| Musique dans la littérature | |
|
+14Dadamax Alain92 Bertram Stanlea DavidLeMarrec Wolferl Pison Futé Mariefran Cololi Kiwi OYO TOHO arnaud bellemontagne Octavian ciao 18 participants |
|
Auteur | Message |
---|
ciao Mélomane averti
Nombre de messages : 468 Date d'inscription : 27/08/2010
 | Sujet: Musique dans la littérature Mar 7 Sep 2010 - 12:19 | |
|
Dernière édition par jonjon le Mar 14 Sep 2010 - 19:32, édité 1 fois |
|
 | |
Octavian Glasse les fraises

Nombre de messages : 7333 Age : 39 Localisation : Près du Vieux Port Date d'inscription : 07/05/2008
 | Sujet: Re: Musique dans la littérature Mar 7 Sep 2010 - 12:28 | |
| Je suis content de voir ce sujet naître car je m'étonnais de longue date que le topic "les plus beaux livres sur la musique" ne comporte que des ouvrages plus ou moins "techniques" et en tout cas jamais littéraires. Alors qu'il y a quand même de quoi faire.  Merci Jonjon! |
|
 | |
arnaud bellemontagne Gourou-leader

Nombre de messages : 24092 Date d'inscription : 22/01/2010
 | Sujet: Re: Musique dans la littérature Mar 7 Sep 2010 - 13:26 | |
| Je pense au Docteur Faustus de Tomas Mann avec son héros Adrian Leverkuhn, sorte d'hybride entre Schoenberg et Nietzsche. |
|
 | |
OYO TOHO Des chiffres et des Lettres

Nombre de messages : 6993 Localisation : LH Date d'inscription : 05/06/2007
 | Sujet: Re: Musique dans la littérature Mar 7 Sep 2010 - 13:29 | |
| - arnaud bellemontagne a écrit:
- Je pense au Docteur Faustus de Tomas Mann avec son héros Adrian Leverkuhn, sorte d'hybride entre Schoenberg et Nietzsche.
je ne sais pas si Nietzsche aurait apprécié les Gurrelieder Concernant le sujet, j'ai juste lu les essais de Nietzsche sur Wagner et sur la musique en général mais je n'ai jamais lu de roman qui parle de musique. |
|
 | |
arnaud bellemontagne Gourou-leader

Nombre de messages : 24092 Date d'inscription : 22/01/2010
 | Sujet: Re: Musique dans la littérature Mar 7 Sep 2010 - 13:53 | |
| Je me trompe peut-être, mais j'ai l'impression que des romans parlant de musique il n'y en a pas tant que ça par rapport au très grand nombre d'ecrivains qui se disent passionnés de musique. Peut être parce que la musique est l'art de l'ineffable par excellence. |
|
 | |
OYO TOHO Des chiffres et des Lettres

Nombre de messages : 6993 Localisation : LH Date d'inscription : 05/06/2007
 | Sujet: Re: Musique dans la littérature Mar 7 Sep 2010 - 14:01 | |
| ou parce que nos écrivains manquent de talent |
|
 | |
arnaud bellemontagne Gourou-leader

Nombre de messages : 24092 Date d'inscription : 22/01/2010
 | Sujet: Re: Musique dans la littérature Mar 7 Sep 2010 - 14:09 | |
| Ca je ne pense pas. |
|
 | |
ciao Mélomane averti
Nombre de messages : 468 Date d'inscription : 27/08/2010
 | Sujet: Re: Musique dans la littérature Mar 7 Sep 2010 - 14:12 | |
|
Dernière édition par jonjon le Mar 14 Sep 2010 - 19:33, édité 1 fois |
|
 | |
arnaud bellemontagne Gourou-leader

Nombre de messages : 24092 Date d'inscription : 22/01/2010
 | Sujet: Re: Musique dans la littérature Mar 7 Sep 2010 - 14:17 | |
| Au dela de ce fameux Jean Christophe(pas lu), il y a bien entendu l'incontournable Vinteuil (sa sonate et son septuor) de la Recherche de Proust.
Il faudrait relire de plus près, mais il me semble qu'il est pas mal question de musique dans l'Homme sans Qualités de Musil. |
|
 | |
Octavian Glasse les fraises

Nombre de messages : 7333 Age : 39 Localisation : Près du Vieux Port Date d'inscription : 07/05/2008
 | Sujet: Re: Musique dans la littérature Mar 7 Sep 2010 - 15:24 | |
| - arnaud bellemontagne a écrit:
- Je pense au Docteur Faustus de Tomas Mann avec son héros Adrian Leverkuhn, sorte d'hybride entre Schoenberg et Nietzsche.
Je me doutais que tu ne tarderais pas à le citer. J'ai essayé de le lire il y a bien des années de ça, mais je n'en suis pas venu à bout. J'étais peut-être trop jeune, mais il faut dire aussi que j'ai une relation bizarre à Thomas Mann qui m'attire et me repousse tout à la fois. Aussi je te laisse le soin ... de me redonner envie de me plonger dans ce texte.  Du même auteur, mais de proportions plus modestes, on peut aussi signaler, rapport à la musique, la nouvelle Sang réservé, bâtie sur la référence au 1er acte de Siegfried de Wagner : histoire d'un frère et d'une sœur unis par des sentiments troubles, et par un commun sentiment de supériorité, notamment vis-à-vis du bourgeois "vulgaire" que la sœur doit épouser... |
|
 | |
arnaud bellemontagne Gourou-leader

