d'India Song au festival de films dansés 2020.

Au moins Hervé Gauville, lui, ne s'y trompe pas. Sans parler de la célèbre (et si belle valse), la chorégraphie est un enjeu évident de ce film.
http://www.lesecransdeparis.fr/cinema/2950/reflet-medicis/article/92440/festival-de-films-danses-enleve-tes-chaussons-rouges.

Plus étonnant est le nombre somme toute limité de chorégraphes ayant fait leur ce leg. Même Lucinda Childs l'abordera par le biais du théâtre (avec Robert Wilson).

Ah mais ne t’inquiète pas malgré mon peu de gout pour MD, India Song est sans doute aucun un film plus interessant que 16 Printemps avec une vraie démarche et vision artistique cohérente.

(Mon Dieu voila que je dit du bien de Duras, après Rohmer, je crois que je commence a avoir des gouts de vieux )

Celui par qui le scandale arrive - Vincente Minnelli - 1960.

Eyes of Laura Mars

Chantal Akerman se raconte : "J'ai été caissière dans un cinéma porno-pédé ; j'ai volé des milliers et des milliers de dollars et j'ai fait avec ça deux ou trois films…"
Et Sonia Wieder-Atherton parle de Chantal Ackerman et de leurs collaborations.

https://www.franceinter.fr/emissions/l-heure-bleue/l-heure-bleue-28-avril-2021

Les 2 Alfred

High life

How to marry a millionaire

Xavier a écrit:

Les 2 Alfred

J'avais un peu peur de ce film mais en fait, j'ai beaucoup aimé. 

(Flood incoming pour poster les films que j'ai vus en salle en fin de semaine.)

Chloé Zhao : Nomadland        2020

 +
Après un film comme The rider, qui m'avait tant touché et que j'avais trouvé remarquablement intelligent, mes attentes étaient forcément assez hautes. J'ai été déçu par Nomadland car je n'ai pas trouvé que ça racontait beaucoup de choses ; pourtant, le début était prometteur notamment avec le petit texte introductif : on nous parle d'une ville qui a été rayée de la carte suite à la fermeture de sa principale usine ; cela rappelle (en miroir) Atlantic city de Louis Malle où l'on voit cette ville-fantôme poindre autour de tous ses/ces casinos qui lui sont consubstantiels. Nomadland rompt complètement avec ses modes de vie symptomatiques de l'économie capitaliste et laisse la place au nomadisme ; il y a cette phrase prononcée par le personnage de Frances MacDormand que j'ai trouvé très belle et qui éclaire le film : lorsque l'on lui demande si elle est sans domicile fixe, elle répond quelque chose qui ne passe d'ailleurs pas bien à la traduction : "No, I'm not homeless, I'm houseless" ; il y a ici, ce basculement infime entre l'affectif et l'officiel qui semble complètement échapper à tous les gens qui proposent au personnage de MacDormand de se sédentariser. Malgré ce début prometteur et une superbe photographie - bien que peut-être un peu lassante à la longue -, j'ai trouvé le temps long car jusqu'à la scène finale, il ne se passe finalement pas grand-chose d'intéressant ; c'est dommage que le rapport du personnage principal à sa ville disparue n'ait pas été davantage développé - excepté à la fin du film.

Bruno Podalydès : Les 2 Alfred        2020

 +
Quelle belle surprise ! Je pensais que ce film serait un peu un film archétypal de boomer sur les nouvelles technologies comme ont pu en pondre Kervern et Delépine avec Effacer l'historique ; mais en fait, pas du tout. Le propos sur les nouvelles technologies est ici plus subtil (en même temps, on est chez Bruno Podalydès), ce qui n'empêche pas du tout la critique d'être virulente (pour notre plus grand plaisir) ; surtout, les dialogues sont souvent drôles et bien écrits et portés par des acteurs/trices qui jouent remarquablement bien : ce rôle de papa paumé mais hyper attendrissant pour Denis Podalydès, c'est à mon avis l'un de ses meilleurs rôles. Alexandre, le personnage de Denis Podalydès est engagé dans une société à l'ambiance très start-up nation où il ne comprend pas grand-chose - ni même son propre poste ; le problème est que cette société n'accepte pas que ses employé(e)s aient des enfants, or Alexandre en a deux ; il trouve donc des moyens de plus en plus rocambolesques pour les cacher à l'entreprise. Ce que j'ai beaucoup aimé dans ce film, c'est son montage : il y a des plans qui opèrent comme un cisaillement dans le film tant ils sont excessivement composés par rapport aux autres (ça arrive beaucoup pour des plans de repas à plusieurs) ; j'ai également beaucoup apprécié les petits motifs qui traversent le film qui ont tous un caractère différent : le motif des 2 Alfred (les peluches des enfants d'Alexandre), très attendrissant mais aussi le motif de l'atterrissage des drones, très comique et qui vient ajouter une petite touche absurde. Tout cela installe une ambiance particulièrement chaleureuse et agréable. J'ai été par contre un peu déçu par le traitement du personnage de la femme d'Alexandre qui n'est pas très bien traité, pas suffisamment intégré et la fin est un peu décevante, du coup, de ce point de vue.

