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| Compositeurs néerlandais | |
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+7A dave r symph chamber Barbajuan DavidLeMarrec Stadler antrav felyrops 11 participants | |
Auteur | Message |
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Invité Invité
| Sujet: Compositeurs néerlandais Lun 2 Juil 2007 - 17:33 | |
| (rappelons que pour Jan Van Gilse, le compositeur néerlandais ayant suscité le plus de discussions jusqu'ici, il existe ce sujet spécifique: https://classik.forumactif.com/t6566-jan-van-gilse-1881-1944 )
On était monté à Amsterdam un week-end, dans une caisse pourrie : on s’était perdus sur le ring, autour de Rotterdam, sans parvenir à en sortir après avoir fait trois fois le tour de la ville, pour échouer dans une auberge de jeunesse pourrie avec rangées de lits de caserne. C’est la fois où je me suis fait vendre du tabac à priser sur la place du Dam et que j’ai acheté la sonate pour cor de Beethoveen au Monoprix voisin. Et Warlock et Chagrin, car il n’y avait pas d’enregistrements de musique indigène disponible dans les grandes surfaces. Il m’arrive encore certaines nuit de rêver d’Amsterdam où je ne suis allé brièvement que trois fois, ou plutôt d’une ville qui y ressemble et que mes souvenirs inconscients mélangent avec la vision des bras de l’Elbe sous l’orage, plongeant dans le centre historique de Hambourg. En ce temps-là – au temps du vinyl- il n’y avait pas de vrai magasin de disques à Amsterdam, ou bien j’étais plus mal renseigné que sur les sex-shops… J’avais fini quand même par trouver une boutique exiguë aux abord du canal principal, qui vendait la même chose que partout en Europe, des DG sans la double pochette d’usage en France, résultat identique à mes recherches infructueuses à Vintimille pour trouver du Malipiero. Oui, pas d’internet non plus, aucune chance de localiser des surplus épuisés dans une boutique en ligne d’Hollywood Bvd ! Je n’oublierai jamais la tête du vendeur à qui j’avais demandé en anglais des disques de compositeurs des Pays-Bas, et ses longues hésitations pour aller me chercher en réserve un double album promotionnel non commercialisable d’œuvres du cru. Je devais m’y prendre 20 ans trop tard, ou 20 ans trop tôt ! En ressortant ce disque verdasse, illustré des pochettes d’origine des vinyls Philips, je me rends compte que c’était déjà une publication du label Donemus qui restitue depuis quelques temps le répertoire hollandais des années 50 en CD. Le programme (forcément alléchant puisque je ne connaissais aucun des noms des compositeurs représentés sur les 4 faces de ce précieux document) était le suivant : -Léon Orthel Symphonie n°2 « Piccola sinfonia » (1940) -Hendrick Andriessen (le prénom importe il y en a 2 autres) Ricercare (1949) -Henk Badings Symphonie n°3 (1934) -Sam Dresden Dansflitsen (Dance flashes : 1951) -Willem Pijper Six adagios (1940) -Hans (Hank) Henkemans Concerto pour violon et orchestre (1950) Hormis Badings –centenaire oblige- et Andriessen, à cause de la confusion avec Louis l’américain, peu de ces noms sont passés à la postérité. Ils n’ont même pas la réputation de Zweers ou Wagenaar. La compilation était pourtant bien faite, ils continuent à représenter les compositeurs néerlandais les plus en vue de cette époque, il n’y manque que Horst, Flothuys et Otterlo, Vermeulen ayant acquis une certaine réputation, mais j’ai longtemps cru qu’il était belge ! En fait je me rends compte à travers ces musiciens, que c’est finalement autour de cette période des années 30 à 60 que tourne majoritairement mon goût pour la musique du 20ème siècle, toute cette génération de 1905, qui, à peine arrivée à se faire entendre a été presque aussitôt reléguée au rang des plus absolues ringardises par la mode des modernistes, second sérialistes et électro-accousticiens promus au rang de génies novateurs portés aux nues par la critique, et dont la plupart sont retombés, 50 ans après, dans un anonymat complet dont il faut espérer qu’ils ne ressortiront guère. Les aléas politiques et historiques font qu’on peut se pencher à nouveau sur cette période négligée de la musique classique qui a produit tant de grands auteurs russes, anglais, américains (français aussi encore considérés comme de second rang ou monomaniaques, tels Françaix, Sauguet, Milhaud) et dont il est grand temps de reconsidérer l’importance alors qu’on se perd dans les mollassoneries des Baltes et les curiosités exotiques de quelques asiatiques plus opportunistes et mieux rompus aux pré-requis d’une publicité tapageuse. En ce qui concerne les Pays-Bas, deux éléments importants expliquent que cette floraison musicale ne soit pas tombée dans un oubli total. Après la guerre, les principaux orchestres néerlandais se sont trouvé être dirigés par des nationaux dont le rayonnement dépassait largement leur pays d’origine : de très grand chefs (Oterloo, de Waart, von Beinum) ont résolu de mettre au programme de leurs concerts la musique de leurs contemporains. L’importance du développement de la firme Philips a permis de conserver quelques enregistrements majeurs de leur musique, considérée avec grand sérieux, chance que n’ont pas eu les Lazzari ou les Laparra, y compris dans des enregistrement de studio réalisés avec le même soins qu’on accordait au répertoire classique. Les grands interprêtes du temps, Théo Olof, le violoniste, la harpiste Phia Berghout, de Leeuw, ont suscité nombre de créations originales : une situation comparable à celle qui se présentait en Union soviétique autour d’Oïstrakh et de Rostropovich. La dénazification n’a guère écarté durablement des podiums que Mengelberg, et même les chefs étrangers, Kubelik, Monteux, se sont pliés aux coutumes locales pour donner des versions éloquentes d’un répertoire qu’ils n’auraient pas abordé s’ils n’avaient été les invités récurrents du Royal Concertgebouw. Curieusement cette musique parait plus tournée vers la France que vers les racines allemandes, elle devrait logiquement nous parler avec plus de pertinence que celle des émigrés d’Europe centrale qui ont cru trouver aux Etats-Unis une seconde patrie pour n’être finalement que mieux broyés par la grosse machine libérale et commerciale de l’amérique triomphante. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Compositeurs néerlandais Lun 2 Juil 2007 - 17:36 | |
| Hans Henkemans est né à La Hague en 1913 et mort à Nieuwegein en 1995. Les musicologues retiendront sans doute qu’il fut un des grands pianistes hollandais de son temps, élève de Sigtenhorst Meyer à partir de 1933 (mais déjà diplomé de l’université d’Utrecht), auteur d’un premier concerto pour son instrument à 19 ans, dont il n’existe bien sûr pas le moindre enregistrement. De 1945 à 1969, Henkemans fit une carrière de soliste remarquée, il joua plus d’une cinquantaine de fois avec le Concertgebouw et laisse une discographie importante, dont une intégrale des pièces pour piano de Debussy et des concertos de Mozart. On trouve en CD sa version des préludes, mais mahleureusement pas les 12 qu’il fut sans doute le premier à orchestrer. A partir de 1938, il fut le disciple de Willem Pijper, même si son originalité en tant que compositeur le fit bientôt dépasser le maître. Curieusement aujourd’hui ce n’est pas dans le domaine de la musique que son influence est la plus sensible. Henkemans mena en même temps des études de médecine et se spécialisa en psychiâtrie. Après 1969, il s’éloigna un peu du monde musical, sans cesser de composer cependant, pour pratiquer le métier d’analyste, et rédigea plusieurs ouvrages théoriques sur sa pratique de la psychothérapie. Ses recherches dans ce domaine paraissent centrées autour de la notion de « sublimation » par la pratique artistique dans la cure des névroses et psychoses, mais mon peu de pratique du néerlandais ne me permet guère d’en savoir plus. Peut-être certains amateurs de Rops pourront-ils nous éclairer à cet endroit : - Citation :
- Citation de Wiki.nl
In 1981 promoveerde Henkemans in de psychiatrie op het proefschrift Aspecten van de sublimatie, haar stoornissen en de therapie hiervan. Op basis van de ervaringen die hij had opgedaan in zijn praktijk als psychiater – en dan voornamelijk met musici - heeft hij het creatieve proces geanalyseerd. Elk Ik, zo stelt Henkemans, wordt tijdens de groei naar volwassenheid gefrustreerd. Die frustratie kan leiden tot een vorm van sublimatie in het kunstwerk, "een - tot het voordeel van het individu - geslaagde vorm van afweer, waarbij de, doorgaans uit de vroegste kinderjaren stammende driften omgevormd worden tot handelingen, die qua inhoud weliswaar een aanzienlijke wijziging hebben ondergaan, doch waarvan de begeleidende emoties onveranderd zijn gebleven." De sublimatie levert via een instinctief-creatief proces een kunstwerk op. Is de sublimatie echter gebaseerd op identificatie (dat wil zeggen imitatie van een ander), dan verloopt het persoonlijke afrekenen met de impuls niet optimaal, en kan een neurose of neurotisch gedrag (bijvoorbeeld agressie) het gevolg zijn.