Nombre de messages : 24092 Date d'inscription : 22/01/2010
 | Sujet: Re: Musique dans la littérature Mar 7 Sep 2010 - 16:26 | |
| Toujours de Tomas Mann, il y a aussi la nouvelle Tristan inspirée d'un certain opéra de Wagner. Pour ma part, je suis plus sensible à ses fresques denses et ambitieuses ( Les Buddenbrook, La Montagne Magique, Le Docteur Faustus) qu'à un court récit comme La Mort à Venise. Concernant Le Docteur Faustus, il est vrai que le côté "je fais vous faire un grand roman à l'allemande totalisant avec pensée profonde et haute metaphysique" peut rebuter.Il n'empêche, malgré un certain didactisme un peu pesant à certains moments, l'oeuvre deborde d'idées et posséde beaucoup de souffle, même si le traitement du volet esthétique n'a pas la poésie et la sensibilité d'un Proust.
Dernière édition par arnaud bellemontagne le Mar 7 Sep 2010 - 16:34, édité 1 fois |
|
 | |
Kiwi χλωροειδές κακόν

Nombre de messages : 1967 Age : 23 Date d'inscription : 14/07/2009
 | |
 | |
Cololi chaste Col

Nombre de messages : 32595 Age : 42 Localisation : Bordeaux Date d'inscription : 10/04/2009
 | Sujet: Re: Musique dans la littérature Mar 7 Sep 2010 - 16:32 | |
| - Kiwi a écrit:
- OYO TOHO a écrit:
je ne sais pas si Nietzsche aurait apprécié les Gurrelieder Je crois que non, il tenait Carmen pour la plus grande oeuvre jamais composée. Quand j'ai appris ça j'ai su que tout était fini entre nous. Je crois qu'il ne faut pas prendre pour argent comptant celà ... C'était une forme de réaction et de défense au venin wagnérien. _________________ Car l'impuissance aime refléter son néant dans la souffrance d'autrui - Georges Bernanos (Sous le Soleil de Satan)
|
|
 | |
Kiwi χλωροειδές κακόν

Nombre de messages : 1967 Age : 23 Date d'inscription : 14/07/2009
 | Sujet: Re: Musique dans la littérature Mar 7 Sep 2010 - 16:35 | |
| Si je juge que ce que tu affirmes est la conséquence d'une expérience conflictuelle ou désagréable je ne dois pas prendre ton avis pour argent comptant ? |
|
 | |
Cololi chaste Col

Nombre de messages : 32595 Age : 42 Localisation : Bordeaux Date d'inscription : 10/04/2009
 | Sujet: Re: Musique dans la littérature Mar 7 Sep 2010 - 16:46 | |
| - Kiwi a écrit:
- Si je juge que ce que tu affirmes est la conséquence d'une expérience conflictuelle ou désagréable je ne dois pas prendre ton avis pour argent comptant ?
Je prétend pas détenir la vérité sur le sujet, mais le Cas Wagner me laisse sur cette idée. _________________ Car l'impuissance aime refléter son néant dans la souffrance d'autrui - Georges Bernanos (Sous le Soleil de Satan)
|
|
 | |
Kiwi χλωροειδές κακόν

Nombre de messages : 1967 Age : 23 Date d'inscription : 14/07/2009
 | Sujet: Re: Musique dans la littérature Mar 7 Sep 2010 - 17:30 | |
| Ah le fameux Cas Wagner, certes, mais les développements sur Bizet ont une réelle consistance esthétique et sont parfaitement en accord avec la philosophie du bonhomme et son amour du "Sud", d'autant plus qu'il confesse dans Ecce Homo être en train de vivre une modification soudaine et brutale de son goût, "surtout en musique", et que l'écriture de Zarathoustra présupposait pour lui quelque chose comme une "renaissance de l'écoute". Si Carmen ne remplit a priori pas les conditions pour valoir comme idéal musical nietzschéen, ça reste, à son goût, l'expression la plus aboutie de la musique du "Sud" et à ce titre, on peut difficilement interpréter son amour pour Bizet comme une pointe adressée à Wagner. Par contre, on peut se demander, si lui qui aimait tant la langue (il était philologue de formation, excellent de surcroît) à vraiment aimé Carmen, parce que tout porte à croire qu'il ne l'a jamais vu/écouté qu'en italien. |
|
 | |
arnaud bellemontagne Gourou-leader

Nombre de messages : 24092 Date d'inscription : 22/01/2010
 | Sujet: Re: Musique dans la littérature Mar 7 Sep 2010 - 17:33 | |
| D'accord avec Cololi:la "legerté" de Carmen comme antidote à l'esthétique wagnerienne fait un peu office de posture de l'economie de Nietzsche. D'ailleurs malgré ses critiques, il reste un très grand admirateur de Wagner (qu'il qualifie de "miniaturiste génial"..cf son admiration eperdue pour Parsifal). |
|
 | |
Kiwi χλωροειδές κακόν

Nombre de messages : 1967 Age : 23 Date d'inscription : 14/07/2009
 | Sujet: Re: Musique dans la littérature Mar 7 Sep 2010 - 17:42 | |
| Ce n'est vraiment pas ce que laisse entendre sa correspondance avec Peter Gast ... |
|
 | |
Mariefran Mélomane nécrophile

Nombre de messages : 14259 Age : 61 Localisation : Lille Date d'inscription : 25/02/2008
 | Sujet: Re: Musique dans la littérature Mar 7 Sep 2010 - 17:51 | |
| Nancy Huston a pas mal écrit autour de la musique. J'avais beaucoup aimé un petit livre, Prodige, sur les rapports d'une famille avec le piano. Je ne peux en dire plus, ne voulant dévoiler l'histoire de la petite prodige mais j'en conseille la lecture à tous les pianophiles. |
|
 | |
Pison Futé patate power

