Grieg: concerto pour piano

Sans topic politique, finalement ce forum tourne au ralenti . De quoi m'obliger à lancer un énième sujet qui restera sans réponses...

D'aucun trouve que ce concerto "sent le poisson" (dixit Arrau) moi je
l'aime beaucoup. J'en ai écouté plusieurs versions


Mes preferées:

Richter/Monte-Carlo/Matacic: Richter fait littéralement explosé le piano dans cet enregistrement, plus bourrin tu meurs ! L’orchestre n’est pas à la hauteur malgré une belle énergie. Tout cela est fort brouillon et les timbres ne sont pas au mieux, le tout avec quelques bruits parasites. Dans tous les cas, c’est à connaître car la leçon de piano de Richter est magistrale.


Freire/Munich/Kempe: un enregistrement parfaitement équilibré et parfaitement senti. Tout est en place sans aucun accro. Le piano est puissant et volontaire comme il faut sans tomber dans l’excés et les timbres de l’orchestre sont bien ronds et nobles. Une référence pour qui a peur d’affronter Richter ou est lassé par des versions moins rythmées.


Curzon/Wiener/Fjeldstad: Curzon est magistral mais la performance vient surtout de l’orchestre : on entend enfin tout. Tout les chants, contre-chants, dialogues sont merveilleusement mis en avant. Ce n’est pas une version très chantante : c’est la plus cuivrée de la discographie.



Les autres versions que je connais :

Lupu/LSO/Previn: Lupu manque de puissance et d’ardeur, l’orchestre est bien trop transparent, trop fluide. Beauté froide.

Arrau/Concertgebouw/Von Dohnany: des tempos bien plus lents que la moyenne, Arrau fait chanter son piano sur fond d’orchestre. Le tout ne me touche guère.

Zimerman/Berliner/Karajan: pour les fans de Karajan qui est fidèle à lui-même. Version hyper consensuelle, droite dans ses bottes et affectée comme il se doit.

Thibaudet/Rotterdam/Gergiev: à la baroque : tout cela est dégraissé, assez tangent, dansant, mais finalement trop maigre.

Lilya zilberstein/Goteborg/Jarvi : Un enregistrement aussi très viril, mais plutot confus, trop epais concernant l’orchestre. On ne s’amuse pas franchement et cela n’est pas très évocateur des climats que l’on
peut rechercher dans cette œuvre.


Entremont/ /Ormandy : à oublier : mauvaise prise de son, piano lourd et moche, orchestre absent.

Andsnes/Berliner/Jansons : très souple, très doux, très chantant et très chiant.


Je lance un appel à temoin concernant les versions :

Fleisher/Cleveland/Szell

Kovacevich/BBC/Davis

La seule version que je connaisse de ce Concerto est celle enregistrée par l'orchestre philarmonique d'Oslo sous la direction de Pelle Patterson, issue d'un disque acheté à vil prix voici des années et que je ne me suis jamais lassé d'écouter depuis. J'ai toujours trouvé cette version satisfaisante, sans pour autant disposer de points précis de comparaison, ce qui ne saurait tarder.

Plus ça va, plus je me rends compte que Grieg fait partie des compositeurs qui me touchent le plus, peut-être est-ce parce qu'il est plus facilement accessible, je n'en sais rien et je m'en fiche... Et ce Concerto pour piano compte parmi mes oeuvres favorites de ce compositeur, et pas seulement !

Ce concerto pour piano de Grieg est très agréable et très rafraîchissant.

Pour moi la référence est Dinu Lipatti: c'est du marbre.
Si c'était pas si vieux, ça plairait bien à Jorge !

Bien sûr Lipatti, mais je ne dirais pas comme sofro que c'est du marbre. Ca ressemble plus pour moi à un rêve éveillé, avec une délicatesse aristocratique à mille lieux de toute vulgarité. L'interprétation sans doute la plus sincère, sortant directement du coeur de l'interprète et allant directement au coeur de l'auditeur.