Henkemans enseigna la composition et l’orchestration au conservatoire de Groningen, parallèlement à ses activités médicales. Heureusement le peu de sa musique accessible parle encore pour lui, et notamment le concerto pour violon de 1950 qui apparait de temps en temps dans les compilations du RCO. Le catalogue de ses oeuvres est assez impressionnant, mais, dans le système dans lequel nous vivons, s’il n’y a pas de demande, l’offre meurt d’elle-même; un aperçu: 1932 Concerto pour piano en orchestre à cordes 1934 1er Quintette à vents 1936 Ballade pour contralto et orchestres(sur un texte de Charles d’Orléans) Sonate pour violoncelle et piano 1941-42 Passacaglia et gigue pour piano et orchestre 1944 Printemps pour vents et cordes Sonate pour violon et piano 1945-46 Concerto pour flûte et orchestre 1946 De tooverfluijt, ballade pour ténor et orchestre 1950 Concerto pour violon et orchestre 1954 Concerto pour alto et orchestre 1955 Concerto pour harpe et orchestre 1960 Partita pour orchestre 1962 Barcarola fantastica pour orchestre 1963 4 pièces pour flûte et harpe 1964 2ème Quintette à vents Dona montana 3 études pour orchestre 1965 Villonerie pour baryton et orchestre (3 mélodies) Aere festivo pour trois trompettes et 2 trombones 1967 4 Élégies - in memoriam Pierre Monteux pour 4 flutes et orchestre 1967-68 Tre aspetti d’Amore pour choeur et orchestre 1972-73 Canzoni amorosi del duecento pour soprano, baryton, piano et orchestre 1977 Winter Cruise, opera en 3 actes (d’après Sommerset Maugham) 1981 Concerto pour cor et orchestre 1985-87 Riflessioni 3 pièces pour petit orchesre 1988-89 Concerto pour violoncelle et orchestre 1991 Chamber Music (James Joyce) cycle de 8 mélodies avec petit orchestre 1992 3ème concerto pour piano et orchestre Catalogue non exhaustif, comprenant aussi de très nombreuses pièces pour piano, une symphonie parait-il, mais allez savoir... |
| | | felyrops Mélomaniaque
Nombre de messages : 1855 Date d'inscription : 20/12/2006
| Sujet: Re: Compositeurs néerlandais Lun 2 Juil 2007 - 20:49 | |
| Volontiers Sud. "En 1981, Henkemans a promu en psychiatrie sur la thèse 'Aspects de la sublimation, ses troubles et sa thérapie'. Sur base de ses expériences en tant que psychiâtre -principalement avec des musiciens- il a analysé le processus de la création. Tout ego, dit-il, est sujet de frustrations dans son évolution vers la maturité. Cette frustration peut mener à une forme de sublimation dans la création artistique, 'une forme réussie (au bénéfice de l'individu) d' autodéfense, dans laquelle les mouvements du coeur datant de l'enfance sont transformés en actions, dont le contenu a bien sûr subi une importante mutation, mais dont les émotions accompagnatrices sont restées les mêmes'. La sublimation mène via un processus instinctif-créatif à une oeuvre d'art. Si, par contre, la sublimation est basée sur une identification (je veux dire: imitation d'une autre personne), alors l'impulsion n'est pas assumée d'une façon optimale, pouvant avoir comme resultat une neurose ou un comportement neurotique (par exemple l'agression).
J'espère avoir réussi, mais c'est tout un boulot de traduire un texte barbare dans une langue qui ne m'est pas maternelle. J'en doute que le mot 'neurose' soit français, m'enfin, vous comprenez ce que je veux dire. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Compositeurs néerlandais Lun 2 Juil 2007 - 21:20 | |
| Merci pour l'effort: intéressant en effet, même si ça reste touffu, sans doute aussi à cause de mon manque de familiarité avec certains concepts psychanalytiques (au fond un résumé des travers des critiques ) |
| | | antrav Papa pingouin
Nombre de messages : 37304 Date d'inscription : 08/12/2005
| Sujet: Re: Compositeurs néerlandais Mar 3 Juil 2007 - 1:22 | |
| Je le trouve très inégal ce Henkemans ! Il a commis un Concerto pour violon assez bavard, mais tout a fait honnête techniquement et très violonistique. Mais on a l'impression de l'avoir entendu déjà 10 fois et avec moins de bonheur qu'avec les compositeurs soviétiques ou... Sibelius. Je décroche au bout de dix minutes, rien à faire, trois essais. Toute autre est l'impression que me laisse son superbe Concerto pour harpe. Sans doute le/la harpiste est-elle/il un grand virtuose. Arachnéen, archaïque, inquiétant, grondements des cordes basses, climat envoutant de mystère antique. Vraiment saisissant. Sans doute comme tu le soulignes, Henkemans n'a pas réinventé l'eau chaude avec sa musique, mais rien que pour ce concerto il méritait ton beau sujet. Le succès autochtone des musiciens hollandais pourrait être lié aussi au travail de stakhanovistes des orchestres bataves, j'ai lu quelque part que le Concertgebow était l'orchestre qui donnait le plus de concert au monde, quelques 400 par an ! Ce qui doit donner l'occasion d'honorer leurs artistes locaux. Et ce n'est certainement pas un fait récent. C'est un pays de gens sérieux et laborieux. Par contre, ce que je devine des théories psychanalytiques du bonhomme me paraissent bien obscures. |
| | | Stadler Clarinomaniaque
Nombre de messages : 8501 Age : 54 Localisation : Gembloux (Belgique) Date d'inscription : 27/11/2006
| Sujet: Re: Compositeurs néerlandais Mar 3 Juil 2007 - 8:45 | |
| Tout à fait d'accord avec Vartan pour le concerto pour harpe. Pour contre, un peu sévère sur celui pour violon, je trouve |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Compositeurs néerlandais Mar 3 Juil 2007 - 10:56 | |
| merci de votre intérêt: je suis resté très attaché à ce concerto pour violon d'Henkemans -que j'ai dû connaître avant celui de Sibélius-: il faut dire que pendant plus de 20 ans je n'ai eu que ça à me mettre sous la dent. Sorti des russes, il n'y a pas tant de grands concertos pour violon dans la deuxième moitié du 20ème (Walton, Sheriff, Tuur). Je trouve que celui d'Henkemans est d'un équilibre remarquable et se détache des grands modèles de l'après Brahms. Je n'ai découvert qu'hier en créant le sujet qu'Henkemans était aussi psychanaliste, donc à part ce qu'en dit Wiki (merci Felyrops) j'aurais du mal à en dire grand-chose. J'ai été frappé aussi par le côté fantômatique du concerto pour harpe qui fait forcément penser à Caplet. Henkemans parait être resté à l'écoute des évolutions de la musique de son temps et celle des années 70 est de moins en moins néo-romantique. J'ai pensé que ça valait le coup d'en parler car j'ai eu un grad choc en découvrant le disque du label Donemus "composer's voice" que Philippe a trouvé (merci cent fois). Je parlerai plus en détail des Villoneries et des 3 aspetti d'amore qui m'ont véritablement stupéfié (à l'égal de la 6ème symphonie de Tischenko, c'est dire!). On trouve aussi sur le même disque le concerto pour alto et les 4 élégies pour 4 flutes et orchestre. Appel au peuple: si quelqu'un tombe sur certaines oeuvres -il semble qu'on trouve le concerto pour flûte et la partita pour orchestre sur de vieilles compils (fouillons les médiathèques), je vous serais reconnaissant de m'en parler. Je suis même prêt à réécouter la musique de piano de Debussy pour découvrir le pianiste...
