PP – Salonen, Ravel – Salonen, OP – 13-14/04/22

MERCREDI 13 ET JEUDI 14 AVRIL 2022 – 20H30
Grande salle Pierre Boulez, Philharmonie de Paris

Esa-Pekka Salonen — Karawane (création française)*

Maurice Ravel — Daphnis et Chloé, ballet intégral **

Orchestre de Paris
Chœur de chambre de l’Orchestre de Paris, Académie du Chœur de l’Orchestre de Paris*
Chœur de l’Orchestre de Paris**
Esa-Pekka Salonen, direction
Marc Korovitch, chef de chœur**
Ingrid Roose, cheffe de chœur*
Zsolt-Tihamér Visontay, violon solo (invité)

Aux cinq musiciennes ukrainiennes qu'accueille l'orchestre depuis la semaine dernière viennent se joindre dans le chœur deux chanteuses du Théâtre national d'opérette de Kiev.

Le konzermeister du Philharmonia, l'ancien orchestre de Salonen, est invité pour l'occasion.

Un concert susceptible d'attirer les membres, ou du moins certains membres, du forum !

Le programme de salle fournit obligeamment le poème dadaïste de Hugo Ball sur lequel Salonen a composé sa musique, ainsi que le texte de Daphnis :

Karawane:

Daphnis:

J'y étais hier soir.



















J'en dirai plus quand j'aurai le temps.

J'y allais pour Karawane, la grande cantate de Salonen sur un poème dadaïste de Hugo Ball dont le texte éloquent a été rappelé ci-dessus par Mickt.

Du Salonen tardif : lyrique, tonal, avec des rythmes tribaux, qui culmine dans les accords enrichis tenus par le chœur dans les dernières minutes, tandis que l'orchestre se déchaîne.

C'était mon premier Salonen en salle : j'ai été surpris de trouver cela moins physique que j'imaginais (largement écrit en grand accords pas très transparents), mais quel plaisir d'entendre du neuf ! Le point fort de la programmation de Mäkelä cette saison : avoir investi dans le contemporain.

J'étais ravi d'entendre cette œuvre accessible et pas impersonnelle, ça changeait vraiment !

J'ai fait l'effort de rester pour Daphnis, mais toujours la même impression : cette musique devrait être calibrée pour moi, mais elle me touche toujours assez peu.
C'est une autre illustration de l'intérêt de varier les œuvres jouées : si l'on n'avait accès qu'à La Mer et Daphnis, je croirais ne pas aimer la musique française et aurais laissé tomber. (Alors que je crois que mes contributions au forum démentent cette hypothèse.

(C'est peut-être juste que je n'aime pas la bonne musique française. )

On peut ne pas être sensible au langage spécifique d'une œuvre ou d'un compositeur sans nécessairement rester hermétique à ce qui les entoure immédiatement, c'est pourquoi il est important d'avoir le choix.

--

Salle vraiment peu remplie (25-30% de sièges libres ?), si bien que l'on ne pouvait plus, ces derniers jours, acheter au second balcon, sans doute pour tasser un peu les gens. L'audace ne paie pas, mais il faut dire aussi que la PP n'avait pas communiqué sur l'œuvre… Il aurait fallu, et pour Larcher aussi, produire un teasing un peu exaltant si l'on veut que le public, déjà moins important qu'avant-crise, se déplace suffisamment pour remplir…

Je suis dégoûté, je suis malade et pris de quintes de toux fréquentes qui me poussent à ne pas aller au concert ce soir...
J'ai trop peur de déranger si je n'arrive pas à me retenir de tousser.
J'attendais pourtant ce concert avec impatience, très content de pouvoir écouter Daphnis et Chloe en entier avec choeur.

Appelle la Philharmonie et dis que tu as le Covid, tu pourras être remboursé par avoir.

Mais je te plains.

Si je ne travaillais pas ce soir, j'y retournerai.

Je vais essayer de donner ma place.
Je me dis que j'ai une chance de réentendre Daphnis et Chloe mais oui je suis très déçu.

Prosopopus a écrit:

Je vais essayer de donner ma place.
Je me dis que j'ai une chance de réentendre Daphnis et Chloe mais oui je suis très déçu.

Dommage de rater ça. A ta place je tenterais, et je te conseille les pastilles "Stoptou". C'est très efficace et ça arrête quasi instantanément la toux.
C'est un voisin de concert qui m'en avait glissé une dans la main alors justement que je m'étouffais à retenir ma toux !

DavidLeMarrec a écrit:

Du Salonen tardif : lyrique, tonal, avec des rythmes tribaux, qui culmine dans les accords enrichis tenus par le chœur dans les dernières minutes, tandis que l'orchestre se déchaîne.

C'était mon premier Salonen en salle : j'ai été surpris de trouver cela moins physique que j'imaginais (largement écrit en grand accords pas très transparents), mais quel plaisir d'entendre du neuf !

——> https://classik.forumactif.com/t9356-makela-philhar-rf-6-3-2020  

Sur l'œuvre : très bien résumée par David. J'ai tout de même trouvé que ça montait en puissance pour atteindre un bel impact physique à la fin. C'est surtout dans la première moitié que j'ai entendu les "grands accords pas très transparents" : beaucoup d'agitation mais d'où ne se dégagent pas toujours des textures, des jeux de timbres ou des rythmes bien nets. Cela dit je ne me suis pas ennuyé du tout, entre les martèlements stravinskiens, le beau dialogue hautbois-violoncelle pour marquer la transition entre les deux mouvements, le texte dada, tantôt rapidement scandé, tantôt prenant un aspect rituel, tantôt dilaté. Parties de chœur difficiles et tenues avec brio.