Dans le même genre, Rubinstein qui en a gravé au moins 3 ou 4 grandes versions pour RCA. Toujours cette classe indémodable et cette pointe de nostalgie qui vous transporte bien au delà du simple cadre du concerto romantique.
A mon sens, contrairement au rapprochement traditionnel, Lipatti et Rubinstein lorgne beaucoup plus du côté de Chopin que de Schumann dans ce Concerto de Grieg.

Pour le marbre, je penserais en premier lieu à une version rare et pas facilement accessible: un concert de Guilels et du Concertgebouw dirigé par Jochum en 1979, disponible dans un coffret Tahra: http://www.tahra.com/?ref=474 . Avec des interprètes de cette trempe, on atteint des sommets quasiment religieux ! Guilels se donne à fond à chaque instant, donnant une vérité exceptionnelle à chaque note ou accord, et Jochum fait sonner les cuivres comme pour une symphonie de Bruckner !

J'aime beaucoup aussi Freire/Kempe.

Sinon, il parait que Michelangi est excellent voire génial dans ce Concerto, notamment dans cette version:
http://www.abeillemusique.com/produit.php?cle=856
Quelqu'un connait ?

Suivant les conseils de Jorge, je me suis procuré aujourd'hui la version de Freire / Kempe. Elle est effectivement excellente, mais finalement peu différente de celle dont je disposais également.

Je viens d'acquérir la version Anda/Kubelik : vraiment excellent, du grand piano et du grand orchestre.

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Oui, avec Michelangeli, c'est sûr que ça doit y aller... Je pense que ça doit être en effet un grand enregistrement.

Que pensez-vous de cet enregistrement :

Concertos pour piano Grieg, Schumann, Saint-Saëns
Howard Schelley / Orchestra of Opera North

paru en mars 2009 chez Chandos

Ce concerto par Andsnes, je l'ai écouté une semaine durant dans un gîte que j'avais loué dans un fjord norvégien....J'avais oublié mes disques, et en fouillant un peu partout dans ce gîte, j'étais tombé sur un disque d'Andsnes qui comportait entre autre quelques pièces de Schumann, Liszt, Brahms...
Je l'ai peut être trop écouté mais en même temps je n'ai jamais retrouvé une version qui associait lyrisme, poésie et emphase...Franchement, je ne le trouve pas du tout chiant cet enregistrement. Tous ceux que j'ai écouté depuis (à part peut être Freire) me semblent particulièrement bruyants et tapageurs.

Richard a écrit:

Ce concerto par Andsnes, je l'ai écouté une semaine durant dans un gîte que j'avais loué dans un fjord norvégien....J'avais oublié mes disques, et en fouillant un peu partout dans ce gîte, j'étais tombé sur un disque d'Andsnes qui comportait entre autre quelques pièces de Schumann, Liszt, Brahms...
Je l'ai peut être trop écouté mais en même temps je n'ai jamais retrouvé une version qui associait lyrisme, poésie et emphase...Franchement, je ne le trouve pas du tout chiant cet enregistrement. Tous ceux que j'ai écouté depuis (à part peut être Freire) me semblent particulièrement bruyants et tapageurs.

Ceci étant, après vérification, je ne parle pas du même enregistrement que Jorge apparemment. Celui que je connais est dirigé Dmitri Kitayenko à la tête du Bergen Philharmonic Orchestra...

Richard a écrit:

Tous ceux que j'ai écouté depuis (à part peut être Freire) me semblent particulièrement bruyants et tapageurs.

Donc tu n'as pas encore écouté Lipatti ?

adriaticoboy a écrit:

Richard a écrit:

Tous ceux que j'ai écouté depuis (à part peut être Freire) me semblent particulièrement bruyants et tapageurs.

Donc tu n'as pas encore écouté Lipatti ?

Non. Je ne connais pas du tout Lipatti....

