Festival de Bayreuth

La discussion a déjà été entamée hier ici: https://classik.forumactif.com/t5781p450-roberto-alagna

Xavier a écrit:

La discussion a déjà été entamée hier ici: https://classik.forumactif.com/t5781p450-roberto-alagna

Oui, mais ce qui est amusant, c'est de voir à quel point le traitement de la même nouvelle sur les deux fils est différent: sur le fil «Festival de Bayreuth», on a le message d'un wagnérien (qui ne fréquente apparemment pas les fils glottos) qui cite in extenso le communiqué de presse en lui adjoignant un commentaire sobrement indigné; alors que sur le fil «Roberto Alagna», on a Calbo, Cololi et Otello (et moi) qui, partant d'une annulation pour Lohengrin, sont en train de s'écharper pour savoir si Alagna est le plus génial ou le plus lamentable Manrico que la terre ait jamais porté.

Oui, comme d'ailleurs cela aurait pu aboutir, et plus particulièrement ici car on parle avant tout d'un festival, à un débat sur le fait d'annuler 3 semaines avant la première quand on signe pour un rôle il y a 4 ans, et ainsi mettre dans l'embarras organisateurs, metteur en scène et autres chanteurs...

Alors manque de professionnalisme ? Melon surdimensionné ? Incapacité à chanter le rôle ?

Oui, abandonner aussi tard alors qu'il n'en était qu'à la moitié, c'est mettre les partenaires dans l'embarras. Après, des Lohengrin, il y en a partout, c'est un rôle facile à chanter (pas d'aigus, pas de grands sauts, pas de volume extraordinaire requis, pas de phrases trop tendues hors de l'entrée et de la sortie…), et Bayreuth a un tel pouvoir d'attraction qu'ils peuvent trouver n'importe qui de prêt à commencer lundi, ce n'est pas non plus une catastrophe.

Alagna a donné une explication vraiment franche (et plus humble qu'à l'accoutumée) dans un entretien à France Musique, où il explique y avoir cru jusqu'au bout mais avoir été plus lent que prévu dans le par cœur. C'est au moins honnête, même si, en effet, il aurait dû laisser un peu plus de temps au festival en voyant où il en était de l'acquisition du truc, et les prévenir un peu avant le week-end…

J'ai vu qu'il restait quelques dates de libre à Mathias Vidal cet été, ils pourraient nous faire la version Nuitter – et en profiter pour virer Harteros en la remplaçant par Gens (et Thielemann par Chaslin ou Lacombe). Juste une suggestion.

DavidLeMarrec a écrit:

Après, des Lohengrin, il y en a partout, c'est un rôle facile à chanter (pas d'aigus, pas de grands sauts, pas de volume extraordinaire requis, pas de phrases trop tendues hors de l'entrée et de la sortie…), et Bayreuth a un tel pouvoir d'attraction qu'ils peuvent trouver n'importe qui de prêt à commencer lundi, ce n'est pas non plus une catastrophe.
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Ah que voilà un bien mauvais pronostic, cher David.
Non en fait c'est assez dur de trouver un ténor de stature internationale, chantant Lohengrin, et d'accord pour annuler ses engagements d'été. Le "prestige" de Bayreuth signifie aussi que tu seras scruté attentivement, surtout dans le rôle phare de la nouvelle production de la Colline, qui va tenir l'affiche pendant plusieurs années.
Même des retransmissions cinéma sont prévues en Allemagne...
Donc, mardi et on attend toujours l'heureux élu...

Ce serait quand même plus drôle qu'il s'agisse d'un illustre inconnu auquel on n'aurait le droit de demander ni l'origine, ni le nom... Et à l'acte III :
Nun hört, wie ich verbotner Frage lohne!
Vom Gral ward ich zu euch daher gesandt:
mein Vater Parzival trägt seine Krone,
sein Ritter ich - bin NN genannt.

Il doit y avoir quand même pas mal de Lohengrin très digne qui chantent dans les opéras allemands "de province" (si tant est que ce terme est un sens en Allemagne).
Sinon, il suffit de dénicher un russe connu qu'au Mariinski mais exceptionnel.

Adalbéron a écrit:

Ce serait quand même plus drôle qu'il s'agisse d'un illustre inconnu auquel on n'aurait le droit de demander ni l'origine, ni le nom... Et à l'acte III :
Nun hört, wie ich verbotner Frage lohne!
Vom Gral ward ich zu euch daher gesandt:
mein Vater Parzival trägt seine Krone,
sein Ritter ich - bin NN genannt.

Il doit y avoir quand même pas mal de Lohengrin très digne qui chantent dans les opéras allemands "de province" (si tant est que ce terme est un sens en Allemagne).
Sinon, il suffit de dénicher un russe connu qu'au Mariinski mais exceptionnel.

Excellent !
(oui il ne manque pas de bon Lohengrin pas forcément connus mais bon Thielemann avait visiblement choisi une autre option...au départ !)

