J'avais besoin d'un fil pour y mettre une annonce de nouveauté, mais Legrenzi est surtout un compositeur-charnière, particulièrement singulier et inspiré dans ses opéras, et dans nombre de ses motets.
(Navré de commencer le fil avec l'un des rares disques qui ne m'aient pas trop plu.)
¶ Legrenzi, oratorio La morte del cor penitente, par l’Ensemble Masques. J’ai toujours soutenu l’idée que Legrenzi était un chaînon manquant indispensable de l’opéra italien, avec une liberté musicale acquise par rapport à la déclamation du premier XVIIe, mais sans la fascination exclusive pour la virtuosité et la voix du seria du XVIIIe… Ici cependant, ce n’est pas la fête de l’innovation, oratorio que je trouve un peu figé, plutôt typé milieu XVIIe. Pas passionné, même si c’est très très bien chanté par ailleurs.
Il y a eu plusieurs parutions plus intéressantes en début d'année :
¶ Nuit à Venise, programme des Surprises incluant Rigatti, Grandi, Legrenzi, Rossi, Cavalli et Monteverdi. Belles œuvres sacrées un peu monumentales (écriture chorale).
¶ Par opposition, lecture beaucoup plus italienne et incarnée, des cantates de Legrenzi par le Concerto Italiano d’Alessandrini, conçues pour voix solistes, beaucoup plus animées et dramatiques (avec beaucoup de parties en volutes à deux ou trois voix, mais aussi des récitatifs expressifs et lyriques). Plaisir d’entendre du Legrenzi en quantité et interprété de façon aussi aboutie.
Et puis il y a de la matière éparse au disque… on sent le regain progressif. J'attends la gravure d'Il Giustino, ou de belles versions de ses Crucifixus polyphoniques… (il a exercé à Venise et ça se sent)