Autour de la musique classique Le but de ce forum est d'être un espace dédié principalement à la musique classique sous toutes ses périodes, mais aussi ouvert à d'autres genres. |
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| Contemporains japonais sans domicile fixe | |
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+11bouddha Mélomaniac Picrotal Cello Xavier Cornélius HOLLIGER Théo taschimor antrav DavidLeMarrec jerome 15 participants | Auteur | Message |
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jerome Fugueur intempéré
Nombre de messages : 8896 Date d'inscription : 10/03/2008
| Sujet: Contemporains japonais sans domicile fixe Lun 5 Juil 2010 - 18:22 | |
| Je n'ai pas de vision globale de ce répertoire, mais j'entends de jolies choses donc je suppose qu'il y a là un vivier de compositeurs à explorer. Le plus difficile étant de parvenir à retenir et à différencier tous ces noms à consonance nipponne. Je fourre ici mes petites impressions. Jo Kondo (1947) - wiki. Jo Kondo, Chamber music, Hat hut records 1998. Musique aérée, tranquille, pas fanfaronne. Si j'ai bien compté, les pièces ne dépassent pas le sextuor. Au niveau du style d'écriture, je discernerais deux tendances. La première serait presque minimaliste : des jeux rythmiques sur un réservoir de notes très restreint, à dominante solaire et extatique (beaucoup de mode majeur). A partir d'unissons, Kondo met en place des déphasages qui font un joli ping-pong. Ce n'est pas forcément passionnant à la longue, mais j'apprécie cette clarté ludique et rafraîchissante. La seconde tendance fait moins typiquement japonaise : des harmonies bien plus chargées, à l'occidentale (ou à la Takemitsu), souvent des accords exploités isolément, voire simplement juxtaposés pendant de longues minutes ( Aquarelle, Duo). Dénuée de violence, cette atonalité-là plonge dans un état de contemplation tranquille, on a le temps d'apprécier les voix intérieures, les mélanges de timbres. A cet égard, le Duo pour guitare et harpe offre de très belles sonorités. Il y a une certaine modestie dans cette musique, c'est une écoute relaxante et agréable, qui réserve quelques menues surprises et quelques sourires. On a parfois l'impression de flotter dans un aquarium, c'est un peu space mais marrant. Toshiro Mayuzumi (1929-1997) - wiki.J'ai entendu la Nirvana Symphonie et la Mandala Symphonie (rips de vinyles, mais je vois qu'il existe un Naxos pour la Mandala). Dans la Nirvana, Mayuzumi cherche à faire une sorte de "cantate bouddhique" ; en mélangeant techniques d'écriture occidentales (il a étudié au CNSM), récitations de Sutras zen par un choeur d'hommes, et imitation symphonique de la résonance d'une cloche de temple japonais (démarche qui me semble relever du spectralisme ; lui évoque plutôt Varèse), il entend construire un monde sonore qui constituerait son "Nirvana musical" personnel. Pour le rayonnement sonore et la constance de certains bourdons graves, j'entends du Scelsi-sme. Le son de la "cloche orchestrale" est très beau, un mélange de stridences aigües (les bois), de bourdonnements graves (les cuivres, les cordes) et de percussions. Pour certains passages en Klangfarben, j'entends Schönberg, influence dont il se réclame lui-même. Mais le discours est bien plus statique, peu contrapuntique, la démarche narrative n'est pas du tout la même. Le deuxième mouvement est consacré en grande partie aux choeurs, ce n'est pas ce que j'ai le plus apprécié. La troisième partie présente un long crescendo hypnotique qui doit bien faire décoller en concert. Globalement, cette musique se déguste certainement bien mieux en salle, le son vinyle ne rend pas idéalement justice à cette recherche éminemment acoustique. La Mandala Symphonie est plus variée, et plus occidentale dans le langage. L'influence qui se dégage le plus est celle de la Turangalila, c'est particulièrement frappant dans le second mouvement : des percussions, des grappes d'accords, et un grand chant orgiaque de cordes à l'unisson survolant un agréable magma. L'utilisation de la Klangfarbenmelodie est plus poussé ici que dans l'oeuvre précédente, et ce n'est pas la caractéristique la plus stimulante de son langage. L'oeuvre est facile à écouter, prenante, hédoniste et me semble enracinée dans un état d'esprit fondamentalement positif. Landscapes (Teldec – Apex) J'ai écouté ce disque plusieurs fois il y a quelques temps, le souvenir commence à s'estomper mais j'avais pris beaucoup de plaisir à certaines oeuvres. L'héritage Schönbergien m'avait paru flagrant. Ce disque regroupe des oeuvres pour quatuor à cordes de Akio Yashiro (1929-1976), Akira Nishimura (1953), Toshio Hosokawa (1955), Takemitsu et Akira Miyoshi (1933). Je n'ai pas encore grand chose à dire sur ces gens-là, mais peut-être les connaissez-vous.
Dernière édition par jerome le Lun 5 Juil 2010 - 18:25, édité 1 fois |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97900 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Contemporains japonais sans domicile fixe Lun 5 Juil 2010 - 18:23 | |
| Merci Jérôme. Sur Hosokawa, oui, j'ai à dire, et que du bien, même si les Landscapes ne sont pas la part la plus séduisante de sa production. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Contemporains japonais sans domicile fixe Lun 5 Juil 2010 - 23:20 | |
| Merci jerome pour cette intéressante présentation. Je vais explorer ce que tu proposes. Personnellement, j'apprécie beaucoup certaines oeuvres orchestrales de Takemitsu mais je ne connais pas d'autre compositeur japonais sinon de nom seulement. Je trouve que la musique de ce compositeur recèle beaucoup de poésie. |
| | | antrav Papa pingouin
Nombre de messages : 37304 Date d'inscription : 08/12/2005
| Sujet: Re: Contemporains japonais sans domicile fixe Mar 6 Juil 2010 - 2:09 | |
| Un fil qui manquait, très bonne idée, il y a certainement beaucoup de bonne musique à découvrir chez ces nippons. Je sors d'une écoute de la Mandala Symphony de Mayuzumi. Si le langage ne semble pas particulièrement novateur, l'utilisation des timbres est en effet très séduisante. On n'évite pas une certaine emphase du discours mais certaines trouvailles sont absolument réjouissantes, des sons filés associant cordes dans l'aigu, quelques gongs tibétains, de longues tenues "om"... Beaucoup de sensualité. Si le second mouvement m'évoque aussi Messiaen et Takemitsu, j'ai associé à Varèse pour le premier, une rythmique un peu 'futuriste' une certaine dureté du son. Une belle découverte ! |
| | | jerome Fugueur intempéré
Nombre de messages : 8896 Date d'inscription : 10/03/2008
| Sujet: Re: Contemporains japonais sans domicile fixe Mar 6 Juil 2010 - 2:20 | |
| Je vais réécouter, je me rappelle pas du tout de ces "Om" Le son n'est quand même pas génial, je serais intéressé d'entendre ce que donne le Naxos. |
| | | antrav Papa pingouin
Nombre de messages : 37304 Date d'inscription : 08/12/2005
| Sujet: Re: Contemporains japonais sans domicile fixe Mar 6 Juil 2010 - 2:23 | |
| Le 'om' c'est l'impression que me donnent ces longues tenues. On ne les entend pas vraiment. Ça me rappelle un peu certaines pièces de Scelsi qui ont cet esprit tibétain. |
| | | jerome Fugueur intempéré
Nombre de messages : 8896 Date d'inscription : 10/03/2008
| Sujet: Re: Contemporains japonais sans domicile fixe Mar 6 Juil 2010 - 2:25 | |
| Dans le genre, la Nirvana Symphony peut faire penser à la Nascita del verbo aussi, surtout dans le deuxième mouvement.