Dernière édition par le Mar 3 Juil 2007 - 11:09, édité 1 fois |
| | | Stadler Clarinomaniaque
Nombre de messages : 8501 Age : 54 Localisation : Gembloux (Belgique) Date d'inscription : 27/11/2006
| Sujet: Re: Compositeurs néerlandais Mar 3 Juil 2007 - 11:05 | |
| Extraits écoutables sur le 3ème CD SUR CE LIEN en sélectionnant Henkemans dans la liste des compositeurs.
Pour le pianiste dans Debussy, c'est SUR CE LIEN |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Compositeurs néerlandais Mar 3 Juil 2007 - 14:47 | |
| voici les trois poèmes constituant "Villonerie". - Citation :
- 1.Le Debat du Cueur et du Corps de Villon
En forme de Ballade
Qu’est-ce que j’oy ? — Ce suis-je. — Qui ? — Ton cueur, Qui ne tient mais qu’à ung petit filet, Force n’ay plus, substance ne liqueur, Quand je te voy retraict ainsi seulet, Com pouvre chien tappy en recullet. — Pourquoy est-ce ? — Pour ta folle plaisance. — Que t’en chault-il ? — J’en ai la desplaisance. — Laisse m’en paix ! — Pourquoi ? — J’y penseray. — Quand sera-ce ? — Quant seray hors d enfance. — Plus ne t’en dy. — Et je m’en passeray.
— Que penses-tu ? — Estre homme de valeur. — Tu as trente ans. — C’est l’aage d’ung mullet. — Est-ce enfance ? — Nenny. — C’est donc folleur Qui te saisit ? — Par où ? — Par le collet. Rien ne congnois. — Si fais : mouches en laict : L’ung est blanc, l’autre est noir, c’est la distance. — Est-ce doncq tout ?-Que veulx-tu que je tance ? Si n’est assez, je recommenceray. — Tu es perdu ! — J’y mettray resistance. — Plus ne t’en dy. — Et je m’en passeray.
— J’en ay le dueil ; toi, le mal et douleur. Si fusse ung povre ydiot et folet, Au cueur eusses de t’excuser couleur : Se n’as-tu soing, tout ung, tel, bel ou laid, Ou la teste as plus dure qu’ung jalet, Ou mieulx te plaist qu’honneur ceste meschance ! Que respondras à ceste conséquence ? — J’en seray hors quand je trespasseray. — Dieu, quel confort ! — Quelle saige eloquence ! — Plus ne t’en dy. — Et je m’en passeray.
— D’ond vient ce mal ? — Il vient de mon malheur. Quand Saturne me feit mon fardelet, Ces maulx y mist, je le croy. — C’est foleur : Son seigneur es, et te tiens son valet. Voy que Salmon escript en son roulet : « Homme sage, ce dit-il, a puissance Sur planètes et sur leur influence. » — Je n’en croy rien ; tel qu’ilz m’ont faict seray. — Que dis-tu ? — Rien. — Certe, c’est ma créance. Plus ne t’en dy. — Et je m’en passeray.
ENVOI.
— Veux-tu vivre ? — Dieu m’en doint la puissance ! — Il te fault... — Quoy ? — Remors de conscience ; Lire sans fin. — Et en quoy ? — En science ; Laisse les folz ! — Bien, j’y adviseray. — Or le retiens. — J’en ay bien souvenance. — N’attends pas tant que tourne à desplaisance. Plus ne t’en dy. — Et je m’en passeray.
2.Ballade [pour Robert d’Estouteville] Que Villon donna à un gentilhomme, nouvellement marié, pour l’envoyer à son espouse, par luy conquise à l’espée.
Au poinct du jour, que l’esprevier se bat, Meu de plaisir et par noble coustume, Bruyt il demaine et de joye s’esbat, Reçoit son per et se joint à la plume : Ainsi vous vueil, à ce désir m’allume. Joyeusement ce qu’aux amans bon semble. Sachez qu’Amour l’escript en son volume, Et c’est la fin pourquoy sommes ensemble.
Dame serez de mon cueur, sans debat, Entierement, jusques mort me consume. Laurier soüef qui pour mon droit combat, Olivier franc, m’ostant toute amertume. Raison ne veult que je desaccoustume, Et en ce vueil avec elle m’assemble, De vous servir, mais que m’y accoustume ; Et c’est la fin pourquoy sommes ensemble.
Et qui plus est, quand dueil sur moy s’embat, Par fortune qui sur moy si se fume, Vostre doulx œil sa malice rabat, Ne plus ne moins que le vent faict la fume. Si ne perds pas la graine que je sume En vostre champ, car le fruict me ressemble : Dieu m’ordonne que le fouysse et fume ; Et c’est la fin pourquoy sommes ensemble.
(L'envoi n'est pas dans l'oeuvre d'Henkemans)
3.Tétrastique: Le Quatrain que feit Villon quand il fut jugé à mourir.
Je suis François, dont ce me poise, Né de Paris emprès Ponthoise. Or d’une corde d’une toise Saura mon col que mon cul poise. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Compositeurs néerlandais Mar 3 Juil 2007 - 15:07 | |
| La première pièce, la plus longue, demande un chanteur capable de faire entendre deux voix, l'une dans les graves, l'autre aiguë, et doué d'un certain talent de comédie, de façon à jouer les deux personnages qui dialoguent. On notera l'éclairage singulier que la musique apporte au texte, peu connu, de Villon, et notamment au refrain de la ballade, toujours joué différemment, martelé, détaché dans un staccato très original, à l'ironie mordante. Ces particularités aurait dû encourager les solistes à mettre plus souvent à leur programme de récital cette oeuvre à effets, tout à fait saisissante: on imagine l'étonnement qu'elle pourrait produire au concert à côté des chansons de Don Quichotte de Ravel par exemple. La musique, assez aride, très directe, ne peut manquer de faire penser aux grands cycles de Chostakovich. La maîtrise de la pâte orchestrale se fait de plus en plus spectaculaire à mesure qu'on progresse, s'épanouissant dans le final en un large prélude, presque en soi un poème symphonique, qui tient plus de la marche militaire que de la marche funèbre.
On trouve d'autres exemples de mise en musique de mélodies à base de textes français dans la production néerlandaise: le plus connu est le diptyque de Pijper, La Maumariée. Sur Henkemans plane évidemment l'ombre tutélaire de Debussy, l'un des rares compositeurs à avoir tenté l'expérience d'habiller de musique les textes de Villon. L'oeuvre se pose comme une sorte de trait d'union entre l'Est et l'Ouest, entre le passé médiéval et le paysage sonore contemporain, une sorte de recherche du juste milieu. Je n'y venais qu'à reculons: j'en suis resté ébahi.
Encore cela n'est-il rien par rapport au cycle suivant, bouleversant, qui reprend des textes de philosophes latins, dont Abélard. |
| | | Stadler Clarinomaniaque
Nombre de messages : 8501 Age : 54 Localisation : Gembloux (Belgique) Date d'inscription : 27/11/2006
| Sujet: Re: Compositeurs néerlandais Mar 3 Juil 2007 - 15:30 | |
| - sud273 a écrit:
-
- Citation :
- 3.Tétrastique:
Le Quatrain que feit Villon quand il fut jugé à mourir.
