Programme :
DVOŘÁK : Concerto pour violoncelle et orchestre
MACMILLAN : The Confession of Isobel Gowdie
BARBER : Symphonie n°1
Distribution :
KIAN SOLTANI : violoncelle
ORCHESTRE PHILHARMONIQUE DE RADIO FRANCE
MARIN ALSOP : direction.
Encore un concert que je n'avais pas sélectionné initialement, réservé grâce aux promos de fin d'année. Plutôt très mal rempli, peut-être faute à un programme jugé difficile ? Le soliste Truls Mørk étant souffrant, il a été remplacé par Kian Soltani, que je ne connaissais pas.
J'avais déjà eu l'occasion d'entendre Marin Alsop, cette fois-là à la PP, dans un programme Poulenc (concerto pour deux pianos, avec les Labèque) et Dvorak (8ème peut-être ? ou 7ème ?), précédés d'une ouverture d'un compositeur américain contemporain, l'occasion de découvrir que ce répertoire moderne de son pays d'origine était sa spécialité. Outre le fait qu'elle est le sosie d'Angela Merkel, Marin Alsop m'avait fait l'impression d'un chef solide, bonne technicienne, capable d'obtenir ce qu'elle veut d'un orchestre.
Dvorak : souvent donné (déjà en début de saison à la PP, par exemple), ce concerto est facile à écouter, dans la veine de la 9ème symphonie, avec plusieurs emprunts au folklore américain, aux spirituals, ainsi qu'à des thèmes tchèques, à la sauce Dvorak. Dans le programme de salle, on apprend qu'il s'agit en fait du second concerto pour violoncelle, Dvorak en ayant composé un précédent, non orchestré, dont la partition ne lui aurait pas été rendue par son dédicataire, et qui n'a été retrouvé que dans les années 1920. Pas d'enregistrement de ce morceau ?
Le programme de salle apprend également que le morceau est dédié et inspiré par l'amour de jeunesse de Dvorak, sa belle-sœur, qui était malade et mourante. Jolie histoire d'amour contrarié !
Magnifique interprétation vendredi soir, avec une belle connivence entre chef et soliste. Ils ont réussi à m'attraper, alors que j'étais dans les pires dispositions pour ce concert.
Rappel : Marin Alsop a quasiment obligé le soliste à s'asseoir pour jouer.
Transcription, pour violoncelle soliste, six violoncelles et contrebasse, de la chanson qui a inspiré les thèmes du troisième mouvement du concert, la fameuse chanson de Dvorak qu'il cite lui-même, en hommage à la sœur de sa femme, son amour perdu. C'est un morceau inédit, tout en finesse, en douceur, langoureux et nostalgique, un vrai régal extrêmement émouvant.
MacMillan : après l'entracte, un morceau que je redoutais un peu, tant une vague écoute au disque m'avait effrayé. Étonnamment, je suis entré tout de suite dans le morceau, avec une grande facilité ! C'est une pièce bouleversante, terriblement émouvante, violente et douce. L'histoire de la chasse aux sorcières et le cas particulier d'Isobel Gowdie est particulièrement mystérieuse et fascinante. Orchestre de toute beauté dans les 13 accords violents, ou dans le duo cuivres / cordes, où les cordes, figurant le Bien, finissent par triompher. Partition remplie de références difficiles à saisir sans documentation (heureusement que le programme de salle était très bien fait).
Vraiment une belle découverte qui m'a tiré quelques larmes !
Barber : écoutée pour la première fois pour préparer ce concert, j'ai tout de suite adoré ! Le discours est net, bien construit, plein de belles trouvailles, il y a de discrets emprunts à tout ce que j'aime, du Sacre du printemps à la Symphonie alpestre, le tout dans une petite sauce Hollywood années 1930. C'est vif, expressif, jouissif ! Alsop est dans son élément, et elle dirige ici sans partition. Dans le programme, on lit que Barber voulait composer pour le plaisir du plus grand nombre, et c'est réussi, tant cette musique me paraît abordable (bizarrement, elle n'est pas aussi connue qu'elle le devrait). J'ai vibré, et versé aussi quelques larmes.
J'ai beaucoup apprécié la direction d'Alsop. Elle est précise, "hyper-chef" dans le sens où elle dirige tout et tout le temps. Elle est toujours présente et ne baisse jamais la tension.
De retour chez moi, j'ai regardé sa discographie : absolument impressionnante ! Je me suis rapidement commandé sa Mahler 1, un coffret Barber, Carmina Burana, MacMillan... Elle me fait l'effet d'une chef solide, dynamique et charpentée. Du coup, j'ai bien envie d'aller voir sa trilogie "Maestra et Tchaïkovski" en mars 2022, à la PP...
En sortie de scène, elle a eu un mot pour chaque musicien, puis est revenue carrément sur scène alors que tout le monde partait, pour une petite mise au point avec les bois. J'ai regretté de ne pas entendre ce qu'elle leur a dit, mais il semblerait que la petite harmonie se soit fait passer un savon...
Sortie de concert : bouleversé et tremblant ! C'était magnifique !
Conclusion, je ne sais toujours pas bien choisir mes concerts, puisque j'ai failli passer à côté de cette pépite !