Karel Goeyvaerts (1923-1993)ou du spirituel dans l'art

« La musique est l’objectivation d’une donnée spirituelle dans une structure sonore » - Goeyvaerts


« Désormais, je n’accepterai plus que Karel Goeyvaerts comme professeur de composition », s’exclame le jeune Karlheinz Stockhausen lors des célèbres cours d’été de musique nouvelle à Darmstadt en 1951. Goeyvaerts venait d’expliquer les principes mêmes de l’organisation sérielle que Stockhausen cherchait depuis quelque temps. Dans les années qui suivirent, Goeyvaerts (1923-1993) développa ces principes de base dans une variété de techniques de composition et dans une diversité stylistique que l’on ne rencontre pas souvent dans la musique sérieuse. Après avoir appliqué le sérialisme à la musique enregistrée au début des années 1950 et aux procédés expérimentaux et aléatoires dans les années 1960, Goeyvaerts a développé l’élément répétitif, déjà formulé dans certaines de ses œuvres sérielles, au cours des années 1970 et 1980. Dans sa dernière période, le compositeur belge n’a pas évité un retour à la tonalité, sans pour autant renoncer au noyau de la pensée sérielle dont il avait été le père fondateur. Pour beaucoup de ces tendances, Goeyvaerts était le précurseur ; À d’autres, il a ajouté de précieuses contributions. Par conséquent, son héritage artistique doit être évalué par rapport à l’œuvre d’autres compositeurs d’avant-garde européens tels que Stockhausen ou Boulez, ou mis en perspective en le comparant à l’œuvre de ses collègues américains tels que Babbitt, Carter, Riley ou Glass. "
https://www.cambridge.org/core/journals/tempo/article/abs/karel-goeyvaerts-a-belgian-pioneer-of-serial-electronic-and-minimal-music

On pourrait quelque part , rapprocher, Karel Goeyvaerts (1923-1993)de Galina Oustvolskaïa (1919-2006) non pas  bien sûr,pour leur façon de composer assez différentes, mais pour cet acharnement à vouloir sacraliser leur musique. Bien qu'il soit passé par des styles totalement différents ,Goeyvaerts a toujours voulu rendre à la musique cette valeur spirituelle qu'elle a beaucoup perdu même aujourd'hui. Je ne vais pas rentrer dans de longues diatribes et explications pour expliquer son parcours et sa musique , ce que d'ailleurs ,je ne saurais pas faire.
L'article de Wikipedia sur le compositeur est assez bien fait et assez fourni, il suffit de s'y reporter. https://fr.wikipedia.org/wiki/Karel_Goeyvaerts
Moi je préfère présenter des oeuvres que je trouve interessantes et vous en laisser juge après.
La discographie de Goeyvaerts est assez limitée mais quand même assez riche , pour pouvoir parler de ses principales oeuvres.

Pour vous donner une idée de sa musique ZUM WASSERMANN (1984) est une bonne introduction.L'oeuvre est assez agréable à écouter et mélange plusieurs modes de composition. Un certain lyrisme y est même pourtant toujours présent.

"À partir de 1975, il se met à la recherche d’un même objectif esthétique par une interprétation personnelle du minimalisme : une technique de répétition évolutive. Une cellule rythmique à l’intérieur de laquelle une durée fixée est répétée, à chaque répétition un nouvel élément est ajouté. En d’autres termes, « un discours organisé comme un rituel accentué par l’utilisation de formules mélodico-rythmiques répétées et déviées de leur axe d’origine » . Une fois que la cellule est complète, elle commence à se désintégrer graduellement. Ce principe devint particulièrement intéressant dès lors que l’on réunit plusieurs de ces processus en un seul mouvement comme dans son cycle de cinq Litanies (1979-1982)." Wikipedia

Pour l'écouter/ https://youtu.be/dsCTvVg61eA?si=auzb6FxGw3d_WZDk


VERSEAU - Karel Goeyvaerts
ZUM WASSERMANN (1984)

SPECTRA dirigé par Filip Rathé
enregistré le 17 février 2021, Music Centre De Bijloke, Gand
Musiciens:
Pieter Jansen, violon
Jeroen Robbrecht, violon
Bram Bossier, alto
Peter Devos, violoncelle
Ben Faes, contrebasse
Tille Van Gastel, flûte
Luk Nielandt, hautbois
Cédric De Bruycker, clarinette
Wim Van Volsem, basse
Simon Haspeslagh, cor anglais
Frankie De Kuyffer, trompette
Pieter Vandermeiren, trombone
Lukas Huisman, piano
Frank Van Eycken, percussions
Filip Rathé, chef d’orchestre

Karel Goeyvaerts : 'Ach Golgatha !' pour harpe, orgue et percussion (1975)

« Ah, le Golgotha »
Yoko Nagae - harpe
Violette Beaujeant, Daniel Delmotte, André van Belle - batterie
Karel Goeyvaerts - Organ Positive

ALPHA DBM-N 251
« Uitgave voor het Ministerie van Nederlandse cultuur Brussel »
(Edition pour le Ministère de la Culture Néerlandaise Bruxelles)
Commande de la Société Belge de Radio-Télévision B.R.T. 3

« L’instrumentation inhabituelle est déterminée par l’idée de base de l’œuvre.
Il s’agit d’une transformation constante du motif d’accompagnement de « Oh Golgotha ! » de la Passion selon saint Matthieu de Bach.
La présence plus ou moins perceptible de ce motif ressemble à une figure en mouvement observée à travers du verre dépoli.
Les tambours sont constitués de six diaphragmes, six métalliques. et six instruments en bois de différentes hauteurs.
Des hauteurs indéterminées de ces instruments apparaissent des images déformées du motif ci-dessus.
D’ailleurs, le choix des instruments de percussion est libre.
Karel Goeyvaerts

Pour l'écouter/ https://youtu.be/7ty3r27TCg8?si=6-XlZBk3ln_37QeV

Karel Goeyvaerts - Litanie 5 (pour clavecin et bande)1982

Pour l'écouter/ https://youtu.be/jaLivFC7_yk?si=y3tGGkkxUISXuwFl