Je suis François, dont ce me poise, Né de Paris emprès Ponthoise. Or d’une corde d’une toise Saura mon col que mon cul poise. Tiens j'avais repris ce texte quand on avait parlé de l'accession de Fillon au poste de Premier Ministre ICI. Quelle coïncidence |
| | | felyrops Mélomaniaque
Nombre de messages : 1855 Date d'inscription : 20/12/2006
| Sujet: Re: Compositeurs néerlandais Mar 3 Juil 2007 - 17:54 | |
| J'ai lu sur Wiki.nl que, tout comme notre ami Luc, il a aussi orchestré les 12 préludes de Debussy... |
| | | antrav Papa pingouin
Nombre de messages : 37304 Date d'inscription : 08/12/2005
| Sujet: Re: Compositeurs néerlandais Mer 4 Juil 2007 - 13:03 | |
| Si le beau Concerto pour alto reste plus valable que celui pour violon, là encore une belle connaissance de l'instrument, ces mélodies sur Villon sont stupéfiantes. Le poète est vraiment bien servi. On sent nettement plus ici les influences françaises, raveliennes (des madécasses aussi dans la netteté tranchante de cette orchestration qui semble découper chaque vers) et debussystes. Très beau. |
| | | antrav Papa pingouin
Nombre de messages : 37304 Date d'inscription : 08/12/2005
| Sujet: Re: Compositeurs néerlandais Mer 11 Juil 2007 - 13:53 | |
| - Citation :
- -Léon Orthel Symphonie n°2 « Piccola sinfonia » (1940)
-Hendrick Andriessen (le prénom importe il y en a 2 autres) Ricercare (1949) -Henk Badings Symphonie n°3 (1934) -Sam Dresden Dansflitsen (Dance flashes : 1951) -Willem Pijper Six adagios (1940)
Le reste de tes découvertes amstellodamoises (quel drôle d'endroit) ne m'a pas convaincu plus que ça en dehors de la belle symphonie n°3 de Henk Badings, pathétique, belle orchestration. On reste tonal mais avec quelques déchirements chromatiques bienvenus. Un bel adagio. Me paraît plus inspirés que les autres qui abusent un peu de l'orchestre... |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Compositeurs néerlandais Mer 11 Juil 2007 - 14:18 | |
| je dois dire ce que ce sont de vieux souvenirs, Dresden et Orthel sont des hits de ces années 50 un peu éclipsés aujourd'hui: oui je devrais creuser plutôt vers Badings et Pijper. Même pas le ricercare d'Hendrick Andriessen? je devrais avoir un avis plus éclairé sur lui dans quelques temps. L'intuition de base était bien Henkemans |
| | | antrav Papa pingouin
Nombre de messages : 37304 Date d'inscription : 08/12/2005
| Sujet: Re: Compositeurs néerlandais Mer 11 Juil 2007 - 14:25 | |
| Henkemans sort du lot je pense. Pour Andriessen, l'exercice de style du Ricercare semble réussi mais un peu froid comme musique. Difficile de juger sur 7 minutes de musique. On dirait à certains moment du Williams ! |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97932 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Compositeurs néerlandais Sam 28 Juil 2007 - 16:55 | |
| Bien, après la découvert dans le BT, j'ai ouvert ce disque... Je suis mitigé moi aussi. Le concerto pour alto est bien écrit, mais sans originalité non plus. Les Elégies et Tre Aspetti d'Amore sont dans un style posttonal un peu déprimé qui ne me ravit pas beaucoup. En revanche, les Villonneries, malgré quelques répétitions ou longueurs, et remarquablement interprétées par l'indispensable Kruysen, sont véritablement fascinantes, j'y retrouve le Debussy d'Usher, avec ces bizarreries envoûtantes, ces discontinuités évocatrices. Ca vaut la peine d'être connu, vraiment, et je suis vraiment séduit. Recommandé. |
| | | Barbajuan Mélomaniaque
Nombre de messages : 876 Date d'inscription : 20/01/2009
| Sujet: Re: Compositeurs néerlandais Dim 8 Aoû 2010 - 22:07 | |
| Je découvre en ce moment la musique de Ton de Leeuw (1926 - 1996), via le disque que lui a consacré le Chœur de chambre des Pays-Bas.
Paraît-il qu'il s'attachait à jeter des ponts entre musiques occidentales et orientales (le Moyen-Orient en particulier, en tout cas dans les œuvres présentes sur le disque que j'ai entre les mains). Bon, l'influence est manifeste dans le choix des thèmes, mais ça ne se ressent pas des masses à l'audition. Apparemment, une constante de son œuvre est l'utilisation d'une modalité élargie, qui serait un bagage commun aux cultures européennes et asiatiques, mais c'est bien le genre de trucs qu'une oreille inexpérimentée à bien du mal à percevoir, qui plus est dans des pièces contemporaines...
Transparence (1986) est écrit pour chœur à 18 voix et cuivres, sur des textes de mystiques arabes (Mansur al-Hallaj, Ibn Abbad al-Rundi...). C'est assez curieux. Je ne saurais pas dire s'il y a des pôles précis, en tout cas c'est franchement consonant par instants, avec des passages harmoniquement flous au milieu, très éthérés. Pas mal de prises dans cette musique, le matériau thématique est perceptible la plupart du temps (dans la première pièce, par exemple, qui est un genre de canon). L'accompagnement instrumental est chouette, la moëllosité des trombones souligne bien la spiritualité du propos. On se laisse bercer, on se réveille lors de quelques moments un peu crus. J'ai un peu de mal à percevoir le lien entre texte et musique parfois (mot à mot, je veux dire. L'idée y est, hein, c'est contemplatif comme il faut, triomphant parfois), mais finalement ça ne perturbe pas trop l'écoute. Attention à quelques passages qui font un peu chant de messe à la con (fin du troisième poème)...
Car nos vignes sont en fleur (1981), sur un extrait du Cantique des Cantiques, est écrit pour chœur a cappella. Bon c'est pas follement entraînant. Le texte est beau (je précise que de Leeuw compose sur des poèmes traduits en français). Les lignes vocales se meuvent tout doucettement, on pioche des beaux accords de-ci de-là, ils sont parfois joliment amenés, mais bon ça reste une pièce d'inspiration religieuse assez confortable à l'oreille et d'un abord surtout méditatif, enfin à ce qu'il me semble...
Je saurais pas trop de quoi rapprocher ça, pour ceux qui veulent se faire une idée plus précise... Pärt, peut-être ? Pas spécialement l'intention de réécouter, quelqu'un sait si d'autres compositions, profanes par exemple, ou purement instrumentales valent le détour ? |
| | | dave r symph chamber Mélomane du dimanche
Nombre de messages : 27 Date d'inscription : 24/03/2015
| Sujet: Bernard Zweers et Cornelis Dopper Mer 22 Avr 2015 - 23:18 | |
| Compositeur néerlandais peu connu (comme la plupart des compositeurs néerlandais, qui méritent plus d'attention) J'ai écouté sa symphonie n°3 , qui est vraiment très belle, style fin romantisme, très belle orchestration, des mélodies qui attirent l'attention, et aussi assez facile d'accès malgré sa longueur (1 heure). Même si cette oeuvre n'est pas la plus originale, et on sent bien l'influence des compositeurs germaniques de la même génération, elle reste très sympathique.
Autre compositeur néerlandais intéressant : Cornelis Dopper ; j'ai écouté ses symphonies 3 et 6, ainsi que sa Chaconne Gothique. Là encore, des oeuvres intéressantes, en particulier la symphonie 6, avec son usage intéressant des percussions et claviers, et la chaconne, qui n'est pas sans rappeler le finale de la 4 ème symphonie de Brahms, masi avec plus de couleur dans l'orchestration.
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| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97932 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Compositeurs néerlandais Jeu 23 Avr 2015 - 0:41 | |
| De Dopper, c'est probablement la Septième qui est la plus célèbre, ne la manque pas, il y a de très beaux thèmes légèrement folklorisants, un aspect un peu rhapsodique, mais sur une orchestration qui, comme tu le dis très bien, a sa couleur particulière. Rien de spectaculaire, mais assez roboratif et sans baisses de tension. |
| | | A Mélomane chevronné
Nombre de messages : 5473 Date d'inscription : 04/02/2013
| Sujet: Re: Compositeurs néerlandais Jeu 23 Avr 2015 - 1:24 | |
| Effectivement une très belle oeuvre (la septième de Dopper - je ne connais pas les autres). La Troisième de Zweers est également très bien, mais plus convenue. La musique hollandaise du tournant du siècle poussait timidement un bec hors de l'oeuf. |
| | | dave r symph chamber Mélomane du dimanche
Nombre de messages : 27 Date d'inscription : 24/03/2015
| Sujet: Re: Compositeurs néerlandais Jeu 23 Avr 2015 - 20:23 | |
| J'ai écouté la septième symphonie de Dopper : très belle oeuvre, en particulier les 2 mouvements centraux, le deuxième avec son style de danse folklorique et surtout le troisème, le mouvement lent, avec ses sonorités souvent mystérieuses, voire menaçantes, mais aussi des passages élegiaques, tout cela avec une orchestration remarquable. Beau finale aussi, aux accents de victoire et d'apothéose. |
| | | dave r symph chamber Mélomane du dimanche
Nombre de messages : 27 Date d'inscription : 24/03/2015
| Sujet: Re: Compositeurs néerlandais Dim 3 Mai 2015 - 20:47 | |
| Autre symphonies de ces deux compositeurs : - la symphonie n°2 de Zweers, d'un style semblable à la troisième, mais plus brève
- surtout, la première symphonie de Dopper, qui montre déjà la virtuosité du compositeur dans l'orchestration, malgré quelques moments un peu convenus (en particulier les fanfares); sinon, une musique enchanteresse.