Nombre de messages : 27496 Age : 31 Localisation : CAEN, la meilleure ville de toute la Normandie. Date d'inscription : 23/03/2008
 | Sujet: Re: Musique dans la littérature Mar 7 Sep 2010 - 19:54 | |
| Bon, c'est loin d'être un bouquin sur la musique, mais du moins, ça nous éclaire sur la place de l'opéra au XIXième. Et cette oeuvre, c'est le Père Goriot. Enfin, une scène plus précisément : c'est lorsque Rastignac sort, accompagné d'Anastasie de Restaud, et assiste à une représentation du Barbier de Séville de Rossini. Ce qui est intéressant, c'est que justement, on ne sait strictement rien de cette représentation (si ce n'est quelques pages après où elle y est vaguement mentionnée). En effet, on voit les aristocrates, les parvenus jouer un jeu du "m'as-tu vu" avec les lorgnettes, on assiste aux discussions, aux galanteries mondaines, sur un fond de musique italienne. C'est évidemment une fresque avant tout sociale et non musicale, mais comme je l'ai dit, ce n'est pas dénué d'intérêt.
Dernière édition par Elvira le Mar 7 Sep 2010 - 21:31, édité 1 fois |
|
 | |
ciao Mélomane averti
Nombre de messages : 468 Date d'inscription : 27/08/2010
 | Sujet: Re: Musique dans la littérature Mar 7 Sep 2010 - 20:02 | |
|
Dernière édition par jonjon le Mar 14 Sep 2010 - 19:33, édité 1 fois |
|
 | |
Wolferl Lapinophobe

Nombre de messages : 13311 Age : 32 Localisation : Paris Date d'inscription : 27/06/2006
 | Sujet: Re: Musique dans la littérature Mar 7 Sep 2010 - 20:43 | |
| Ah oui, et je me souviens aussi du long récit d'une représentation de Robert le Diable, ainsi qu'un débat sur Rossini et Weber dans Gambara de Balzac. |
|
 | |
DavidLeMarrec Mélomane inépuisable

Nombre de messages : 95611 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
 | Sujet: Re: Musique dans la littérature Mar 7 Sep 2010 - 21:23 | |
| On pourrait faire le même fil pour le cinéma. Ah oui, c'est très court ça, Elvira ! Même chose pour la Lucia de Lammermoor (totalement prétexte !) de Madame Bovary. Opéra présent aussi dans Anna Karénine, d'ailleurs (et ça ne m'a pas spécialement impressionné...). Il y a bien sûr le cas très évident du Don Juan de Hoffmann, dont c'est quand même le coeur du propos. Et puis une très belle scène au début de Bruges-la-Morte de Rodenbach, lorsque Hugues (qui devient Paul chez Korngold) assiste à Robert Le Diable où il découvre sous la figure d'une danseuse de nonne damnée les traits (puis la voix !) de la défunte épouse dont il est inconsolable. Et puis, assez proche, il y a bien sûr la fascination tragique pour la figure de l'actrice dans le Portrait de Dorian Gray (mais c'est du Shakespeare qui est joué). Chez les poètes, les Festes Galantes de Verlaine sont bien sûr incontournables. Edit : Je vois que je converge grandement avec Jonjon et Wolferl. |
|
 | |
Stanlea Mélomane chevronné

Nombre de messages : 5569 Age : 64 Localisation : Fly me to the moon Date d'inscription : 22/02/2008
 | Sujet: Re: Musique dans la littérature Mar 7 Sep 2010 - 21:32 | |
| Il y a une nouvelle de Jules Verne assez terrible que je vous laisse découvrir ici :
http://jv.gilead.org.il/feghali/e-lib/re-dieze.html |
|
 | |
OYO TOHO Des chiffres et des Lettres

Nombre de messages : 6993 Localisation : LH Date d'inscription : 05/06/2007
 | Sujet: Re: Musique dans la littérature Mar 7 Sep 2010 - 21:34 | |
| - arnaud bellemontagne a écrit:
- D'accord avec Cololi:la "legerté" de Carmen comme antidote à l'esthétique wagnerienne fait un peu office de posture de l'economie de Nietzsche.
D'ailleurs malgré ses critiques, il reste un très grand admirateur de Wagner (qu'il qualifie de "miniaturiste génial"..cf son admiration eperdue pour Parsifal). tu devrais lire "le cas Wagner" : il dit qu'il n'y a aucune mélodie dans Parsifal et que Wagner trouve la mélodie immorale. Par contre, effectivement, il admire Wagner qui est allé très loin dans son art. Mais Nietzsche s'est braqué contre les allemands et leur lourdeur pour leur préférer la légèreté des français et des italiens. Aussi il n'aimait pas tout ce qui était brumeux et préférait le ciel bleu limpide et le franc soleil. Sinon, je dois avoir la mémoire courte mais je n'ai aucun souvenir qu'on parlait de musique dans Anna Karénine |
|
 | |
arnaud bellemontagne Gourou-leader

Nombre de messages : 24092 Date d'inscription : 22/01/2010
 | Sujet: Re: Musique dans la littérature Mar 7 Sep 2010 - 21:42 | |
| - OYO TOHO a écrit:
- arnaud bellemontagne a écrit:
- D'accord avec Cololi:la "legerté" de Carmen comme antidote à l'esthétique wagnerienne fait un peu office de posture de l'economie de Nietzsche.
D'ailleurs malgré ses critiques, il reste un très grand admirateur de Wagner (qu'il qualifie de "miniaturiste génial"..cf son admiration eperdue pour Parsifal). tu devrais lire "le cas Wagner" : il dit qu'il n'y a aucune mélodie dans Parsifal et que Wagner trouve la mélodie immorale. Je l'ai lu et il y fait bien mention de son admiration eperdue pour Parsifal. |
|
 | |
Kiwi χλωροειδές κακόν

Nombre de messages : 1967 Age : 23 Date d'inscription : 14/07/2009
 | Sujet: Re: Musique dans la littérature Mar 7 Sep 2010 - 21:49 | |
| Je crois aussi, pour l'avoir dans les mains en ce moment même. |
|
 | |
OYO TOHO Des chiffres et des Lettres

