Pas encore de topic consacré à ce célèbre quatuor vocal anglais
? Leur production discographique est assez conséquente, centrée sur les musiques anciennes et contemporaines (ce qui est somme toute assez logique pour ce genre de formation) versant minimalistes / néo-tonals : Pärt, Kancheli, Tormis (entendu hier matin sur France Mu, ça a l'air pas mal !)... J'ai un album issu de leur collaboration avec le saxophoniste Jan Garbarek, une musique très éthérée à laquelle je suis assez sensible...
Je laisse les connaisseurs discuter des mérites du Hilliard, je me contenterai ici de vous présenter deux disques parus chez Harmonia Mundi qui me tiennent particulièrement à coeur :
Ce disque est consacré à la musique de divertissement anglaise telle qu'on la pratiquait dans les clubs de chant jusqu'au XIXe siècle. On y trouve essentiellement des petits poèmes galants, voire grivois - parfois élégiaques - mis en musique ou des chansons populaires (
The three ravens, par exemple) harmonisées par des compositeurs tels que Purcell, Arne, Bishop... C'est souvent une musique assez simple, mais d'une fraîcheur et d'un humour assez irrésistible : j'ai un faible pour
Sir Walter enjoying his damsel de Purcell, un canon relatant la pâmoison d'une jeune fille sous les caresses de son galant, ou encore
O who will o'er the downs so free de Robert Lucas Pearsall, délicieuse petite pièce contant les tourments d'un jeune homme s'apprêtant à partir délivrer sa fiancée, retenue captive par son père hostile à leur union.
Ici le Hilliard interprète une série de chants anglais profanes ou sacrés datés des XIIe-XIIIe siècle environ, dont le célèbre
Summer is icumen in qui serait selon certains musicologues le plus vieil exemple occidental de musique contrapunctique (
un certain type de contrepoint alors, non ? Il me semble que d'Arezzo parle déjà de mouvements contraires au XIe...). La grande majorité des pièces sont anonymes, exceptées trois qu'on attribue à Saint Godric.
Le manuscrit original de Summer is icumen in
- Spoiler:
Certaines pièces sont monodiques, donc un pas follement intéressantes, d'autres en revanche semblent vraiment dûes à l'École de Notre-Dame, on retrouve les mêmes procédés musicaux à l'oeuvre et c'est tout à fait réjouissant. D'autres morceaux enfin proposent une polyphonie bien plus naïve, mais délectable. Recommandé.