Heinrich Schütz

J'ai profité d'une promo (-40%) pour commander:

Spoiler:

Du coffret ci-dessus:



Lukas-Passion SWV 480

Ars Nova Copenhagen, Paul Hillier
Johan Linderoth : évangéliste
Jakob Bloch Jespersen : Jésus

C'est très particulier, c'est une passion interprétée a capella. Ça pourrait ne pas plaire à tout le monde.

C'est austère, mais d'une austère beauté. C'est fort bien interprété, aussi bien par les solistes que par les chœurs.
C'est assez prenant, et j'ai bien aimé.

Je connais mieux la Matthieu, dont les bonnes versions sont assez saisissantes – « Barrabam ! ». C'est austère, oui, mais mérite décidément l'écoute.

Pour la peine, je me suis fait une réécoute de la scène de Pilate dans toutes les versions que j'avais sous la main :

Klaus & Distler Chor, avec Fischer-Dieskau (DGG)
→ Captation terriblement sèche, expression « méchante ».

Fläming & Dresden Kreuzchor, avec Schreier (Berlin Classics)
→ Grand chœur un peu lisse, Schreier peu gracieux.

Kurz & Opéra de Stuttgart (Bella Musica)
→ Évangéliste particulièrement émouvant (voix non stéréotypée). Chœur en effectif réduit réussi.

Hiller & Ars Nova Copenhagen (Da Capo)
→ Chœur-diamant merveilleux.

Yumiko Tanno & Schütz Choir (ALM)
→ Timbres intéressants, mais qui s'effilochent sur l'allemand. Chœur vaste et pas très beau.

Rademann & Dresden Kammerchor (Carus)
→ Bien chanté, un peu froid.

J'ai une version de la Matthieu par The Hilliard Ensemble, mais je ne l'ai pas beaucoup écoutée.
Je ferai la comparaison avec celle de Ars Nova Copenhagen.

Nettement supérieur à Hilliard (en tout cas au Hilliard habituel, je n'ai pas écouté ce disque).

Toujours extrait du coffret dont j'ai parlé plus haut. CD2



Weihnachtshistorie SWW435

Adam Riis: évangéliste
Else Torp: l'ange
Jakob Bolch Jesperen: Hérode

ARS NOVA COPENHAGEN

Très belle oeuvre, que j'ai vraiment aimée. C'est bien sûr beaucoup moins austère que les passions.

Comme pour Lukas-Passion dont j'ai parlé, l'interprétation est vraiment excellente, avec ici un accompagnement instrumental.

Très belle découverte.

Les passions de Schütz sont des œuvres grandioses... Et pas seulement d'un point de vue musical, avec cette économie de moyens radicale. C'est une porte ouverte sur la piété du luthéranisme propre à cette génération qui a traversé la guerre de Trente Ans. Une austérité musicale complète, dans laquelle les instants très brefs de polyphonie sont sublimés. On entend encore, là-dedans, la force du verbe déclamé en langue allemande qui pouvait encore prétendre faire pièce aux grandes lectures des passions dans la liturgie catholique.

Personnellement, j'apprécie énormément les enregistrements de Hans-Christoph Rademann. C'est à ce jour ce que j'ai entendu de plus éloquent et de plus intrinsèquement fidèle à ce qui me semble être l'esprit profond de ces œuvres. Un chef d'oeuvre d'intériorité.

La Matthäus-Passion enregistrée par Paul Hillier avec l'ensemble Ars Nova Copenhagen est splendide, ceci dit (je ne connais pas les deux autres). Presque un peu trop réverbéré à mon goût, mais je pense que pour une première confrontation avec l'oeuvre, c'est plus séduisant que Rademann. Disons que c'est une version qui tire une grande force émotionnelle de l'oeuvre, et qui prend même un parti résolument dramatique dans les dernières paroles du Christ (et c'est effectivement déchirant).

Drosselbart a écrit:

Personnellement, j'apprécie énormément les enregistrements de Hans-Christoph Rademann. C'est à ce jour ce que j'ai entendu de plus éloquent et de plus intrinsèquement fidèle à ce qui me semble être l'esprit profond de ces œuvres. Un chef d'oeuvre d'intériorité.