Fanny Liatard & Jérémy Trouilh : Gagarine        2020


Ce film est le premier long-métrage de Liatard et Trouilh, il prend sa source dans un court-métrage du même nom, tourné quelques années auparavant. J'aimerais bien voir ce court-métrage afin de voir ce que le film apporte : j'ai l'impression que le processus d'amplification du court-métrage a été un peu douloureux. Dans ce film, on suit quelques habitants de la cité Gagarine d'Ivry-sur-Seine - archétype des grands ensembles construits en France dans les années soixante -, en fait , on suit majoritairement l'un deux, Youri, un jeune homme abandonné par sa mère, extrêmement attaché à sa cité et dont le rêve semble être d'aller dans l'espace - sauf que dans le film, la cité Gagarine va être dynamitée - elle l'a été en 2019.
En fait, ce film est assez frustrant car on sent qu'il y a du potentiel d'un point de vue conceptuel, notamment (ce qui ne va pas de soi habituellement mais ici, un peu plus à cause du nom de la cité) la manière de filmer la cité comme un vaisseau spatial, les travellings lents mettant en exergue l'aspect très géométrique des bâtiments et cette rhétorique visuelle du film "spatial" est omniprésente notamment avec ces incises flottantes et ces travellings assez caractéristiques - une scène semble même être une citation de High life de Claire Denis. Il y a également une certaine poésie (un peu lancinante) dans ce film, qui est sans doute aidée par cette belle photographie mais cette poésie est aussi rattrapée par un manque de subtilité : tout est à mon avis trop explicite (on a compris que le personnage principal était attaché à sa cité, l'appeler Youri est une lourdeur ; on pourrait penser qu'il s'agit d'un personnage complètement allégorique mais ça ne colle pas ; l'ajout de la chienne Leïka n'arrange rien - même si j'ai beaucoup aimé ces plans). Les scènes un peu cliché abîment aussi un peu le film : cette rupture entre le gars extrêmement solitaire complètement passionné se retranchant dans un monde mi-halluciné qui s'opposerait à une réalité sociale et en fait, je pense que le tir pourrait être rattrapé en donnant de l'épaisseur aux personnages qui semblent parfois trop fonctionnels et peu développés, et du coup, on peine parfois à saisir où le film veut en venir (c'est pour ça que je disais que l'amplification du court-métrage a dû être douloureux) : on sent qu'il veut dire (notamment) quelque chose sur l'expulsion violente des gens - comme en témoigne cette scène d'expulsion d'un campement de roms à la pelleteuse - toujours cette obsession pour la destruction comme forme de ridiculisation. Il y a bien quelque chose d'intéressant dans cette idée de se réapproprier l'espace dont on veut nous chasser, mais finalement le film est de plus en plus colmaté par des séquences oniriques (assez belles, en général) ; j'ai par exemple beaucoup aimé la séquence de communication en morse et les images d'archives de gens parlant de Gagarine dans les années 60/70 sont assez amusantes. J'attends cependant avec une certaine impatience leur prochain film.

Ludovic & Zoran Boukherma : Teddy        2020

 +
Je ne connaissais absolument rien des frères Boukherma, il s'agit ici de leur deuxième long-métrage (et le troisième est déjà en route). C'est un film assez déconcertant, une sorte de comédie horrifique à fond social : on dirait un peu du Dumont (pour le côté lunaire des personnages) croisé avec du Guiraudie avec quelques réminiscences de Grave. Dans ce film, on suit Teddy, un jeune homme déscolarisé depuis le collège, il a une petite amie qui s'apprête à passer le bac, c'est à peu près le seul lien qu'il a avec le monde non marginal : il vit avec un homme assez paranoïaque, imprévisible et avec une tante que l'on présume tétraplégique. J'ai cité Guiraudie car le loup joue également un rôle important ici (bien que le traitement soit assez différent : il s'agit plutôt ici de symboliser par le loup cette menace un peu invisible que l'on veut absolument chasser - d'ailleurs, cet aspect allégorique du loup est explicite lorsque les gens du village décident de chasser/tuer Teddy qui n'est pas physiquement un loup mais a des similitudes avec cette figure). En fait, globalement, je n'ai pas trop saisi où le film allait et même si j'ai énormément apprécié l'humour pince-sans-rire de certains scènes - notamment les séquences au cabinet de massage, qui sont des séquences importantes car inscrivent de manière un peu ambivalence Teddy dans la société - qui est superbement incarné par tous les acteurs, notamment Anthony Bajon et Noémie Lvovsky, j'ai parfois peiné à trouver l'intérêt global du film.

