Autour de la musique classique Le but de ce forum est d'être un espace dédié principalement à la musique classique sous toutes ses périodes, mais aussi ouvert à d'autres genres. |
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| Antoine Boësset (1587-1643) | |
| | Auteur | Message |
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Percy Bysshe Mélomane chevronné
Nombre de messages : 9940 Date d'inscription : 06/04/2009
| Sujet: Antoine Boësset (1587-1643) Mar 9 Fév 2010 - 19:11 | |
| Compositeur français essentiellement célèbre pour ses airs de cours. Voici un lien donnant quelques précisions sur ce genre: http://www.musicologie.org/sites/a/air_de_cour.html J'ai écouté de Boësset l' Air qui contient tant des choses et des Airs de cour. C'est une musique très agréable, qui laisse la part belle à la voix, qui s'épanouit pleinement sur un accompagnement assez restreint. Je me trouve un véritable goût pour la texture sonore des instruments baroques. Oui, j'aime beaucoup cette musique. |
| | | WoO Surintendant
Nombre de messages : 14349 Date d'inscription : 14/04/2007
| Sujet: Re: Antoine Boësset (1587-1643) Mar 9 Fév 2010 - 19:42 | |
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| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97900 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Antoine Boësset (1587-1643) Mer 10 Fév 2010 - 8:02 | |
| C'est de la belle musique galante Louis XIII. Néanmoins, il ne me paraît pas parmi les plus intéressants, c'est un peu larmoyant et terne, une sorte de Dowland pas très inspiré. Significativement, alors qu'il est important, Fouchécourt et Bellocq l'omettent dans leur récital où ils font pourtant figurer à peu près tout le monde (même François Richard qui ressemble très fort à Boësset, en moins bien d'ailleurs).
Dans ce registre, j'ai un goût particulier pour Moulinié, LULLY et Le Camus, qui ont produit avec plus de personnalité et d'inspiration mélodique.
Néanmoins, pour en rester à Boësset, je recommande très fort le disque de Monique Zanetti, qui procure un certain relief à ces pièces par la qualité de sa déclamation.
Et je mets en garde contre deux disques : - Celui avec Claire Antonini au luth et l'ensemble Gradiva (Zaepffel et Bona en supplémentaires). Il chante les airs avec plusieurs voix, d'une façon assez atone, à la manière du madrigal, mais pas de la meilleure façon. On perd toute la fraîcheur du genre, autant écouter du vrai madrigal de qualité dans ce cas-là, du Gesualdo ou du Marenzio... Par ailleurs, le luth manque de puissance dans le grave pour accompagner de façon stable (il aurait au moins fallu un archiluth, sinon un théorbe, ne serait-ce que parce qu'ils sont plusieurs). - Celui titré La Belle Méthode (ne vous fiez pas à la pochette désastreuse, c'est du travail sérieux). Avec Annick Jacquet, Martine Duplaa, Bruno Grenier (luth à sept choeurs), Julie Richard (basse de viole). Un disque qui contient de très bonnes interprétations de Moulinié (dont certains sérieux et peu joués), mais ses Lambert, Boësset et Richard sont particulièrement soporifiques. |
| | | Bertram Mélomaniaque
Nombre de messages : 1722 Age : 44 Localisation : Paris Date d'inscription : 11/04/2009
| Sujet: Re: Antoine Boësset (1587-1643) Mer 10 Fév 2010 - 8:05 | |
| Et le disque du Poème harmonique ? Il m'avait déçu (pas la bonne texture, peu de couleurs), je l'ai rangé et je ne l'ai jamais réécouté... |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97900 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Antoine Boësset (1587-1643) Mer 10 Fév 2010 - 8:18 | |
| Il y a quelques problèmes effectivement : c'est souvent à plusieurs voix, même lorsque ça ne concerne qu'un seul personnage (donc on perd le charme direct de la monodie) et ça sonne comme de la musique religieuse italienne... C'est très solennel, avec des couleurs splendides, mais je vois ce que tu trouves de monotone - tout simplement que ces pièces ne sont pas prévues pour êtres jouées avec cet aplomb, et du coup le peu de modulations se fait ressentir - un peu comme si on jouait du Brassens avec orchestre symphonique...
Cependant, on a l'accompagnement extraordinaire de Dumestre théorbiste, incroyable l'éloquence qu'il met dans ses cordes, et puis lorsqu'on a droit à Lefilliâtre, avec des moments monodiques, comme pour Départ que le devoir me fait précipiter, c'est quand même extraordinaire.