Tu as de la chance ! On devrait tous découvrir Lipatti le plus tard possible. Car une fois qu'on a dans l'oreille son pianisme absolu et parfait, même les petits défauts des autres nous apparaissent parfois rédhibitoires.
(Par exemple tu n'écouteras plus de la même façon les Valses d'Arrau quand tu auras entendu celles de Lipatti.)

J'ai une petite passion pour la version de J Katchen et Istvan Kertesz !!

Piano éclatant , prise de son Decca superlative.

A écouter de toute urgence .

En plus disque économique .

adriaticoboy a écrit:

Tu as de la chance ! On devrait tous découvrir Lipatti le plus tard possible. Car une fois qu'on a dans l'oreille son pianisme absolu et parfait, même les petits défauts des autres nous apparaissent parfois rédhibitoires.
(Par exemple tu n'écouteras plus de la même façon les Valses d'Arrau quand tu auras entendu celles de Lipatti.)

Un ami pianiste m'avait dit le plus grand bien de Lipatti déjà...
Il faudra que je m'y penche un jour ou l'autre...Mais pour cela, il faudrait que j'arrête d'acheter plus de disques que ma vie actuelle m'en donne la possibilité d'en écouter !!!

Richard a écrit:

Richard a écrit:

Ce concerto par Andsnes, je l'ai écouté une semaine durant dans un gîte que j'avais loué dans un fjord norvégien. (...) je n'ai jamais retrouvé une version qui associait lyrisme, poésie et emphase...Franchement, je ne le trouve pas du tout chiant cet enregistrement. Tous ceux que j'ai écouté depuis (à part peut être Freire) me semblent particulièrement bruyants et tapageurs.

Ceci étant, après vérification, je ne parle pas du même enregistrement que Jorge apparemment. Celui que je connais est dirigé Dmitri Kitayenko à la tête du Bergen Philharmonic Orchestra...

J'ai les deux versions Andsnes, la première avec Kitayenko et l'orchestre de Bergen est en effet beaucoup plus poétique et émouvante (malgré des tempi parfois un peu lent à mon goût, surtout à l'orchestre) que celle avec Jansons/Berlin, plastiquement parfaite mais plus neutre et distante.

Il en est d'ailleurs de même pour les pièces lyriques qu'il a faites à cette époque chez Virgin (sur le disuqe du concerto et sur un autre album), elles me plaisent plus que celles enregistrées sur le piano de Grieg à Troldhaugen pour EMI.

J'ai aussi la version Lipatti, mais ne l'ai pas écoutée depuis un bon moment Suite à vos posts je vais la réécouter sans tarder.

moly a écrit:

Atypique certes, car ce n'est pas forcément ce que Grieg a prévu pour ce concerto : les tempi sont assez rapides et un vent de folie parcoure l'ensemble de l'oeuvre. Michelangeli embarque avec lui l'orchestre et le chef dans une chevauchée fantastique. Conscients de l'événement, l'orchestre et le chef se lancent à corps perdu dans cette aventure, non pas sans risque. J'ai rarement entendu un telle cohésion soliste-orchestre dans un concert aussi dément. La capacité d'adaptation du Philhamonia est impressionnante.

Pour moi également, la version Michelangeli est de loin la meilleure. La conception de l'oeuvre est différente de la plupart des autres pianistes. Les choses sont énoncées clairement et sans demi-mesure, la cadence est démoniaque et impitoyable, le tout est joué dans une atmosphère noire et dramatique qui me convient parfaitement. L'orchestre est excellent.

A mes yeux, un des tout grands enregistrements de Michelangeli.

J'ai découvert il y a quelque temps une version peu citée (j'en ai entendu dire du bien quelque part mais je ne sais même plus où): Ogdon/Philharmonia/Berglund (1971 EMI)
Lecture très fluide et transparente, sans pathos ni guimauve, vraiment idéale. Sera quand même peut-être un peu trop "neutre" pour certains.