Pop Redemption

+

Samir Guesmi : Ibrahim        2020


C'est le premier long-métrage de l'acteur Samir Guesmi, je l'ai trouvé particulièrement mal écrit - quant à elle, la réalisation est correcte mais banale. Dans ce film, on suit Ibrahim, un adolescent qui aime beaucoup le football, vivant seul avec son père (sa mère étant décédée) qui a du mal à joindre les deux bouts : il doit payer pour une prothèse dentaire mais semble peiner à y arriver avec son petit boulot de serveur que l'on veut pas mettre en salle à cause de ses dents. En fait, le gros problème d'écriture de ce film, c'est que l'on passe de quelque chose à autre chose de manière complètement aléatoire, sans aucune transition de sorte que parfois, ce qu'il s'est passé avant n'a quasiment plus aucune importance dans la suite : par exemple, Ibrahim voulait à tout prix payer la prothèse dentaire de son père mais lorsqu'il arrive avec celle-ci au restaurant, celui-ci s'en fout complètement et tout cela tombe dans l'oubli. Dans les choses qui arrivent de manière complètement aléatoire, il y a ce moments aux trois quarts du film où l'on apprend qu'en fait le père d'Ibrahim est un ancien toxicomane et ça ne sert absolument à rien du tout  ; il y a aussi le flirt en fin de film avec sa camarade alors qu'il n'y a aucun contexte et que ça ne mène à rien en plus, c'est vraiment genre "il la regarde, elle le regarde, ça y est, c'est parti !!" ; parfois, c'est aussi hyper caricatural, notamment la séquence où Ibrahim est fermement déterminé à rester en CAP et dit à son copain qu'il ne veut pas tremper dans ses combines et en fait, dix minutes après, il lui dit "bon, bah au fait, comment on fait pour voler ?", comme si c'était soit l'école ou soit le vol... On sent malgré tout que le récit est sincère mais c'est très mauvais quand même, et malgré les 1h20 de film, on trouve le moyen de s'ennuyer, de souffler, de se dire "mais qu'est-ce que ça fait là, ça?" en plus, il y a des scènes un peu cringe, notamment la scène autour de la prostitution avec le personnage de Philippe Rebbot - sans doute l'un des plus invraisemblables.

Just Philippot : La nuée        2020

 +
Premier long-métrage de Just Philippot, ce film est assez convaincant et fait se joindre à nouveau l'horreur et le social. Dans le film, Virginie a monté un élevage de sauterelles comestibles - dont elle se sert aussi pour faire de la farine - mais sa cadence de production ne suffit plus à ses clients, elle décide alors d'augmenter le rythme de production et découvre par la même occasion que le sang a des effets inattendus sur les sauterelles. L'ambiance est très prenante et crédible - notamment grâce aux très bon(ne)s acteurs/trices - à la musique et surtout à l'aspect très sensible de l'objet de l'horreur : les nuées de sauterelles sont très épaisses et sonores et dans la scène finale avec le feu, c'est vraiment superbe ; ensuite, comme souvent, il y a la question de l'objet de l'horreur car évidemment, il s'agit ici des sauterelles mais Virginie est également une composante importante de l'horreur. Il y a également quelque chose d'intéressant dans ce film, dans son rapport au genre notamment dans la gestion qu'il fait du sang (qui est un lieu classique de l'horreur) : il a à la fois sa fonction horrifique initiale (notamment lorsque Virginie se pique, etc mais en fait, il fonctionne beaucoup mieux lorsqu'il nourrit le nouveau motif de l'horreur (les sauterelles), comme s'il s'agissait d'une espèce de filiation.

Harmony Korine : Gummo        1997


Il s'agit du premier long-métrage d'Harmony Korine qui avait déjà œuvré pour le cinéma américain (notamment en écrivant le scénario de Kids) ; on peut évidemment voir une certaine proximité avec Larry Clarke mais je trouve que Korine va beaucoup plus loin car le film est ici beaucoup plus rhizomatique : on suit quelques groupes de jeunes gens dans une petite ville de l'Ohio sans qu'il y ait un véritable fil conducteur entre eux - et c'est ça qui m'a laissé un peu sur ma faim. Cela dit, le film montre à la caméra des gens qui sont ordinairement marginalisées (les personnes queer, les gens consommant de la drogue) mais on a aussi le droit à l'Amérique sans filtre : racisme décomplexé, homophobie et surtout une violence généralisée et tout ça coexiste ; en fait, il y a un peu à boire et à manger dans ce film et l'on choisit ce que l'on veut, peut-être certain(e)s pourront trouver ça stimulant mais pour moi, ça fait un peu soupe tiède... 

Tu as vu d'autres films de Korine?
moi j'avais été très sceptique devant Springbreaker que j'avais trouvé plutôt creux même si son partie d'une vulgarité décomplexée et d'un jeu avec des clichés poussés a l’extrême (pour ce dont je me souviens) n'est pas inintéressant. Je serais curieux de savoir ce que tu en pense si tu l'as vu?

Parsifal a écrit:

Tu as vu d'autres films de Korine?
moi j'avais été très sceptique devant Springbreaker que j'avais trouvé plutôt creux même si son partie d'une vulgarité décomplexée et d'un jeu avec des clichés poussés a l’extrême (pour ce dont je me souviens) n'est pas inintéressant.  Je serais curieux de savoir ce que tu en pense si tu l'as vu?

Non, c'est le premier ; j'avais aussi Mister lonely dans ma liste, je ne sais pas ce que ça vaut. En fait, dans celui-ci, il y a aussi ce dont tu parles au-dessus (vulgarité décomplexée - qui est parfois un peu fatiguant mais au moins, ça montre sans filtre et aussi un peu un jeu de clichés mais moins présent).