Mais effectivement, c'est très bizarre, pas du tout la couleur à laquelle on pourrait s'attendre. |
| | | Golisande Mélomane chevronné
Nombre de messages : 7932 Age : 50 Localisation : jeudi Date d'inscription : 03/03/2011
| Sujet: Re: Antoine Boësset (1587-1643) Dim 22 Sep 2013 - 23:00 | |
| Je suis en train d'écouter ce disque, justement : moi qui suis assez peu calé en musique ancienne, je trouve ça plutôt varié et intéressant, très agréable en tout cas... Peu de chatoiements harmoniques comparé à Monteverdi ou Schütz, mais aucune monotonie ni monochromie... Franchement, j'aime beaucoup. |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97900 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Antoine Boësset (1587-1643) Dim 22 Sep 2013 - 23:12 | |
| Essaie Guédron (avant Boësset), Moulinié ou Lambert (après), c'est nettement plus intéressant et varié. |
| | | Golisande Mélomane chevronné
Nombre de messages : 7932 Age : 50 Localisation : jeudi Date d'inscription : 03/03/2011
| Sujet: Re: Antoine Boësset (1587-1643) Dim 22 Sep 2013 - 23:16 | |
| Va pour Guédron, pour commencer. Mais je finis d'abord mon Boësset, qui me plaît beaucoup. |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97900 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Antoine Boësset (1587-1643) Dim 22 Sep 2013 - 23:31 | |
| Il y a très peu de monographies Guédron (une seule, je crois), mais tu peux débuter par l'anthologie van Dyck, ou par Dumestre (partition et extrait ici : http://operacritiques.free.fr/css/index.php?2013/09/10/2315 ). |
| | | Golisande Mélomane chevronné
Nombre de messages : 7932 Age : 50 Localisation : jeudi Date d'inscription : 03/03/2011
| Sujet: Re: Antoine Boësset (1587-1643) Lun 23 Sep 2013 - 0:11 | |
| Merci ! J'ai pu me procurer ça : , qui a en plus l'avantage d'être interprété par les mêmes. D'ailleurs ça commence par une pièce de Robert Ballard (1520-1588) construite exactement sur le même "pattern" harmonique que la dernière pièce du disque Boësset. Edit : pour l'instant je ne suis pas frappé par la différence d'inspiration (sinon que c'est peut-être un peu plus monteverdien, c'est-à-dire plus proche du langage harmonique de la Renaissance, ce qui n'est en effet pas pour me déplaire), mais quoi qu'il en soit j'aime de plus en plus cette période... Edit : la plage 6 (de Claude Lejeune) est assez incroyable : je ne connaissais ce Lejeune que de nom , mais si tout ce qu'il a fait est de cet acabit, je pense que je vais m'y risquer... (d'ailleurs ça me fait penser qu'il faut que je réécoute du Gesualdo, car cet olibrius m'avait beaucoup marqué) Le morceau suivant, d'un certain Henri le Bailly, est également magnifique dans un autre genre... La plage 8 (surtout le début) ressemble carrément à de la country-folk , c'est assez hallucinant. Finalement je dois reconnaître qu'il y a bien plus de variété dans ce CD (même s'il y a beaucoup de pièces d'autres compositeurs). |
| | | Golisande Mélomane chevronné
Nombre de messages : 7932 Age : 50 Localisation : jeudi Date d'inscription : 03/03/2011
| Sujet: Re: Antoine Boësset (1587-1643) Mar 24 Sep 2013 - 0:10 | |
| Comme il n'y a pas davantage de sujet sur Moulinié que sur Guédron, je poste mes petites impressions ici... Donc je continue la série avec l'ancêtre de Balzac : Globalement j'aime beaucoup, là encore (je pense que l'interprétation y est pour beaucoup, mais pas seulement). C'est plus bigarré et ensoleillé que les deux autres, on sent qu'on est descendu de quelques degrés vers le sud : pas mal de (pseudo-?)chansons espagnoles (avec, éventuellement, guitare et castagnettes) et napolitaines dans le lot — je goûte particulièrement les plages 6 et 8 —, quelques-unes nettement burlesques (et même une bouffonnerie improbable intitulé "Air du Juif errant", mais là je me demande pourquoi ils ont choisi ça ), mais également des airs élégiaques absolument magnifiques — notamment le premier, Consert de différents oyseaux. Rien de très frappant harmoniquement, en revanche — la variété est davantage d'ordre dynamique, dans l'instrumentation (là encore, quel est la part des interprètes ? Jepozlakestian), les voix, les langues utilisées, etc. —, mais les couleurs n'en sont pas moins aussi franches que belles. Je suis incapable de dire pour le moment si je préfère ça à Guédron ou Boësset : je découvre tout ça, je sens bien qu'il y a de légères différences de style, d'esprit et d'inspiration, mais surtout je suis conforté dans mon goût pour cette époque en particulier (davantage que pour celles qui l'encadrent). Maintenant il me reste à écouter d'autres œuvres dans d'autres interprétations, mais j'ai peine à imaginer mieux : cet ensemble (que je ne connaissais pas) me séduit à tous points de vue... |