Sur musicMe:
http://www.musicme.com/#/Edward-Grieg/albums/Peer-Gynt,-Concerto-Pour-Piano,-Chansons-0724358605822.html

Je ne connais que la version de Noriko Ogawa avec l'orchestre de Bergen sous la direction d'Ole Kristian Ruud...
Je trouve le jeu de la pianiste pur, simple, retenu, clair et classe... Je n'ai pas de point de comparaison mais ça me plaît énormément... Maintenant, d'après vos commentaires, un jeu plus fougueux doit sans doute être aussi voire plus évident dans ce concerto... (même si j'ai un souvenir de concert de Beresovsky semblable à cette version)...
On peut trouver cette version dans l'intégrale de la musique pour orchestre (Ruud/Bergen)...

Elle joue plutôt bien Takemitsu. Quant à Ruud / Bergen, c'est quand même ultime...

Vraiment, ce que j'ai aimé dans son jeu, c'est la simplicité de sa déclamation... On entend tout... (J'ai bien conscience que ça ne doit pas être le concerto le plus difficile au niveau digital)...

marc.d a écrit:

J'ai une petite passion pour la version de J Katchen et Istvan Kertesz !!

Piano éclatant , prise de son Decca superlative.

A écouter de toute urgence .

En plus disque économique .

C'est ma version préférée ! D'ailleurs en général ce couple nous a donné d'excellents disques.

Sinon un vieux truc (1933)mais qui vaut le détour : Backhaus/Barbirolli.

puisqu´il est question de vieux trucs:
Ignaz Friedman (avec Gaubert), jadis sorti chez Pearl.
Bon, ça grate, mais quel jeu!!!

à recommander aussi: Richter (avec Muti)

Ce que je considère la meilleure interprétation du piano concerto de Grieg, par Jean-Yves Thibaudet.

Depuis plusieurs années j'écoute différentes versions de ce piano
concerto et ici vous l'avez en concert sur tontube.
watch?v=17O-A_vp-80
watch?v=PXbuISjFY28
watch?v=KpLb7MMGvYk

Absolument parfait!

J'ai les deux versions Andsness; effectivement la première est plus vivante, au prix de quelques décalages avec l'orchestre d'ailleurs.

Freire/Kempe c'est un miracle; ils ont tout , sauf peut-être un grain de folie; mais cette serie d'enregistrements de Kempe (Tchaikosky, Liszt, Schumann avec Kempe , Schubert - la 9ème- Dvorak- Sérénade-et Strauss - Métamorphoses) est un monument discographique malgré un orchestre assez banal.

Shelley, c'est trés bien, vif, rapide (trop), dégraissé. Une belle relecture

pianofortiste a écrit:

Freire/Kempe c'est un miracle

+1 ! Un très très bel enregistrement. J'avoue n'être jamais allé voir ailleurs.

Je suis tombé là-dessus tout à l'heure. C'est carrément une des meilleures versions que j'ai entendues ; c'est bien celle qu'on trouve au commerce avec le concerto de Schumann - que je choppe ça direct ?

http://www.amazon.fr/Dinu-Lipatti-Joue-Grieg-Schumann/dp/B00005UWOC/ref=sr_1_1?ie=UTF8&qid=1287923746&sr=8-1

Oui, c'est Lipatti/Galliera, la version ultime pour moi (même si Karajan aurait sans doute poussé le Philharmonia encore plus haut s'il avait été à la baguette.)

En ce qui concerne l'édition en CD, tu as le choix: EMI (transfert un peu trop filtré à mon goût mais acceptable), Dutton (je ne connais pas mais ça doit être mieux) et surtout Opus Kura, repiquage très ouvert qui sonne vraiment bien, mais là il faut bien sûr supporter un peu plus de bruits de surface, et c'est plus cher.

J'ai trouvé encore un autre CD dont j'ai perdu la référence malheureusement. En tout cas cette version est extraordinaire, je n'ai aucune envie d'aller voir ailleurs, même pas pour "le son".