Nombre de messages : 6993 Localisation : LH Date d'inscription : 05/06/2007
 | Sujet: Re: Musique dans la littérature Mar 7 Sep 2010 - 21:51 | |
| mais ce que je dis est vrai aussi, non ? |
|
 | |
DavidLeMarrec Mélomane inépuisable

Nombre de messages : 95611 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
 | Sujet: Re: Musique dans la littérature Mar 7 Sep 2010 - 21:56 | |
| - OYO TOHO a écrit:
- Sinon, je dois avoir la mémoire courte mais je n'ai aucun souvenir qu'on parlait de musique dans Anna Karénine
Ca ne m'a pas beaucoup impressionné non plus. Vronsky parle d'opéra furtivement en II,4 et II,6, Alexis Alexandrovith se rend à l'Opéra-Italien en IV,4, et en VII,6 c'est de La Lucca et non de Lucia qu'il est question (d'où sans doute une confusion). Le seul passage significatif se situe en V,23... mais il n'y est absolument pas question de musique. - Spoiler:
« C’est aujourd’hui le 4e abonnement : mon frère y sera avec sa femme, avec ma mère probablement, c’est-à-dire tout Pétersbourg ! elle entre en ce moment, ôte sa fourrure, et la voilà devant tout le monde ! Toushkewitch, Yavshine, la princesse Barbe ! Eh bien, et moi ? ai-je peur ? ou ai-je donné à Toushkewitch le droit de la protéger ? De quelque façon qu’on s’y prenne, c’est absurde, c’est absurde ! Et pourquoi me met-elle dans cette sotte position ? » dit-il avec un geste désolé. Ce mouvement accrocha le guéridon sur lequel était posé le plateau avec le cognac et l’eau de Seltz, et faillit le faire tomber ; Wronsky, en voulant le rattraper, le renversa complètement : il sonna et donna un coup de pied à la table.
« Si tu veux rester chez moi, n’oublie pas ton service, dit-il au valet de chambre qui parut ; que ceci n’arrive plus, pourquoi n’es-tu pas venu emporter cela ? »
Le valet de chambre, se sentant innocent, voulut se justifier, mais un coup d’œil sur son maître lui prouva qu’il valait mieux se taire ; et, s’excusant bien vite, il s’agenouilla sur le tapis pour relever les débris des verres et des carafes.
« Ce n’est pas ton affaire, appelle un garçon, et prépare mon habit. » Il sonna, fit apporter son habit, et à neuf heures et demie il entrait à l’Opéra. Le spectacle était commencé.
Le « Kapelldiener » ôta à Wronsky sa pelisse, et, en le reconnaissant, l’appela « Votre Excellence ».
Le corridor était vide, sauf deux valets de pied tenant des fourrures et écoutant aux portes ; on entendait l’orchestre accompagnant avec soin une voix de femme : la porte s’entr’ouvrit pour donner passage à un autre Kapelldiener chargé de placer les spectateurs, et la phrase chantée frappa l’oreille de Wronsky. Il ne put entendre la fin, la porte s’étant refermée, mais, aux applaudissements qui suivirent, il comprit que la cadence était terminée.
Les bravos duraient encore quand il pénétra dans la salle, brillamment éclairée ; sur la scène, la cantatrice, décolletée et couverte de diamants, saluait en souriant, et se penchait pour ramasser, avec l’aide du ténor qui lui donnait la main, de nombreux bouquets.
Un monsieur admirablement pommadé lui tendait un écrin en allongeant ses bras, et le public entier, loges et parterre, criait, applaudissait et se levait pour mieux voir. Wronsky s’avança au milieu du parterre, s’arrêta et examina le public, moins soucieux que jamais de la scène, du bruit et de tout ce troupeau de spectateurs entassé dans la salle.
C’étaient les mêmes dames dans les loges avec les mêmes officiers derrière elles, les mêmes femmes multicolores, les mêmes uniformes et les mêmes habits noirs ; au paradis, la même foule malpropre ; et dans toute cette salle comble une quarantaine de personnes, hommes et femmes, représentaient seules le monde. L’attention de Wronsky se porta sur ces oasis.
L’acte venait de finir ; Wronsky s’avança vers les premiers rangs de fauteuils, et s’arrêta près de la rampe à côté de Serpouhowskoï qui, l’ayant aperçu de loin, l’appelait d’un sourire.
Wronsky n’avait pas encore vu Anna et ne la cherchait pas, mais, à la direction que prenaient les regards, il se douta de l’endroit où elle se trouvait. Il craignait pis encore, et tremblait d’apercevoir Karénine ; heureusement celui-ci ne vint pas au théâtre ce jour-là.
« Comme tu es reste peu militaire, lui dit Serpouhowskoï ; on dirait un diplomate, un artiste…
– Oui, en rentrant à la maison j’ai endossé l’habit, répondit Wronsky souriant et prenant lentement sa lorgnette.
– C’est en quoi je t’envie ; quand je rentre en Russie, je t’avoue que je remets ceci à regret, dit-il en touchant ses aiguillettes. Je pleure ma liberté. »
Serpouhowskoï avait depuis longtemps renoncé à pousser Wronsky dans la carrière militaire, mais il l’aimait toujours, et se montra particulièrement aimable pour lui ce soir-là.
« Il est fâcheux que tu aies manqué le premier acte. »
Wronsky examina avec sa lorgnette les baignoires et le premier rang ; tout à coup la tête d’Anna lui apparut, fière et d’une beauté frappante, dans son cadre de dentelles, auprès d’une dame à turban et d’un vieillard chauve et clignant des yeux ; Anna occupait la cinquième baignoire, à vingt pas de lui ; assise sur le devant de la loge, elle causait avec Yavshine en se détournant un peu. L’attache de sa nuque avec ses belles et opulentes épaules, le rayonnement contenu de ses yeux et de son visage, tout la lui rappelait telle qu’il l’avait vue, jadis, au bal de Moscou. Mais les sentiments que lui inspirait sa beauté n’étaient plus les mêmes : ils n’avaient rien de mystérieux ; aussi, tout en subissant son charme plus vivement encore, se sentait-il presque froissé de la voir si belle ; il ne douta pas qu’elle ne l’eût aperçu, quoiqu’elle ne le fit pas paraître.
Lorsque au bout d’un instant Wronsky dirigea de nouveau sa lorgnette vers la loge, il vit la princesse Barbe, très rouge, rire d’un air forcé en regardant fréquemment la baignoire voisine ; Anna, frappant de son éventail fermé le rebord de la toge, regardait au loin, avec l’intention évidente de ne pas remarquer ce qui se passait à côté d’elle. Quant à Yavshine, son visage exprimait les mêmes impressions qu’en perdant au jeu ; il ramenait de plus en plus sa moustache gauche dans la bouche, fronçait le sourcil, et regardait de travers dans la loge voisine.
Dans cette loge se trouvaient les Kartasof, que Wronsky connaissait, et avec lesquels Anna avait aussi été en relations ; Mme Kartasof, une petite femme maigre, était debout, tournant le dos à Anna, et mettait une sortie de bal que lui tendait son mari ; son visage était pâle, mécontent ; elle semblait parler avec agitation ; le mari, un gros monsieur chauve, jetait des regards sur Anna, en faisant de son mieux pour calmer sa femme.
Quand celle-ci eut quitté la loge, le mari s’y attarda, cherchant à rencontrer le regard d’Anna pour la saluer, mais elle ne voulut pas le remarquer et se pencha en arrière, s’adressant à la tête rasée de Yavshine courbé vers elle. Kartasof sortit sans avoir salué, et la loge resta vide.
Wronsky ne comprit rien à cette petite scène, mais se rendit parfaitement compte qu’Anna venait d’être humiliée ; il vit, à l’expression de son visage, qu’elle rassemblait ses dernières forces pour soutenir son rôle jusqu’au bout, et pour garder l’apparence du calme le plus absolu. Ceux qui ignoraient son histoire, qui ne pouvaient entendre les expressions indignées de ses anciennes amies sur cette audace à paraître ainsi, dans tout l’éclat de sa beauté et de sa parure, n’auraient pu soupçonner que cette femme passait par les mêmes impressions de honte qu’un malfaiteur au poteau d’infamie.
Vivement troublé, Wronsky se rendit dans la loge de son frère, avec l’espoir d’y recueillir quelques détails. Il traversa avec intention le parterre du côté opposé à la loge d’Anna, et se heurta en sortant à son ancien colonel, qui causait avec deux personnes. Wronsky entendit prononcer le nom de Karénine, et remarqua la hâte du colonel à l’appeler à haute voix de son nom, en regardant significativement ses interlocuteurs.
« Ah ! Wronsky ! Quand te verrons-nous au régiment ? nous ne te ferons pas grâce d’un banquet. Tu es à nous jusqu’au bout des ongles, toi, dit le colonel.
– Je n’en aurai pas le temps cette fois, je le regrette vivement », répondit Wronsky, montant rapidement l’escalier qui conduisait à la loge de son frère.
La vieille comtesse sa mère était dans la loge, avec ses petites boucles d’acier. Waria et la jeune princesse Sarokine se promenaient dans le corridor ; en apercevant son beau-frère, Waria reconduisit sa compagne auprès de sa mère et, prenant le bras de Wronsky, entama le sujet qui l’intéressait, avec une émotion qu’il avait rarement remarquée en elle.
|
|
 | |
Bertram Mélomaniaque

