RF – Ligeti le Grand Macabre – Roth/ONF - 2/12/23

GYÖRGY LIGETI  Le Grand macabre   samedi 2 décembre, Radio France

ROBIN ADAMS baryton basse (Nekrotzar)
LAURENT ALVARO baryton (Astradamors)
SARAH ARISTIDOU soprano
(Chef de la Gepopo / Vénus)
MATTHIEU JUSTINE ténor (Piet)
LUCILE RICHARDOT contralto (Mescalina)
CAMERON SHAHBAZI
contre-ténor (Prince Go-Go)
MARION TASSOU soprano (Amanda)
JUDITH THIELSEN mezzo-oprano (Amando)
BENJAMIN LAZAR mise en espace
MAÎTRISE DE RADIO FRANCE
SOFI JEANNIN cheffe de choeur
CHOEUR DE RADIO FRANCE
LIONEL SOW chef de choeur
ORCHESTRE NATIONAL DE FRANCE
FRANÇOIS-XAVIER ROTH direction

Pas une oeuvre donnée toutes les 5 minutes.... Ce sera une totale découverte pour moi...

C'est donné en francais. On espere que c'est la version révisée en 1996 mais la brochure ne le précise pas.

Apres le superbe Requiem Allemand de Macelaru il y a 2 semaines, ravi de retourner à RF pour cet opéra. Et apres l'OP dans Benjamin, ravi d'entendre l'ONF dans Ligeti...

Concert assez jouissif! Oeuvre pas donnée à Paris depuis... 25 ans si j'ai bien compris. Salle comble et gros succes bien mérité. Retransmis en direct sur France Musique. Acoustique parfaite depuis la loge 2 et les places à 10 Euros (remplis par le Forum...) Mise en espace simple, avec un jeu de scene léger: mouvements, éclairages, le choeur habillé tout de noir théatral. Chanté en francais, la langue de la piece originale de Ghelderode, et les chanteurs sont presque tous francophones . Version révisée en 1996, dont on nous annonce la toute nouvelle traduction. Interpretes tous investis, de belles voix bien distribuées, orchestre et choeurs superbes. Instruments également répartis entre cordes, bois, cuivres, et percussions (4 xylophones!). Je ne suis pas un grand fan de ce courant théatral: Antonin Artaud, Jarry, Ghelderode, etc, qui a pas mal vieilli à mon sens. Mais c'est ce qui inspire Ligeti, dont la musique assez géniale épouse parfaitement les élucubrations sur-réalistes et bouffes des personnages. Il faudrait sans doute revoir l'opéra mis en scene: y a qu'à patienter encore 25 ans! J'ai trouvé la musique riche et variée, plus moderne que ce que laisse entendre Wikipedia, je n'ai pas entendu la plupart des citations qui semblent exister (juste le cancan d'Offenbach), peu importe (Verdi?!). Les rythmes percussifs et les microintervalles qui sont si stridents et angoissants dans le Requiem (que j'aime mais pas toutes les 5') sont ici tempérés et illuminés par la bonne humeur constante de l'oeuvre. Je ne sais pas quelle est la difficulté exacte de la mise en place mais on peut espérer que le National puisse redonner l'oeuvre ainsi préparée, par exemple au festival Musica de Strasbourg,  à Aix, à l'étranger. Merci à RF, l'ONF et FX Roth!!

J'ai moi également beaucoup apprécié ce Grand Macabre. La partie orchestrale est une grande réussite.

Patzak a écrit:

et les places à 10 Euros (remplis par le Forum...)

Oui, quatre compères côte à côte, qui avaient pris leur place séparément sans se concerter !

Très belle réalisation, avec une réserve du côté de l'œuvre : la prosodie, c'est vraiment n'importe quoi. Il faut dire que non seulement le langage de Ligeti est peu compatible avec un chant proche de la parole, mais en plus qu'il existe des versions en quatre langues (suédois, allemand, anglais, et en français, deux traductions distinctes) !  J'ai aperçu deux fautes d'orthographe dans la version imprimée comme surtitrée, je me demande si c'est aussi le cas dans le texte fourni par les traducteurs.

Pour autant l'inventivité de sa musique est toujours aussi réjouissante, et les moments purement instrumentaux (klaxons, première évocation apocalyptique, entrée de la Suite de Nekrotzar, Canon après l'anéantissement…) sont assez merveilleux. Dommage que le surtitrage n'ait pas inclus les didascalies, ceux qui ne connaissaient pas l'œuvre ou n'avaient pas ouvert le livret (fourni, merci Radio-France ! ) ont dû passer à côté de l'essentiel.

Autre réserve, la « mise en espace » de Benjamin Lazar, je n'ai pas compris ce que c'était, parce que même pour les échanges très graphiques comme les casseroles sur la tête ou se cacher sous une table (sans parler, donc pas de contrainte de pupitre), il ne se passe strictement rien visuellement. Pour moi une simple version de concert, même pas particulièrement « jouée scéniquement ».

Mais ça reste une expérience très singulière que je rêvais de faire depuis toujours – la photo l'anéantissement selon Mesguich était partout dans les livres d'opéra quand je vivais en province.