Je ne sais pas si Xavier ne voudra pas le mettre dans "fous de partitions", mais en tout cas, ce fil me plaît beaucoup.
Une des choses les plus agréables à déchiffrer, pour moi, c'est le
Wagner tardif. Non pas que ce sont confortable à jouer, mais sentir toutes ces tensions harmoniques sous ses doigts, découvrir tous ces leitmotivs inaudibles dans le grand orchestre... c'est une véritable expérience.
Ca a totalement changé ma perception du Götterdämmerung, qui pour être mal orchestré, n'en est pas moins remarquablement écrit.
Je recommande la partition bilingue avec la traduction de Max Ernst, assez fidèle, qui permet tout en déchiffrant de se familiariser avec le texte (ou, pour les plus azimutés, de chanter l'Immolation tout en jouant
).
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Pour le piano seul, il existe quantités de choses.
Dans le registre dont tu parles (pièces anciennes non conçues pour piano), on trouve pour une misère chez Dover l'édition Saint-Saëns (donc pas terrible sur le plan critique, il manque d'ailleurs des ornementations) de
l'intégrale Rameau, avec un certain nombre de pièces ou très célèbres et belles, ou très accessibles.
Avec un peu de travail et même en respectant l'inégalité des notes égales, on peut jouer les Sauvages et peut-être même l'Allemande de la Suite en La, avec un niveau modeste. Il faut juste, dans ce cas, un peu de temps et d'application.
Couperin est encore plus facile, ça réclame seulement de travailler les ornementations.
Comme tu le soulignais, les retors comme
Froberger réclament un soin particulier pour le déchiffrage des altérations et parfois de la mise en place rythmique (pulsation lâche). Ca sonne de toute façon très mal sur un piano (contrairement à Rameau qui laisse beaucoup de possibilités), moi je ne peux pas.
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Côté orgue, outre
Bach et encore Bach (...), on peut fréquenter aisément
Grigny au piano, ce n'est pas très facile (la gravure musicale est assez étroite de plus dans l'édition commercialisée), mais il y a relativement peu de jeu de pédalier, et on touche au plus haut sommet de l'orgue français.
Sinon, plus simple,
François Couperin, la plupart des pièces de ses messes (qu'ont trouve également pour pas cher du tout) sont jouables même sans pédalier.
Evidemment, lorsqu'on change de coin géographique et surtout d'époque, il devient malaisé d'interpréter du
Mendelssohn, par exemple, sans appauvrir considérablement...