Et la version Anda/Kubelik, vous en pensez quoi ? C`est la seule que je possede, elle est de tres bon niveau - mais bon, je n`ai pas vraiment de points de comparaison...

adriaticoboy a écrit:

Oui, c'est Lipatti/Galliera, la version ultime pour moi.

J'aime beaucoup aussi, mais je placerais tout de même Katchen et Backhaus devant.
Sinon Freire, je ne suis pas trop fan, m'enfin il y a bien pire. Je l'ai entendu également en concert, et je trouve que ça manque de vitalité.

Bonsoir

Personne n'a évoqué le couple Rattle Vogt chez EMI dans le très classique couplage Grieg Schumann ?

Cordialement
Eléanore-clo

eleanore-clo a écrit:

Bonsoir

Personne n'a évoqué le couple Rattle Vogt chez EMI dans le très classique couplage Grieg Schumann ?

Cordialement
Eléanore-clo

Je ne connais pas ce CD, mais j'ai entendu Vogt dans ce concerto en concert et j'ai beaucoup aimé.

Horatio a écrit:

Et la version Anda/Kubelik, vous en pensez quoi ? C`est la seule que je possede, elle est de tres bon niveau - mais bon, je n`ai pas vraiment de points de comparaison...

J'en parle à la page 1. Une très belle version. Un final particulièrement dynamique et puissant.
Mais dans l'absolu, je préfère la version de Lipatti (the genius...)
Une bonne note aussi pour la version de Rubinstein qu'on trouve dans le coffret classiques RTL (orchestre ?). Du grand Arthur comme toujours dans les concertos romantiques.

[quote="pianissimo]J'en parle à la page 1. Une très belle version. Un final particulièrement dynamique et puissant.[/quote]

Excuse-moi ( ) .
Personnelement, c`est surtout le premier mouvement qui m`a plus dans cette interpretation. Le finale est tres bien aussi, mais je me souvenais vaguement d`autres versions plus sautillante.

Jorge a écrit:

Lupu/LSO/Previn:[/i] Lupu manque de puissance et d’ardeur, l’orchestre est bien trop transparent, trop fluide. Beauté froide.

Effectivement. Alleche par la couverture, je viens de me l`acheter et d`ecouter le premier mouvement... .
Heureusement, le 3e mouvement est deja plus supportable.

Horatio a écrit:

Jorge a écrit:

Lupu/LSO/Previn:[/i] Lupu manque de puissance et d’ardeur, l’orchestre est bien trop transparent, trop fluide. Beauté froide.

Effectivement. Alleche par la couverture, je viens de me l`acheter et d`ecouter le premier mouvement... .
Heureusement, le 3e mouvement est deja plus supportable.

Quoiqu'on dise de cette interprétation dans son ensemble, je trouve justement que la partie centrale cantabile du 3è mouvement est magnifique dans cette version. C'en est le meilleur moment.

pianissimo a écrit:

Oui, avec Michelangeli, c'est sûr que ça doit y aller... Je pense que ça doit être en effet un grand enregistrement.

Vi, vi (BBC Legends, live). Il est comme possédé là-dedans, complètement déjanté. Avec Michelangeli, on sait au moins une chose: il n'y a guère de soucis disons "matériels" entre sa conception d'une oeuvre et son exécution. Pas d'anicroches*, piano super bien réglé, il n'y a plus qu'à savourer.


*en fait, on en entend une légère tout au début du Grieg, mais après c'est de la lave en fusion.

adriaticoboy, le 15 mai 2007, a écrit:

Dans le même genre, Rubinstein qui en a gravé au moins 3 ou 4 grandes versions pour RCA. Toujours cette classe indémodable et cette pointe de nostalgie qui vous transporte bien au delà du simple cadre du concerto romantique.
A mon sens, contrairement au rapprochement traditionnel, Lipatti et Rubinstein lorgne beaucoup plus du côté de Chopin que de Schumann dans ce Concerto de Grieg.

