Theodor Kirchner est né en 1823 et mort en 1903 en Allemagne. Il était pianiste, soliste et accompagnateur, c'est pourquoi l'essentiel de sa production est écrite pour son instrument (environ mille pièces) mais aussi quelques oeuvres de musique de chambre et des mélodies.
Très lié à Brahms, Robert et Clara Schumann, Mendelssohn, Liszt est bien d'autres, il leur dédie nombre de ses compositions - toujours saluées pour leur qualité - et transcrit pour piano ou petite formation instrumentales leurs propres oeuvres, comme le
Requiem Allemand.
Sa musique, quelque part entre Schumann et Brahms, se révèle, si l'on se penche attentivement dessus, assez personnelle. Sans d'épanchements lyriques ou vocalité à la Chopin, elle brosse toujours des tableaux aux subtiles variations de couleurs, des atmosphères nocturnes délicates ou tourmentées, jamais facile ou racoleuse. Bien sûr, tout n'est pas d'égale inspiration et l'on trouve parmi les toutes premières oeuvres (sauf exceptions) des choses assez anecdotiques, de même qu'à la fin de sa vie où l'on sent qu'il tourne en rond. Mais au milieu de sa production existent de vrais petits bijoux.
Parmi les éléments singuliers de son style on peut noter parfois, sinon de vraies nouveautés harmoniques, des dissonances nombreuses et très dramatiques ainsi qu'un emploi assez fréquent des chromatismes. Bref, des frottements délicieux qui pimentent toujours un langage relativement simple.
Son pianisme est un peu massif mais en même temps évident, sans virtuosité manifeste ni textures textures instrumentales particulièrement nouvelles.
Les treize
Préludes op. 9 sont sans doute, de ce que j'ai entendu jusqu'ici, une de ses meilleures pièce - la plus enregistrée aussi !
Ce sont les cinq préludes centraux qui retiennent le plus l'attention, pour leurs contrastes, leurs audaces, leur sel finement distillé dans des évocation fugaces. Ils m'évoquent souvent ces magnifiques dessins au fusain ou à l'encre de Victor Hugo.
Le septième prélude est véritablement superbe.
Parmi ses autres oeuvres qui valent le détour, je peux pour l'instant citer les quatre
Ideale op. 33 notamment le IIIa et IIIb, ou bien les
Nocturnes op. 87 , les
Elégies op. 37 ou certaines
Skizzen (Esquisses)
op. 11.
Tout cela est trouvable sur ces trois CD, dont je recommande d'ailleurs de dernier, qui ne rassemble que des choses intéressantes, et interprétées de façon remarquables par Irene Barbuceanu.
Et, bien entendu, de nombreuses partitions sont disponibles sur IMSLP, si jamais vous voulez y jeter un oeil... ou un doigt.