- la symphonie n°2, de Dopper, qui va bien plus loin que la première, en particulier dans l'art de l'instrumentation et de la beauté mélodique. |
| | | hommepiano Mélomaniaque
Nombre de messages : 818 Date d'inscription : 23/01/2014
| Sujet: Re: Compositeurs néerlandais Jeu 27 Déc 2018 - 20:31 | |
| WILLEM PIJPER _compositeur neerlandais 1894_1947 https://fr.wikipedia.org/wiki/Willem_Pijper
j'écoute sa Symphony 3 (°1926) Radio Philharmonic Orchestra par Jac van Stee watch?v=MguYHzgVeYI
+Halewijn (K. 86, 1932, rev. avril 1934), Drame symphonique en deux actes et neuf scènes Orchestra: Omroeporkest Conductor: Edward Downes watch?v=30oqX77E2Qw
chers david xavier benedictus......surtout l'opéra........pour vous ! http://mvmm.org/m/docs/pijper.html Willem Pijper (1894- 1947) est le plus important compositeur néerlandais du XXe siècle.
je suis à la 20eme minute de cet opera HALEWIJN il faut écouter cela c'est splendide, je vais l'écouter en entier, il dure seulement 1h30. influence de debussy......40mn_46mn/ je suis à 15mn de la fin...si j'arrive à écouter cela tout le monde y arrivera. super découverte |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97932 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Compositeurs néerlandais Ven 28 Déc 2018 - 2:09 | |
| - hommepiano a écrit:
- Willem Pijper (1894- 1947) est le plus important compositeur néerlandais du XXe siècle.
Non. C'est l'une des figures importantes, oui, mais il en existe beaucoup en réalité, même s'ils sont restés peu célèbres : la figure tutélaire Diepenbrock bien sûr (il faut absolument écouter son Hymne à Rembrandt !), mais aussi Voormolen, van Gilse, les deux Andriessen et beaucoup d'autres. Donc difficile de balancer juste un nom, d'autant que Pijper était au milieu de controverses, pas le représentant d'un courant unifié (il était assez odieux avec ses collègues, d'ailleurs). Dans tous ceux-là, c'est même Pijper que j'aime le moins : certes tourmenté, mais je ne lui trouve pas le plus de relief. Je n'ai écouté que des extraits de ses opéras, je vais essayer celui que tu mentionnes, merci. |
| | | hommepiano Mélomaniaque
Nombre de messages : 818 Date d'inscription : 23/01/2014
| Sujet: Re: Compositeurs néerlandais Ven 28 Déc 2018 - 12:26 | |
| - DavidLeMarrec a écrit:
- hommepiano a écrit:
- Willem Pijper (1894- 1947) est le plus important compositeur néerlandais du XXe siècle.
Non. C'est l'une des figures importantes, oui, mais il en existe beaucoup en réalité, même s'ils sont restés peu célèbres : la figure tutélaire Diepenbrock bien sûr (il faut absolument écouter son Hymne à Rembrandt !), mais aussi Voormolen, van Gilse, les deux Andriessen et beaucoup d'autres. Donc difficile de balancer juste un nom, d'autant que Pijper était au milieu de controverses, pas le représentant d'un courant unifié (il était assez odieux avec ses collègues, d'ailleurs). Dans tous ceux-là, c'est même Pijper que j'aime le moins : certes tourmenté, mais je ne lui trouve pas le plus de relief.
Je n'ai écouté que des extraits de ses opéras, je vais essayer celui que tu mentionnes, merci. la symphonie n°3 de Pijper est tout de même belle....le 1er mouvement est splendide..je n'ai jamais dit qu'il était le plus grand compositeur neerlandais j'ai bêtement copié collé un titre d'article à son sujet. |
| | | Mefistofele Mélomaniaque
Nombre de messages : 1459 Localisation : Under a grey, rifted sky Date d'inscription : 17/11/2019
| Sujet: Re: Compositeurs néerlandais Mer 12 Mai 2021 - 22:49 | |
| Tiré du fil Méhul, Gossec, ces génies oubliés!* - DavidLeMarrec a écrit:
- Mefistofele a écrit:
- En tout cas, malgré le grand écart stylistique, très bonnes pioches depuis hier soir, entre Méhul, Dopper et Dutilleux !
Dopper ! J'ai pas vu ce que tu avais écouté. La n°2 ? Je n'en avais pas parlé, comme l'immense majorité de mes écoutes. Et j'ai tenté tout ce que j'avais, par Bamert. Donc 2, 3, 6 et 7. J'ai tout adoré, la 3 un peu moins ? La No. 2 en sorte de super Brahms avec des figures fugitives qui me font penser à Glass (ce ne sont vraiment que des zébrures de quelque chose d'inoui chez un romantique), globalement assez traditionnelle, mais quelle beauté ! La No. 3, qui ouvre et conclut sur une sorte de thème franckiste façon Chasseur Maudit aurait dû avoir mes faveurs, mais je préfère ce qui vient avant et après. La No. 6 est assez incroyable, l'allegro initial dansant et virevoltant, son ambiance martiale avec force tambours qui m'évoquent du Khatchaturian dans le III, et le IV avec son carillon aux accents triomphants. Et le xylophone (?) tout du long ? Ça n'arrête pas, un joyeux tintamarre richement orchestré, qui ne lésine pas sur les percussions, définitivement mon rayon. La No. 7 est encore meilleure, avec son tourbillon initial, et son III vraiment étrange... spatial ? Je pense à Zarathustra, mais aussi à Holst et autres brexiteries, ce mélange de suspension et de pompier, de harpe qui se pâme et de vents inquiets. Bref, voilà un compositeur qui s'est vu décerner sans l'ombre d'une hésitation le violet des œuvres remarquables dans mon tableau (car sache, ô amusante coincidence, que c'est ma couleur de prédilection pour marquer les enregistrements notables depuis toujours). *Évidemment ! |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97932 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Compositeurs néerlandais Mer 19 Mai 2021 - 20:39 | |
| - Benedictus a écrit:
- DavidLeMarrec a écrit:
- Musique symphonique néerlandaise : (Daniël) De Lange, Diepenbrock, Zweers, Dopper, Koetsier, Gilse, (Rudolf) Mengelberg, Voormolen…
Des recommandations particulières, là-dedans? - Mefistofele a écrit:
- Ma curiosité est également piquée. Pour Zweers et Dopper, j'ai récemment donné et définitivement accroché, pour le reste...
Gilse et H. Andriessen, vous connaissez déjà bien. (J'ai réécouté en particulier le Concerto pour piano de Gilse, un des plus à mon goût qui soient, car très peu concerto dans sa manière, plutôt un concerto grosso général…) Diepenbrock, j'ai à peu près écouté tout ce qu'on trouve en catalogue orchestral. Il y a beaucoup de très belles choses, à commencer par les lieder orchestraux, formidables (le cycle Ode à Rembrandt !). Ne pas se fier aux titres de la musique pure (Elektra…), ce n'est pas forcément très radical… Beaux Hymnes à la nuit par Begemann que connaît déjà Benedictus, je crois. (Daniël) De Lange (il a un frère, plus conservateur) a légué une jolie symphonie en ut mineur (un peu postschubertienne, donc plutôt pour Mefistofele que Benedictus…), et un étonnant Requiem a cappella, écrit la même année que celui de Liszt, très nu et très chromatique à la fois. Koetsier : sa symphonie n°2 est une sorte d'étrange cantique quelque part entre Mahler 8, Martinů 4, les concertos de Poulenc et le Te Deum de Bruckner. J'aime bien. Voormolen : post- (néo- ?) romantisme agréable. Concerto pour deux hautbois qui pourrait divertir Mefistofele, belle Sinfonia, poèmes symphoniques très lisses. De (Rudolf) Mengelberg, on n'a que deux œuvres enregistrées, un Magnificat assez consensuel et un délicieux Ave Maria plein de tendresse, sorte d'équivalent néerlandais à l'Ave Maria de Vavilov (en plus complexe évidemment) Vermeulen, les symphonies deviennent vite atonales, très tourmentées (quoique réussies : Benedictus devrait adorer). Moi j'aime surtout la 1, encore tonale, qui n'a pas encore sombré dans l'expression de la détresse pure. |
| | | Mefistofele Mélomaniaque
Nombre de messages : 1459 Localisation : Under a grey, rifted sky Date d'inscription : 17/11/2019
| Sujet: Re: Compositeurs néerlandais Mer 19 Mai 2021 - 21:27 | |
| Merci bien ! Ma foi, tout cela a l'air fort alléchant ! Mengelberg et quelques autres, ce sont des enregistrements antédiluviens, non ? Je me souviens avoir fait une rapide recherche et reculé d'effroi en essayant les extraits.