Sinon, t'as raison pour Varèse, d'autant qu'il se lâche bien sur les percussions, et que beaucoup d'événements un peu abrupts sont séparés par de petites césures. Quelle oeuvre tu dirais, plus précisément ? |
| | | antrav Papa pingouin
Nombre de messages : 37304 Date d'inscription : 08/12/2005
| Sujet: Re: Contemporains japonais sans domicile fixe Mar 6 Juil 2010 - 2:26 | |
| Faudrait que je réécoute. Ionisation peut-être. |
| | | jerome Fugueur intempéré
Nombre de messages : 8896 Date d'inscription : 10/03/2008
| Sujet: Re: Contemporains japonais sans domicile fixe Mar 6 Juil 2010 - 15:44 | |
| Akira Miyoshi (1933) - wikiLe Quatuor n°3 (1992), sous-titré La constellation noire, est une courte pièce en un mouvement qui pourrait très bien avoir été écrite à Vienne dans les années 20. J'entends comme un résumé un peu édulcoré de la Lyrische Suite. L'introduction installe un climat modéré, assez passionné sans atteindre la fièvre de Berg ; le lyrisme est plus diffus, plutôt collectif qu'individuel. Le mouvement est construit sur l'alternance de cette atmosphère dégagée et d'épisodes très agités où on retrouve les sautes d'humeurs violentes de la Suite (batteries nerveuses, pluies de pizz etc...). Le discours est moins fin, moins expressif, mais les techniques utilisées me semblent un tout petit peu plus modernes : on entend quelques parallélismes de clusters (Dutilleux ?), parfois des harmonies un peu plus tendues que chez Berg. C'est un peu bref, et pas très personnel ; donc, assez beau en soi mais pas particulièrement remarquable. Concerto pour orchestre (1962 ou 64) : oeuvre très courte en trois mouvements. Le titre alléchant ne tient pas vraiment ses promesses : l'architecture n'est pas très perceptible, les idées semblent principalement esthétiques et l'unité générale n'est pas flagrante. C'est bien sûr du bel orchestre, je pense à Dutilleux, John Williams et Lutoslawski. Malgré tout, c'est assez difficile de caractériser ce langage, je ne sais pas trop quoi en dire à part qu'il y a de belles ambiances mais qu'on ne fait que passer à travers sans être réellement saisi par quoi que ce soit. Pour ces raisons, je me permets de sortir le qualificatif fatal (à valeur de carton rouge) : musique de film d'action ! Le troisième mouvement, Prestissimo, est surchargé de cymbales, de coups de semonce et de vagues dynamiques "grand spectacle". Le deuxième est assez délicat, très illustratif avec ses tapis de célesta et de harpe et ses cordes graves un peu lugubres. La portée psychologique me semble réduite, ce n'est rien d'autre que du cinéma... Sympa, mais décidément pas vraiment personnel et à mon avis pas porté par un projet poétique très consistant. Jo Kondo (1947) : Standing, Sight rhythmics, Under the umbrella (CP² recordings, 1981) Sight rythmics, pour piano seul (Aki Takahashi) : complètement minimaliste et abstrait. J'ai lu que Kondo fondait son écriture sur des principes mathématiques, je ne sais pas du tout de quoi il s'agit, mais dans son cas ça n'est pas du tout désagréable. Il joue là encore sur les décalages rythmiques, mais de manière très dépouilée, apparemment simple. Harmoniquement, c'est très étrange : il pioche sans complexe dans la tonalité la plus limpide et dans une atonalité neutre qui paraît presque aléatoire. Ça pourrait être stupide comme musique, mais bizarrement j'aime l'état dans lequel ça plonge, on contemple un mobile biscornu qui pivote doucement dans le vide. La pièce est une succession d'épisodes très semblables, avec beaucoup de reprises j'ai l'impression, si bien qu'on a souvent l'impression de revenir en arrière, une sensation de déjà-vu qui place l'auditeur dans un temps paradoxal. Beaucoup de "fausses hésitations" qui paraissent enfantines ou maladroites, ça donne une musique assez blanche où quelque chose des vicissitudes humaines semble aboli. Standing, pour flûte, piano et marimba (Soundspace "Ark") : pièce de 8 minutes entièrement soumise à un système répétitif. Les trois instruments se suivent de très près, tous répétant la même note sur un rythme rapide. Résultat : une étrange mélodie continue déroulée par une quasi-mixture des trois timbres avec un débit assez vif en triolet. Au fur et à mesure, les protagonistes se séparent et se rejoignent. Les divergences mélodiques créent de jolies sensations harmoniques (dans l'esprit des harmonies étrangement libres de la pièce précédente) ; rythmiquement, le compositeur insère des fragments furtifs de sextolets qui donnent un rebond sympa à certaines sections. Là encore, le système de base subit des déphasages et de légères perturbations qui nourrissent bien l'intérêt. Under the umbrella, pour 5 cloches (Nexus) : Sympa, mais 23'41 ça vire rapidement à la musique d'ambiance... Somei Satoh (1947) - wiki - catalogue. Somei Satoh, Toward the night, New Albion 1993. Une musique désespérément uniforme, navrante du début à la fin, qui provoque chez moi un rejet massif. Esthétiquement, c'est comme si la pièce pour cordes la plus faiblarde de Pärt était ressassée pendant presque une heure ; du néo-kitsch minimaliste qui s'extasie d'un gros frottement de neuvième comme s'il renfermait le grand secret de l'existence. Les cordes ressemblent à du synthé (attaque lente, gonflement chichiteux, réverb esthétisante) et paraissent écrites en rondes. Le mode de jeu ne change jamais (il doit y avoir trois pizz dans tout le disque), la polyphonie se limite à quelques coquetteries, quelques retards bateau dans les voix intérieures, des pédales... la plupart du temps c'est un flot interminables d'accords pachydermiques. Quand il trouve un détail un peu plus riche, il suspend le discours dessus, le contemple pendant dix secondes, et bascule finalement dans une nouvelle platitude ou tout simplement marque une pause. Ce qui m'agace, c'est le pressentiment que le compositeur investit cette évanescence creuse d'une grande ambition lyrique ; je me sens presque insulté qu'il espère me toucher avec une platrée aussi grossière de pathétisme nunuche. Le disque contient trois pièces : Ruika pour violoncelle et cordes, Toward the light pour cordes et Homa pour soprano et cordes, toutes aussi convenues les unes que les autres. |
| | | jerome Fugueur intempéré
Nombre de messages : 8896 Date d'inscription : 10/03/2008
| Sujet: Re: Contemporains japonais sans domicile fixe Lun 12 Juil 2010 - 1:30 | |
| Un petit tour d'horizon historique des principales figures de la musique contemporaine japonaise. Je ne fais en grande partie que résumer le chapitre 3,2 de la thèse en musicologie de Hsien-sheng Lien. Ça fera toujours quelques documents de base pour ceux qui, comme moi, voudraient se repérer dans ce répertoire un peu obscur et intrigant. La génération extraordinaireL'expression est due au compositeur Ryôtarô Abe. Tous nés aux alentours de 1930, les compositeurs de cette génération commencent à être actifs dans la période d'après-guerre. Ce foisonnement fait penser à celui que connut l'Europe avec Boulez, Ligeti, Xenakis etc... (certes nés quelques années avant). Tôru Takemitsu (1930-1996)Il dispose d'un fil spécifique, mais eut une telle influence sur la musique de son pays que le passer sous silence ici paraîtrait absurde. C'est le plus célèbre des compositeurs japonais de musique savante. Son succès international et son traitement de la dualité entre culture japonaise et héritage occidental font réfléchir ses compatriotes. Ses oeuvres les plus volupteuses, en particulier - comme A dorian horizon ou A flock descends in the Pentagonal Garden – ont pu favoriser l'émergence du style néo-romantique ou post-moderne. Pour beaucoup de compositeurs japonais actuels, le positionnement esthétique par rapport à ce Takemitsu-là semble être une question fondamentale. Je ne connais pas toute son oeuvre, mais je lis dans la thèse de Lien qu'il commença à composer sérieusement sous l'influence stimulante des Huit préludes pour piano de Messiaen, de certaines oeuvres de Mompou et de Bartok – on est loin de Xenakis... Dès le début des années soixante il écrit : "La technique de construction des sons par des formules mathématiques est insignifiante. Le travail uniquement pour inventer ou pour construire les sons ne m'intéresse pas vraiment." "La méthode dodécaphonique de composition peut être le résultat d'une nécessité historique. Pourtant, elle présente des aspects assez dangereux. Les poursuites mathématiques et géométriques des sons dans cette technique sont purement des actes intellectuels. Elles peuvent aboutir à la même faiblesse que celles qui sont issues de n'importe quelle pureté esthétique trop spécialisée. Elles s'accompagnent d'un danger de durcissement de la sensibilité, élément essentiel de la créativité artistique." Donc, Takemitsu se présente assez tôt comme un sensualiste militant. Il développe (en partie grâce à l'étude des musiques traditionnelles de son pays) un langage attaché "plutôt à la qualité du son de chaque évènement individuel qu'à la relation entre tel ou tel énènement qui construit le discours traditionnel de la musique occidentale." (Peter Burt) On voit poindre dans ces termes l'importance du silence, de la suggestion, du fragment. Il introduit également des contours pentatoniques dans sa musique, jetant un pont entre le savant et le traditionnel. Takemitsu appartenait pourtant, dans les années cinquante, à un groupe d'artistes qui détestaient cordialement la technique pentatonique, la jugeant sans doute trop superficielle. Son évolution stylistique est ressentie comme décevante par un de ses corréligionnaires de l'époque, Jôji Yuasa. Jôji Yuasa (1929) En 1951, il fonde le groupe de recherche musicale Jikken kôbô ("atelier expérimental") en compagnie, entre autres, des compositeurs Takemitsu, Keijirô Satô, Kazuo Fukushima et Hiroyoshi Suzuki. Cet atelier est décrit comme anti-académique, rejette l'influence de la musique traditionnelle et regarde surtout vers l'occident. Quarante ans plus tard, Yuasa publie un essai dans lequel il se déclare peu convaincu par la musique de son ami Takemitsu : "Cette sorte d'esthétisme sensuel n'aura pas de futur, justement comme une espèce de masturbation". Il regrette que cette succession de "beaux moments" prenne le pas sur la solidité structurelle du flux musical et en affaiblisse le "message". Il critique par ailleurs l'emploi d'instruments traditionnels qui ne sont que des "phénomènes superficiels" pour présenter l'identité culturelle d'un compositeur asiatique. Au début de sa carrière Yuasa est marqué par l'influence du groupe Jeune France, en particulier par André Jolivet dont il apprécie le style "incantatoire". Sa première oeuvre, Cosmic haptic (1957, piano seul) doit beaucoup à Mana. Il considère le dodécaphonisme comme un système trop contraignant, et formule un peu plus tard le même reproche à l'encontre des techniques modales et rythmiques développées par Messiaen. Je n'ai pas encore entendu la musique de Yuasa. Outre Cosmic haptic, je serais curieux d'entendre un enregistrement du tryptique symphonique Scenes from Bashô (créé en 1980), dont "l'orchestration magnifique" impressionna Messiaen. Akira Miyoshi (1933)Miyoshi étudia avec Ikenouchi (1906-1911), compositeur et pédagogue qui introduisuit systématiquement les méthodes d'écriture et de composition de l'école française au Japon. Il suivit également des cours à Paris de 1955 à 1957. L'influence de Dutilleux fut pour lui prédominante, ainsi que l'étude approfondie de plusieurs oeuvres de Berg. D'abord très marqué par le style raffiné de l'école française, il se dirige à partir des années 1970 vers une musique plus libre et plus complexe, mais qui reste dramatique. Pour la première période, les Trois mouvements symphoniques semblent réputés ; pour la