Rubinstein a gravé quatre fois ce Concerto pour RCA Victor :

1) Philadelphia Orchestra / Eugene Ormandy (6 mars 1942)
2) RCA Victor Symphony Orchestra / Antal Dorati (22 août 1949)
3) RCA Victor Symphony Orchestra / Alfred Wallenstein (11 février 1956)
4) RCA Victor Symphony Orchestra / Alfred Wallenstein (10 mars 1961)

Auxquels s'ajoutent un enregistrement du 25 novembre 1963 avec le Philharmonia / Giulini (chez Intaglio) et une vidéo Decca avec le London Symphony Orchestra / André Previn (22-24 avril 1975).

Je viens de réécouter la version avec Antal Dorati, captée à Hollywood (donc certainement avec des membres du Los Angeles Philharmonic).

Evidemment, le chef hongrois tire des étincelles de givre de son orchestre, au prix de quelques accrocs et sécheresses de phrasés qui contaminent aussi la partie pianistique, notamment dans le Finale. Interprétation erruptive, brute et râpeuse, parfois déstabilisée mais globalement assénée avec une conviction qui fait oublier les quelques déphasages.
Le son est un peu vilain mais offre à l'oeuvre une texture mal dégauchie qui souligne la rugosité des aspects folkloriques.

Rubinstein-Ormandy c'est fougueux, impérieux, mais très vieux. Dans le gros coffret Ormandy des Maestri. Je le préfère cependant à Lipatti, excellent quand on ne connaissait pas mieux. Sérieux, c'est très joli mais ça ne passe plus la rampe aujourd'hui. Dans cette oeuvre les décibels crèvent les limites de la technique pré-stéréo. Il faut aimer, ou avoir un fort préjugé pour l'Age d'Or.

Bishop-Davis, Anda-Kubelik, Arrau-Dohnanyi, Andsnes-Janssons, Zimerman-Karajan, Gieseking-Galliera, Lupu-Previn: tous excellents, tous très différents, presque tous couplés avec le Schumann, ce qui est une très mauvaise idée.

Mes références: l'increvable Rubinstein-Wallenstein et Gilels-Jochum. Ce dernier partnership est bien connu pour ses concertos de Brahms. Eh bien, leur Grieg est de la même eau. On en reste baba. Le genre de concert qui a dû renvoyer les pianistes de conservatoire à leurs gammes, la queue entre les jambes.

Pour ce qui est de Rubinstein, il ne fait aucun effort particulier mais sa dégaine à la fois nonchalante et fière, son empire total sur la partition - impossible d'y résister. C'est le secret de Rubinstein, même dans son grand âge: aristocrate séducteur, il en jette sans même le vouloir. On achète d'instinct, et on laisse un pourboire avec plaisir.

Un concert de 1975 avec Lupu (Aldo Ceccato) demeure dans mon souvenir un des plus magnifiques auxquels j'ai assisté.

Jorge, le 5 mai 2007, a écrit:

Je lance un appel à temoin concernant les versions :

Fleisher/Cleveland/Szell

Kovacevich/BBC/Davis

Je suis d'accord avec ce que vient d'écrire André.

Parmi les versions robustes, j'ajouterais Katchen/Mehta et Freire/Kempe, qui ont déjà été évoquées précédemment.

Et pour répondre à Jorge, je garde une tendresse particulière au tandem Kovacevich/Davis, que j'écoutais en vinyle, même si l'orchestre de la BBC manque un peu de vigueur et de caractère.

Quant à la version de Fleisher/Szell, il faut la connaître pour entendre un des plus virtuoses, nobles et intelligents accompagnements orchestraux jamais enregistré.

À mon tour de concourir avec l'opinion de Melomaniac (Fleisher -Szell). Dans le cas de cet entegistrement ce n'est pas tant le Grieg qui étonne plutôt que le Schumann qui estomaque carrément. Rarement (jamais?) ce concerto a-t-il autant coupé le souffle de l'auditeur que dans cet enregistrement. Tant Fleisher que Szell et ses clevelanders ont donné ici une version absolument unique. À chacun son Schumann, mais celui-ci vaut d'être entendu sans préjugé.

