Auditorium d'Orsay 2010-2011

Personne n'a donc vu le récital de Henk Neven ?

Je ne reviens pas sur le concert Reger de la Maîtrise de Radio-France la semaine passée, mais ce soir, un programme étonnant autour du Prix de Rome. Interprétativement, très inégal, mais la soirée culminait avec d'une part les extraits de la cantate de Max d'Ollone, d'autre part et surtout part les mélodies de Dutilleux : deux des sonnets de Jean Cassou ("Il n'y avait que des troncs déchirés" et "La Geôle") et un inédit : "Eloignez-vous".

Interprété par Noël Lee et surtout Jean-Baptiste Dumora, une basse totalement exceptionnelle : vocalement, c'est aussi maîtrisé et clair que Kruysen, mais en plus avec un gros impact et surtout une profondeur d'interprétation phénoménale. Il déployait une sorte de lyrisme paradoxal sans jamais sacrifier le mot, c'était édifiant. Toute la salle était retournée.

Xavier, tu es bien puni d'avoir séché. Mais pour ça, il fallait payer en écoutant Hérold, Ambroise Thomas et Gustave Charpentier.

Je ne peux pas aller à tout... En plus j'ai raté le passage sur France Musiques...

Xavier a écrit:

Je ne peux pas aller à tout... En plus j'ai raté le passage sur France Musiques...

C'est réécoutable si c'est passé sur France Mu. Et tu serais mort de douleur avant la fin du concert. Même moi j'ai trouvé ça un peu trop académique comme programme. (La Didon de Charpentier est un moment de vacuité musicale comme j'en ai rarement entendu dans cette esthétique...)

Mais alors, à la fin, la Récompense.

Si tu peux trouver et écouter, précipite-toi.

Au passage, c'est la première fois de ma vie que je vais féliciter un artiste à la sortie d'un concert alors que je n'avais pas eu de contact préalable avec lui. J'étais tellement enchanté que je n'ai pas trouvé de mal à exprimer mon enthousiasme d'une façon qui ne soit pas trop compassée.

Il faut dire que faire la queue pour aller fatiguer Meier d'éloges qu'elle entend tous les jours, ça ne me paraît pas indispensable. Alors que là, Jean-Baptiste Dumora, vraiment pas une star internationale... il était surpris que ça ait autant plu d'ailleurs : il tremblait comme une feuille pendant qu'il chantait. Et son chant était tout le contraire d'incertain, pourtant.

DavidLeMarrec a écrit:

Il faut dire que faire la queue pour aller fatiguer Meier d'éloges qu'elle entend tous les jours, ça ne me paraît pas indispensable.

Meier entend essentiellement des louanges parce qu'elle est une « star internationale » avant tout. Je pense qu'être très connu ne doit pas être non plus facile à porter, et l'on doit un jour regretter les louanges véritables et passionnées de celles que tu as livrées à ce chanteur. (Par ailleurs plus grande est la renommée, plus violentes et déchaînées sont les critiques lorsqu'elles sont mauvaises...)

Froberger a écrit:

DavidLeMarrec a écrit:

Il faut dire que faire la queue pour aller fatiguer Meier d'éloges qu'elle entend tous les jours, ça ne me paraît pas indispensable.

Meier entend essentiellement des louanges parce qu'elle est une « star internationale » avant tout.

Elle en entend plus parce qu'elle est une star, oui, mais de là à dire que les gens ne s'arrêtent pas. Jeudi, on (avec mon camarade de belle fortune) a ouvert le bal, mais d'autres l'attendaient à la sortie, parfois n'osant pas l'aborder, mais il suscitait un murmure d'admiration quand il passait, c'était au delà des fans hystériques, quelque chose de plus profond.

Citation :

Je pense qu'être très connu ne doit pas être non plus facile à porter, et l'on doit un jour regretter les louanges véritables et passionnées de celles que tu as livrées à ce chanteur. (Par ailleurs plus grande est la renommée, plus violentes et déchaînées sont les critiques lorsqu'elles sont mauvaises...)

Evidemment, et je n'hésite pas à les défendre dans ces cas-là, parce que c'est la plupart du temps extrêmement injuste (et même souvent sans fondement sérieux...). Mais avant que Meier n'ait personne pour lui apporter des fleurs et des programmes à signer à la sortie des artistes, elle a le temps de se retirer de scène vingt fois.

Par ailleurs, d'immenses wagnériennes, on en entendra d'autres. Du Dutilleux comme j'en ai entendu jeudi soir, j'en doute.

DavidLeMarrec a écrit:

Xavier, tu es bien puni d'avoir séché. Mais pour ça, il fallait payer en écoutant Hérold, Ambroise Thomas et Gustave Charpentier.

Première partie (premier XIXe) : L'extrait de la cantate de Thomas, c'était chouette quand même. Et le contrepoint de Zimmermann, tu as oublié ?

Deuxième partie (deuxième XIXe) : Tout était bien sauf le Charpentier, et le Debussy massacré.


Dumora, tout simplement fantastique!!