seconde, on cite la trilogie orchestrale Requiem, Psaume et Kyômon, vaste méditation la mort. Je n'ai entendu pour l'instant que le Troisième quatuor et le Concerto pour orchestre (voir plus haut) : intéressant, sympa, mais pas marquant. On y entend tout à fait l'influence de ses modèles Berg et Dutilleux. Teizô Matsumura (1929) Matsumura garde une attitude distante vis-à-vis de l'avant-garde d'après-guerre et prépare l'arrivées des styles postmodernes au Japon (Yoshimatsu - dont il fut le professeur - et Nishimura). Il démarre sa carrière de compositeur sous l'influence de Stravinsky ( Alchimie, pour soprano et orchestre, créé en 1957) puis développe un grand intérêt pour les musiques traditionnelles asiatiques, en particulier celle de l'Inde ancienne - comme en témoigne sa Symphonie datée de 1965, oeuvre à la forme classique mais violemment expressive. Je n'ai encore rien entendu de lui ; il semblerait que Naxos prépare un disque consacré à sa musique orchestrale. Toshirô Mayuzumi (1929-1997)D'abord enthousiasmé par la musique d'avant-garde occidentale, il se tourna ensuite vers la musique traditionnelle de son pays et le bouddhisme, opposé à l'occidentalisation excessive du Japon à l'image de Yukio Mishima dont il avait fait un opéra de son Pavillon d'or. Il fut également un compositeur prolifique de musiques de films (une centaine environ), notamment pour John Huston (La Bible, Reflets dans un œil d'or) et Ozu (Bonjour). (wiki) Il s'engage en politique aux côtés de l'extrême-droite dans les années 70, et devient par conséquent moins prolifique. Hsien-sheng Lien considère qu'il a eu moins d'influence que les précédents sur les jeunes compositeurs. J'ai entendu deux de ses symphonies, dans un style plutôt rituel qui ne manque pas de charme (voir plus haut). Akio Yashiro (1929-1976)Il part en France avec Toshiro Mayuzumi, et il étudie la composition et l'orchestration au Conservatoire de Paris avec Olivier Messiaen, Tony Oban, et Nadia Boulanger. Il reçoit entre autres le premier prix d'harmonie, et rentre au Japon en 1956. Son Quatuor à cordes, composé à Paris, remporte un grand succès dans son pays, première étape d'une carrière qui le voit devenir professeur à la Tokyo National University of Fine Arts and Music en 1974. Il meurt soudainement d'insuffisance cardiaque à l'âge de quarante-six ans. (wiki) Quatuor à cordes (1955). Sur l'album Landscapes (Teldec / Apex) Rien de très personnel dans cette oeuvre à mon avis, c'est très agréable mais pas nouveau. La forme est académique (Adagio/Allegro – Prestissimo – Andante – Allegro), le langage aussi ; on navigue dans un univers Janacek – Villa-Lobos – jeune Bartok (je hasarde quelques noms), c'est donc très agréablement écrit mais ça sent un peu la synthèse confortable. L'arrangement, les textures, les reprises thématiques, tout ça est assez classique mais fluide et suffisamment riche pour s'écouter agréablement. Un peu comme dans le quatuor de Miyoshi, on peine à sentir quoique ce soit d'oriental, on entend plus l'étudiant parisien que ses racines japonaises. Je ne sais pas à quoi ressemble le reste de sa production, mais vu l'aperçu que donne ce quatuor, je ne ressens pas d'urgence à fouiller de ce côté-là. (A suivre : Taïra, Nishimura, Yoshimatsu, Hosokawa) |
| | | jerome Fugueur intempéré
Nombre de messages : 8896 Date d'inscription : 10/03/2008
| Sujet: Re: Contemporains japonais sans domicile fixe Mar 13 Juil 2010 - 0:56 | |
| Après TakemitsuYoshihisa Taïra (1938-2005)Deux choses paradoxales avec Taïra. D'une part, sa date de naissance le rapprocherait de la "génération extraordinaire", mais Lien l'incorpore aux "générations succédant à Takemitsu", j'ignore pourquoi. D'autre part, il habite en France depuis 1966 et a acquis la nationalité française. Pour l'état civil, ce n'est donc pas (ou plus) un compositeur japonais. C'est pourtant son arrivée en France qui lui ouvre les yeux sur l'importance de son héritage culturel japonais. Il étudie d'abord à Tokyo avec Ikenouchi (le professeur déjà cité, très porté sur la musique occidentale) et baigne dans un les styles néoclassique et Bartokien. Il admire par ailleurs la musique de Takemitsu et de Miyoshi (ce dernier étant lui-même très européen dans l'âme). Taïra s'expatrie ensuite à Paris pour suivre l'enseignement de Jolivet, de Dutilleux et de Messiaen. Mais ce déracinement le plonge dans une crise spirituelle et identitaire à l'issue de laquelle il s'oriente vers l'écriture d'une musique plus japonaise que ses oeuvres précédentes. Il s'intéresse particulièrement aux flûtes, dont il développe certaines techniques avancée (multiphones, sons éoliens, glissandos). Comme Yuasa, il est marqué par le style mystique et incantatoire de Jolivet. Sa musique revêt un caractère plutôt intuitif qu'intellectuel et procède, selon ses propres dires, d'une réflexion sur la dualité (ambiance yin-yang, j'imagine) : "Il y a, dans ma musique, deux extrémités très opposées, un grand contraste entre une forme de violence et la méditation". Là encore, je reporte ces infos aveuglément, je n'ai encore rien pu écouter de Taïra. Son oeuvre a l'air relativement réduite, et dominée par les petits effectifs. Akira Nishimura (1953)Il fonde en 1984 l'Institut de la Musique de Fin du Siècle avec Yoshimatsu (voir plus bas), se démarquant explicitement du mouvement avant-gardiste d'après-guerre. Les deux compositeurs sont mûs par la recherche d'un "nouveau lyrisme", inspiré entre autres par les oeuvres de Takemitsu de la fin des années 70. Nishimura ne se voit cependant pas du tout comme un fils spirituel de Takemitsu : "Mes parents musicaux sont Isang Yun, Xenakis et Teizô Matsumura. Dans leur musique, je peux directement ressentir quelque chose comme un lien du sang. Par comparaison avec elles, la musique de Takemitsu est assez éloignée de moi." Il se démarque en particulier de son aîné sur le plan de la couleur orchestrale : "Depuis peu j'aimerais trouver une orchestration totalement différente de celle de Takemitsu. Finalement je me suis orienté vers une orchestration complètement anti-Takemitsu par utilisation des clusters sonores qui sont constitués de trois timbres au lieu d'une texture de 24-couleurs, typique dans les oeuvres de Takemitsu." La musique de Nishimura utilise volontiers les modes et, comme celle de Matsumura, présente un fort caractère asiatique - à la différence de celle des compositeurs japonais qui s'appuient principalement sur le langage européen comme Takemitsu ou Miyoshi. "J'ai été fortement attiré par 'l'esprit de son' de l'ancien Japon. (...) Lorsque j'ai découvert cet 'ancien esprit de son' du Japon et les sons des traditions asiatiques qui l'ont entouré, je n'ai jamais oublié cette extase irrésistible et ce grand plaisir naturel ressenti au plus profond de mon âme. En tant que compositeur de l'Asie de l'Est d'aujourd'hui j'aimerais toujours rapporter ce grand plaisir dans mes oeuvres." Mantra of the light (1993) est une pièce de 30 minutes pour orchestre et choeur féminin. Le caractère asiatique de l'écriture n'est pas flagrant, mais on perçoit très bien cet "esprit de son" que cultive Nishimura : pendant de longues périodes, la masse orchestrale ondule lentement autour de sons fixes (graves ou suraigus). L'introduction est mouvementée, parcourue de flammèches sonores de plus en plus touffues (pépiements de bois et de piano). Presque des échos de la Turangalila par moments. Après une césure le choeur entre sur de longs frottements éthérés, soutenus par un frisson continu de l'orchestre à l'arrière-plan. Les voix sont utilisées de façon psychédélique, presque comme des nappes de synthétiseurs. Il y a un côté new age dans ces voyelles planes qui enflent et dégonflent comme des effluves de poussière jouant avec la lumière. On peut même imaginer mieux : le vrombissement sourd du vaisseau spatial, les voix fuyantes d'esprits invisibles, le sifflement discret d'un générateur d'énergie positronique : en forçant un peu, on nage en plein film de science-fiction ! La fin de l'oeuvre est étonnante : à l'issue d'un grand crescendo de cymbales et d'un bref gloussement du choeur surgit un énorme do en tutti de cordes , une note fixe qui reste là sans bouger pendant plus d'une minute, pour finalement s'éteindre sans plus d'explications. C'est sûrement très frappant en salle. Pour l'écoute domestique, l'usage de stupéfiants est sûrement un plus appréciable.
The navel of the sun (1989, orchestre et hichiriki - c'est-à-dire hautbois traditionnel japonais) et Tapas (1990, concerto pour basson, percussions et cordes) partagent grosso modo la même inspiration contemplative et hypnotique. Les trois pièces sont regroupées sur un disque Camerata Contemporary Archives.
Le Quatuor n°2 "Pulses of light" (1992) me paraît assez différent – bien que le titre évoque encore une sombre histoire de lumière. C'est un morceau très étrange, et extrêmement stimulant. Nishimura semble s'être jeté le défi d'utiliser toutes les techniques contemporaines d'instruments à cordes, et de façon toujours plus dense. L'oeuvre, pleine de pauses et de ruptures de ton, débute sur une sorte de "jingle" énergique sur une seule note, qui rappelle les fameux coups de timbales introductifs dans la 9e de Beethoven. Les cordes se mettent d'emblée à siffler, à glisser, à grincer. Certains épisodes bruiteux avancent par affolement progressif, d'autres par enchâssement bien groovy sur une pédale pulsée. Par contraste avec ces multiples textures modernes, un chant modal et clair surgit par moments, s'installe quelques instants dans un décor murmurant (trilles et trémolos sul ponticello) duquel s'extrait peu à peu un commentaire grinçant. Les passages lyriques sont d'autant plus beaux, égarés ainsi au milieu d'amas de sons bruts ; l'un d'entre eux est un superbe chant de violoncelle sur... une note, jouée quatre fois. Un épisode en sifflements harmoniques fait le lien entre les deux mouvements. Comme dans un concentré (ou une parodie) de forme classique, les deux premières minutes du 2e mvt jouent le rôle d'un scherzo : une cascade de sons incroyables, rebondis (une sorte d'effet delay !), glissés, sifflés. La découpe rythmique est lapidaire, haletante. Jusqu'à la fin du mouvement, le feu d'artifice technique ne fait que s'intensifier, par accélération, combinaison toujours plus dense des techniques employées jusqu'alors isolément. Certains passages sont de vrais grooves au sens propre, presque pulsés comme de l'électro, ou même du métal. Fait-il consciemment emprunt à certaines musiques actuelles ? C'est en tous cas très efficace, et joué avec fougue par les Lotus (sur l'album Landscapes déjà évoqué). Même si la succession peut parfois faire un peu "défilé de trouvailles" (mais n'est-ce pas un peu pareil dans les quatuors de Ligeti ?*), c'est une pièce ébouriffante et très stimulante sur le plan sonore. Je comprends mal la pertinence de l'étiquette "nouveau lyrisme" dans le cadre de cette pièce. En tous cas, je vous conseille chaudement d'écouter ça, au moins pour la curiosité ! *EDIT : n'importe quoi... après réécoutes, la dramaturgie des Ligeti est bien plus lisible. (A suivre : Yoshimatsu et Hosokawa)
Dernière édition par jerome le Jeu 15 Juil 2010 - 17:09, édité 1 fois |
| | | Théo taschimor Mélomaniaque
Nombre de messages : 800 Date d'inscription : 03/07/2009
| Sujet: Re: Contemporains japonais sans domicile fixe Mar 13 Juil 2010 - 8:56 | |
| Il faudra que je vienne faire un tour ici car je m'intéresse beaucoup aux compositeurs japonais,TORU TAKEMITSU,bien sûr,mais aussi TOSHIRO MAYUZUMI,(déjà évoqué ici),AKIRA TAMBA,MAKI ISHII,MINORU MIKI,AKIRA NISHIMURA,(déjà évoqué),FUMIO YASUDA,SOMEI SATOH,(déjà cité), ATSUTADA OTAKA,TOSHIO HOSOKAWA (déjà cité) et TAKASHI YOSHIMATSU.