Nombre de messages : 1722 Age : 42 Localisation : Paris Date d'inscription : 11/04/2009
 | Sujet: Re: Musique dans la littérature Mar 7 Sep 2010 - 21:57 | |
| J'avais commencé à lire Gertrude, un court roman de Hesse, parce que, selon la 4e de couv, ça parlait de Wolf. En fait ça m'a assez vite ennuyé, je le finirai sans doute un jour. Il y a un personnage de chanteur écrasant bien campé, mais les descriptions des pièces composées par le héros (des lieder) n'étaient pas fascinantes.
Il y a dans la superbe nouvelle dont je tire ma signature, de Pieyre de Mandiargues, une description d'un ténor chantant Otello. |
|
 | |
DavidLeMarrec Mélomane inépuisable

Nombre de messages : 95611 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
 | Sujet: Re: Musique dans la littérature Mar 7 Sep 2010 - 21:59 | |
| - Bertram a écrit:
- pièces composées par le héros (des lieder)
Si tu espérais des symphonies en cinq mouvement, on t'a menti. - Citation :
- Il y a dans la superbe nouvelle dont je tire ma signature, de Pieyre de Mandiargues, une description d'un ténor chantant Otello.
HS. |
|
 | |
Kiwi χλωροειδές κακόν

Nombre de messages : 1967 Age : 23 Date d'inscription : 14/07/2009
 | Sujet: Re: Musique dans la littérature Mar 7 Sep 2010 - 21:59 | |
| - OYO TOHO a écrit:
- mais ce que je dis est vrai aussi, non ?
Oui, il dit effectivement que, pour Wagner, l'absence de mélodie "sanctifiait"  . Nietzsche est plus ambigu: pour lui Parsifal « c’est l’asphyxie par le rabâchage de toutes les absurdités morales et religieuses. » |
|
 | |
Mariefran Mélomane nécrophile