Leos Carax : Annette        2021

 + / 
Ouverture fantastique qui s'accorde avec les obsessions habituelles de Carax (rapport à la scène, au spectateur) avec une citation de son court-métrage Sans titre qui est à mon avis un point de bascule dans la filmographie de Carax : comme il le dit dans une interview à Locarno, après ses trois ou quatre premiers films, il a "payé sa dette au cinéma", ce qui ne l'empêche pas de garder son obsession pour le cinéma muet (qui se trouve déjà dans la gestuelle et le corps de Lavant mais aussi dans le visage de Mireille Perrier). Par ailleurs, cette idée de comédie musicale germe depuis un moment chez Carax : on trouve déjà la scène chantée de Kylie Minogue dans Holy motors mais même dans les films précédents, la musique joue un rôle moteur : que ce soit dans la fameuse séquence de danse complètement hallucinante sur Bowie dans Mauvais sang ou dans cette séquence de Boy meets girl où le personnage de Lavant tourne au hasard le bouton de la radio, un peu comme une roulette russe musicale. Je crois que j'ai beaucoup aimé ce film - même si j'y ai trouvé quelques longueurs (notamment après la mort du personnage de Marion Cotillard) - notamment sa générosité et il m'a apporté son lot de surprise (peut-être parce que ce sont les Sparks qui étaient au scénario, essentiellement) notamment cette séquence où des femmes mettent en garde Ann contre la violence de son petit ami et de la difficulté à verbaliser ça. Le chant s'insère ici partout - avec quelques saillies comiques, notamment lorsque les policiers chantent lors de l'interrogatoire - même chez ceux qui ne sont pas vraiment des personnages comme le public du personnage d'Adam Driver. Le discours autour de la gloire est intéressant mais me touche/m'intéresse personnellement moins que le propos (peut-être plus spécifiquement cinématographique) de Holy motors. Je reste en revanche troublé par les séquences où le personnage d'Adam Driver prend l'apparence de Carax (lunettes de soleil rectangulaires, coupe de cheveux, chapeau) sachant qu'il s'agit d'un personnage qui a tué sa femme - et que la femme de Carax s'est suicidée il y a une dizaine d'années ; peut-être est-ce quelque chose autour du sentiment de culpabilité découlant du suicide d'un être cher ? En tout cas, les acteurs/trices sont tous/tes convaincant(e)s ; content de retrouver Carax sur un écran de cinéma - première fois, pour moi.

René Clément : La bataille du rail        1946


Il s'agit du premier long-métrage de René Clément, tourné juste après la guerre ; c'est une oeuvre assez emblématique de la France d'après-guerre (même si en partie car il n'est ici quasiment question que des cheminots) : à travers un style quasi-documentaire (acteurs/trices non-professionnel(le)s, volonté de montrer les choses telles qu'elles étaient - et même de les expliquer, un peu, parfois), le film raconte la résistance des cheminots face à l'ennemi allemand (passages de juifs, opérations de sabotage de trains, etc.). Le film ne m'a pas passionné car tout semble mis sur un pied d'égalité et se dérouler sans encombre (quasiment) donc le résultat final n'est pas si rugueux qu'on pouvait l'espérer.

Chloé Mazlo : Sous le ciel d'Alice        2020

 +
Il s'agit du premier long-métrage de la réalisatrice franco-libanaise Chloé Mazlo, la bande-annonce avait piqué ma curiosité par son style un peu hétéroclite, très "fabriqué-à-la-main" mêlé à une certaine candeur à la Yerzhanov. C'est effectivement ce que j'ai retrouvé dans ce film et ce qui en est à mon avis l'élément moteur, tout à fait réjouissant : le film raconte l'histoire d'une femme (Alice) qui habite en Suisse dans les années cinquante et qui décide de se rendre au Liban où elle rencontre un astrophysicien (Joseph) qui veut envoyer le premier libanais sur la Lune ; leur histoire va ensuite être perturbé par les guerres au Liban à partir des années 70 ; j'ai parlé de Yerzhanov car cette confrontation d'une extrême candeur et de la guerre est présente chez lui (au moins dans La tendre indifférence du monde) ; ici, il s'agit cependant davantage d'une espèce de naïveté symbolique (une femme est déguisée en cèdre, par exemple - le costume étant très simples et pas hyper raffiné - d'où l'expression "très fabriqué à la main") qui se couple aussi à quelque chose d'ouvertement naïf dans le sentiment (par exemple, dans les premières rencontres entre Joseph et Alice, il y a une scène où un cœur bleu se dessine sur sa poitrine et se remplit de rose). Même si cette stylisation est tout à fait charmante (et assez inventive, en fait ; ça insuffle pas mal de dynamisme au film), elle bride également le film qui a du mal à dépasser ce cadre formel et n'arrive pas à raconter des choses véritablement intéressante sur la guerre civile au Liban par exemple à part que les multiples tentatives d'instauration de paix n'ont pas marché.