Le compositeur qui,après TAKEMITSU,retient le plus mon attention ici,parmi les générations d'après,est TOSHIO HOSOKAWA. J'ai aussi une forte sympathie pour la musique de YOSHIMATSU,très intemporelle,hors mode,loin des perversités de l'avant-garde et qui prend quelque-part ses racines au sein d'une histoire triste mais profondément poétique. "Sa petite soeur était atteinte d'un cancer dont l'issue lui fut fatale et,consciente de sa réalité,elle dit à son frère TAKASHI qui lui rendait régulièrement visite à l'hôpital: << Lorsque je mourrai,je me réincarnerai en oiseau.>> Il y a beaucoup d'oiseaux depuis,dans sa musique,que ce soit le fantôme de l'un d'eux dans une envolée lyrique,le chant de plusieurs par l'expression des vents,un battement d'aile et tout ce que l'imagination peut construire éphémèrement,pendant l'écoute de l'une de ses oeuvres. Edité chez Chandos,on peut aussi apercevoir des oiseaux sur les pochettes de tous ses disques. Pour ce qui est de sa musique,elle n'est pas révolutionnaire,n'en a de toute façon pas l'ambition,est le plus souvent un continuel hymne à la vie pouvant épouser les traits d'un concerto,d'une symphonie ou d'une pièce orchestrale,un hymne coloré,généreux et profondément poétique auquel j'adhère volontiers et sans retenue.
Pour ceux qui voudrons rompre avec cette musique en "déphase" avec son temps,il pourront toujours se raccrocher aux pièces concertantes et bien plus "torturées" d'AKIRA TAMBA,compositeur né en 1932. Je pense à ses deux concertos,MANDALA pour piano et orchestre (1982) et ORION,pour violoncelle et orchestre (1991). J'essaierai d'en faire le récit après une nouvelle écoute. J'espère que le bon souvenir que j'en ai gardé ne va pas s'émousser lors de cette nouvelle écoute. |
| | | antrav Papa pingouin
Nombre de messages : 37304 Date d'inscription : 08/12/2005
| Sujet: Re: Contemporains japonais sans domicile fixe Mer 14 Juil 2010 - 2:54 | |
| - jerome a écrit:
Akira Nishimura (1953)
Le Quatuor n°2 "Pulses of light" (1992) C'est un morceau très étrange, et extrêmement stimulant. Pas la peine de (mal) paraphraser tout ce que tu as dit, je le fais quand même un peu... C'est vraiment enthousiasmant tant du point de vue esthétique qu'émotionnel. Sa façon de sauter sur le quatuor pour lui faire rendre des sonorités pareilles est une petite merveille. C'est frais, réjouissant et le titre est finalement très bien choisi. S'il prend de la distance vis à vis de Takemitsu et de ses moyens compositionnels je trouve qu'il y a un fond commun dans la façon de concevoir le discours, travail en progression, voyage au travers d'atmosphères luxuriantes, accent mis sur la sensualité sonore. On peut trouver chez Nishimura un petit plus sans doute, sa façon de vertébrer ces plages voluptueuses par un élan rythmique vigoureux et assez irrésistible comme tu le soulignes. On sent derrière cette oeuvre une vivacité d'inspiration, une fougue qui donne envie de découvrir d'autres oeuvres. Un excellent conseil. Je trouve que ça mérite d'être écouté (et réécouté). |
| | | HOLLIGER Mélomane chevronné
Nombre de messages : 2374 Date d'inscription : 13/09/2008
| Sujet: Re: Contemporains japonais sans domicile fixe Dim 5 Sep 2010 - 15:55 | |
| David, tu pourrais nous parler d'Hosokawa, tu connais, apparemment. Moi, peu, mais ce que j'en entends est superbe! |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97900 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Contemporains japonais sans domicile fixe Dim 5 Sep 2010 - 16:35 | |
| J'avais dit à Jérôme que j'en reparlerais, mais je n'ai plus sous la main l'essentiel de ce que j'avais, et je n'ai pas eu envie ces derniers temps de me replonger dans cette musique que j'aime beaucoup, effectivement. Il faut que je le fasse, que je regarde ce qui est disponible, et que j'en dise un mot. |
| | | Cornélius Mélomaniaque
Nombre de messages : 924 Date d'inscription : 03/08/2010
| Sujet: Re: Contemporains japonais sans domicile fixe Dim 5 Sep 2010 - 17:25 | |
| J'ai le souvenir d'avoir entendu vers 1970 à la radio une oeuvre très kitsch pour orchestre symphonique et choeur vocalisé qui s'appelait "chateaux au japon".
Cela existait en disque vinyle, comme en témoignait le catalogue diapason de l'époque.
Quelqu'un aurait-il une idée du compositeur ? |
| | | HOLLIGER Mélomane chevronné
Nombre de messages : 2374 Date d'inscription : 13/09/2008
| Sujet: Re: Contemporains japonais sans domicile fixe Lun 6 Sep 2010 - 14:24 | |
| - DavidLeMarrec a écrit:
- J'avais dit à Jérôme que j'en reparlerais, mais je n'ai plus sous la main l'essentiel de ce que j'avais, et je n'ai pas eu envie ces derniers temps de me replonger dans cette musique que j'aime beaucoup, effectivement. Il faut que je le fasse, que je regarde ce qui est disponible, et que j'en dise un mot.
J'ai écouté cette nuit ce disque montaigne de musique de chambre, c'est hypnotisant! Il y a aussi un double cd ecm avec du Carter et du Yun aussi, superbe. J'ai la flemme aussi d'en dire plus! Et comme tu es bombardé docteur es exégèse universelle, j'attends ton mot. PS : j'ai ensuite écouté 2 cds de Lachenmann : 1 de trios et un musique pour un seul instruments ; c'est trop expérimental, au bout d'un moment, ça manque de musique.. et finalement d'inventivité. On a pas envie d'écouter ces disques en boucle, bien que ce ne soit pas inintéressant non plus! |
| | | jerome Fugueur intempéré
Nombre de messages : 8896 Date d'inscription : 10/03/2008
| Sujet: Re: Contemporains japonais sans domicile fixe Lun 6 Sep 2010 - 15:03 | |
| J'ai découvert pas mal de Hosokawa au début de l'été. Je projetais de monter un petit dossier sur lui, mais l'envie m'a passé. Voici quand même quelques impressions rapides, d'après mes souvenirs. Musique de chambreIn Memory Isang Yun, pour trio avec piano : celle qui m'a le plus marqué. Ecrit en mémoire de son vieux professeur. C'est très limpide et assez continu, une sorte de musique des sphères. Le piano très retenu lance quelques notes sur un tapis de doubles cordes, douces et douloureuses. Il y a beaucoup d'échos : le piano répète souvent une note énoncée par les cordes, la met en valeur sans la développer pour autant. Ces émergences furtives donnent une impression de nudité, de simplicité émue. Beaucoup de souffle, un souffle tranquille et réparateur. Fragmente II, pour flûte alto et quatuor. Plus acéré, plus difficile. Mais la chaleur de la flûte alto crée des mixtures savoureuses, souvent associée à des effets spéciaux de cordes. Landscape 1, pour quatuor à cordes. Un pas de plus dans l'hermétisme. Le début, très dépouillé, m'a fait penser à des gouttes d'encre qu'on jetterait sur une toile vierge, et qui traceraient tranquillement des lignes en coulant : plusieurs fois, un pizz claquant prolongé par des tenues murmurées, qui évoluent subtilement (modes de jeux spéciaux). D'après ce que j'ai entendu à la radio, les paysages qu'évoque le titre sont à considérer sous l'angle de la peinture japonaise, dans laquelle l'évocation de la nature est investie, entre autres, d'une réflexion sur le paradoxe solide-liquide (montagne, air, eau se mélangent, s'affrontent tout en s'unissant). Je ne maîtrise pas du tout ces idées-là, mais à l'écoute c'est plutôt parlant : pour peu qu'on s'immerge, on assiste à un jeu de matières et d'espaces énigmatique et envoûtant. Musiques pour shô et accordéon (disque Deep silence) : le shô est un orgue à bouche utilisé dans le théâtre traditionnel Gagaku, un univers visiblement très important pour les japonais. Hosokawa en tire un travail sur la respiration, les flux et les reflux ; idée qui imprègne d'ailleurs manifestement une grande partie de sa production. Je n'ai pas vraiment accroché, il doit falloir se mettre dans un état de transe pas possible pour parvenir à habiter ces longues nappes de sons très uniformes. Les scintillements harmoniques ont l'air volontairement retenus, ça reste assez "sage" de ce point de vue. OrchestreVoiceless voices in Hiroshima pour orchestre, cheur, solistes et récitants (enregistrés ?). C'est un gros morceau en cinq parties, composé à l'occasion d'une cérémonie commémorative des bombardements, etc. Des extraits de témoignages de survivants se posent sur le tapis orchestral ; d'abord une voix d'enfant en allemand, puis d'autres personnages et d'autres langues se greffent, se mélangent. J'imagine l'ambiance intense que ce procédé a pu créer en salle lors de la création. La première partie, longtemps conçue comme une pièce indépendante avant d'être finalement étendue pour les besoins de la commande, m'a semblé la plus dense du point de vue orchestral. La plus moderne aussi ; on n'a pas l'explosion de la bombe, mais un lent accroissement du sentiment de danger, une panique qui agite peu à peu l'orchestre, de très belle façon. C'est cette première section que j'ai réécoutée plusieurs fois. Les suivantes sont plus coulées, plus planantes. Hosokawa illustre les "voix de l'hiver", les forces du renouveau qui très lentement réinvestissent l'endroit pour cicatriser la plaie et reconstruire une ville sur les ruines. C'est très doux, très lounge, il faut parvenir à se laisser porter par ces interminables coulées éthérées, pour ma part je n'ai pas complètement adhéré. Mais encore une fois, vu la finesse du travail orchestral dans les textures ouatées, ça doit être génial en concert. Circulating ocean, pour orchestre. Cette pièce a l'air réputée, et elle est en effet très saisissante. Au départ, il voulait la nommer Das Meer ; c'est un prolongement direct du poème symphonique de Debussy, éminemment descriptif, 100% musique à programme (j'ai parfois pensé aussi aux cataclysmes de l' Acte Préalable). Les titres des parties évoquent très clairement les différentes humeurs de l'océan au fil de la journée : calme plat, vagues, tempête etc... L'orchestration est d'une grande efficacité, et en même temps fine et fouillée ; ce n'est qu'un spectacle visuel, en fin de compte, mais en ne cherchant pas plus loin on en a vraiment plein les yeux. A grande échelle, je crois me souvenir qu'on assiste à deux gigantesques crescendos et à leur dilution lente. Belle utilisation des flûtes graves. La toute fin est splendide : un interminable scintillement statique (triangles) qui met plusieurs minutes à s'éteindre ; on contemple un immense ciel étoilé, qui nous endort presque. Les notions de respiration, de flux et reflux, sont mises en avant au premier degré, sans trace de spéculation intellectuelle. Je ne sais pas si, passé cet émerveillement sensuel, la pièce est dotée d'une richesse inépuisable (il m'est arrivé de m'ennuyer un peu à la réécoute) - en tous cas, au moins pour se faire un gros shoot de sensualité orchestrale, ça vaut carrément le coup. Ça existe en Naxos Japon (en complément de La Mer de Debussy), mais je n'ai pas réussi à le commander. Je me suis procuré deux archives de concerts, dont l'une est compressée mais très audible. A écouter. |
