Evgeny Nesterenko (1938-2021)

La basse russe est décédée hier, à l'âge de 83 ans.

Un de ces interprètes dont on parle peu, faute aussi à une discographie très réduite (et seule une partie est facilement trouvable).

Je me souviens de son interprétation glaçante dans la 14ème symphonie de Chostakovitch de l'intégrale Kondrachine, et me suis procuré un CD Melodiya à la distribution assez confidentielle (oeuvres de Chostakovitch avec le pianiste Evgueni Shenderovich, dont les Poèmes de Michel-Ange, les 5 Romances sur des annonces parues dans le journal Krokodil et les 4 Poèmes du Capitaine Lebyadkin). Melodiya pourrait en "profiter" pour rééditer sa version des Poèmes de Michel-Ange en version orchestrale accompagnée par le fils du compositeur, qui est paraît-il extraordinaire et n'a jamais été rééditée en CD…

A été Boris Godounov dans l'intégrale dirigée par Mark Ermler, et à ce que je vois il y a un CD Moussorgsky (Chants et danses de la mort, Sans soleil) chez Melodiya dont je n'avais jamais entendu parler et qui me dirait bien !

Une rapide recherche, et comme curiosités dans sa discographie, il a été la basse dans un Requiem de Verdi dirigé par Muti chez EMI, et Zacharie dans le Nabucco de Sinopoli…

Pour ses enregistrements que j'ai pu entendre, il mérite vraiment d'être entendu pour l'intensité de ses interprétations !

Ah tient, j'ai justement découvert son Méphisto de Gounod la semaine dernière (version Colin Davis).
Et j'ai retrouvé tout ce que je n'aime pas trop dans ce chanteur (à la voix pourtant impressionnante!) : un manque de tenu vocale, un goût parfois hasardeux et ce manque d'attaques franches.

Après, il faut reconnaître une voix large et ample, un timbre très rond... mais voilà, on est dans les chanteurs russes des années 80... pas forcément la meilleure période si on compare à ce qui se faisait avant. A mes oreilles, difficile pour lui de rivaliser avec des Reizen, des Pirogov ou de Mikhailov par exemple.

J'avais écouté le disque Moussorgsky chez Melodiya. Pas totalement convaincu. Mais bon, pour les Chants et Danses de la Mort, je reste assez difficile et peu de basses m'ont vraiment convaincus dans ces pièces.

Un Méphisto bien tuberculeux !!
Il ne rit pas, il vomit ses poumons ! C'est franchement dégueulasse !
Les moyens vocaux sont splendides mais il n'a rien compris au rôle !

Otello a écrit:

Un Méphisto bien tuberculeux !!
Il ne rit pas, il vomit ses poumons ! C'est franchement dégueulasse !
Les moyens vocaux sont splendides mais il n'a rien compris au rôle !

Même Ghiaurov chez Bonynge est un peu mieux tenu (pourtant, il en fait des tonnes! Il sera beaucoup plus sobre par la suite dans ses interprétations...)

Ghiaurov chez Bonynge n'est pas seulement un peu mieux tenu ! Il est d'une toute autre classe que Nesterenko ! Night and day !

Otello a écrit:

Ghiaurov chez Bonynge n'est pas seulement un peu mieux tenu ! Il est d'une toute autre classe que Nesterenko ! Night and day !

Oui, mais bon, il en fait quand même des tonnes et tire un peu le personnage vers la caricature. Mais après en effet, il n'y a pas ces choses affreuses de Nesterenko.

Polyeucte a écrit:

Otello a écrit:

Ghiaurov chez Bonynge n'est pas seulement un peu mieux tenu ! Il est d'une toute autre classe que Nesterenko ! Night and day !

Oui, mais bon, il en fait quand même des tonnes et tire un peu le personnage vers la caricature. Mais après en effet, il n'y a pas ces choses affreuses de Nesterenko.

Oui mais avec Ghiaurov c'est une caricature bon chic bon genre et de toutes façons le Méphisto de Gounod n'est pas un Méphisto très sérieux (comparé aux autres représentations lyriques du diable) ... Ghiaurov appuie effectivement là dessus mais il a tout de même compris le rôle. Ce que je reproche à Nesterenko, c'est de n'avoir, lui, absolument rien compris au rôle en dépit de moyens vocaux superlatifs ! Même Christoff avec lequel j'ai beaucoup de mal est formidable à côté.

Otello a écrit:

Oui mais avec Ghiaurov c'est une caricature bon chic bon genre et de toutes façons le Méphisto de Gounod n'est pas un Méphisto très sérieux (comparé aux autres représentations lyriques du diable) ... Ghiaurov appuie effectivement là dessus mais il a tout de même compris le rôle. Ce que je reproche à Nesterenko, c'est de n'avoir, lui, absolument rien compris au rôle en dépit de moyens vocaux superlatifs ! Même Christoff avec lequel j'ai beaucoup de mal est formidable à côté.

Je suis d'accord, ce Méphisto est plus joueur qu'autre chose.
Mais justement, Ghiaurov trouvera par la suite dans les années 70 (sauf dans le studio vraiment gris de Prêtre) une composition plus piquante et moins caricaturale... (à ce titre, la version de 77 à La Scala est pour moi un vrai aboutissement si tu ne connais pas! Et puis bon... Freni, Kraus, Cappuccilli et Prêtre à la baguette... et pas de coupures!).

Après, ça m'embête de dire du mal de Nesterenko comme ça... j'aurais dû me retenir vu les circonstances!