En tout cas, cela fait très envie et donne envie d'aller explorer cela une fois que j'ai fini mes Nordiques. Merci encore pour toutes ces tentations. |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97932 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Compositeurs néerlandais Jeu 20 Mai 2021 - 0:16 | |
| Concertgebouw des années 40 environ (dirigé par W. Mengelberg pour le Salve et je crois par Beinum pour le Magnificat). |
| | | Mefistofele Mélomaniaque
Nombre de messages : 1459 Localisation : Under a grey, rifted sky Date d'inscription : 17/11/2019
| Sujet: Re: Compositeurs néerlandais Jeu 20 Mai 2021 - 1:14 | |
| Bon, je suis trop influençable, j'ai été tester ce que j'avais sous la main. Vooormolen, les suites Baron Hop sont charmantes. Entre Light Music, fanfares et pastiches façon Pierné ( Impressions de Music-Hall) ou Poulenc, ce n'est pas vilain. Le concerto pour deux hautbois est typiquement le genre néo que je goûte, mention spéciale à la cavalcade du III. Rien de bien consistant mais très distrayant. La symphonie No. 1 de Vermeulen ne m'a pas ébloui. Je suis curieux d'écouter les choses plus noires et dépressives, car le sourire ne fonctionne pas sur moi. La symphonie de Lange, par contre, quelle perle ! Le I impérieux et son finale dramatique, l'Andante un peu facile mais avec beau hautbois qui vole au-dessus des cuivres en sourdine, le rebond du scherzo et les belles métamorphoses du IV, elle rentre directement dans La Liste. Je tenterai le reste sous peu. Encore merci !
Dernière édition par Mefistofele le Jeu 20 Mai 2021 - 10:29, édité 1 fois |
| | | Benedictus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 15565 Age : 49 Date d'inscription : 02/03/2014
| Sujet: Re: Compositeurs néerlandais Jeu 20 Mai 2021 - 2:44 | |
| - DavidLeMarrec a écrit:
- Beaux Hymnes à la nuit par Begemann que connaît déjà Benedictus, je crois.
Oui, tout ce que je connais de Diepenbrock, c'est le disque de lieder orchestraux par Begemann chez CPO.
Dernière édition par Benedictus le Jeu 20 Mai 2021 - 2:47, édité 1 fois |
| | | Benedictus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 15565 Age : 49 Date d'inscription : 02/03/2014
| Sujet: Re: Compositeurs néerlandais Jeu 20 Mai 2021 - 2:46 | |
| - DavidLeMarrec a écrit:
- Vermeulen, les symphonies deviennent vite atonales, très tourmentées (quoique réussies : Benedictus devrait adorer).
En effet: • Matthijs VERMEULEN: Symphonie n°2 «Prélude à la nouvelle journée» (1919-20)¹ et n°3 «Thrène et Péan» (1921-22)²Otto Ketting / Orchestre Philharmonique de Rotterdam¹. Ferdinand Leitner / Orchestre de la Résidence de La Haye² 1978¹, 1977² Donemus Records Très bien vu: c’est tout à fait calibré pour moi, ça! Ça fait un peu penser à du Hartmann (pour le côté expressionniste atonal-très-polarisé assez frontal, tourmenté et méchant), mais avec des couleurs beaucoup plus françaises (avec des alliages et des rythmes Ballets Russes tardifs et des harmonies plutôt Triton-Jeune France.) Merci pour la découverte! Apparemment, il y a des choses encore plus expérimentales par la suite (avec notamment un travail sur certaines techniques contrapuntiques archaïques, dans la dernière symphonie): j’ai hâte d'essayer! |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
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| Sujet: Re: Compositeurs néerlandais Jeu 20 Mai 2021 - 13:14 | |
| Ravi d'avoir visé juste pour vous avec Voormolen & Vermeulen ! - Benedictus a écrit:
- Oui, tout ce que je connais de Diepenbrock, c'est le disque de lieder orchestraux par Begemann chez CPO.
Il y a encore mieux, donc. (Les deux disques de sélections de lieder orchestraux chez Etcetera, c'est assez fou.) L'Ode à Rembrandt (pour le côté expansif) Die Nacht et Im Grossen Schweigen (pour le côté trouble), les Hymnes à la Nuit par Augér et Finnie... https://www.discogs.com/fr/Alphons-Diepenbrock-Anniversary-Edition/release/11635334 |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
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| Sujet: Re: Compositeurs néerlandais Jeu 20 Mai 2021 - 23:14 | |
| Dopper - Mefistofele a écrit:
- Donc 2, 3, 6 et 7. J'ai tout adoré, la 3 un peu moins ?
Oui, la 3 est étrangement terne. J'entends beaucoup plus la construction rhapsodique qui juxtapose des thèmes folkloriques que les influences que tu cites, même si le fond-de-sauce reste brahmsien, et qu'on sent, avec des poussées lyriques parfois presque richardstraussiennes, que le temps a passé. Pour ma part, donc, les 2 & 7 sont celles qui me marquent le plus – justement parce qu'elles poussent le plus loin le rapport au folklore. -- ZweersLa Première est assez quelconque, mais les 2 et 3, dans le genre du postromantisme sobre et lumineux, atteint très bien son objectif chez moi. |
| | | Mefistofele Mélomaniaque
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| Sujet: Re: Compositeurs néerlandais Jeu 20 Mai 2021 - 23:18 | |
| Journée à me repasser les symphonies de Vermeulen, donc. Et autant la No. 1 ''Symphonia Carminum'' — sorte de Mahlérisme babillard et plutôt souriant — m'a ennuyé, autant j'ai beaucoup apprécié le reste ! Musique assez déstabilisante, très opaque au point d'un mur de son tant au niveau de l'écriture (superposition de thèmes, spectre couvert du très grave au suraigu) que des folles nomenclatures (clarinettes par 6, saxophones par 3 !). Les meilleures symphonies me laissent entendre du Stravinsky et du Varèse, avec une sérieuse dose d'École de Vienne (la seconde, bien sûr, Berg et Schoenberg). Inquiétant, grondant, viscéral, parfois foutraque. Mais aussi, beaucoup de Honegger à vrai dire, tous ces cuivres, ces motorismes, ces cris, ces harmonies instables... Le Dies Irae de la No. 3 "Liturgique" ou le l' Allegro Marcato de la No. 5 Di Tre Re me semblent assez proches dans la conception du geste musical (je ne connais pas Hartmann, je passe donc peut-être à côté de la référence valide). La No. 2 ''Prélude a la nouvelle journée'' est assez stravinskienne, on entend vraiment des passages du sacre, plutôt les transitions vers les moments hallucinés qu'autre chose. La musique de Vermeulen ne semble pas intéressée par le principe tension/détente, mais plus par l'occupation de l'espace sonore en permanence, globalement sur un ton menaçant voire guerrier. C'est une musique angoissante par ses couleurs, mais aussi par l'asphyxie qu'elle génère : pas de silence, gestion minimale des dynamiques, il est impossible de souffler. La No. 3 ''Thrène et Péan'', est également d'obédience stravinskienne. Très séduisante, elle n'a de symphonie que le nom. La première moitié est ce chant insinueux et plein de mystère — lignes suraigues et hypnotiques des bois solo sur tapis de cordes inquiètes et engourdissantes — qui m'évoque Berceuse de l' Oiseau de feu déconstruite, enchaînée à un long moment d'explosion contenue façon Sacre. Le sentiment de libération dyonisiaque n'intervient jamais, c'est le K.O. par épuisement, l'endormissement