Ça évoque d'autres compositeurs du Nord, Hillborg ou Lindberg. Bel accueil du public.

Daphnis : deuxième fois que j'entendais l'intégrale avec chœur, après Haitink et le National il y a quelques années. C'était très beau, mais j'avoue avoir trouvé ça un peu rapide au début, comme si Salonen ne s'attardait pas trop à caractériser les épisodes du ballet (on ne voyait pas la démarche gauche de Dorcon, la supplique de Chloé était moins poignante que chez d'autres). Mais ça a vraiment décollé à partir de l'Interlude du chœur, chantant seul ou presque (l'occasion de se rappeler ce qu'on rate dans les suites) et avec les tableaux II et III : une vraie fête orchestrale qui emportait tout sur son passage. Je n'aurais que des banalités à dire sur les miracles d'orchestration de Ravel, qui vient sans cesse titiller l'oreille de sonorités familières et pourtant décalées — rôle accordé à la fûte en sol et au cor anglais, associations de timbres (altos et violoncelles qui se chevauchent ; cors en sourdine : on cherche le son, on ne sait plus s'il faut regarder vers les bassons, les altos, peut-être la flûte en sol ?). Salonen laissait se déployer tout ça d'une façon organique, sans chercher à trop souligner tel ou tel passage, et par moments déchaînée.

Remplissage assez catastrophique le jeudi.

mickt a écrit:

——> https://classik.forumactif.com/t9356-makela-philhar-rf-6-3-2020  

Ah oui !

Ce n'était pourtant pas très ancien et j'avais beaucoup aimé, mais je redécouvre à l'instant que cette œuvre existe, c'est dire l'impression peu durable que j'en ai retiré.

Citation :

Sur l'œuvre : très bien résumée par David. J'ai tout de même trouvé que ça montait en puissance pour atteindre un bel impact physique à la fin. C'est surtout dans la première moitié que j'ai entendu les "grands accords pas très transparents" : beaucoup d'agitation mais d'où ne se dégagent pas toujours des textures, des jeux de timbres ou des rythmes bien nets.

Tout à fait d'accord.

Citation :

Cela dit je ne me suis pas ennuyé du tout, entre les martèlements stravinskiens, le beau dialogue hautbois-violoncelle pour marquer la transition entre les deux mouvements, le texte dada, tantôt rapidement scandé, tantôt prenant un aspect rituel, tantôt dilaté. Parties de chœur difficiles et tenues avec brio.

Pareil ! C'était neuf, bien fait, animé, varié, on n'avait pas le temps de se lasser alors même que l'œuvre dure une demi-heure – j'avais trouvé beaucoup plus longs des Widmann de vingt minutes.

Citation :

Ça évoque d'autres compositeurs du Nord, Hillborg ou Lindberg. Bel accueil du public.

Hillborg éventuellement, mais Hillborg est souvent ou plus tradi (plein de références) ou orchestré de façon plus personnelle et marquante. Lindberg, ça me paraît assez différent (ouvertement atonal, privilégiant le contrepoint…), mais il peut y avoir des passerelles avec le Salonen des années 90 (avec Karawane, j'avoue que ça ne me frappe pas).

Je suis d'accord, j'ai écouté beaucoup d'oeuvres de Salonen, la plupart me plaisent, aucune ne m'a vraiment marqué ou enthousiasmé, contrairement à Hillborg.

Sinon, le Daphnis de Salonen était pour moi un très grand moment, bien au-delà de mes espérances, avec des prises de risque assez importantes parfaitement assumées par l'orchestre (la danse guerrière!), d'une remarquable mise en place, les couleurs étaient également superbes, j'ai beaucoup vibré et je ne pinaillerai pas sur les mini-imperfections tant c'était enthousiasmant, engagé, et d'une grande beauté.
Superbe prestation du choeur également.

Un des concerts qui m'a le plus mis en transe dernièrement, depuis longtemps.

Grand moment en effet que ce Daphnis. J'y suis allé les deux fois Rien à rajouter. Même les passages entre les danses qu'il m'est arrivé de trouver parfois un peu moins intéressants,
m'ont paru irrésistibles, sans un moment de temps mort.
Et c'était encore plus frappant le jeudi, tout s'enchaînant encore plus naturellement. Je n'ai jamais entendu une danse guerrière aussi guerrière !
Seul petit regret, le sublime solo de flûte dans la pantomime était joué par Vincent Lucas, de façon trop maniérée et avec son éternel vibrato (même s'il me semble qu'il le contrôle un peu plus).
La deuxième fois, je suis arrivé à l'entracte, car une écoute de Karawane m'avait  amplement suffi ! Moins emballé que vous !
Et un peu fatigué par une oeuvre où les instruments de l'orchestre jouent tous pendant presque toute l'oeuvre.
Ma voisine m'a demandé à l'entracte si j'étais un habitué de cette salle et si c'était l'acoustique qui expliquait qu'on n'entendait pas les différents instruments.
Je lui ai promis qu'avec Daphnis, elle entendrait tout !