Piotr Beczala remplacera Roberto Alagna dans le rôle de Lohengrin.

https://www.bayreuther-festspiele.de/festspiele/news/2018/piotr-beczala-uebernimmt-titelpartie-in-diesjaehriger-lohengrin-produktion/

Les tractations ont dû être intenses: le Festival remercie la "collaboration et la générosité des institutions qui ont permis l'engagement de Piotr Beczala", lequel annule sa participation à une Bohème à Tanglewood et un récital à Grenade.

Il doit chanter un programme de Lieder ce dimanche au Palais Garnier : il est possible qu'il préfère se ménager pour répéter un rôle qu'il n'a pour le moment chanté que pour une seule série de représentations, à Dresde, il y a deux ans.

On peut voir le nouveau Lohengrin ici: https://www.br-klassik.de/concert/ausstrahlung-1485790.html

Bah, pourquoi faire, il n'y a pas Alagna.

(C'est bien, sinon, comme œuvre ? En allemand, ça fait pas trop film de guerre ?)

DavidLeMarrec a écrit:

(C'est bien, sinon, comme œuvre ?  En allemand, ça fait pas trop film de guerre ?)

????

J'ai peut-être une place en trop pour Meistersinger le 27, si quelqu'un est tenté.

À quel prix? )

190€, c'est une place , au 24ème rang de parterre, sur le côté. C'est pas sûr encore, ça dépend de ce que disent mes enfants, mais ça sera sûr avant la semaine prochaine.

Apparemment c'est 20e de plus pour changer le nom sur ticket -- politique sérieusement rétentive du festival cette année, je suppose qu'ils luttent contre le marché noir...

Des nouvelles de Bayreuth

RING 2020 :

The festival announced that Pietari Inkinen will conduct the new production by Valentin Schwarz, both making notable debuts.

The Ring Cycle will see Lise Davidsen perform the role of Sieglinde, Andreas Schager in his signature role as Siegfried in “Siegfried,” Petra Lang as Brünnhilde in “Die Walküre,” Daniela Köhler as Brünnhilde in “Siegfried,” and Christine Goerke as Brünnhilde in “Götterdämmerung” in her company debut.

The cast will also see Stephen Gould as Siegfried in “Götterdämmerung,” Georg Zeppenfeld as Hunding, Klaus Florian Vogt as Siegmund, Günther Groissböck as Wotan / Der Wanderer, Stefan Vinke as Loge, John Lundgren as Alberich, Christa Mayer as Fricka and Ain Anger as Hagen.

Bonjour à tous,

Pour ceux qui seraient tentés, j'ai sur les bras deux billets pour le festival de cette année :

- Le Hollandais du 16 août, rang n° 30
- Le Crépuscule du 15 août, en catégorie B5 (donc place plutôt sur le côté)

Les deux places sont à personnaliser
J'en propose 210 € pour chacune (= le prix d'origine)

Ring 25-30 août 2022

Ce Ring, pourtant dans sa première année et mis en scène par un homme à peine sorti de l’adolescence (35 ans, non?) un des plus convaincants et aboutis que j’ai vus. Je ne dis pas que c’était littéralement génial: l’idée de faire porter l’accent d’une mise en scène sur un drame familial et sur les sentiments très humains, très ordinaires, dans le Ring, n’est plus une révolution depuis un bout de temps. Mais la profondeur de lecture du texte, et la précision et l’engagement du jeu d’acteurs, en font un spectacle pour ainsi dire haletant. C’est un peu l’esprit, disons moderne, du Rheingold de concert de Nezet-Seguin récemment: l’accent sur le drame entre les personnages et la tension constante d’un bout à l’autre.

Je ne vous raconte pas tout par le menu, mais la Walkyrie était très belle, avec des scènes de flashback des jumeaux dans leurs chambres d’enfant, les caprices d’une Brünnhilde enfant gâtée qui n’a jamais eu à faire à la dure réalité du pouvoir et de l’argent, ou des adieux de Wotan qui sont un effondrement personnel, suivi d’un divorce et d’un départ. L’attention de Schwarz (le metteur en scène) au texte (paroles et musique) suggère fortement, malgré son jeune age, une grande familiarité avec l’œuvre. Je pense par exemple à cette lecture de la séparation de Siegfried et Brünnhilde au Crépuscule, celle d’un couple fatigué d’où la magie a disparu, qui éclaire autrement chaque ligne.

Autre caractéristique intéressante de cette mise en scène: il y a des leitmotivs scéniques (des vêtements, des gestes, des objets) qui, comme les leitmotivs musicaux, établissent leur signification par la répétition, mais se modifient et se mélangent au fur et à mesure de l’action, tissant des liens invisibles ou sculptant des émotions pas complètement prévues.

Vocalement, apprécions la séparation des rôles lourds:deux Brünnhilde, deux Siegfried, deux Wotan. J’aime à penser que nous sommes dans une époque où peut-être, après le confinement, on a pris acte de la fragilité des voix, même les énormes (surtout?).

