Vyacheslav Artyomov.1940 ou la tentative d'y voir plus clair

C'est assez paradoxal, et même assez surprenant,il y a assez peu de références en français sur ce compositeur russe. La plupart des mélomanes,savent qu'il est l'auteur d'un grand Requiem, qui a eu beaucoup de succès à l'époque de sa parution, mais c'est à peu près tout.Certains disent que c'est un génie ,que c'est un mystique qui se sert de la musique ,comme d'un moyen pour amener les gens à la religion.Bref, pas mal de questions et pas beaucoup de réponses.
Essayons surtout par ses oeuvres, de voir ce qu'il propose et d'analyser (pour moi assez succintement) ,les nombreux disques de sa discographie.Si quelqu'un de plus performant que moi, veut s'investir sur le sujet, qu'il n'hésite pas, ce sera toujours plus constructif, que mes pauvres divagations.

Vyacheslav Artyomov, Hymnes des vagues soudaines (1983-85)
Viacheslav Artiomov (1940--), Hymns of Sudden Wafts, for saxophone, harpsichord and piano (1983--85)
00:00 I
03:04 II
Igor Abramov, saxophones
Alexei Semenov, harpsichord
Yuri Smirnov, piano

Derrière des titres assez littéraires et souvent prometteurs, Artyomov nous propose le plus souvent des concertos , pour un ou plusieurs instruments,et comme c'est la cas ici, avec un superbe jeu de contrastes ,entre seulement un saxophone ,un clavecin et un piano.L'oeuvre est très réussie, et ne manque pas de punch et de vigueur .Il semble bien connaître la particularité de chaque instrument et en joue à merveille.Il parvient même à fabriquer ,avec talent ,ce processus de vagues ,qui arrivent soudainement.Une oeuvre vraiment interessante ,qui ne manque pas d'intèrêt. On est même ,pas si loin du quatuor de Messiaen .Bravo ,surtout  aux interprètes ,qui  jouent le jeu parfaitement et sont formidables.
Pour l'écouter/
www.youtube.com/watch?v=/wHRqa4gB9kA

Artyomov: Girlyanda rechitatsiy (Une guirlande de récitations)
Vladimir Pakulichev (flûte), Anatoly Liubimov (hautbois), Lev Mikhaĭlov (saxophone), Valery Popov (basson)
Orchestre symphonique philharmonique d’État de Moscou
Virko Baley

Cette guirlande de récitations est vraiment une oeuvre attachante et très bien faite.L'oeuvre date de 1981 et fait intervenir 8 instruments différents  en dehors de l'orchestre.Ce sont comme de petits concertos pour instruments solistes, mais qui n'auraient pas de forme précise. Le côté lyrique, parfois même extravagant des solistes, donnent un rendu formidable. On pourrait je pense , de premier abord, juger cela, comme de la musique facile et bien non c'est étonnamment bien construit, séduisant et ludique,à la fois .Aucune lassitude possible, à,l'écoute de ces récitations, qui donnent un très bon aperçu , du grand talent d'Artyomov.Plusieurs fois que je les écoute, et je ne peux m'empêcher de trouver ça, terriblement bien foutu.

"En dépit de nombreuses influences différentes, Artyomov se considère, dans l’esprit, comme un adhérent de la tradition romantique. Il préfère ne pas appeler sa musique par un mot aussi indéterminé de « contemporaine » : il utilise un terme spécifique pour l’inclure dans la tradition globale – « musica perennis » (musique éternelle). Cette Tradition a pour premier sujet l’expression de toute l’émotion de l’expérience émotionnelle, la profondeur la plus secrète de l’existence de l’homme – non pas comme un exercice psychologique, mais pour la réalisation de l’être surréel. Pour Artyomov, tous les éléments du langage musical répondent à un objectif principal : pénétrer dans les niveaux les plus profonds d’un monde intérieur, découvrir « l’Autre Monde » en soi. Le processus d’obtention de la connaissance de ce monde peut être un moyen de perfectionnement moral mutuel du compositeur et de l’auditeur: Artyomov croit en la transfiguration du monde créé à travers la musique. Comme le dit le compositeur, « la musique est le seul moyen de connaître le sens de l’existence» https://divineartrecords.com/composer/vyacheslav-artyomov/

Pour l'écouter/
www.youtube.com/watch?v=2vUssH5CfuM

Vyacheslav Artyomov « Chemin vers l’Olympe ». Orchestre national russe, direction Mikhaïl Pletnev.
Symphonie du chemin, une tétralogie :
I — Way to Olympus (1978, 1984), symphonie (32')
II — Au seuil d’un monde lumineux (1990, 2002), symphonie (40')
III — Gentle Emanation (1991), symphonie (35')
IV — The Morning Star Arises (1993), symphonie (40')

Orchestre national de Russie, direction Mikhail Pletnev.
Grande Salle du Conservatoire de Moscou, septembre 1998.