Tessa Louise-Salomé : Mr. X       2014

 + / 
Il s'agit d'un documentaire sur Leos Carax, assez intéressant d'ailleurs mais les gens qui espéreraient beaucoup d'interviews nouvelles de Carax vont vite être déçu(e)s : rien de neuf vraiment, le contenu présenté est simplement des extraits (audio) d'interviews ; ce n'est pas là que réside à mon avis l'intérêt de ce documentaire mais plus dans les gens (assez divers) qui parlent du réalisateur : on y trouve notamment son fidèle acolyte Denis Lavant, Juliette Binoche, Mireille Perrier, Harmony Korine (qui l'a fait tourner dans Mister lonely), Serge Toubiana mais aussi Kiyoshi Kurosawa. Une grande partie du documentaire est composée de commentaires sur les films de Carax (un peu courts, mais stimulant - ça m'a donné envie de tous les revoir) et le documentaire revient sur quelques points connus notamment le tournage des Amants du Pont Neuf et on apprend pas mal de choses notamment sur le tournage du segment Merde de Tokyo! qui a été tourné en clandestinité totale car Carax n'avait pas pu avoir les autorisations nécessaires pour tourner là où il voulait au Japon - du coup, tout s'est fait en une prise. Le documentaire est assez ambivalent car il tend à détruire un peu cette image de "poète maudit, mystérieux, etc." (une des intervenantes dit même qu'il n'est pas du tout ça) mais à la fois, le fait que l'on n'entende que sa voix (il y a quelques images et vidéos) et qu'on voie son écriture, ça renforce un peu ça. Même s'il aurait pu être plus fouillé (avec peut-être moins d'intervenant(e)s), le documentaire est tout de même intéressant et à voir pour tous/tes celleux qui s'intéressent à Carax - de toute façon, il n'y a pas 36000 documentaires sur lui.

Censor

Réalité

+

(oui, j'aime un film avec une BO de Philip Glass!...)

Takeshi Kitano : A scene at the sea        1991

 +
Ce film est très différent des deux films précédents de la filmographie de Kitano (d'ailleurs, Kitano ne joue pas dedans, ce n'est sans doute pas sans lien) et je crois qu'il est beaucoup plus proche du film de Kitano que je préfère : L'été de Kikujiro. Je suis cependant un peu embêté car en prenant presque une dynamique opposée (la dynamique de l'absence, du silence, comme pour amplifier le rôle de la mer, imposer sa dynamique périodique à celle du récit), le film s'impose quelques longueurs : on suit un éboueur sourd et muet qui trouve une planche de surf dont le bout est brisé, il le recolle avec du scotch et décide de se mettre au surf - avec des ambitions plutôt modeste, faisant fi de toutes les moqueries de ses spectateurs ; il est accompagné par sa copine (également sourde et muette, il me semble) et lorsque sa planche se brise, il décide d'en acheter une avec ses économies. Le film est très simple mais c'est aussi ça qui contribue à un peu de sa beauté, cette espèce de douce obstination et d'histoire d'amour/amitié très très simple ; la musique est aussi un peu lassante mais globalement, j'ai bien aimé.

Moi aussi c'est mon préféré !
J'ai pas vu celui-là encore (j'attends les promos )

Djibril Diop Mambéty : Touki-bouki        1973

 +
Il s'agit du premier long-métrage du réalisateur sénégalais Djibril Diop Mambéty, une des (malheureusement rares) figures du cinéma sénégalais (avec pourtant seulement deux longs métrages) aux côtés d'Ousmane Sembène - maintenant, de nouvelles figures ont émergé, bien sûr : Moussa Sène Absa mais également la réalisatrice franco-sénégalaise Mati Diop. J'avais découvert Djibril Diop Mambéty avec Hyènes, assez comique mais que j'avais trouvé assez long ; ici, le film est beaucoup plus enlevé, sans doute plus drôle encore et sa restauration est vraiment une grande réussite ; l'histoire se tient également beaucoup mieux : à Dakar, un jeune berger épouse une femme qui étudie à l'université ; ils décident de déménager à Paris mais ils n'ont pas l'argent pour cela, le mari organise ainsi des petits vols afin de gagner l'argent nécessaire, il vend également ses bêtes ; en fait, (spoiler), le berger ne partira pas et seule l'étudiante partira pour la France : j'ai beaucoup aimé que le film n'en reste pas à l'aspect financier du voyage mais pousse le truc jusqu'à parler de l'aspect social en disant que lorsque l'on n'est pas suffisamment conformé au mode de vie européen (non pas que faire des études vous y conforme mais un berger noir sera toujours vu avec un mépris raciste comme celui qui n'est "pas évolué" - cf. la manière dont certains français parlent des musulmans qui égorgent un mouton dans leur baignoire pour l'aïd (ce qui pose question, bien sûr, à propos du respect de l'animal mais la remarque est en général d'intention purement raciste et méprisante et pas du tout sous l'angle de la maltraitance animale), il est difficile de faire le voyage - ici, ça semble carrément assimilé par le berger. J'ai beaucoup aimé la moto sur lesquels se déplacent les personnages principaux : avec des cornes fixées sur le guidon, il est à peu près clair qu'elle joue le rôle d'un animal qui servirait à nous déplacer - une séquence montre la moto attachée comme on pourrait le faire pour un animal à cornes - et c'est assez comique ; dans cette lignée comique, beaucoup plus acide, il y a une scène sur le bateau extrêmement drôle où le réalisateur film des néo-colonialistes (possesseurs de terres et de "domestiques") qui se plaignent des révoltes de ces dernièr(e)s, du fait qu'ils demandent un meilleur traitement et un meilleur salaire, glosant sur je ne sais quel truc à la mode ; j'ai aussi aimé (même si ça devenait un peu répétitif) l'utilisation de la petite chanson ironique sur Paris. La manière (très simple) dont le réalisateur film la séparation du couple est très forte, tous deux sont filmés au bord de quelque chose (une sorte de monticule rocheux pour le berger et au bord du bateau pour l'étudiante) comme pour signifier leur solitude. La photographie (et la restauration de la pellicule) valent le détour, la photographie est éclatante et rend bien compte de la topographie de Dakar, de sa sécheresse.