Nombre de messages : 14259 Age : 61 Localisation : Lille Date d'inscription : 25/02/2008
 | Sujet: Re: Musique dans la littérature Mar 7 Sep 2010 - 22:03 | |
| Même chose chez Stendhal… Lucien Leuwen passe sa vie à l'Opéra mais c'est en général pour papoter… A croire d'ailleurs que l'opéra n'était qu'un lieu social au XIX°… En revanche, dans le même roman, il y a une scène champêtre au son d'airs des Nozze, assez amusante puisqu'elle permet à Lucien d'avancer beaucoup dans ses amours avec Mme de Chasteller. |
|
 | |
OYO TOHO Des chiffres et des Lettres

Nombre de messages : 6993 Localisation : LH Date d'inscription : 05/06/2007
 | Sujet: Re: Musique dans la littérature Mar 7 Sep 2010 - 22:03 | |
| @ David
j'aime tellement la littérature russe, à la fois subtile et violente, latine et rugueuse.
Mais c'est vrai qu'ils parlent vraiment peu de musique dans la littérature, c'est impressionnant ! Ton extrait est représentatif : les héros ne vont à l'opéra que pour observer ou rencontrer la société. Et pourtant la musique russe est à l'image de leur littérature...
Dernière édition par OYO TOHO le Mar 7 Sep 2010 - 22:06, édité 2 fois |
|
 | |
Bertram Mélomaniaque

Nombre de messages : 1722 Age : 42 Localisation : Paris Date d'inscription : 11/04/2009
 | Sujet: Re: Musique dans la littérature Mar 7 Sep 2010 - 22:06 | |
| - DavidLeMarrec a écrit:
- Bertram a écrit:
- pièces composées par le héros (des lieder)
Si tu espérais des symphonies en cinq mouvement, on t'a menti.  c'est juste que décrire un lied en disant, " je fus emporté par une inspiration formidable et j'y mis toute ma douleur...", c'est un peu court. - Citation :
-
- Citation :
- Il y a dans la superbe nouvelle dont je tire ma signature, de Pieyre de Mandiargues, une description d'un ténor chantant Otello.
HS. Quoi donc ? c'est pas de la littérature ? ou alors on bannit la littérature glottophile ? |
|
 | |
DavidLeMarrec Mélomane inépuisable

Nombre de messages : 95611 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
 | Sujet: Re: Musique dans la littérature Mar 7 Sep 2010 - 22:16 | |
| - Bertram a écrit:
- DavidLeMarrec a écrit:
- Bertram a écrit:
- pièces composées par le héros (des lieder)
Si tu espérais des symphonies en cinq mouvement, on t'a menti.
c'est juste que décrire un lied en disant, " je fus emporté par une inspiration formidable et j'y mis toute ma douleur...", c'est un peu court. J'opine gravement du chef. Ah non, c'est un peu court jeune homme ![Tirade suit.] - Citation :
-
- Citation :
- Il y a dans la superbe nouvelle dont je tire ma signature, de Pieyre de Mandiargues, une description d'un ténor chantant Otello.
HS. Quoi donc ? c'est pas de la littérature ? ou alors on bannit la littérature glottophile ?[/quote] Le problème se situe de l'autre côté, on est censé parler de musique, pas de beuglards dans des opéraillons italianisants. Juste un test pour voir qui lit le fil. |
|
 | |
DavidLeMarrec Mélomane inépuisable

Nombre de messages : 95611 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
 | Sujet: Re: Musique dans la littérature Mar 7 Sep 2010 - 22:18 | |
| - OYO TOHO a écrit:
- @ David
j'aime tellement la littérature russe, à la fois subtile et violente, latine et rugueuse.
Mais c'est vrai qu'ils parlent vraiment peu de musique dans la littérature, c'est impressionnant ! Ton extrait est représentatif : les héros ne vont à l'opéra que pour observer ou rencontrer la société. Et pourtant la musique russe est à l'image de leur littérature... L'Opéra, en même temps, était un lieu privilégié de socialisation pour la haute société, c'est donc normal . Je n'ai pas cité non plus La double méprise de Mérimée, où un muguet essaie de séduire la vertueuse (pour l'instant - c'est jamais qu'une femme) Julie de Chaverny dans la loge, tandis que le mari d'icelle leur présente... sa maîtresse. |
|
 | |
arnaud bellemontagne Gourou-leader

Nombre de messages : 24092 Date d'inscription : 22/01/2010
 | Sujet: Re: Musique dans la littérature Mar 7 Sep 2010 - 22:21 | |
| - DavidLeMarrec a écrit:
- OYO TOHO a écrit:
- @ David
j'aime tellement la littérature russe, à la fois subtile et violente, latine et rugueuse.
Mais c'est vrai qu'ils parlent vraiment peu de musique dans la littérature, c'est impressionnant ! Ton extrait est représentatif : les héros ne vont à l'opéra que pour observer ou rencontrer la société. Et pourtant la musique russe est à l'image de leur littérature... L'Opéra, en même temps, était un lieu privilégié de socialisation pour la haute société, c'est donc normal .
Ca confirme un peu ce que je disais plus haut:finalement des romans qui parlent de musique, il n'y en a pas tant que ça. |
|
 | |
DavidLeMarrec Mélomane inépuisable

Nombre de messages : 95611 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
 | Sujet: Re: Musique dans la littérature Mar 7 Sep 2010 - 22:27 | |
| C'est vrai. A plus forte raison quand on parle d'Opéra, qui n'est un lieu de musique que depuis assez peu de temps - beaucoup plus accessoirisé que le concert. |
|
 | |
Bertram Mélomaniaque