Walter Gieseking ; Hans Rosbaud, Orchestre d'Opéra d'Etat de Berlin

(Columbia, avril 1937)

Misère, je viens de la réécouter, j'en gardais un bien meilleur souvenir, mais hélas trop clément. Dès les premiers traits, le jeu boulé, les dérapages, décalages, essaiment des fausses notes en pagaille. Je ne suis pas du genre puritain, mais là les phrasés sont trop souvent approximatifs et biaisés, pris en défaut d'autocontrôle. Dommage car Gieseking était évidemment capable d'une prestation plus surveillée.
Si seulement la poésie venait racheter l'Adagio, mais hélas le clavier y reste prosaïque. Cette archive des années 1930 reste toutefois à entendre pour l'énergie qu'y soufflent les interprètes, notamment Rosbaud et ses berlinois qui sèment la tempête dans les deux mouvements vifs. A ce titre, la venteuse pochette de l'édition américaine illustre bien le contenu musical...

Saviez vous que Grieg a commencé à écrire un 2ème concerto en si mineur? Le projet a été abandonné, mais il existe une version réalisée d'après les esquisses laissées par Grieg :
https://www.youtube.com/watch?v=zb1xsGeoe9g

Je ne sais pas si l'on en a parlé ici,il y a un concerto de Grieg ,joué sur Piano-roll par Percy Grainger en 1921 et un véritable orchestre plus récent , les deux ont été réajusté bien longtemps après, je crois qu'il y a une troisième sonate dans le même cas?
http://translate.google.fr/translate?hl=fr&sl=en&u=http://www.mfiles.co.uk/reviews/edvard-grieg-piano-concerto-played-by-percy-grainger.htm&prev=/search%3Fq%3Dpercy%2Bgrainger%2Bgrieg%2Bpiano%2Bconcerto%26biw%3D1112%26bih%3D675

Emeryck, in playlist, a écrit:

Tu as déjà écouté la version de Michelangeli ?

  On dispose de plusieurs témoignages par ABM. Duquel parles-tu ?

De l'enregistrement scaligère de février 1942 dirigé par Alceo Galliera (Telefunken) ?

Jorge a écrit:

Lupu/LSO/Previn:[/i] Lupu manque de puissance et d’ardeur, l’orchestre est bien trop transparent, trop fluide. Beauté froide.
[i]

Comment peux-tu écrire ça ?

Pour moi, cette version est la référence absolue. Le Schumann couplé avec est du même niveau. Radu Lupu est un pianiste fabuleux et son jeu est éblouissant et cristallin comme il le faut dans la musique scandinave. L'orchestre est puissant sans lourdeur.




http://www.musicme.com/#/Andre-Previn/albums/Grieg---Schumann:-Piano-Concertos-0028946638323.html

Anda/Kubelik est bien également.

Lohengrin a écrit:

moly a écrit:

Atypique certes, car ce n'est pas forcément ce que Grieg a prévu pour ce concerto : les tempi sont assez rapides et un vent de folie parcoure l'ensemble de l'oeuvre. Michelangeli embarque avec lui l'orchestre et le chef dans une chevauchée fantastique. Conscients de l'événement, l'orchestre et le chef se lancent à corps perdu dans cette aventure, non pas sans risque. J'ai rarement entendu un telle cohésion soliste-orchestre dans un concert aussi dément. La capacité d'adaptation du Philhamonia est impressionnante.

Pour moi également, la version Michelangeli est de loin la meilleure. La conception de l'oeuvre est différente de la plupart des autres pianistes. Les choses sont énoncées clairement et sans demi-mesure, la cadence est démoniaque et impitoyable, le tout est joué dans une atmosphère noire et dramatique qui me convient parfaitement. L'orchestre est excellent.

A mes yeux, un des tout grands enregistrements de Michelangeli.

C'est sûr que ça dépote sec si on parle bien de 1965 en BBC Legends. Boudiu.