Lessons in Love & Violence - Benjamin/OParis - PParis oct23

LESSONS IN LOVE AND VIOLENCE
Opéra de George Benjamin Livret de Martin Crimp
ORCHESTRE DE PARIS
GEORGE BENJAMIN DIRECTION
STÉPHANE DEGOUT BARYTON GEORGIA JARMAN SOPRANO
GYULA ORENDT BARYTON TOBY SPENCE TÉNOR
JAMES WAY TÉNOR

Je crée un sujet, un peu tard, pour saluer ce concert remarquable à mon sens. Pas tous les jours (meme à Paris) qu'on a un opéra important et beau du 21e siecle, dirigé (tres bien) par le compositeur, avec un plateau et orchestre excellents, en bonus une mise en espace, quasi mise en scene. De plus, dans le petit espace de la Philharmonie, assez idéal.

Je n'aime pas beaucoup décrire la musique de tel ou tel compositeur, d'autres le font beaucoup mieux. Mais j'ai beaucoup aimé: orchestre chargé, atonal (presque tout le temps?), rugueux et dissonant, plein de contrastes et de belles textures, sans jamais tomber dans le sirupeux ou coté "musique de film". Belle écriture vocale, avec pas mal de moments tres "contemporans" avec suraigus, déclamation, quelques cris, mais aussi beaucoup de moments lyriques et chantants, y compris de beaux duos de barytons.

Je ne suis pas un gros fan de Christopher Marlowe, dont le livret est tiré, mais le conflit politico-amoureux-familial est mené efficacement, dans une oeuvre qui fait juste 90 minutes. Un quatuor principal (roi, reine, plus les deux amants), plus 3-4 personnages plus secondaires, pas de choeurs ni de masses de figurants.

Salle à 2/3 ou 3/4 plein, replacement facile. Pas vu de visages connus, un peu étonné pour un tel concert....

Merci Patzak pour l'ouverture de fil.

Si, si, on était là…

Hélas, pas d'illumination pour moi : un orchestre toujours présent en aplats continus, peu dramatique, un texte un peu schématique, une belle écriture atonale toujours agréable mais peu lisse et uniforme… en somme, Lessons in Love and Violence ressemble à à du Benjamin. (Et en tout cas me fait exactement le même effet que ses œuvres d'il y a quinze ans, comme Palimpsestes, ouï en 2005 à Radio-France.)

Dommage pour moi, plein de monde semble beaucoup aimer Benjamin. Mais j'ai entendu moins de retours extatiques sur celui-ci que Written on Skin (qui, à la télévision m'avait plutôt ennuyé) – moi j'ai trouvé ça mieux que WoK, d'autant qu'on échappe au chapon…

La dernière scène fait davantage usage de discontinuités, l'effet de cordes à la fois stridentes et translucides est très réussi, sent vraiment la conclusion, et James Way y rayonne. L'usage du cymbalum dans les premières scènes est très plaisant également.

Je ne peux m'empêcher de penser qu'il y a des opéras contemporains plus accessibles / rythmés / originaux à programmer, plutôt que de l'atonalité tradi sur des adaptations mi-figue mi-raisin d'œuvres théâtrales de la Renaissance. Et je trouve que la Philharmonie programme vraiment les opéras les moins user-friendly – même s'il y a un public pour Glass et que je me régale pour les Stockhausen, c'est quand même pensé pour du public de cultureux éveillé – et assez exigeant à l'écoute. Nono, Neuwirth, B.A. Zimmermann, ce ne sont vraiment pas les choses les plus faciles, même si ce sont des œuvres puissamment originales et dignes d'intérêt.

Et en l'occurrence, effet assez tiède avec ce Benjamin un peu trop homogène, comme si ça n'embrayait jamais dramatiquement.

Je précise que c'est la 1ere fois de ma vie que j'entends du Benjamin! Meme si ce n'est pas un chef d'oeuvre, je trouve que c'est un événement important de l'avoir à Paris, dirigé par le compositeur, (et avec Stéphane Degout!), et de découvrir comme ca une oeuvre qui a au minimum une certaine valeur.

Pas de passages tonaux donc, cachés dans la masse?

Désolé de ne pas t'avoir vu; je me replace toujours en restant au 2e balcon et il n'y avaiit pas d'entracte évidemment...

En 2 semaines j'ai entendu un opéra de chaque siecle: Don Giovanni, Lohengrin, Makropoulos, Lessons Tous tres bien!

Patzak a écrit:

Je précise que c'est la 1ere fois de ma vie que j'entends du Benjamin! Meme si ce n'est pas un chef d'oeuvre, je trouve que c'est un événement important de l'avoir à Paris, dirigé par le compositeur, (et avec Stéphane Degout!), et de découvrir comme ca une oeuvre qui a au minimum une certaine valeur.

Tout à fait, et c'est pour ça que j'y suis allé alors même que je savais que ça ne m'enchanterait pas !

Citation :

Pas de passages tonaux donc, cachés dans la masse?

Plutôt de l'atonalité polarisée que du tonal très barré, j'ai l'impression à l'audition. Pas repéré d'emprunt tonal évident, mais ça doit pouvoir pour partie s'analyser avec une grille tonale, oui.

Citation :

Désolé de ne pas t'avoir vu; je me replace toujours en restant au 2e balcon et il n'y avaiit pas d'entracte évidemment...

J'étais au premier balcon et je suis pour une fois parti sans demander mon reste, je n'avais pas envie d'être le gars qui trouve ça moyen (d'autant que je n'ai pas de reproches majeurs à faire, c'est plutôt bien fait dans l'ensemble).

Je n'y étais pas, mais j'ai vu l'oeuvre en DVD, et mon ressenti est le même que toi David sur les opéras de Benjamin...

Je me souviens avoir davantage aimé quelques oeuvres instrumentales très antérieures.

DavidLeMarrec a écrit:

Dommage pour moi, plein de monde semble beaucoup aimer Benjamin. Mais j'ai entendu moins de retours extatiques sur celui-ci que Written on Skin (qui, à la télévision m'avait plutôt ennuyé) – moi j'ai trouvé ça mieux que WoK, d'autant qu'on échappe au chapon…

Rhoooo... quand le "chapon" s'appelle Bejun Mehta ou Tim Mead, perso ça me va quand même!

En tout cas autant j'avais été fasciné par Written on Skin, autant là j'ai eu quelques passages à vide. Mais quand même très intéressant et content de l'avoir vu/entendu!

Polyeucte a écrit:

Rhoooo... quand le "chapon" s'appelle Bejun Mehta ou Tim Mead, perso ça me va quand même!

Bejun Mehta était formidable, oui (pouvait-on rêver mieux ?), mais structurellement ça ajoute à l'aspect un peu égal, à la déclamation en robinet d'eau tiède, parce qu'on ne peut pas faire les mêmes contrastes en chantant en fausset.

DavidLeMarrec a écrit:

Polyeucte a écrit:

Rhoooo... quand le "chapon" s'appelle Bejun Mehta ou Tim Mead, perso ça me va quand même!

Bejun Mehta était formidable, oui (pouvait-on rêver mieux ?), mais structurellement ça ajoute à l'aspect un peu égal, à la déclamation en robinet d'eau tiède, parce qu'on ne peut pas faire les mêmes contrastes en chantant en fausset.

Oui, après ça ajoutait un quelque chose d'étrange dans ce personnage...