Les récitants de Kurz (Évangéliste) et Hillier II (basse) ont davantage de charisme, des voix moins grêles que Rademann qui est un peu un moyen terme confortable. Pour autant, très belle version aussi.

Je poursuis l'écoute de ce très beau coffret (voir plus haut) avec:

Auferstehungshistorie (CD2) / Die Sieben Worte / Johannes-Passion (CD3).

Les œuvres sont magnifiques, avec une interprétation vraiment remarquable...je ne leur trouve aucun défaut...just perfect !

Une belle réussite que cette série d'enregistrements.

Il me reste à écouter Matthäus-Passion (pour demain).

J'ai bien reçu la version  de Der Schwanengesang par Hans-Christoph Rademan et son ensemble de Dresde,mais je reste fidèle à la belle versionde  Dietrich Knothe, cette version m'entraîne plus, je m'y sens complice, je la trouve plus vivante, peut être est-ce les chanteurs,celle de Rademan m'ennuie un peu, tout en restant sûrement de qualité,je me sens un peu à l 'extèrieur de l'oeuvre, c'est pourtant une oeuvre poignante?

[Playlist]

Matthäus-Passion

Ars Nova Copenhagen, Paul Hillier
Johan Linderoth : évangéliste
Jakob Bloch Jespersen : Jésus



Très beau!

Oui !

Une des très belles versions, en plus !

DavidLeMarrec a écrit:

Oui !  

Une des très belles versions, en plus !

Oui, avec un évangéliste exceptionnel!
...et tout le reste de la distribution est excellent.

[Playlist]

Weihnachtshistorie – Auferstehungshistorie*
Concerto Copenhagen - Ars Nova Copenhagen : Paul Hillier
Adam Riis : évangéliste
Johan Linderoth : évangéliste*



Un coffret vers lequel je reviens régulièrement...c'est tellement beau!

Schütz: Schwanengesang  / Hilliard Ensemble

Sûrement, une de mes oeuvres de chevet ce psaume 119.Schutz se trouve ici,apaisé et serein,dans ses dernières oeuvres .On est presque heureux d'être libèré de cette vie, de ce fardeau ,que peut être parfois la vie,surtout en vieillissant . Bien sûr, après avoir rempli ,une vie normale et complète qui va jusqu'au bout.La version Hillard, même si elle n'est pas ma préfèrée, reste de haute volée spirituelle,ce sont d'excellents chanteurs,et l'on respire même ,une certaine extase ,par moments.Cela peut  même devenir, une drogue spirituelle , pour certains, on plane à une telle altitude et à une telle beauté, que demander de plus,sinon rester là,en haut ?

En Playlist, Benedictus a écrit:

• Auferstehungshistorie, SWV 450 (ca. 1623)
Johan Linderoth (Evangelist), Paul Hillier / Ars Nova Copenhagen, Sirius Viols, Concerto Copenhagen
Copenhague, III.2008
Dacapo

Si les récitatifs de l’évangéliste ont moins de relief que dans les Passions, les ensembles à deux ou trois voix (y compris les paroles du Christ, chantées à deux voix ou l’arioso du Jüngling im Grabe qui émaillent le récit sont extraordinaires - comme de soudains éclairs madrigalesques premier-baroque très stylisés. Et les chœurs d’introduction et de conclusion, dans une veine proche des Symphoniae Sacrae, sont somptueux.

Juste un mot sur l'interprétation: les chanteurs d'Ars Nova Copenhagen (en chœur comme en solistes) sont admirables - nets, lumineux, agiles - et les vents du Concerto Copenhagen (sacqueboutes, douçaine et cornet à bouquin) ont un grain magnifique (tout en n'étant pas envahissants dans le spectre.) Toute petite réserve sur l'accent de l'évangéliste et le côté un peu lisse des violes (l'ensemble est emmené par Hille Perl, ceci expliquant peut-être cela.)