| | | Xavier Père fondateur
Nombre de messages : 91578 Age : 43 Date d'inscription : 08/06/2005
| Sujet: Re: Contemporains japonais sans domicile fixe Jeu 25 Aoû 2011 - 2:49 | |
| Hosokawa: Ferne-Landschaft II pour orchestre Pièce ultra-statique, presque entièrement construite autour d'un seul grand accord de mode 2, avec des variations d'intensité, de timbres, des glissandi... mais c'est très beau et ça tient tout de même la durée! (plus de 14 minutes) Très bon premier contact avec ce compositeur. |
| | | Xavier Père fondateur
Nombre de messages : 91578 Age : 43 Date d'inscription : 08/06/2005
| Sujet: Re: Contemporains japonais sans domicile fixe Jeu 25 Aoû 2011 - 3:05 | |
| Voyage I pour violon et ensemble
Très chouette aussi. Je pense à un mélange de Saariaho, Fedele et Scelsi. |
| | | Cello Chtchello
Nombre de messages : 5764 Date d'inscription : 03/01/2007
| Sujet: Re: Contemporains japonais sans domicile fixe Sam 5 Nov 2011 - 13:35 | |
| Mis à part Takemitsu que j'ai un peu plus exploré, je ne connais que quelques pièces des compositeurs que tu cites: * Mayuzumi: Bunraku pour violoncelle seul. Je pense en avoir un peu parlé quelque part. Une pièce très séduisante qui fait référence au théâtre de marionnettes. Ca tient très bien la longueur (une dizaine de minutes). C'est varié, il y a des références à la musique japonaise qui sont plus des échos discrets mais efficacement évocateurs qu'une bête tentative de taper des des gammes extrême-orientales sur un violoncelle. J'aime vraiment bien. * Hosokawa: Landscape I et II pour quatuor à cordes et harpe et quatuor à cordes respectivement. Il m'a semblé être dans un esthétique plus proche de Takemitsu. Leurs oeuvres partagent cette impression de temps suspendu très poétique mais avec un côté plus incisif chez Hosokawa. Pas exactement agressif mais plus tranchant. - DavidLeMarrec a écrit:
- Merci Jérôme. Sur Hosokawa, oui, j'ai à dire, et que du bien, même si les Landscapes ne sont pas la part la plus séduisante de sa production.
- jerome a écrit:
- J'ai découvert pas mal de Hosokawa au début de l'été. Je projetais de monter un petit dossier sur lui, mais l'envie m'a passé. Voici quand même quelques impressions rapides, d'après mes souvenirs.
Je me demande s'il ne mériterait pas son fil à lui. Moi qui ne suis pas particulièrement spécialiste des japonais, j'avais plusieurs fois entendu parler de lui et souvent en bien. C'est d'ailleurs ces éloges qui m'ont mis sur la piste de sa musique (il y a quelques pièces dans le tube). |
| | | Cello Chtchello
Nombre de messages : 5764 Date d'inscription : 03/01/2007
| Sujet: Re: Contemporains japonais sans domicile fixe Lun 7 Nov 2011 - 9:37 | |
| Hosokawa: Circulating Ocean - jerome a écrit:
- Cette pièce a l'air réputée, et elle est en effet très saisissante. Au départ, il voulait la nommer Das Meer ; c'est un prolongement direct du poème symphonique de Debussy, éminemment descriptif, 100% musique à programme (j'ai parfois pensé aussi aux cataclysmes de l'Acte Préalable). Les titres des parties évoquent très clairement les différentes humeurs de l'océan au fil de la journée : calme plat, vagues, tempête etc... L'orchestration est d'une grande efficacité, et en même temps fine et fouillée ; ce n'est qu'un spectacle visuel, en fin de compte, mais en ne cherchant pas plus loin on en a vraiment plein les yeux. A grande échelle, je crois me souvenir qu'on assiste à deux gigantesques crescendos et à leur dilution lente. Belle utilisation des flûtes graves. La toute fin est splendide : un interminable scintillement statique (triangles) qui met plusieurs minutes à s'éteindre ; on contemple un immense ciel étoilé, qui nous endort presque. Les notions de respiration, de flux et reflux, sont mises en avant au premier degré, sans trace de spéculation intellectuelle. Je ne sais pas si, passé cet émerveillement sensuel, la pièce est dotée d'une richesse inépuisable (il m'est arrivé de m'ennuyer un peu à la réécoute) - en tous cas, au moins pour se faire un gros shoot de sensualité orchestrale, ça vaut carrément le coup. bounce
Je suis assez d'accord avec toi. Pour ma part, j'ai identifié trois parties: un début lent mais pourvu d'une gigantesque énergie potentielle qui évoque très bien la puissance de l'océan. L'orchestre m'a paru massif et peu différencié on est vraiment en plein coeur d'un maelstrom sonore. C'est très impressionnant mais ça devient presque trop. Heureusement, cette première partie colossale cède la place juste au bon moment à un deuxième épisode au cours duquel des motifs descendants isolés commencent à émerger avec peine: deux notes puis progressivement trois, quatre. La puissance, certes apaisée, reste considérable. Cela nous mène logiquement à la troisième partie dans laquelle apparaissent des mélodies d'abord introduites par des instruments graves (basson, violoncelle, etc.) puis poursuivies par les autres membres de l'orchestre maintenant pleinement libérés. L'oeuvre s'achève sur de très beaux scintillements fluctuants, jeux de vaguelettes sur les rochers. |
| | | Picrotal Parano lunatique
Nombre de messages : 12620 Age : 48 Localisation : Grenoble Date d'inscription : 03/04/2007
| Sujet: Re: Contemporains japonais sans domicile fixe Dim 24 Aoû 2014 - 16:46 | |
| Petit retour, donc, sur Mamoru Samuragochi et sa Symphonie Hiroshima. Pour ceux qui auraient réussi à passer à travers, le nom de ce compositeur est devenu mondialement célèbre lorsque l'on découvrit qu'il s'agissait en fait d'un formidable escroc. Depuis vingt ans, l'homme était adoré des Japonais, qui le surnommaient le « Beethoven japonais » du fait de sa surdité, qui ne l'empêcha pas de composer diverses choses, et notamment la fameuse Symphonie numéro 1 « Hiroshima », qui fut un grand succès au Japon est devint un symbole de la reconstruction du pays, rebaptisée d'ailleurs par certains « Symphonie de l'espoir ». Mais récemment, Takashi Niigaki, compositeur et professeur de musique, a révélé être le nègre de Samuragochi depuis dix-huit ans. Un choc considérable pour la société japonaise, d'autant que Samuragochi a avoué ne pas être l'auteur de « ses » compositions, et a de plus reconnu que sa surdité était très largement inférieure à ce qu'il prétendait, en offrant des explications par ailleurs embrouillées. La question reste du coup posée : en attendant que soit dénoués les noeuds de cet imbroglio musical, à quoi doit-on attribuer la paternité des compositions ? Je serai plus prudent que Wikipedia et resterai sur la version officielle, appliquant le célèbre adage : « c'est le monsieur qu'a son nom sur le disque qu'a composé le disque ». Mais, dans l'avenir, les choses iront probablement autrement. Avec au passage une publicité internationale monstre pour Takashi Niigaki et ses oeuvres, quand bien même l'homme a fait montre de repentance en considérant être lui-même coupable du mensonge, qu'il qualifie de crime. Au Japon, on n'est pas des guignols et on ne rigole pas avec l'honneur. La Symphonie Hiroshima, on peut l'entendre grâce à ce disque que l'on ne peut pas entendre puisqu'il est indisponible partout : Au sortir d'une première écoute, qu'en dire ? Je suis très mal placé pour donner des opinions érudites, donc je vais me contenter d'un ressenti d'usage. D'abord, j'ai trouvé ça très beau. Mélodiquement, des passages pleins de douceur alternent avec des moments beaucoup plus agités, voire chaotiques, mais ce serait exagéré de dire qu'ils sont violents. Certains épisodes de cette symphonie font tout bonnement penser à un bande-originale de film un peu plus courageuse que la moyenne, d'autres ont clairement plus une dimension « classique ». Mais là j'emploie le terme à propos : aussi belle soit cette symphonie (elle l'est, vraiment), elle n'est pas non plus foncièrement originale. Le début fait beaucoup penser à Ravel (La Valse, surtout), et on jurerait par moments que l'ombre de la Symphonie Turangalila plane volontiers sur l'ensemble, sans jamais d'ailleurs atteindre sa profonde singularité. Il n'en ressort pas moins une profonde gravité, une lourdeur aussi, avec des phases volontiers écrasantes qui font leur effet, mais aussi une exaltation de la beauté qui permet de comprendre que les Japonais aient ressenti autant d'espoir dans cette Symphonie : on est loin d'une composition macabre ou morbide, mais vraiment dans une énergie positive, l'expression d'un désir de vie qui trouve toute sa force dans les dernières minutes du troisième mouvement, que d'aucuns risquent toutefois de trouver aussi un petit peu trop larmoyant. Bref, une chose est certaine, malgré mes petites réserves, je reviendrai sans aucun doute vers cette symphonie qui m'a très volontiers titillé les oreilles et me donne envie de la creuser un peu plus en profondeur. |
| | | Mélomaniac Mélomane chevronné
Nombre de messages : 28855 Date d'inscription : 21/09/2012
| Sujet: Re: Contemporains japonais sans domicile fixe Ven 4 Sep 2015 - 23:52 | |
| - Xavier, in playlist, a écrit:
- Mélomaniac a écrit:
Maki Ishii (1936-2003) :
遭遇 II
= Ensemble Gagaku ; Seiji Ozawa, Orchestre philharmonique du Japon
(Emi, juin 1971)
Le titre japonais signifie rencontre, et désigne ici le dialogue interculturel entre un groupe d'instruments traditionnels nippons et un orchestre symphonique. Le compositeur, né à Tokyo, avait complété à Berlin ses études musicales, à la fin des années 1950, auprès de Boris Blacher et Josef Rufer.