| | | Benedictus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 15565 Age : 49 Date d'inscription : 02/03/2014
| Sujet: Re: Antoine Boësset (1587-1643) Ven 1 Mai 2020 - 2:06 | |
| • Les Plaisirs du Louvre. Airs pour la Chambre de Louis XIIICaroline Weynants, Caroline Bardot, Élodie Fonnard (dessus), Lucile Richardot (bas-dessus), David Tricou (haute-contre), Marc Mauillon, Davy Cornillot (tailles), Étienne Bazola, Nicolas Brooymans (basses), Sébastien Daucé / Ensemble Correspondances Poitiers, VII.2019 Harmonia MundiUne collection d’airs de cour et d’airs de ballets du premier XVIIᵉ (dont la plupart sont inédits, à ma connaissance.) Un fois encore, on se rend compte à quel point ce répertoire si méconnu foisonne de joyaux - avec toujours cette impression d’être à la bascule entre un style Renaissance tardif et les prémices du style déclamatoire louis-quatorzien. C’est particulièrement sensible dans les Boesset, qui est de loin le compositeur le plus représenté: certains airs (« Reine que je sers et que je connais», « Ce roi vainqueur de nos malheurs») sont encore d’une écriture essentiellement polyphonique et renaissante, mais beaucoup manifestent cependant une sorte d’émancipation «horizontale» des voix (« Monarque triomphant», « Fut-il jamais une rigueur pareille», « Que prétendez-vous mes désirs»); tandis qu’à l’inverse, dans certains airs qui se conçoivent explicitement comme des scènes dramatiques, avec des personnages (« Astres pleins de malheurs», « Je suis l’adorable Équité» sur un poème allégorique de ce cinglé de Desmarest de Saint-Sorlin ou le dialogue « Aime-moi Cloris»), Boesset ne peut s’empêcher de rajouter des voix et de la polyphonie. Par ailleurs, comme cela a déjà été dit plus haut, Boesset malgré de vraies beautés garde quelque chose d’un peu corseté harmoniquement et, à la longue, accuse un certain manque de variété dans ses procédés d’écriture. En fait, les airs les plus immédiatement marquants sont (une fois encore) ceux de Guédron et de Moulinié. Guédron, lui, est déjà nettement passé du côté d’une écriture essentiellement «horizontale», et se distingue surtout par une veine mélodique singulièrement prégnante (« Cesse mortel d’importuner») ou par son intensité déclamatoire (« Quels tourments rigoureux.») Moulinié, quant à lui, se distingue par une écriture imaginative et raffinée, soit en déployant des climats harmoniques évocateurs dans des contextes «extatiques» (« Rompez les charmes du sommeil» sur un poème de Tristan L’Hermite, « Ô doux sommeil»), soit qu’il multiplie figuralismes et effets de coloration vocale d’une manière qui évoquent un peu les madrigalistes italiens du tout premier baroque (le Concert de différents oyseaux « Il sort de nos corps emplumés.») Si, en guise d’intermèdes instrumentaux, les entrées de ballets (attribuables à Constantin, à l’exception des Gascons composés par Louis XIII lui-même) ne sont pas particulièrement saillants , les arrangements faits par Daucé de pièces de clavecin de Chambonnières et Louis Couperin ont beaucoup de saveur. Comme toujours avec Daucé, le travail instrumental a quelque chose d’assez rond et doux, avec de belles couleurs un peu étouffées: ce qui donnait une qualité poétique incomparable à ses Charpentiers (notamment La Descente d’Orphée) tend ici à un peu trop policer ces œuvres pour mon goût; c’est un répertoire où je préfère le style du Poème Harmonique, où la finesse et le détail des textures n’exclut pas une certaine rudesse (l’irremplaçable Cœur!) - il est vrai aussi que le ton des œuvres retenues ici tire moins l’air de cour Louis XIII vers l’humour gaillard ou l’élan folklorisant: on est globalement dans un domaine poétique plus uniment noble. Mais de toute façon cette légère réserve est de faible portée au regard de la prestation absolument électrisante de tous les chanteurs, au chant richement coloré (le timbre de geai de Lucille Richardot!), à la diction savoureuse (le verbe mordant de Marc Mauillon!) Et tous remarquablement engagé. Donc vraiment une réussite dans un répertoire incroyablement sous-exploité, et qui conjoint deux choses dont je raffole: la richesse polyphonique et des harmonies un peu archaïsantes d’un côté, de la belle déclamation française intense en musique de l’autre. |
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