Le chemin de l’Olympe Conçu et partiellement réalisé en 1978, il s’agit d’une composition en un mouvement avec une introduction lente . Il véhicule l’idée de surmonter l’inertie et la passivité pour le mouvement, une aspiration à la perfection, pour trouver de l’intégrité dans son développement intérieur. La première représentation de la première version par Veronika Dudarova et l’Orchestre symphonique d’État de Moscou a eu lieu pendant le Festival d’automne de Moscou le 11 octobre 1979 à la salle Bolchoï du Conservatoire de Moscou et a été répétée un an plus tard - pendant le Festival d’automne de Varsovie et a eu une grande importance pour mon développement musical ultérieur. « The Way to Olympus » est la première symphonie de quatre du cycle « Symphony of the Way » sur lequel j’ai travaillé pendant plus de 30 ans. La version finale de cette symphonie a été créée le 13 janvier 1987 et c’est la version entendue sur cet enregistrement. L’ouvrage a été publié par « Kompozitor », Moscou, 1997. La composition est une introduction, ses thèmes moraux seront développés plus en détail dans la suivante, également des œuvres programmatiques de la tétralogie – les symphonies « Au seuil d’un monde lumineux », « Douce émanation » et « L’étoile du matin se lève ». Les quatre symphonies présentent différentes étapes dans le progrès spirituel du héros de la symphonie. En tête de la partition de la symphonie, il y a une épigraphe de Sénèque: « ... et alors, peut-être, vous atteindrez les sommets, ou les endroits dont vous seul saurez qu’ils ne sont pas encore les sommets ». La symphonie est dédiée à ma femme, la poétesse Valeriya Lyubetskaya. V. Artyomov 2017

C'est vrai, que je suis de plus en plus impressionné par la musique d'Artyomov,peut être moins, au message qu'il cherche à véhiculer.Mais sa technique de composition,est assez impressionnante.Sous une forme qui semble simpliste, et qui l'est peut être, il arrive a construire de superbes édifices musicaux.Il faudrait l'avis de quelqu'un qui connaît bien la musique,pour en parler plus savamment.Quoiqu'il en soit le résultat est là et je ne voudrais pas tomber dans la critique facile et ne pas être constructif.C'est vraiment une musique passionnante et qui atteint son but.Toucher le plus de gens possibles. Il est plus facile d'ironiser sur ce qui a du succès, que sur des oeuvres qui restent confinées dans leurs cartons.Bref, je suis très heureux d'écouter cette musique et très content de ce qu'elle m'apporte.

Pour l'écouter/
www.youtube.com/watch?v= KwxVGLLA1qE

"La vie de Viatcheslav Artyomov dans des circonstances de non-reconnaissance, de diffamation officielle et d’exclusion des moyens de subsistance et – ce qui n’est pas moins important – de solitude spirituelle, est vraiment héroïque, et la musique, créée par lui dans un pays aussi totalitaire est un exploit extraordinaire.

Mikhaïl Tarakanov, professeur au Conservatoire de Moscou, a écrit à propos des œuvres d’Artyomov : « Artyomov, ce maître de la musique qui n’avait pas été reconnu pendant des décennies, a prouvé que ne pas être reconnu en Russie soviétique témoignait de ses sentiments nobles, de ses sentiments profonds et de ses émotions profondes. En même temps, l’incapacité à apprécier son génie montre clairement l’indifférence spirituelle, l’atrophie des sentiments religieux et moraux et le terrible déclin moral d’une société qui a été gouvernée par un système athée pendant de nombreuses années. En ce sens, on pourrait dire qu’Artyomov était en avance sur son temps à bien des égards. »

C’était le fort désir d’Artyomov de devenir physicien, tout en étudiant la musique en même temps; Cependant, à un moment décisif de sa vie, la poursuite de la musique est devenue son objectif principal. Il a d’abord fréquenté la classe de composition de A. Pirumov, puis est diplômé du Conservatoire de Moscou après avoir étudié la composition avec Nikolai Sidelnikov et le piano avec Toviy Logovinsky.

Jeune compositeur, il développe un profond intérêt, successivement, pour le folklore russe, la musique traditionnelle de l’Orient, les œuvres de Prokofiev, Stravinsky et Messiaen, et l’avant-garde polonaise. Mais ce sont la Symphonie Liturgique d’Arthur Honegger, ainsi que les œuvres d’Edgar Varèse et Sinfonia de Luciano Berio qui l’ont le plus marqué et le plus durablement.

En 1975, avec les compositeurs Sofia Gubaidulina et Viktor Suslin, il a formé le groupe d’improvisation « Astreya », dont le but était d’improviser sur des instruments non orchestraux et exotiques, principalement de sa propre collection privée. « Astreya » a connu un certain succès, a fait des enregistrements en studio, a participé à l’enregistrement de la musique d’un long métrage majeur d’Elem Klimov « Farewell » et s’est produit devant un petit public sélectionné de passionnés.