Smoking

No Smoking

+

Bon ça vaut pas Hiroshima mon amour, mais ça c'est la faute à Duras

John Carpenter : Someone's watching me !        1978

 +
Il s'agit d'un téléfilm assez impersonnel de Carpenter - on penserait plutôt à un film de de Palma tant le film est hitchcockien à la Rear window - d'autant plus que le scénario est assez répétitif. Malgré tout, les thématiques du film sont intéressantes et finalement assez peu abordées : une femme se fait harceler par un homme qui l'espionne à distance depuis une longue-vue, la harcèle au téléphone en enregistrant les conversations, la harcèle également par courrier, en lui "offrant" des choses ; la femme en question décide alors de porter plainte à la police qui ne la croit pas et qui s'en fiche complètement, d'autant plus que les personnages principaux du film sont féminins et ont un certain pouvoir d'action. Même la fin est assez décevante car très convenue - toujours cette histoire du voyeur qui meurt parce qu'il a atteint l'objet de son obsession...

Oui, c'est très très bien fait, vraiment efficace, un très très bon téléfilm.
Après, effectivement, ça ne va pas plus loin, ça ne se revoit pas forcément...

Sebastián Lelio : Una mujer fantástica        2017


J'ai découvert la filmographie de Lelio à l'envers par son dernier film en date que j'avais découvert en salles - Gloria Bell ; de manière générale, je ne trouvais jamais les films de ce réalisateur inintéressants mais ils étaient soit trop longs (Disobedience) et/ou soit trop lisses/édulcorés et n'allaient pas assez loin (pour les deux que j'ai vus). Dans ce film, Lelio propose quelque chose de beaucoup plus abouti et de plus singulier : le film raconte l'histoire entre un homme assez mûr et une femme trans (Marina), ce dernier meurt d'une sorte de crise cardiaque (ou quelque chose de foudroyant dans ce genre), sa petite amie décide alors de l'emmener aux urgences et là, elle va être accusée de tout et n'importe quoi, on va lui refuser d'être présente à l'enterrement, lui reprendre toutes sortes de biens parce qu'elle est trans. Bien sûr, le réalisateur montre aussi toute cette humiliation rituelle qui s'appuie sur le prétendu naturel notamment lors d'un interrogatoire de police où elle est obligée de se déshabiller intégralement sans raison valable ou alors les nombreuses remarques qu'on lui fait qui gravitent autour de "de toute façon, tu n'es pas une vraie femme, tu as un pénis" ou les questions gênantes (peut-être pas malintentionnées mais qui témoignent de ce primat de cette obsession sur le "naturel") à propos du processus chirurgical pour transformer son pénis en vulve ou des choses autour de sa "véritable" identité à l'état civil. Ici, Lelio a engagé Daniela Vega qui est une actrice et chanteuse lyrique transgenre - qui l'a épaulé tout au long du film - et le film ne se focalise pas du tout sur une dynamique genrée (ce qui est aussi une question intéressante - pour mettre à mal cette logique "naturelle" ou même pour montrer les difficultés de tout le processus de transition pour celleux qui veulent s'y engager) mais prend pour donnée le fait que Marina est une femme et qu'en fait, sans ces discriminations/violences, elle peut vivre de très beaux moments - il y a notamment toutes ces scènes de danses en boîte de nuit qui sont vraiment très belles, notamment au niveau du mélange des couleurs ; il y a aussi les moments autour du chant lyriques qui sont assez beaux. Ce film est donc pour moi une belle surprise dans la filmographie de ce réalisateur.

Ettore Scola : Splendor        1989


Il s'agit vraiment d'un film pour cinéphiles : le film raconte l'histoire d'un exploitant d'un petit cinéma de quartier qui doit fermer sa salle car il croule sous les dettes et que sa salle a été rachetée par un industriel, il se remémore alors toutes les heures de gloire passées de son cinéma ; s'ensuivent évidemment les projections de films (Les fraises sauvages, La dolce vita, Il sorpasso, etc.), les citations de répliques de film ou les citations visuelles. Malgré la beauté de l'ensemble (cette trajectoire d'une fermeture annoncée, d'une lente réminiscence), quelques passages assez intéressants (sur les interactions entre la télévision et le cinéma ou sur les scènes où on voit la technique du cinéma) et/ou drôles, le film semble quand même assez dépareillé et sonne un peu comme une filmothèque un peu nostalgique sans véritable cohérence (même si certains films projetés ont un rapport avec le film lui-même) et qui ne raconte peut-être pas autant de choses qu'il le pourrait ; c'est certainement un film d'amour.

Blade runner



En salle!

Emeryck a écrit:

le film qui a du mal à dépasser ce cadre formel et n'arrive pas à raconter des choses véritablement intéressante sur la guerre civile au Liban par exemple à part que les multiples tentatives d'instauration de paix n'ont pas marché.

De toute façon, je ne vois guère que trois films qui en disent des choses intéressantes: Le Faussaire de Schlöndorff (d'un point de vue extérieur), Petites Guerres de Maroun Bagdadi et surtout, surtout, Beyrouth la rencontre de Borhane Alaouié (si tu as l'occasion de voir ce dernier, précipite-toi.)