Vous savez si on trouve mieux dans la concurrence, assez pléthorique (Jacobs / Concerto Vocale, Lasserre / Akadêmia, Haller / Chapelle Rhénane, Pierlot / Ricercar Consort, Rademann / Dresdner Kammerchor, Bernius / Kammerchor Stuttgart, Kuijken / Petite Bande)?

Dans les Passions, j'avais pas trouvé mieux, mais l'offre n'a pas le même degré de luxe chez les ensembles plus célèbres… (du coup ça n'aide pas, désolé)

Schütz : Matthäus-Passion SWV 479 (The Hilliard Ensemble).

J'adore cette passion. L'austérité, la mise en valeur des moindres nuances du texte sacré et la beauté des chœurs m'émeuvent toujours autant. Le chœur final est déchirant.

Un long-jeu sur étiquette Nonesuch c'est toujours précieux, celui-ci contient des motets tirés des 'Cantiones Sacrae'.



1 LP Nonesuch: Niedersächsischer Singkreis, Hannover, Willi Träder, 1965

Ces motets sont décrits comme suit dans cette biographie* qui se définit comme une étude, la première de cette importance consacrée, en France, au père de la musique allemande ...

1625 : Cantiones Sacrae. Motets latins à quatre voix et basse continue ad lib. ( obligato pour certaines pièces). Opus quartum (Opus ecclesiasticum primum).

* Heinrich Schütz par Roger Tellart
Musiciens de tous les temps, SEGHERS, 1968

Oh, intéressant, surtout que ce ne sont pas les plus vilains Schütz !

(et je n'avais pas vu que ça paraissait)

Benedictus a écrit:

En Playlist, Benedictus a écrit:

• David & Salomon: extr. des Psalmen Davids, des Symphoniæ sacræ I et des Cantiones sacræ
Les Cris de Paris / Geoffroy Jourdain
Paris, IV.2021
Harmonia Mundi

Très beau disque, qui propose un choix d’œuvres tirées des Psaumes (en allemand) - c'est le versant «David» - et du Cantique des Cantiques (en latin) - c’est le versant «Salomon» - et dont l’interprétation met vraiment l’accent sur l’exaltation de l’élément verbal dans l’écriture de Schütz.

DavidLeMarrec a écrit:

Oh, intéressant, surtout que ce ne sont pas les plus vilains Schütz !

(et je n'avais pas vu que ça paraissait)

Ah, ça pourrait vraiment m'intéresser!

(nouveauté)

Schütz, Gagliano, Marini, Grandi & Roland Wilson – Dafne – Werneburg, Hunger, Poplutz ; La Capella Ducale, Musica Fiata, Roland Wilson (CPO 2022) !

Si la reconstruction d’un opéra perdu peut paraître une pure opération de communication – la preuve, je me suis jeté sur ce disque alors même que je savais qu’il ne contenait pas une mesure de Dafne ! –, le projet de Roland Wilson est en réalité particulièrement stimulant.

En effet, partant de l’hypothèse (débattue) qu’il s’agissait bel et bien d’un opéra et pas d’une pièce de théâtre mêlée de numéros musicaux, il récupère les récitatifs de la Dafne de Gagliano (qui a pu servir de modèle), inclut des ritournelles de Biagio Marini, un lamento d’Alessandro Grandi (ami de Schütz), et surtout adapte des cantates sacrées de Schütz sur le livret allemand qui, lui, nous est parvenu. (Wolfgang Mitterer a même fait un opéra tout récent dessus…)

Le résultat est enthousiasmant, sans doute beaucoup plus, pensé-je, que l’original : énormément de danses très entraînantes, orchestrées avec générosité, un rapport durée / saillances infiniment plus favorable que d’ordinaire dans ce répertoire (même dans les grands Monteverdi…). Ce n’est donc probablement pas tout à fait cohérent avec le contenu de l’original, mais je suis sensible à l’argument de Wilson : c’est l’occasion d’entendre de la grande musique du temps que, sans cela, nous n’aurions probablement jamais entendue !  (Et dans un cadre dramatique cohérent, ajouté-je, ce qui ne gâche rien.)

Les deux ténors sont remarquables, l’accompagnement très vivant, et surtout le choix des pièces enthousiasmant !