Pendant de nombreuses années, les conditions politiques en Russie ont atténué l’exécution de ses œuvres avec régularité, voire pas du tout. Cela était vrai même en 1979 lorsque ses compositions ont commencé à devenir une caractéristique régulière des grands festivals européens et de diverses salles de concert, dont plusieurs à Paris, Cologne, Venise, Varsovie et Londres. Il a été mis sur liste noire comme l’un des « Sept de Khrennikov » au sixième congrès de l’Union des compositeurs pour sa participation non approuvée à certains festivals de musique soviétique en Occident. Le ton de la dénonciation remonte au premier congrès de 1948, au cours duquel Prokofiev, Chostakovitch, Myaskovsky et d’autres ont été victimes. Cette décision priva immédiatement Artyomov de toute représentation ou publication ainsi que de ses revenus. Notamment, neuf ans plus tard, Khrennikov, alors chef de la bureaucratie de l’Union des compositeurs, après la première du Requiem d’Artyomov, a changé d’opinion sur la musique d’Artyomov en disant: « Artyomov est un compositeur exceptionnel. Son Requiem a élevé la musique russe à une hauteur auparavant inaccessible. Je suis sûr que c’est grâce à Artyomov que nous avons non seulement atteint le niveau européen dans ce genre, mais que nous avons dépassé ses apogées – les Requiems de Mozart et Verdi ».

Néanmoins, malgré l’opposition implacable de la bureaucratie soviétique au début des années 80, Artyomov a commencé sa propre « perestroïka » musicale, et avec l’aide et la participation de sa femme, la poétesse Valeriya Lyubetskaya, il a pu entre 1981-86 organiser une série de représentations de sa propre musique, en utilisant certains des meilleurs interprètes soviétiques - y compris des musiciens aussi brillants que Oleh Krysa, Liana Isakadze, Dmitri Alekseyev et Saulius Sondeckis, entre autres. Ces performances ont eu beaucoup de succès, et certaines d’entre elles ont même été enregistrées par la All-Union Radio. Dans le même temps, Artyomov a également réussi à faire de merveilleux enregistrements avec les artistes susmentionnés, ainsi qu’avec d’autres excellents musiciens, tels que Dmitri Kitaenko, Timur Minbayev et Tatiana Grindenko."

https://divineartrecords.com/composer/vyacheslav-artyomov/
Bon tout cela semble assez formaté , à la gloire du héros,et fait très pub officielle ,mais il y a quand même, plusieurs choses interessantes, à retenir dans tout ça,sur son parcours,qui ne semble pas de tout repos.

Il n'est vraiment pas facile pour moi de décrire la musique d'Artyomov,d'abord, c'est une chose simple ,de faire un compte-rendu rapide ,sur la Play-list et une autre de dire ce que je pense vraiment de cette musique.L'un est une critique de passe-temps  ou d'humeur ,si l'on préfère.L'autre, celle-ci,sur un Post consacré à l'auteur, mieux vaut vraiment faire attention,à ce que l'on dit.
Du moins, moi je me sens obligé d'en parler honnêtement et j'avoue que tout ce que j'ai entendu,depuis un moment me séduit assez.Mais elle suscite aussi ,quelques questions et interrogations.
D'abord, il semblerait que ce soit une musique ,qui demande un espace sonore assez conséquent..On ne peut en tout cas, pas lui reprocher d'avoir du métier et de toujours, nous tenir en haleine ,par sa musique.

Vyacheslav Artyomov: A Symphony of Elegies

Chef d’orchestre – Saulius Sondeckis / Ensemble – Ensemble D’Instruments De Percussion*
Chef – Mark Pekarsky / Orchestre – Orchestre de chambre lituanien
Violon – Oleg Krysa, Tatiana Grindenko

A1 Élégie I 12:47
A2 Élégie II 9:58
B1 Élégie III 20:36

La « Symphonie d’élégies » d’Artyomov en 1977 a été écrite lors d’un voyage dans les montagnes de Dilijan, en Arménie.
Il y a trois oeuvres de différentes durées, mais avec une montée en puissance émotionnelle progressive .La première Elégie,est une belle et longue litanie de l'orchestre à cordes  et de quelques instruments, qui nous entraîne ,dans une spirale mystique assez belle et agréable.On reste toujours ,dans une atmosphére assez éthèrée.
La seconde Elégie est plus basée sur le dépouillement et l'insistance,des instruments, la simple expression des instruments et faut dire qu'avec les violonistes Oleg Krysa, Tatiana Grindenko,c'est vraiment très beau et simple .C'est même cette simplicité évidente et naturelle qui surprend le plus dans cette musique.On arrive avec la cloche , à une atmosphère plus lourde et plus tendue, que le violon , conclut jusqu'à l'apaisement final.
La troisième Elégie, est la plus impressionnante et la plus longue.Là,c'est un mélange qui commence ,sur fond de percussion orchestrale, censée nous faire éprouver ,quelque chose de fort et de puissant.Même si dans ce combat spirituel, les instruments , qui interviennent ont des solos magnifiques .Il y a toujours une belle et forte intensité dans la musique d' Artyomov,même si elle peut sembler exagèrée parfois.
Bref, c'est formidablement bien foutu et je pense ,que ceux qui aiment ,aiment à fond.