Nombre de messages : 1722 Age : 42 Localisation : Paris Date d'inscription : 11/04/2009
 | Sujet: Re: Musique dans la littérature Mar 7 Sep 2010 - 22:32 | |
| Dans le genre, je rappelle, mais c'est très connu, la description fabuleuse de l'Opéra comme une grotte sous-marine, au début du Côté de Guermantes. voici : - Spoiler:
Mais, dans les autres baignoires, presque partout, les blanches déités qui habitaient ces sombres séjours s’étaient réfugiées contre les parois obscures et restaient invisibles. Cependant, au fur et à mesure que le spectacle s’avançait, leurs formes vaguement humaines se détachaient mollement l’une après l’autre des profondeurs de la nuit qu’elles tapissaient et, s’élevant vers le jour, laissaient émerger leurs corps demi-nus, et venaient s’arrêter à la limite verticale et à la surface clair-obscur où leurs brillants visages apparaissaient derrière le déferlement rieur, écumeux et léger de leurs éventails de plumes, sous leurs chevelures de pourpre emmêlées de perles que semblait avoir courbées l’ondulation du flux; après commençaient les fauteuils d’orchestre, le séjour des mortels à jamais séparé du sombre et transparent royaume auquel ça et là servaient de frontière, dans leur surface liquide et pleine, les yeux limpides et réfléchissant des déesses des eaux. Car les strapontins du rivage, les formes des monstres de l’orchestre se peignaient dans ces yeux suivant les seules lois de l’optique et selon leur angle d’incidence, comme il arrive pour ces deux parties de la réalité extérieure auxquelles, sachant qu’elles ne possèdent pas, si rudimentaire soit-elle, d’âme analogue à la nôtre, nous nous jugerions insensés d’adresser un sourire ou un regard: les minéraux et les personnes avec qui nous ne sommes pas en relations. En deçà, au contraire, de la limite de leur domaine, les radieuses filles de la mer se retournaient à tout moment en souriant vers des tritons barbus pendus aux anfractuosités de l’abîme, ou vers quelque demi-dieu aquatique ayant pour crâne un galet poli sur lequel le flot avait ramené une algue lisse et pour regard un disque en cristal de roche. Elles se penchaient vers eux, elles leur offraient des bonbons; parfois le flot s’entr’ouvrait devant une nouvelle néréide qui, tardive, souriante et confuse, venait de s’épanouir du fond de l’ombre; puis l’acte fini, n’espérant plus entendre les rumeurs mélodieuses de la terre qui les avaient attirées à la surface, plongeant toutes à la fois, les diverses soeurs disparaissaient dans la nuit. Mais de toutes ces retraites au seuil desquelles le souci léger d’apercevoir les oeuvres des hommes amenait les déesses curieuses, qui ne se laissent pas approcher, la plus célèbre était le bloc de demi-obscurité connu sous le nom de baignoire de la princesse de Guermantes.
|
|
 | |
Alain92 Mélomane averti

Nombre de messages : 354 Localisation : montrouge Date d'inscription : 12/06/2010
 | Sujet: Re: Musique dans la littérature Jeu 9 Sep 2010 - 15:39 | |
| L'écrivain et encyclopédiste Marmontel, secrétaire perpétuel de l' Académie, raconte dans ses mémoires comment il aidait Piccinni à composer un opéra sur un livret en français, alors qu'il parlait mal notre langue. Il s'agissait, dans la querelle, de gagner le match contre Gluck, qui, lui, avait déjà semble t-il la connaissance de la langue française, très pratiquée dans l'élite allemande comme on sait. Rousseau, parle aussi beaucoup musique dans son oeuvre et prend parti avec fracas contre la musique française et pour l'italie, dans une autre querelle sur la musique, la querelle des Bouffons de 1752. Il s'agit en fait, à travers Rameau, de mettre en cause le pouvoir royal. La musique est un prétexte. Il y a aussi Casanova qui dans ses remarquables mémoires, "histoire de ma vie", raconte ses liens étroits avec certaines chanteuses et danseuses et relate sa présence à l'opéra où il peut rencontrer des personnalités. Casanova raconte aussi ses entretiens avec Farinelli à Bologne. |
|
 | |
DavidLeMarrec Mélomane inépuisable

Nombre de messages : 95611 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
 | Sujet: Re: Musique dans la littérature Jeu 9 Sep 2010 - 17:38 | |
| Marmontel a d'ailleurs plus tard été librettiste. Et la prosodie de l'Iphigénie de Piccinni vaut bien celle de Gluck, donc le travail a été fructueux. |
|
 | |
Alain92 Mélomane averti

Nombre de messages : 354 Localisation : montrouge Date d'inscription : 12/06/2010
 | Sujet: Re: Musique dans la littérature Jeu 9 Sep 2010 - 18:21 | |
| Marmontel, qui a écrit des livrets pour Rameau au début de sa carrière, parle également dans ses mémoires du jeune Grétry, qu'il contribua à lancer dans les années 1760-70, en lui fournissant des livrets, Voltaire, homme très intéressé par l'opéra, lui ayant également apporté de l'aide. Plusieurs opéras de cette époque sont composés à partir d'oeuvres de Voltaire. Marmontel alimente aussi en livrets Méhul et Cherubini. |
|
 | |
DavidLeMarrec Mélomane inépuisable

Nombre de messages : 95611 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
 | Sujet: Re: Musique dans la littérature Jeu 9 Sep 2010 - 18:23 | |
| Scène 3 L’Aurore, Céphale.
L’AURORE Jeune chasseur, au fond des bois, N’avez-vous pas vu mes compagnes ?
CÉPHALE Non, depuis que l’Aurore a doré les montagnes, Je chasse, et je n’entends ni le cor, ni la voix. Mais, une nymphe si belle, Dans les bois s’expose-t-elle, Sans javelot, ni carquois ?
L’AURORE Hélas ! si vous êtes sensible, Mon malheur va vous affliger.
CÉPHALE Parlez ; de l’adoucir que ne m’est-il possible !
L’AURORE Un dieu qui me poursuit me fait tout négliger.
CÉPHALE Un dieu ?
L’AURORE Le plus puissant, et le seul invincible.
CÉPHALE Jupiter ?
L’AURORE Jupiter obéit à ses lois.
CÉPHALE Ah ! C’est l’amour.
L’AURORE Jugez du trouble où je me vois. |
|
 | |
Alain92 Mélomane averti