Entendre Lise Davidsen en vrai est une expérience physique impressionnante, elle écrase un peu tout le reste de la distribution, en particulier Theorin, pourtant plus qu’honorable. C’est d’ailleurs cohérent avec une mise en scène qui nous montre la Walkyrie comme sale môme et Sieglinde comme femme sublime (l’inceste n’étant pas celui qu’on croit, d’ailleurs).

Klaus Florian Vogt fait pourtant mieux que résister face à cette vague: il n’a plus l’extrême jeunesse de timbre d’il y a dix ans, mais me semble avoir fait quelque chose de cette « nouvelle voix » (on le reconnaît quand même bien) et campe un Siegmund très personnel et très convaincant, un homme adulte mais doux à la recherche de son passé.

En Brünnhilde de Siegfried (ce qui laisse donc trois jours de repos à Theorin entre W et G), Daniel Köhler est superbe d’entrain et de justessé campant un personnage beaucoup plus jeune que Theorin (et la mise en scène à une bonne raison pour cela), et avec un Andreas Schager en forme épique, puissant et musical, nous offre un troisième acte de Siegfried mémorable.

En Wotan (de W et de S) Koniecny donne l’impression de boire trop (beaucoup beaucoup d’entrée ratées, de temps sautés, d’exubérance) mais a une présence assez magnétique et se coule dans le personnage dont il porte le costume crème comme si c’était le sien. Un Samson François du baryton basse…

Le chef Cornelius Meister porte tout cela avec cohérence et une grande attention aux chanteurs. Ça me semble très propre, et tendu d’un bout à l’autre, avec un son très « médium ». Comme dans la mise en scène, aucune métaphysique, aucun arc  cosmique dans ce Ring, mais une tension émotionnelle de tous les instants. Pas sûr que j’aimerais beaucoup si je ne faisais qu’écouter, mais ca n’est  justement pas l’idée d’un Ring mis en scène, surtout à Bayreuth.

Dans la salle, plusieurs huées très déterminées et systématiques, pires qu’avec Castorf. Et les réponses de bravo sonores attendues également (pas que moi, hein!), et même quelques explications à la sortie. A la fin du Crépuscule, Theorin offre même un doigt d’honneur aux bouheurs en les pointant du doigt individuellement (et j’ai d’autant plus de mal à la condamner que ces messieurs viennent de s’en prendre à un charmant enfant acteur venu saluer avec elle).

Si je peux, j’y retournerai avec beaucoup d’intérêt, d’autant que je ne doute pas qu’une partie de la mise en scène m’ait échappé, et qu’elle évolue. Ça fait deux Ring fascinants cette année, après celui de Herheim à Berlin (faudra que je vous raconte aussi: plus génial, mais moins efficace).

julot a écrit:

Ring 25-30 août 2022

Ce Ring, pourtant dans sa première année et mis en scène par un homme à peine sorti de l’adolescence (35 ans, non?) un des plus convaincants et aboutis que j’ai vus.

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Si je peux, j’y retournerai avec beaucoup d’intérêt, d’autant que je ne doute pas qu’une partie de la mise en scène m’ait échappé, et qu’elle évolue. Ça fait deux Ring fascinants cette année, après celui de Herheim à Berlin (faudra que je vous raconte aussi: plus génial, mais moins efficace).

Cela fait plaisir de lire une critique très positive ! J'y étais également pour le dernier cycle, et pour moi aussi ce fut un des meilleurs Ring que j'ai vus. J'ai aussi contribué aux quelques bravo entendus, malheureusement nous étions en large minorité...

J'écrirai mon analyse plus bas, je préviens pour ceux qui ne veulent pas être spoilés

J'aj par contre vu à la TV le Ring de Herheim, pour moi un des pires ! Une mise en scène qui adopte comme idée principale de parodier Wagner et son œuvre par une distanciation burlesque, notamment sur l'influence qu'une telle œuvre aura dans l'histoire, une marotte d'Herheim depuis son Parsifal à Bayreuth.
Dans le Ring de Schwarz il y a aussi des libertés de mise en scène, mais pas de tels contresens, les thèmes wagnériens sont réellement traités (et musicalement, la qualité du chant est supérieure), on revient toujours à Wagner et à l’unité du sens originel. C’est une production qui creuse et interroge le réel des personnages sortis de leurs coquilles mythologiques. Rien de tout cela malheureusement dans le Ring d'Herheim qui se perd dans une interprétation à mon sens trop subjective et particulariste. Un Ring, cela doit être plus que cela.

Ça n’est pas comme une parodie que je décrirais lé Ring de Herheim (j’étais dans la salle - je ne savais pas qu’il était passé à la télé). Mais on en reparlera.

Sur Marquee TV, un service de streaming

Stephen Gould avait dû annuler ses engagements à Bayreuth cette année.

Je viens de lire ça:

https://www.resmusica.com/2023/09/06/le-tenor-stephen-gould-annonce-quil-souffre-dun-cancer-incurable/

Terrible; très triste.

Dur.