Grain pas trop fade, j'espère. En bon fainéant, je recopie ce que j'ai écrit naguère (il y a une bonne douzaine d'années, quand Vivi vivait encore et que Luciano glottait encore)...
Y a plus de chanteurs !
C'est vrai, d'abord Jon Vickers ne chante plus, Lauritz Melchior n'est plus, Callas idem, Pavarotti ibidem (OK, il chante encore, et alors ?). Et si c'était une idée reçue, ça aussi ? Une que je partage un chouïa quand même, mais c'est pas pour ça que j'ai raison (j'ai pas toujours raison, étonnant, non ?).
Ce qui pourrait semer un doute, c'est que ça ne date pas d'hier, cette opinion... Je vous l'dis, mon bon Monsieur, y a plus de castrats !
Et lisons ce qu'en écrivait Bernard Shaw (il s'agit d'un article posthume, publié le 11 novembre 1950 (Shaw avait été prématurément retiré à l'affection des siens le 2 du même mois, dans sa quatre-vingt-quinzième année...) dans Everibody's Magazine :
"L'idée que le chant s'est dégradé au cours de notre siècle n'est qu'une variante de l'illusion dite "du bon vieux temps". En réalité il s'est énormément amélioré. [ça a été écrit en 1950, n'oublions pas]
Chaque époque souffre de l'illusion que l'art du chant s'est perdu et se retourne vers le passé, pour contempler un âge d'or imaginaire où tous les chanteurs possédaient le secret du bel canto, appris auprès de magiciens italiens et pratiqué in excelsis dans tous les grands Opéras d'Europe par des sopranos dotées de contre-ut et même de contre-fa, par des ténors qui vous poussaient des contre-ut dièses, par des barytons qui montaient jusqu'au sol dièse et par des basses profondes qui descendaient jusqu'au mi bémol grave...
C'est ainsi qu'à l'heure actuelle nous idolâtrons les chanteurs d'il y a soixante ans. Or, je ne suis pas dupe, car je les ai entendus. Les chanteurs extraordinaires n'étaient pas meilleurs que ceux d'aujourd'hui et les chanteurs ordinaires étaient autrement pires.
La production vocale dans son ensemble est aujourd'hui incomparablement meilleure qu'elle ne l'était voilà cinquante ans.
Donc, qu'on ne nous parle plus de l'âge du bel canto. Nous chantons beaucoup mieux que nos grands parents."
Alors, soixante ans plus tard, pouvons-nous faire ou non le même constat ? Zate iz ze quetschione... Je pense qu'une partie du problème, s'il en est un, pourrait venir d'une crise de l'offre, consécutive à une crise de la demande, avec une forte réduction du "cheptel" recrutable. Du temps où l'opéra et l'opérette étaient populaires, les "beaux brins de voix" s'orientaient plus facilement vers le lyrique (j'y inclus l'opérette) qu'actuellement, où de bien belles voix "s'égarent" vers un autre type de musique. Et il est plus difficile pour un jeune chanteur lyrique de percer du fait de la suppression de beaucoup de salles d'opéra/opérette de province, avec aussi une diminution des troupes d'opéra.
Amitiés à tous et bises aux autres
BL