RF - Ciné-concert Le fantôme de l'Opéra (1925) - 25/10/2022

Ciné-concert :
LE FANTÔME DE L'OPÉRA
film de Rupert Julian (1925), inspiré du roman de Gaston Leroux

JEREMY JOSEPH orgue
SERGE BROMBERG présentation

J'ai hésité à dire quelques mots sur ce "spectacle", dans la mesure où ce n'était pas vraiment un concert au sens de ce forum... Néanmoins, la musique était au centre de l'événement, et c'était à RF...

J'y allais plus par curiosité que par passion, mais ce fut l'une des plus belles soirées de la saison. Tout d'abord, le film est excellent : muet et désuet bien sûr, avec des acteurs qui surjouent, comparativement à nos standards actuels, avec des lancers de bras, des pâmoisons, des yeux exagérément exorbités ; mais tout à fait prenant, intéressant, saisissant. Je me suis surpris à sursauter plus d'une fois, à entrer dans l'histoire sans difficulté, une première me concernant pour un film d'époque strictement muet. A noter que, si le film était en noir et blanc, une scène était en couleur (scène des masques et de la fête à l'Opéra). Décors absolument incroyables, avec une reconstitution de l'Opéra Garnier en studio, intérieur comme extérieurs, une reconstitution de Paris (Notre-Dame et la Seine), des moyens démesurés pour l'époque.

Introduction au micro par Serge Bromberg, passionné et passionnant. Jérémy Joseph à l'orgue : avec son serre-tête et ses lunettes, il a pris possession de l'instrument, et a réussi un tour de force magistral. Orgue symphonique, difficile de se rappeler qu'un seul instrument est à l'origine d'une telle variété de sons, de couleurs, de timbres et surtout d'atmosphères. Suivant le film image par image, ses accords suivaient carrément les mouvements de lèvres ou de regard des acteurs (il faut connaître le film sur le bout des doigts...). Atmosphères tantôt douces, romantiques ou comiques, tantôt terrifiantes, fantastiques ou angoissantes. Musique fiévreuse qui sait se faire oublier et servir son sujet. Selon le programme de salle, c'était une improvisation, mais est-ce réellement possible ? Beaucoup de trilles, beaucoup de jeux sur les intervalles certes, mais aussi, beaucoup de traits virtuoses !

Très gros succès à l'applaudimètre, dans une salle à moitié remplie. Belle expérience !

Il y a improvisation et improvisation: en principe, si c'est bien fait, c'est de l'improvisation préparée, effectivement il faut connaître le film par coeur, ensuite la musique est-elle préparée, ça dépend de chaque improvisateur, mais c'est au moins en partie préparée, en tout cas si c'est bien fait.
Impossible de faire ça bien si on ne connaît pas le film par coeur effectivement.

Rocktambule a écrit:

J'ai hésité à dire quelques mots sur ce "spectacle", dans la mesure où ce n'était pas vraiment un concert au sens de ce forum...

Non tu as bien fait je pense. Je vais peut-être ouvrir un sujet pour parler de la Fondation Pathé Gaumont qui propose des films muets accompagnés par des élèves de la classe de Zygel au CNSM. C'est souvent très réussi, et parfois horripilant !

À Radio France j'ai renoncé à cause de l'orgue. J'étais sorti éreinté d'un Metropolis accompagné à un volume assourdissant par Thierry Escaich. Et j'avais trouvé la sonorité de l'instrument désagréable, mais ils ont peut-être amélioré tout ça depuis.

mickt a écrit:

À Radio France j'ai renoncé à cause de l'orgue. J'étais sorti éreinté d'un Metropolis accompagné à un volume assourdissant par Thierry Escaich. Et j'avais trouvé la sonorité de l'instrument désagréable, mais ils ont peut-être amélioré tout ça depuis.

L'orgue de RF n'est clairement mon préféré : je n'apprécie pas ses couleurs aigres et pincées. Mais, mardi dernier, je n'ai pas ressenti ça, étrangement.

L'écran déroulé depuis le plafond venait juste devant les tuyaux de l'orgue. Y a-t-il un lien ?

Intéressé par des lectures au sujet de ces films muets. Il y a un pan du patrimoine culturel qui m'est totalement inconnu à ce niveau.

mickt a écrit:

À Radio France j'ai renoncé à cause de l'orgue. J'étais sorti éreinté d'un Metropolis accompagné à un volume assourdissant par Thierry Escaich. Et j'avais trouvé la sonorité de l'instrument désagréable, mais ils ont peut-être amélioré tout ça depuis.

Non, ça n'a pas été amélioré : cette instrument est une abomination, qui me gâche tout mon plaisir même dans le répertoire que j'adore… pourtant ils ont une saison très stimulante, et leurs titulaires et invités sont des très grands… mais les sons uniformément gris et toujours aigres de l'instrument, l'acoustique qui empêche toute résonance et rend le son à jet continu comme dépourvu de vie… c'est vraiment pas beau du tout.

Je le déplore, car ce serait, autrement, la meilleure saison d'orgue de Paris !

Mais pour Metropolis il y avait un problème de volume sonore en tant que tel, c'était tout simplement trop fort. Je veux bien subir une vilaine sonorité de temps en temps, mais pas si j'en ressors sourd de surcroît.