C'est un CD? Voilà une oeuvre de Takemitsu que je ne connais pas du tout...
Oui, c'est dispo en CD, isolé (B00YNO24CQ) ou alors dans le coffret récemment réédité par Warner (B00UI8TSCU). On peut lire une présentation des deux oeuvres au verso de la pochette du vinyle : - Spoiler:
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| | | Xavier Père fondateur
Nombre de messages : 91578 Age : 43 Date d'inscription : 08/06/2005
| Sujet: Re: Contemporains japonais sans domicile fixe Ven 4 Sep 2015 - 23:58 | |
| Je vois qu'il y a aussi une version numérique enregistrée par Botstein... merci. |
| | | bouddha Mélomane averti
Nombre de messages : 265 Age : 79 Localisation : Suisse Date d'inscription : 20/03/2007
| Sujet: contemporains japonais sans domicile fixe Jeu 8 Oct 2015 - 19:12 | |
| Bonsoir,
dois-je conclure qu'ils sont aux japonais absents ??! cordialement |
| | | Prosopopus Mélomaniaque
Nombre de messages : 901 Age : 41 Localisation : Paris Date d'inscription : 21/11/2017
| Sujet: Re: Contemporains japonais sans domicile fixe Mar 16 Juin 2020 - 16:25 | |
| Extrait du fil playlist : Yasuji KIYOSE (1900-1981) Japanese Festival Dances Elegie Primitive Dance Concerto pour piano To ancient Times New Symphony Orchestra Tokyo - Yasushi Akutagawa Piano, Hikaru Hayashi Fontec records, 1982 Ainé de la nouvelle vague des compositeurs japonais, Kiyose a été d'ailleurs l'un des professeurs de composition de Takemitsu ainsi qu'une influence majeure dans la recherche d'un mélange entre la musique traditionnelle et l'idiome européen. Mais la musique de Kiyose n'a pas le même intérêt que celle de Takemitsu, notamment parce que les influences européennes sont encore trop prégnantes, on passe de choses folkloriques à du romantisme plus épais dans l'Elégie par exemple. Pas désagréable en soit mais ça manque d'un caractère plus affirmé, d'un peu plus de contraste. Les annotations sur le disque indiquent que Kiyose a composé la plupart de ses oeuvres en utilisant la gamme pentatonique mais ça ne ressort pas forcément dans les oeuvres jouées ici, pas à mon oreille en tous les cas. L'influence de Bartok est également évoquée et ça peut effectivement y faire penser dans les aspects folkloriques mais avec moins de réussite dans la mise en perspective de ce folklore. |
| | | gluckhand Mélomane chevronné
Nombre de messages : 4967 Localisation : Amiens Date d'inscription : 15/07/2013
| Sujet: Re: Contemporains japonais sans domicile fixe Jeu 28 Jan 2021 - 13:17 | |
| NAGAUTA SYMPHONY "TSURUKAME" Kōsaku Yamada (1886- 1965 ) Plutôt original, pour nos oreilles d'occidentaux, cette symphonie pour voix, shamisen et orchestre (1934) Kōsaku Yamada,semble pourtant au départ, avoir une culture et un bagage musical qui penchent vers l'Allemagne. Mais pour finir, il devient assez cosmopolite ,puisque d'après Wkipédia, il serait un des membres fondateurs du futur Philarmonique de New-YorK. Il semble même ,qu'avec l'âge ,il se soit déseuropeanisé musicalement ,si l'on en croit et écoute sa symphonie fort écoutable,et pas désagréable du tout , mais dans les normes de l'époque , de ce monde ,qui va d'un coup plonger ,dans la grande guerre . Triomphe et paix, (1912)reste de belle qualité, symphonie forte,lyrique , vigoureuse et de belle facture.Un compositeur à découvrir plus sérieusement . Pour Nagauta Symphony.1934 https://www.youtube.com/watch?v=NIjnCNtOiP0 Pour Triomphe et paix.1912 https://www.youtube.com/watch?v=sY7He5w_5cY |
| | | Golisande Mélomane chevronné
Nombre de messages : 7932 Age : 50 Localisation : jeudi Date d'inscription : 03/03/2011
| Sujet: Re: Contemporains japonais sans domicile fixe Sam 30 Jan 2021 - 23:06 | |
| J'écoute la Nagauta Symphony (1934), j'aime bien, mais attention : il s'agit en fait de chant traditionnel avec shamisen et autres intruments traditionnels (percussions, petite flûte haut perchée qui gazouille sans hauteurs déterminées – je laisse aux spécialistes le soin de retrouver son nom), le tout accompagné de façon intermittente par un orchestre symphonique à l'écriture simple et au langage harmonique plutôt rudimentaire ( si, fa#, do# et mi mineur en alternance, avec ou sans sensible et parfois - brièvement - phrygien ou dorien); à la douzième minute l'harmonie s'étoffe un peu avec quelques couleurs debussystes, des gammes par tons, quelques accords majeurs (totalement absents jusque-là), et même des couleurs extrêmement mahlériennes entre 12'40 et 13' ; le mouvement s'anime vers la fin (à partir de 14'), mais en dépit de quelques timides excursions le langage harmonique de l'orchestre demeure très sage — étrange postlude à l'orchestre seul en si mineur, extrêmement bref mais qui me fait irrésistiblement penser à la chanson des filles d'Orlamonde dans Ariane de Dukas... Très sympathique, mais tant qu'à faire je préfère écouter de la musique traditionnelle japonaise... |
| | | gluckhand Mélomane chevronné
Nombre de messages : 4967 Localisation : Amiens Date d'inscription : 15/07/2013
| Sujet: Re: Contemporains japonais sans domicile fixe Dim 31 Jan 2021 - 0:42 | |
| Oui Golisande, c'était sans prétention,j'ai toujours eu envie de parler et d'écouter aussi bien sûr,toute cette série Naxos, consacrée aux compositeurs nippons, dont on parle très peu, par rapport au nombre de compositeurs japonais, le plus souvent inconnus de cette série.Mais comme d'habitude, je tire au flanc. |
| | | Benedictus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 15565 Age : 49 Date d'inscription : 02/03/2014
| Sujet: Re: Contemporains japonais sans domicile fixe Dim 31 Jan 2021 - 1:26 | |
| Au fond, tu es comme Dolly Parton: avec tes Nippons, tu souffres de l’embarras du choix. Désolé. Pas pu m’en empêcher. |
| | | gluckhand Mélomane chevronné
Nombre de messages : 4967 Localisation : Amiens Date d'inscription : 15/07/2013
| Sujet: Re: Contemporains japonais sans domicile fixe Dim 22 Jan 2023 - 3:18 | |
| Saburō Moroi - Concerto pour violon op. 18 (1939) Un concerto pour violon assez carré , qui pour finir ,ne se démarque pas vraiment de l'époque. Certains compositeurs japonais ,paient aujourd'hui ,je trouve, leur très grande compromission avec l'occident musical.Ils ont tellement été imprègné de culture européenne , qu'ils ont renié un peu et parfois beaucoup leur propre culture. Je ne connais pas spécialement Saburō Moroi ,mais après deux écoutes de son concerto, je le trouve sympa , mais sans plus.On pouvait s'attendre , vu que le Japon était engagé en 1939 ,dans une guerre avec la Russie, puis contre les Etats-Unis à une oeuvre ,bien plus conséquente .Mais la musique est un autre monde. Vers la fin de sa vie, il s'est tourné vers le dodécaphonisme. Pour en savoir plus / https://fr.wikipedia.org/wiki/Sabur%C5%8D_Moroi |
| | | gluckhand Mélomane chevronné
Nombre de messages : 4967 Localisation : Amiens Date d'inscription : 15/07/2013
| Sujet: Re: Contemporains japonais sans domicile fixe Jeu 2 Fév 2023 - 4:23 | |