chanté par la "berceuse" initiale. La No. 4 ''Les victoires'' ouvre sur une marche implacable et terrifiante qui constituerait la culmination de bien d'autres symphonies ! Encore une illustration du mur de son. Mais d'autres thèmes vont rapidement intervenir. Une marche funèbre, mais aussi une sorte de marche joyeuse et exubérante (16:35), avec effets orchestraux assez uniques (17:25 ou 18:45, le mur est déchiré par des percussions claires, xylophone ?), des vagues de cordes survolées par les bois... interlude onirique qui tourne rapidement au cauchemar. La conclusion, sorte d'apothéose qui va en ralentissant et où dominent encore xylophone et glockenspiel (plus cymbales) est assez réussie à mon goût. La No. 5 ''Les lendemains chantants'' est ce monstrueux léviathan de près de 45 minutes, une sorte de magma en fusion furieux reprenant fanfares et figures terrifiantes de la 4, on en ressort lessivé. L'impression d'avancée implacable est très forte, là où la 2 proposait plus de rebond et de mouvement. La No. 6 "Les minutes heureuses" est la plus mystérieuse du lot, elle propose des ambiances nocturnes orchestrées plus finement (dernier tiers de l'Andante !), ses fanfares sont plus désespérées que belliqueuses, le niveau sonore est globalement plus maîtrisé (ouverture ou début de l'Allegro conclusif), l'écriture est plus sinueuse. Du moins, les ambitions para-musicales sont assurément mystiques (le feu sacré), je suppute que la démesure scriabinienne et le peu d'égard pour les langages "à la mode" en sont la conséquence logique ? J'avoue que la spirale ascendante et barbare qui conclut le dernier mouvement (lui même un immense crescendo de 8 minutes) m'impressionne beaucoup. La No. 7 "Dithyrambe pour les temps à venir" la plus courte, est censée déborder de joie de vivre. Le mouvement central, harpe et hautbois en star, rappelle une incantation debussyste, avant l'arrivée de motifs rythmiques insistants, je pense plutôt aux sortilèges de Bartók. Le son est "antique", les harmonies insaisissables... Le mouvement final est une sorte de marche/incantation aux xylophone et glockenspiel avant d'être balayée par des charges de cuivres. L'atmosphère insaissable du II revient, l'effet est saisissant. Côté interprétation, Donemus propose l'intégrale des symphonies et quelques bonus, le cycle est incontournable. MAIS Rozhdestvensky a enregistré les 3 meilleures symphonies à mon sens chez Chandos, avec une finition supérieure, un son plus détaillé et un surcroît de nervosité. Si la musique est construite dessus, ce serait dommage de ne pas en abuser ? Les 3, 4 et 5 ne sont pas à négliger, la 3 si l'on aime Stravinsky, la 4 Honegger, et la 5 si l'on a les oreilles et l'estomac bien accroché. En fin de compte, pas un compositeur majeur, son langage évolue assez peu et sa palette sonore est assez limitée, mais dans son genre, une proposition très roborative. |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97932 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Compositeurs néerlandais Jeu 20 Mai 2021 - 23:32 | |
| Je réécoute la Première (deux fois aujourd'hui), et je suis fasciné par la profusion de plans, de grains, le langage est foisonnant sans être du tout oppressant, c'est admirable.
(Pour moi une très grande symphonie.) |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97932 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Compositeurs néerlandais Jeu 20 Mai 2021 - 23:34 | |
| Également essayé aujourd'hui :
Johan Wagenaar - Sinfonietta : for orchestra in C Major, Op. 32 (1917) Radio Symphony Orchestra ; Eri Klas → Commence comme du postromantisme assez naïf, et soudain cet adagio, c'est plus le Ruhevoll ou l'Adagietto de Mahler que du Brahms !
Richard Hol (1825-1904) ; Symphony No. 1 in C minor (1863) Orchestra: Residentie Orkest ; Matthias Bamert → Contrasté et farouche, du très beau second romantisme ! |
| | | Mefistofele Mélomaniaque
Nombre de messages : 1459 Localisation : Under a grey, rifted sky Date d'inscription : 17/11/2019
| Sujet: Re: Compositeurs néerlandais Jeu 20 Mai 2021 - 23:35 | |
| - DavidLeMarrec a écrit:
Zweers
La Première est assez quelconque, mais les 2 et 3, dans le genre du postromantisme sobre et lumineux, atteint très bien son objectif chez moi. Je te rejoins parfaitement pour Zweers. La 1 est charmante mais pas très marquante, par contre les 2 et 3 sont plus que plaisantes. Les ombres de Tchaikovsky dans la 2 et Dvořák (ou même Smetana) dans la 3 alimentent un discours qui fait la part belle aux fanfares folkloriques, danses populaires et épisodes sinistres. J'ai noté Mussorgsky pour qualifier ces derniers, je ne suis pas sûr l'image soit bonne, mais Gnomus ou le Mont Chauve me sont venus à l'esprit. |
| | | Mefistofele Mélomaniaque
Nombre de messages : 1459 Localisation : Under a grey, rifted sky Date d'inscription : 17/11/2019
| Sujet: Re: Compositeurs néerlandais Ven 21 Mai 2021 - 10:11 | |
| - DavidLeMarrec a écrit:
- Je réécoute la Première (deux fois aujourd'hui), et je suis fasciné par la profusion de plans, de grains, le langage est foisonnant sans être du tout oppressant, c'est admirable.
(Pour moi une très grande symphonie.) Je te rejoins sur l'analyse, pas trop sur la conclusion. On note l'occupation permanente de l'espace, beaucoup d'étagements, de travail sur les registres... les ingrédients de ses futures symphonies sont déjà présents, mais le langage est quand même très mahlérien et globalement souriant. Je note amusé que les No. 6 et 7 sont censées — sur le papier — être positives elles aussi (feu sacré et dithyrambe). Je devine une question de goût indéniable dans notre différence d'appréciation. Aussi, très grande symphonie, elle ne dure que 26 minutes, comparé à sa No. 5 ou du vrai Mahler, je ne pense pas. - DavidLeMarrec a écrit:
- Également essayé aujourd'hui :
Johan Wagenaar - Sinfonietta : for orchestra in C Major, Op. 32 (1917) Radio Symphony Orchestra ; Eri Klas → Commence comme du postromantisme assez naïf, et soudain cet adagio, c'est plus le Ruhevoll ou l'Adagietto de Mahler que du Brahms !
Richard Hol (1825-1904) ; Symphony No. 1 in C minor (1863) Orchestra: Residentie Orkest ; Matthias Bamert → Contrasté et farouche, du très beau second romantisme ! Encore des noms à aller écouter ! |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97932 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Compositeurs néerlandais Ven 21 Mai 2021 - 13:09 | |
| Vermeulen, Symphonie n°1 - Mefistofele a écrit:
- Je te rejoins sur l'analyse, pas trop sur la conclusion. On note l'occupation permanente de l'espace, beaucoup d'étagements, de travail sur les registres... les ingrédients de ses futures symphonies sont déjà présents, mais le langage est quand même très mahlérien et globalement souriant. Je note amusé que les No. 6 et 7 sont censées — sur le papier — être positives elles aussi (feu sacré et dithyrambe). Je devine une question de goût indéniable dans notre différence d'appréciation.