Bone Collector, Copycat.
J'ai l'impression que dans les années 90, il y en a eu une floppée, de gros blockbusters daubesques sur des histoires de serial killers... Une conséquence du succès du Silence des agneaux, j'imagine? (Cela dit, si vous en connaissez de bons, je suis preneur.)

Dans ces deux-là, on a des acteurs qui font ce qu'ils peuvent, des réalisateurs plus ambitieux que capables - et surtout des scénarios incroyablement foireux. Ils ont d'ailleurs le même canevas (un serial killer qui commet des crimes-rébus pour piéger le profiler, qui est sa vraie cible), la même typologie de personnages (le profiler post-trauma - au choix Sigourney Weaver agoraphobe et alcoolo ou Denzel Washington tétraplégique - qui fait équipe avec une jeune fliquette), et ont en commun d'être dotés de plot twists finaux totalement téléphonés (mais vraiment: dans les deux cas, vous pouvez facilement les deviner dès l'exposition.)

Benedictus a écrit:

Emeryck a écrit:

le film qui a du mal à dépasser ce cadre formel et n'arrive pas à raconter des choses véritablement intéressante sur la guerre civile au Liban par exemple à part que les multiples tentatives d'instauration de paix n'ont pas marché.

De toute façon, je ne vois guère que trois films qui en disent des choses intéressantes: Le Faussaire de Schlöndorff (d'un point de vue extérieur), Petites Guerres de Maroun Bagdadi et surtout, surtout, Beyrouth la rencontre de Borhane Alaouié (si tu as l'occasion de voir ce dernier, précipite-toi.)

Merci, c'est noté ! 

Rob Reiner : This is Spinal Tap        1984

 + / 
Ce film m'a vraiment beaucoup fait rire, il s'agit d'un mockumentaire sur un groupe de hard-rock fictif (qui ferait apparemment doucement référence à un groupe existant mais je n'ai pas saisi ça) et c'est très bien fait car même si l'on ne connaît pas grand-chose à cet univers musical, il y a moyen de beaucoup rire notamment avec cette séquence où un des membres du groupes présente un ampli supposé être exceptionnel parce que le potentiomètre de volume sonore va jusque 11 - contrairement à 10 pour les amplis normaux - et le membre du groupe dit quelque chose comme "Et voilà !! Que font les autres groupes quand ils sont déjà à 10 ?? Nous, on peut monter à 11 et tout exploser !" ; il y a aussi la séquence où il lui montre des tas de guitare et pour l'une d'entre elle, il dit "non, ne la touche pas, tu ne peux même pas la regarder !!!". De manière général, le film passe en revue beaucoup de clichés de groupes de hard-rock de manière complètement excessive (même s'il n'est pas complaisant dans cette exagération - car il y a un fond de vérité, notamment avec l'histoire de la pochette). Les séquences musicales sont assez agréables - et tout aussi drôles. Une belle découverte, donc.

Benedictus a écrit:

Bone Collector, Copycat.
J'ai l'impression que dans les années 90, il y en a eu une floppée, de gros blockbusters daubesques sur des histoires de serial killers... Une conséquence du succès du Silence des agneaux, j'imagine? (Cela dit, si vous en connaissez de bons, je suis preneur.)

Dans ces deux-là, on a des acteurs qui font ce qu'ils peuvent, des réalisateurs plus ambitieux que capables - et surtout des scénarios incroyablement foireux. Ils ont d'ailleurs le même canevas (un serial killer qui commet des crimes-rébus pour piéger le profiler, qui est sa vraie cible), la même typologie de personnages (le profiler post-trauma - au choix Sigourney Weaver agoraphobe et alcoolo ou Denzel Washington tétraplégique - qui fait équipe avec une jeune fliquette), et ont en commun d'être dotés de plot twists finaux totalement téléphonés (mais vraiment: dans les deux cas, vous pouvez facilement les deviner dès l'exposition.)

Je pense que c'est aussi dû à Seven, en tous cas pour Bone Collector les dates collent bien.
Tu avais le Collectionneur aussi à l'époque mais cette fois avec Morgan Freeman dans le style de ces deux là (dont je ne garde qu'un morne souvenir de dimanche après-midi, le film ayant eu deux suites je crois avec ce même personnage de profiler).
Dans les bons films de cette époque je ne sais pas si tu trouveras vraiment mieux que Seven justement (quoi qu'on puisse penser du film, son scénario roublard invraisemblable et son style léché marquaient bien son époque) ou Le silence des agneaux.

Dans le style proche de l'enquête sur des meutres en série j'aime bien Crimes à Oxford d'Alex de la Iglesia (2008) (mais on est plus dans une histoire à la Agatha Christie), Memories of murder de Bong Joon-oh (2002) suivi par toute une vague de films coréens surfant sur les histoires de tueurs en série, Evilenko de David Grieco (2003), librement adapté de l'affaire Tchikatilo, L'échange de Clint Eastwood (2008), un assez rigolo qui s'appelle Emprise de Bill Paxton (2001) mixant Seven et Usual suspects, Jennifer 8 de Bruce Robinson (1992) avec un tueur de femmes aveugles et des scènes de chat et souris avec une Uma Thurman non-voyante.
Dans les films plus récents et "historiques" j'avais bien aimé le Zodiac de Fincher.