| Symphonie « Au-delà du temps » (2011) — Atsutada Otaka CONDUCTOR: Junichi Hirokami / ORCHESTRA: Japan Philharmonic Orchestra Symphonie assez remarquable, qui déjà par son titre « Au-delà du temps » se devait de m'attirer et d'y jeter au moins un coup d'oreille,et le résultat, c'est que je trouve ,cette symphonie passionnante et plus complexe, qu'elle ne le paraît ,de premier abord.Atsutada Otaka (1944-2021) est un compositeur et musicologie japonais.Il étudie à l’Université des arts de Tokyo avec Tomojirō Ikenouchi, Akio Yashiro et Akira Miyoshi. Après des études à Paris, il devient professeur à l’Université des Arts de Tokyo. Il a écrit des œuvres pour divers genres. Wikipedia Dans les années 60, Otaka ,grâce à une bourse,est venu en france et a étudié avec des compositeurs aussi divers que Maurice Duruflé, Marcel Bitsch, Jean-Claude Henry et Henri Dutilleux. Je vais me permettre de citer ici, le témoignage interessant de son frère ,pris sur un autre site. <<Atsutada Otaka est mon frère aîné, et nos parents étaient le compositeur-chef d'orchestre Hisatada Otaka et la pianiste Misaoko Otaka. Notre mère nous disait: "Choisissez le métier que vous voulez, mais par pitié ne soyez pas musiciens, et surtout pas chef d'orchestre ou compositeur!" Car notre père est mort jeune, à 39 ans, de surmenage. Malgré tout, mon frère est devenu compositeur et moi chef d'orchestre. Nous avons désobéi à notre mère, parce que la musique, nous ne connaissions que ça et je suis sûr que mes parents, au paradis, sont contents de nous. J'ai parfois du mal à diriger les oeuvres de mon père ou de mon frère, pas simplement parce que nous sommes de la même famille, mais parce que je me retrouve dans leur musique. J'ai créé toutes les oeuvres orchestrales de mon frère et elles sont aussi difficiles à interpréter que celles de mon père.>> Pour en revenir à la symphonie, j'aimerais dire qu'Otaka, à une façon de composer pour l'orchestre qui peu nous sembler familière,nous mélomanes français.Il évite tout pathos et construit cet ensemble comme un puzzle, dont les pièces s'assemblent ,petit à petit et au fur à mesure de son discours .Si l'on a des reminiscenses, assez brèves,à d'autres compositeurs,l'oeuvre est assez forte , mystèrieuse et originale, pour mériter tout notre intèrêt ,le long de ses 37 minutes.Je sais aussi ,par habitude, que chacun entends d'abord, ,ce qu'il a envie d'entendre, dans chaque oeuvre nouvelle.Pour moi,avant tout, une oeuvre à découvir et qu'il faut connaître . Pour l'écouter/ www.youtube.com/watch?v=FWcuhRpix5U |
| | | gluckhand Mélomane chevronné
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| Sujet: Re: Contemporains japonais sans domicile fixe Mar 26 Déc 2023 - 15:18 | |
| Ichiro Higo - Symphonie (1984) pour orchestre
Ichiro Higo (né en 1940) est un compositeur intrigant qui cherche à utiliser les idiomes modernistes d’une manière qui les rend accessibles au public, et la Symphonie (1984) est un exemple exemplaire où il réussit définitivement dans cette entreprise. Elle est interprétée par l’Orchestre philharmonique de Tokyo sous la direction de Tadaki Otaka. YT
Vraiment superbe en effet! Merci à ce youtubeur en question ,de nous mettre en ligne de tels trésors.
Pour l'écouter/ https://youtu.be/YrUTh9-3TgE?si=xQRIH1NzoHH6C4g5
Dernière édition par gluckhand le Mar 26 Déc 2023 - 15:57, édité 1 fois |
| | | gluckhand Mélomane chevronné
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| Sujet: Re: Contemporains japonais sans domicile fixe Mar 26 Déc 2023 - 15:20 | |
| Ro Ogura - Symphonie en sol (1968) pour orchestre
Ro Ogura (1916-1990) a composé cette Symphonie en sol (1968) merveilleusement traditionnelle à une époque où la majorité des autres compositeurs devenaient un peu fous, désespérés de prouver qu’ils pouvaient être plus avant-gardistes que leurs pairs. Ogura ne s’adonnait pas au jardinage avant-gardiste ; il pensait que la tonalité traditionnelle avait encore beaucoup à dire et personnellement je suis d’accord avec lui. Elle est interprétée par l’Orchestre symphonique de la NHK sous la direction de Hiroyuki Iwaki.YT
Vraiment superbe aussi.
Pour l'écouter/ https://youtu.be/GVl_a5_bsKA?si=0ctenw58WrJnVRwY
Dernière édition par gluckhand le Mar 26 Déc 2023 - 15:25, édité 1 fois |
| | | gluckhand Mélomane chevronné
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| Sujet: Re: Contemporains japonais sans domicile fixe Mar 26 Déc 2023 - 15:24 | |
| Joji Yuasa - Mitsu No Sakai (1959) pour orchestre de chambre et bande
Joji Yuasa (né en 1929) est l’un des compositeurs les plus importants du Japon. Mitsu No Sakai existe en 2 versions. Celle-ci, écrite pour petit orchestre et bande magnétique, date de 1959. Elle est interprétée par l’Orchestre symphonique de la NHK sous la direction de Hiroyuki Iwaki. YT
Encore une oeuvre vraiment remarquable,surtout pour 1959. Merci au youtubeur en question , de nous faire connaître de telles oeuvres.
Pour l'écouter/ https://youtu.be/yHkTcwmGfIE?si=7PfjdW-dHzj8dGKV |
| | | gluckhand Mélomane chevronné
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| Sujet: Re: Contemporains japonais sans domicile fixe Mer 27 Déc 2023 - 5:35 | |
| Toshi Ichiyanagi - Berlin Renshi (1988) pour soprano, ténor et orchestre
"Toshi Ichiyanagi (né en 1933) est principalement connu en dehors du Japon comme « le premier mari de Yoko Ono », mais il est aujourd’hui l’un des compositeurs majeurs du pays. Après une exploration précoce du sérialisme, il s’est lancé dans une orbite effrayante au milieu d’un jardinage d’avant-garde dans les années 1960 (comme tant d’autres compositeurs, artistes et écrivains) avant de cultiver un idiome plus accessible dans les années 1980. Berlin Renshi (1988) pour soprano, ténor et orchestre est l’une des œuvres les plus importantes et les plus impressionnantes d’Ichiyanagi de sa dernière période. Elle est interprétée par Shinobu Sato (soprano), Shizuo Tanei (ténor) et l’Orchestre symphonique de la NHK sous la direction du compositeur." YT
Vraiment superbe.
Pour l'écouter/ https://youtu.be/M6tjIhejhxA?si=hMp8mfv2q3zjxlBp |
| | | gluckhand Mélomane chevronné
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| Sujet: Re: Contemporains japonais sans domicile fixe Mer 27 Déc 2023 - 13:05 | |
| Joji Yuasa « TEMPS du Temps de l’Orchestre »
Joji Yuasa, TIME of Orchestra Time (1976) NHK Symphony Orchestra, Michael Gielen (chef d’orchestre)
Musique vraiment superbe.Joji Yuasa est né en 1929 et semble toujours vivant.
Pour l'écouter/ https://youtu.be/ojmS5bdBTn4?si=hJF--4vOJyvEswDb |
| | | gluckhand Mélomane chevronné
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| Sujet: Re: Contemporains japonais sans domicile fixe Jeu 28 Déc 2023 - 4:15 | |
| Toshiro Mayuzumi - Pratidesana (1963) pour baryton, chœur d’hommes et ensemble
Toshiro Mayuzumi (1929-1997) était l’un des compositeurs les plus importants du Japon, célèbre pour la riche variété de ses musiques de film. C’était un caméléon musical capable de composer dans toutes sortes d’idiomes – tonalité traditionnelle, sérialisme, avant-garde et jazz. Son œuvre la plus célèbre est la Symphonie du Nirvana (1958). Pratidesana (1963) sonne comme le petit frère de la Symphonie du Nirvana. Le titre se traduit approximativement par « repentance ». Il utilise un texte bouddhiste et met en scène un baryton, un chœur d’hommes et un ensemble, interprétés par le Chœur symphonique d’Osaka (dont le baryton soliste est tiré) avec des membres de l’Orchestre symphonique d’Osaka sous la direction de Hiroyuki Iwaki. YT
Avec tous ces enregistrements qui nous viennent de je ne sais ou, on commence un peu à voir un peu plus clair dans la musique japonaise de cette époque.J'avoue que je suis agréablement surpris par la teneur et la qualité de tous ces enregistrements.
Pour l'écouter/ https://youtu.be/jt2gO3gYj5k?si=kWRPZ4G9hHTNGcxG |
| | | gluckhand Mélomane chevronné
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| Sujet: Re: Contemporains japonais sans domicile fixe Jeu 28 Déc 2023 - 4:52 | |
| Akira Miyoshi - Odes métamorphiques (1969)
Akira Miyoshi (1933-2013) a été le compositeur le plus important et le plus influent du Japon de la fin des années 1950 jusqu’à sa mort. Il est associé à un idiome dissonant de la fin du XXe siècle, bien qu’il puisse adopter un style plus conservateur avec une tonalité traditionnelle si nécessaire. Il a produit un corpus substantiel d’excellente musique de chambre, un ensemble important d’œuvres pour ensemble à vent, pour chœur d’enfants et pour orchestre. Metamorphic Odes (1969) est l’une des deux œuvres orchestrales étendues que Miyoshi-san a composées en 1969 (l’autre est Symphonic Mutation) et elles sont liées par leur forme et leur structure puisque toutes deux prennent de brefs fragments mélodiques qui se transforment progressivement tout au long de l’œuvre. Elle est interprétée par le Yomiuri Nippon Symphony Orchestra sous la direction de Hiroshi Wakasugi. YT
Encore une oeuvre passionnante et je vais m'empresser de trouver Symphonic Mutation. Vraiment pour moi, de belles découvertes.