Aussi, très grande symphonie, elle ne dure que 26 minutes, comparé à sa No. 5 ou du vrai Mahler, je ne pense pas. Ah, pour moi il y a une singularité réelle, et surtout une qualité supérieure de réalisation, tout le temps des événements, c'est très nourrissant, jamais ennuyant, vraiment riche et élancé dans le même temps, sophistiqué et lisible... tout ce que j'attends d'une symphonie. (Je n'avais écouté qu'une fois auparavant, donc au bout de trois écoutes je ne peux pas trop dire, mais à vue de nez, si, je trouve ça considérablement plus intéressant que Mahler 1-4-5-6-7-9-10. ) Elle m'évoque pas mal Schmitt 2 (en plus dense, plus lisible et plus coloré, je crois même que j'aime davantage !). -- J'écoute la 7 de Vermeulen en ce moment même : le langage est un peu tourmenté, mais on sent bien, tout de même, l'énergie vitale ! |
| | | Benedictus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 15565 Age : 49 Date d'inscription : 02/03/2014
| Sujet: Re: Compositeurs néerlandais Ven 21 Mai 2021 - 18:28 | |
| Au fait, Rudolph Escher, quelqu'un a essayé? |
| | | / Mélomane chevronné
Nombre de messages : 20537 Date d'inscription : 25/11/2012
| Sujet: Re: Compositeurs néerlandais Ven 21 Mai 2021 - 18:58 | |
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| | | Benedictus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 15565 Age : 49 Date d'inscription : 02/03/2014
| Sujet: Re: Compositeurs néerlandais Ven 21 Mai 2021 - 19:01 | |
| Et ça ressemble à quoi, comme langage et comme style? |
| | | / Mélomane chevronné
Nombre de messages : 20537 Date d'inscription : 25/11/2012
| Sujet: Re: Compositeurs néerlandais Sam 22 Mai 2021 - 0:20 | |
| Pour ce que j’en connais (musique de chambre pour ou avec piano) et m’en rappelle, disons un néoclassicisme (non déceptif) fortement francisé et (parfois) un peu modernisé. |
| | | Benedictus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 15565 Age : 49 Date d'inscription : 02/03/2014
| Sujet: Re: Compositeurs néerlandais Sam 22 Mai 2021 - 1:24 | |
| Merci! (Donc une musique qui pourrait me plaire, mais pas au point d'interrompre l'exploration de Hymnen.) |
| | | Mefistofele Mélomaniaque
Nombre de messages : 1459 Localisation : Under a grey, rifted sky Date d'inscription : 17/11/2019
| Sujet: Re: Compositeurs néerlandais Sam 22 Mai 2021 - 23:04 | |
| Pour Escher, je connais surtout la musique orchestrale à travers le box Brilliant et le disque Donemus. J'ai trouvé cela tout à fait écoutable sans être ébouriffant non plus. Définitivement une esthétique française, évidente dans les inspirations déclarées : Tombeau de Ravel, Hymne du Grand Meaulnes, Univers de Rimbaud, Sinfonia in memoriam Maurice Ravel, et même une orchestration des Épigraphes Antiques... Maintenant, j'ai pensé à une version ancienne de Rautavaara pour le côté tourmenté/extatique, avec beaucoup de cuivres et un usage intelligent de la harpe, le sentiment de désolation et de nébulosité, l'usage des percussions qui tranchent dans le tissu orchestral. Cela me semble patent dans la meilleure de ses pièces, de son propre point de vue et du mien : Musique pour l'esprit en deuil. À la réécoute, la pièce est loin d'être inintéressante, avec une sorte de tempête qui couve et le vent qui souffle sur l'orchestre, j'y trouve une très forte saveur nordique, avec beaucoup d'échos des Océanides de Sibelius. Le Concerto pour orchestre à cordes, qu'il a renié, m'a semblé la moins marquante de ses contributions, mais je crois savoir que tu évites ce genre de formation, aussi tu ne cours aucun risque de perdre ton temps. Mes notes pour la musique de chambre n'étaient pas tès encourageantes (les trios sont notés "fatigants"), je m'autorise une réécoute avant de statuer.
Dernière édition par Mefistofele le Sam 22 Mai 2021 - 23:47, édité 1 fois |
| | | Benedictus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 15565 Age : 49 Date d'inscription : 02/03/2014
| Sujet: Re: Compositeurs néerlandais Sam 22 Mai 2021 - 23:41 | |
| C'est bien noté, merci! • Alphons DIEPENBROCK: Hymne aan Rembrandt (1906)¹. Im grossen Schweigen (1905-06; rév. 1918)². Die Nacht (1910-11)³Eva-Maria Westbroek (soprano), Ed Spanjaard / Chœur et Orchestre Philharmonique de la Radio des Pays-Bas¹. Robert Holl (basse), Hans Vonk / Orchestre de la Résidence de La Haye². Dame Janet Baker (mezzo-soprano), Bernard Haitink / Orchestre du Concertgebouw d’Amsterdam³ Hilversum, IX.2001¹. La Haye, IV / VII.1990². En public, Amsterdam, 1971³ EtceteraDécouverte, donc, de l’ Hymne à Rembrandt, assez grisant dans son postromantisme expansif et chaleureux, très post-tristanesque et plus ponctuellement mahlérien (période Wunderhorn.) J’ai peut-être encore préféré Die Nacht (pas seulement pour Hölderlin) pour son côté effectivement trouble, insaisissable - tant dans l’écriture vocale (qui oscille entre des élans lyriques straussiens et des passages à la fois beaucoup plus déclamatoires et modulants, presque à la Schoeck) que dans l’écriture orchestrale (là aussi des passages tout en arabesques colorées par des contrechants solistes pépiants, mais aussi des plages orchestrales un peu grises parcourues de sous-courants inquiets à la façon du dernier Mahler.) Par ailleurs, je trouve que le timbre de Janet Baker, dont je ne suis pas fou dans l’absolu, colle vraiment bien à cette musique. - Spoiler:
Sans compter que voir David recommander un enregistrement de Janet Baker et Bernard Haitink, ça n’a pas de prix.
(Mais pour Im grossen Schweigen, je préfère d’assez loin la version Begemann / Tausk chez CPO à cette version Holl / Vonk.) |
| | | Mefistofele Mélomaniaque
Nombre de messages : 1459 Localisation : Under a grey, rifted sky Date d'inscription : 17/11/2019
| Sujet: Re: Compositeurs néerlandais Dim 23 Mai 2021 - 0:46 | |
| Et je me suis rafraîchi la mémoire pour la musique de chambre.
Le Tombeau de Ravel est vraiment insaisissable, chaque mouvement met en avant des instruments différents, je ne lui trouve pas vraiment d'équivalent.
Les trios, exactement ce que décrit lulu. Je pense à du soviétisme chambriste aseptisé, qui erre dans les ruelles du désespoir sans se soucier de rajouter une mélodie cabossée par-dessus. Ma réaction négative n'est pas aussi forte que lors de la première écoute, mais je ne dirais pas que j'adore. Par contre, oui, cela serait susceptible de te plaire.
Les sonates, que je découvre, occupent un espace complètement différent. Celle pour violon me rappelle définitivement un autre compositeur, mais qui ? Usage des demi-teintes, des silences, du suraigu. Je pense à Gaubert dans l'Allegro (pas sa sonate, mais le côté marin, le registre, l'atmosphère), en sachant que j'ai déjà entendu une sonate utilisant le même genre de traitement (certainement un Britannique). En tout cas, je la trouve magnifique. Celle pour violoncelle démarre pareillement dans une atmosphère tourmentée et inquiétante, dispose d'un superbe mouvement central en suspension (qui joue beaucoup avec les silences, après les trios et ma cure de Vermeulen, c'est rafraîchissant)... et finit également sur un mouvement enjoué, où les deux instruments font enfin tomber l'armure et enchaînent les notes sans tomber dans l'exercice de virtuosité (on pencherait plutôt vers le jazz), avant de finir sur une espèce de carillon au piano.
Mention spéciale aux sonates, en ce qui me concerne, ce que j'ai préféré avec la musique de deuil. |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97932 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Compositeurs néerlandais Dim 23 Mai 2021 - 11:08 | |
| Escher, je n'ai pas trouvé ça profondément marquant non plus, mais je ne connais que superficiellement. Le Concerto pour orchestre à cordes est plaisant avec ses atmosphères contrastées (et même un brin de carte postale çà et là), on entend effectivement les échos de la France et de la Soviétie, sur une base qui reste assez traditionnelle. Pas sûr que ça te passionne, Benedictus. Diepenbrock : Je me demande si moi je n'aime pas davantage le côté sale de Holl / Vonk, de façon surprenante… Oui, les nébulosités poisseuses de Die Nacht sont tout à fait saisissantes… et pour moi aussi, première fois que je trouve une plus-value mesurable à Janet Baker, assez parfaite ici. Ravi que tout ça t'ait plu (quoique pas très étonné). |
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| Sujet: Re: Compositeurs néerlandais | |
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| | | | Compositeurs néerlandais | |
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