Ah oui, Zodiac, j'avais énormément aimé!
(D'ailleurs, ce qui m'avait frappé, c'est qu'on a vraiment l'impression qu'en faisant Zodiac, Fincher a voulu faire un film de serial killer qui soit l'exacte antithèse de Seven.)

Benedetta

+

3 Women

+

Gros point d'interrogation à la fin... à revoir pour me comprendre!

Comment tu l'interprètes ? (sur le magnifique Blue Ray chez Wild Side ou Carlotta, j'ai un doute) il y a des bonus très instructifs.
C'est en principe loin de mon cinéma de prédilection, mais j'avais trouvé ce film passionnant.

Wild Side

Mais comme ils n'ont jamais fait de promo ... je n'ai jamais acheté le film et donc je ne connais pas le film

Emeryck a écrit:

Rob Reiner : This is Spinal Tap        1984

 + / 
Ce film m'a vraiment beaucoup fait rire, il s'agit d'un mockumentaire sur un groupe de hard-rock fictif (qui ferait apparemment doucement référence à un groupe existant mais je n'ai pas saisi ça) et c'est très bien fait car même si l'on ne connaît pas grand-chose à cet univers musical, il y a moyen de beaucoup rire notamment avec cette séquence où un des membres du groupes présente un ampli supposé être exceptionnel parce que le potentiomètre de volume sonore va jusque 11 - contrairement à 10 pour les amplis normaux - et le membre du groupe dit quelque chose comme "Et voilà !! Que font les autres groupes quand ils sont déjà à 10 ?? Nous, on peut monter à 11 et tout exploser !" ; il y a aussi la séquence où il lui montre des tas de guitare et pour l'une d'entre elle, il dit "non, ne la touche pas, tu ne peux même pas la regarder !!!". De manière général, le film passe en revue beaucoup de clichés de groupes de hard-rock de manière complètement excessive (même s'il n'est pas complaisant dans cette exagération - car il y a un fond de vérité, notamment avec l'histoire de la pochette). Les séquences musicales sont assez agréables - et tout aussi drôles. Une belle découverte, donc.

Un grand classique, le nom du groupe est même devenu un qualificatif des clichés et des excès associés au hard-rock.

Tu vois, Benedictus, il ne fallait pas désespérer : ( )


Georges Lautner : Mort d'un pourri        1977


Adapté d'un roman de Raf Vallet, ce Lautner est tout de même bien au-dessus de ceux que j'ai pu voir, et d'ailleurs, il est d'un registre assez différent : ici, il est question d'un polar très sérieux ; tout d'abord, cela n'a pas tellement à voir avec le film mais la mégalomanie de Delon m'a à nouveau fait rire : le premier texte qui apparaît au générique est quelque chose comme "Une production Alain Delon" (bon, ok, c'est pas si rare) mais ensuite, le premier acteur qui figure au générique est... Alain Delon (bon, ok, c'est l'acteur principal) mais ce n'est pas tout : à la fin du générique, lorsque le nom du réalisateur est mentionné, on ajoute ensuite "Un film produit par Alain Delon" ; c'est assez phénoménal et drôle bien que peu surprenant. Pour en venir au film lui-même, il s'inscrit dans la lignée de ces films politiques-inquiets que l'on a fait en France (et aux États-Unis, aussi) dans les années soixante-dix et je crois que celui-ci est (pour l'instant) celui qui a réussi (avec peut-être Un papillon sur l'épaule de Deray, maintenant que j'y pense - qui est cependant moins évidemment politique, dans mes souvenirs, mais du coup, plus épuré) à donner cette impression de flou et/ou d'inquiétude et en partant d'un "tous pourris", il parvient à éviter un cynisme clinquant comme ça peut être le cas dans beaucoup de films français qui jouent dans ce registre à cette époque ; en fait, je crois que c'est avant tout un film discret, silencieux : sa photographie très grainée et son ambiance nocturne assoient cette atmosphère inquiète (d'ailleurs, cette ambiance - ainsi que la présence de Stéphane Audran - m'a fait penser à Betty de Claude Chabrol) qui est régulièrement entretenue par des séquences très suspendues (les séquences dans la gare de RER de La Défense, la longue séquence à la gare) et parfois quelques incises avec des séquences plus inattendues (un meurtre en vue subjective) ; le rythme de l'histoire (assez ramifiée, voire brouillante avec ce grand nombre de seconds rôles tous assez étoffés) consolide le tout. De plus, la musique de Philippe Sarde avec ses lignes de saxophone marche assez bien avec cette ambiance et quasiment tous/tes les acteurs/trices sont convaincant(e)s à part peut-être Kinski qui en fait un peu trop (même si ça sert un peu l'aspect étrange/inquiet du film), mais ça, c'est un peu un pléonasme ; j'ai été content de retrouver Jean Bouise qui semble jouer décidément dans tous les films français des années 70/80, son jeu est très sobre mais est en général pertinent. Par contre, j'ai trouvé le film peut-être un peu long et surtout, les personnages féminins n'ont toujours aucune consistance et ne semble être définis que par complémentarité...

Emeryck a écrit:

la musique de Philippe Sarde avec ses lignes de saxophone marche assez bien avec cette ambiance

C'est Stan Getz qui joue la partie de saxophone!