Nombre de messages : 354 Localisation : montrouge Date d'inscription : 12/06/2010
 | Sujet: Re: Musique dans la littérature Jeu 9 Sep 2010 - 19:26 | |
| Superbe. Les écrivains du 18è siècle se sont passionnés pour la musique. Un autre exemple avec Diderot qui commente beaucoup le role de la musique dans la société. Notamment dans le neveu de Rameau. Mais là je suis ignorant quand discours musical de Diderot, sauf que je sais qu'il était lui pour la musique française contrairement à Rousseau. Il me semble aussi me souvenir que Diderot pensait comme Platon que la musique était essentielle pour le bien de la cité et qu'elle tenait pour cette raison une grande place dans l'éducation des jeunes gens. |
|
 | |
DavidLeMarrec Mélomane inépuisable

Nombre de messages : 95611 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
 | Sujet: Re: Musique dans la littérature Jeu 9 Sep 2010 - 20:37 | |
| - Alain92 a écrit:
- Superbe.
Le son et l'image se trouvent ici. - Citation :
- Mais là je suis ignorant quand discours musical de Diderot, sauf que je sais qu'il était lui pour la musique française contrairement à Rousseau.
Au contraire, il appartenait lui aussi au Coin de la Reine. Les hommes de lettres de ce temps avaient de toute façon un goût musical qui laisse perplexe, puisque tous les plus célèbres semblent totalement insensibles à la tragédie lyrique, pourtant beaucoup plus littéraire que ce qui se produit alors en Italie... |
|
 | |
Alain92 Mélomane averti

Nombre de messages : 354 Localisation : montrouge Date d'inscription : 12/06/2010
 | Sujet: Re: Musique dans la littérature Dim 12 Sep 2010 - 17:11 | |
| Pour Diderot, il semble qu'il ait été partagé à la fin de sa vie car un connaisseur de la querelle en parlait sur une radio, d'où mon propos. Mais je connais mal Diderot. Un autre homme de littérature passionné par la musique et par l'opéra en particulier, le grand Goethe. Ayant vu don Giovanni, celui de Mozart, très impressionné, il dira qu'il aurait aimé que Mozart s'il avait vécu plus longtemps, traite son cher Faust, l'oeuvre de sa vie. Lui seul aurait pu. Goethe se transformera à Weimar, en entrepreneur d'opéras et il mettre en scène la Flute enchantée, le 1er grand opéra allemand, qu'il admirait aussi. Goethe aime aussi la musique populaire et il évoque le moment privilégié d'une fête populaire dans " les affinités électives". Le film éponyme montre cette fête d'une manière remarquable. Un moment de grace, les danses paysannes en sabot. |
|
 | |
DavidLeMarrec Mélomane inépuisable

Nombre de messages : 95611 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
 | Sujet: Re: Musique dans la littérature Dim 12 Sep 2010 - 17:27 | |
| Pour Goethe, il y a aussi la fameuse énigme Schubert, auquel il n'aurait jamais répondu. Certains ont émis l'hypothèse qu'il l'aurait pris pour son homonyme de Dresde. Et il adorait Zelter, qui n'est pas mauvais bougre musical. |
|
 | |
Alain92 Mélomane averti

Nombre de messages : 354 Localisation : montrouge Date d'inscription : 12/06/2010
 | Sujet: Re: Musique dans la littérature Mar 14 Sep 2010 - 15:26 | |
| Stendhal dont il a été parlé était un amateur de musique et un passionné d' opéra auquel il s'est rendu toute sa vie, spécialement en Italie. Il a dit avoir vu 250 fois le Mariage Secret de Cimarosa, son oeuvre préférée. il a publié des vies de Haydn, Mozart, Metastase, Rossini, plagiant ajoute t-on souvent Carpini pour les trois premiers et faisant beaucoup d'erreurs pour Rossini qu'il aimait aussi. Ses gouts le portaient vers Cimarosa, Paisiello, Mozart et Rossini mais aussi d'autres compositeurs. Stendhal était un grand amateur d'art en général et pas seulement de musique. Il parle abondamment musique dans sa correspondance et dans Rome, Naples et Florence. L'opéra était une partie essentielle de sa vie. |
|
 | |
Alain92 Mélomane averti

Nombre de messages : 354 Localisation : montrouge Date d'inscription : 12/06/2010
 | Sujet: Re: Musique dans la littérature Dim 19 Sep 2010 - 19:18 | |
| Nietzsche n'était pas seulement philosophe et poète mais aussi musicien, il jouait du piano et composait. il existe un CD comportant ses oeuvres. Pas génial. La musique occupe une place centrale dans ses théories, avec le théatre. Elle est un accès à la vie, cette vie qui est l'essentiel de sa profession de foi. Sur la fin de sa vie, quand il accuse Wagner de rechercher le spectaculaire et l'effet et d'avoir abandonné la mélodie, il se tourne vers l'opérette française, qu'il adore et voit en abondance dans le midi. Un autre homme de littérature jouant d'un instrument: Casanova qui joue du violon pour gagner de l'argent quand il est dans le besoin. Il a appris à Venise et avait le niveau d'un professionnel. |
|
 | |
Contenu sponsorisé
 | Sujet: Re: Musique dans la littérature  | |
| |
|
 | |
| Musique dans la littérature | |
|