Pour l'écouter/ https://youtu.be/UtApnJfrz50?si=OfONVsY13MEOCVBW
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| | | gluckhand Mélomane chevronné
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| Sujet: Re: Contemporains japonais sans domicile fixe Jeu 28 Déc 2023 - 4:56 | |
| Akira Miyoshi - Mutation symphonique (1969)
Akira Miyoshi (1933-2013) a été le compositeur le plus important et le plus influent du Japon de la fin des années 1950 jusqu’à sa mort. Il est associé à un idiome dissonant de la fin du XXe siècle, bien qu’il puisse adopter un style plus conservateur avec une tonalité traditionnelle si nécessaire. Il a produit un corpus substantiel d’excellente musique de chambre, un ensemble important d’œuvres pour ensemble à vent, pour chœur d’enfants et pour orchestre. Symphonic Mutation (1969) est l’une des deux œuvres orchestrales étendues que Miyoshi-san a composées en 1969 (l’autre est Metamorphic Odes) et elles sont liées par leur forme et leur structure puisque toutes deux prennent de brefs fragments mélodiques qui se transforment progressivement tout au long de l’œuvre. Elle est interprétée par l’Orchestre symphonique de la NHK sous la direction de Hiroyuki Iwaki. YT
Pour l'écouter/ https://youtu.be/4KeEgsnYs50?si=N5458rzBMmxsLLk0
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| | | gluckhand Mélomane chevronné
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| Sujet: Re: Contemporains japonais sans domicile fixe Jeu 4 Jan 2024 - 4:08 | |
| Sans domicile fixe? C'est vite dit , la plupart des compositeurs cités ici ,ont un parcours et une vie musicale bien ancré au Japon.Et même si certains ont un peu vendu leur âme à l'Occident.Certaines musiques semblent des clônes parfaits de la musique qu'on jouait en Europe dans les années 60, au point même de parfois dépasser l'original.La France et la musique française ont aussi beaucoup marqué les compositeurs japonais de la génération d'après-guerre et même bien avant .Sans doute cette clarté et cette délicatesse et aussi cette profondeur ,des oeuvres d'un Debussy, Ravel ou bien Fauré.Il faudrait qu'un membre du Forum, bien au fait ,de toute cette musique très riche et diverse, fasse le point et nous éclaire sur les grandes lignes et sur tous ces compositeurs qui semblent pour moi ,un peu se ressembler.Peut être qu'un jour........
Hisato Ohzawa : Piano Concerto No. 2 / Symphony No. 2 Conductor: Dmitry Yablonsky Artist: Ekaterina Saranceva Composer: Hisato Ohzawa Orchestra: Russian Philharmonic Orchestra
Très séduit par l'orchestration de cette seconde symphonie de Hisato Ohzawa (1907-1953).Un mélange de modernisme de l'époque (1934) et de musique japonaise .Un vrai plaisir à l'écouter.C'est une oeuvre, qui je pense mériterait de sortir de l'oubli ,dans lequel elle est cantonnée.Il en a aussi fait une troisième et peut être que j'irais jusqu'à écouter ses concertos pour piano, qui le 3ème s'intitule Kamikaze et date de 1938. Remercions Dmitry Yablonsky pour tous ces enregistrements de compositeurs japonais qu'il a créé ou fait connaître chez Naxos.
Pour l'écouter/https://youtu.be/8yENGB_QjHU?si=b1l-7Zto150Ey9Vr |
| | | gluckhand Mélomane chevronné
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| Sujet: Re: Contemporains japonais sans domicile fixe Jeu 4 Jan 2024 - 6:08 | |
| "Hisato Osawa (1907~1953) est décédé à Showa à l’âge de 46 ans. Né à Kobe, son père était un ingénieur et propriétaire d’entreprise qui a également participé aux opérations de Kobe Steel. Élevé dans une famille aisée, Osawa a étudié aux États-Unis après avoir obtenu son diplôme de la Kwansei Gakuin High School, se spécialisant en musique à l’Université de Boston et au Conservatoire de musique de la Nouvelle-Angleterre. À Boston, il présente des œuvres de musique de chambre et de chansons avec un grand succès, et monte finalement sur le podium de l’Orchestre symphonique de Boston. C’est la première fois qu’un Japonais réalise cet exploit. C’était en 1932. Parmi les autres œuvres de la période américaine, citons la « Symphonie n° 1 », le « Trio avec piano » et la « Sonate pour violoncelle ». (Citation tirée de Yoshihiko Kusakabe, ALCD-8031ALCD-8031 « Shostakovich Symphony No. 5 & Hisato Osawa " YT |
| | | gluckhand Mélomane chevronné
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| Sujet: Re: Contemporains japonais sans domicile fixe Ven 5 Jan 2024 - 15:04 | |
| Hisato Ohzawa : Symphonie n° 3 « De la fondation du Japon » (1937)
Orchestre philharmonique de Russie dirigé par Dmitry Yablonsky. I. Allegretto risoluto – Allegro (0 :00) II. Grazioso Adagio (12 :37) III. Moderatus (17 :51) IV. Allegro non troppo con fuoco (26 :42)
"Hisato Ohzawa est aujourd’hui l’un des compositeurs les plus obscurs du Japon, probablement parce qu’il a en quelque sorte « trahi » ses idéaux initialement modernistes. En effet, Ohzawa était l’un des compositeurs les plus cosmopolites de l’époque, promouvant des structures musicales modernistes et révolutionnaires à Paris, ville qui est devenue après la Première Guerre mondiale le centre de l’avant-garde musicale. Néanmoins, Ohzawa a dû faire face à une énorme hostilité de la part des cercles artistiques japonais qui se souciaient davantage du nationalisme à une époque où un État fasciste était en plein essor au pays du soleil levant. Sa Symphonie n° 3 appartient exactement à cette période où il a dû passer du modernisme pur et simple à l’orgueil national. Il s’agit surtout d’une symphonie historique dans le sens où elle a été inspirée dans « La fondation du Japon » : une ancienne nation insulaire, le peuple japonais conçoit sa fondation avec l’intronisation de l’empereur légendaire ou « ten-no » Jinmu, enfant de la déesse du soleil levant Amaterasu, qui s’est produite il y a plus de 25 siècles. Au cours de l’année 1940, une année algide pour l’histoire du monde, cette nation a célébré son 2600e anniversaire. Alors qu’Ohzawa avait composé l’œuvre trois ans plus tôt, elle n’a été créée qu’à l’occasion de l’anniversaire du Japon ; célébration à laquelle des compositeurs nationaux et internationaux, tels que Strauss ou Britten, ont soumis des œuvres en cadeau. Ses pages sont remplies de synthétisations de la musique folklorique japonaise avec des techniques occidentales du romantisme tardif, se terminant par un hymne célébrant « l’union » du Japon avec l’Occident." YT
Ohzawa est vraiment un excellent orchestrateur,et comme la seconde symphonie le laissait deviner, il met toute sa science de l'orchestration dans un dessein ambitieux ,avec cette 3ème symphonie "La fondation du Japon" Projet réussi ou pas? Je n'ai pas assez de recul avec cette oeuvre pour en juger utilement,mais le talent est vraiment là.Qu'il ait aussi ,avec un langage musical ouvertement occidental, voulu célèbrer son pays ,peut sembler une contradiction ,mais comme c'est expliqué plus haut.Il semble avec son langage musical moderne avoir réussi ce mélange ,d'un rapprochement de deux mondes et de deux cultures différentes. Personnellement, je n'ai jamais été fan des musiques à programme.La musique pour moi, se suffit toujours à elle-même et point n'est besoin d'expliquer ce qu'elle veut dire.Quoiqu'il en soit c'est quand même une oeuvre superbe.
Pour l'écouter/ https://youtu.be/o_5h0zw0_-g?si=B2oYjg2t_IPeGI1b
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| | | gluckhand Mélomane chevronné
Nombre de messages : 4967 Localisation : Amiens Date d'inscription : 15/07/2013
| Sujet: Re: Contemporains japonais sans domicile fixe Dim 7 Jan 2024 - 3:09 | |
| Il a bien fallu ,que j'écoute aussi la 1ère symphonie de Hisato Ohzawa,et c'est vraiment aussi, un petit bijou.Les deux symphonies composées pendant sa périodes américaine ( 1934 )sont vraiment de petits chefs-d'oeuvre On comprend mieux aussi pourquoi, on ne s'est pas bousculé pour jouer cette 1ère symphonie.Elle aurait été d'un américain, on aurait sûrement trouvé un orchestre quelconque,pour la jouer, d'un européen ,sans doute peut être aussi, mais venant d'un japonais qui avait assimilé si rapidement les ficelles de l'orchestration moderne, pas question.Historiquement parlant,1930 c'est aussi la création qu'une autre belle et originale symphonie et qui vient elle ,d'un afro-américain.Bref, pour en revenir,à cette première symphonie , sans doute pas un chef-d'oeuvre ,comme la deuxième que je trouve vraiment formidable.Mais une oeuvre qui tient encore vraiment bien la route presqu'un siècle après,même si l'on y reconnaît aussi,certaines influences notoires de l'époque.
Hisato Osawa (1906~1953, Japon) Symphonie n° 1 I. Adagietto – Allegro scherzando 00 :00 II. Double thème et variations 16 :46 III. Larghetto non troppo – Allegro con brio 29 :45 L’Orchestre philharmonique du Japon Kazuki Yamada, direction d’orchestre Enregistré le 3 septembre 2017 (primiere live) au Suntory Hall dans le cadre du Festival d’été 2017 de la Suntory Foundation for Arts Pour l'écouter/ https://youtu.be/TV300I8Sc04?si=RqnIsewFT10__jcn |
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