Je parle du point de vue Xavier. Zimmermann, Thomas, Debussy, et surtout d'Ollone et Dutilleux, c'était super.

Mais à part les trois derniers, il aurait tout détesté.

Le concert d'Elisso Virsaladze et Natalia Gutman prévu ce soir est annulé.

Pour une fois que j'avais l'occasion de les écouter en concert !

Merci d'avoir prévenu, tu m'évites un déplacement dans une journée déjà assez galérante côté transports .

Dommage, pour une fois qu'on pouvait entendre cette musique avec un pianiste "premier couteau". En plus, vu mes choix de concerts, je vois rarement d'excellents pianistes : souvent des chefs de chant, des pianistes amateurs de raretés ou des accompagnateurs spécialistes du chambrisme discret...
Il faut dire que les grandes gloires jouent rarement des choses originales, à quelques exceptions près...

Je signale, parce que j'y vais, le récital de Simon Keenlyside, jeudi 10 février à 20 h 00, avec Malcolm Martineau au piano.

Ah, c'est avec Keenlyside ? J'avais noté le récital à cause du programme, tant mieux si c'est lui, je ne l'ai jamais entendu en vrai. Et puis la salle est parfaite pour ce format de concerts.

... mais alors, je risque ne pas avoir de place.

DavidLeMarrec a écrit:

Ah, c'est avec Keenlyside ? J'avais noté le récital à cause du programme, tant mieux si c'est lui, je ne l'ai jamais entendu en vrai. Et puis la salle est parfaite pour ce format de concerts.

... mais alors, je risque ne pas avoir de place.

Moi, je ne connaissais pas le programme mais je savais que c'était Simon K. !!
J'avais beaucoup aimé son précédent récital au Palais Garnier.

C'est quand même le programme qui est intéressant : Ireland, Holst, Grainger, Rorem, Britten, G. Butterworth...

Mais je m'aperçois que c'est fichtrement cher pour Orsay (et pour des britisheries), évidemment. Ils me l'auraient mis par n'importe que tâcheron, j'y allais quand même, moi.

Superbe concert hier soir de Bernarda Fink avec les solistes de la Philharmonie de Vienne et la flûtiste Catherine Cantin.

Des transcriptions de valses de Johann Strauss par Schoenberg, Berg et Webern absolument exquises, jouées par un ensemble de musiciens dont la joie manifeste de jouer ensemble était très communicative.

Des Rückert Lieder (+ piano) et des Lieder eines fahrenden Gesellen (superbe version Schoenberg pour ensemble de chambre) qui furent d'anthologie. Il y avait la beauté de la voix de Bernarda Fink (et même les aigus légèrement tendus furent très beaux), et il y avait cette intelligence du texte, une expressivité sans effets de manche alliée à une grâce naturelle confondante.

En bis, je n'ai pas compris ce que c'était exactement, à ce que j'ai cru comprendre un morceau ou des morceaux compilés de musique juive -- quelqu'un sait-il ? Avec une clarinette royale.

Ce concert, loin de toute routine compassée, m'a totalement enthousiasmé.

Programme :

Johann Strauss fils/Anton Webern, Schatzwalzer op. 418
Johann Strauss fils/Arnold Schönberg, Lagunen-Walzer op. 411
Gustav Mahler, Rückert-Lieder (avec piano)
Johann Strauss fils/Alban Berg, Wein, Weib und Gesang op. 333
Johann Strauss fils/Arnold Schönberg, Kaiserwalzer op. 437
Gustav Mahler/Arnold Schönberg, Lieder eines fahrenden Gesellen

Bernarda Fink, mezzo-soprano
Anthony Spiri, harmonium et piano
The Philarmonics - Solistes du Philharmonique de Vienne
Catherine Cantin, flûte
Daniel Ottensamer, clarinette
Cécile Baillia, percussion

Encore une délectable rareté, que vous pouvez voir encore samedi et dimanche : Patience, opérette anglaise de Gilbert (pour le livret hilarant) et Sullivan (pour la musique pétillante).

A ma connaissance, c'est la création en France, alors qu'en Angleterre c'est un peu l'équivalent des Monty Python. Il s'agit d'une satire des poètes qui se réclamaient des préraphaélites et de leurs admiratrices. La musique est souvent irrésistible, le texte plein d'allusions cocasses, dont beaucoup hélas ne passent pas dans les sous-titres.

Ce n'est pas trop grave, car, contrairement à mon autre expérience de ce répertoire en France, ce n'est pas donné par des amateurs, mais par des élèves du Collège Royal de Musique de Londres : ils sont tous accomplis et bons acteurs, certains ont même de très belles voix. L'orchestre réduit à une dizaine de musiciens est parfait aussi et la mise en scène, pas vraiment subtile, est très adéquate.

Bref, un petit régal, et si vous n'aimez pas, rassurez-vous, on ne joue pas ça tous les jours.

DavidLeMarrec a écrit:

Il faut dire que faire la queue pour aller fatiguer Meier d'éloges qu'elle entend tous les jours, ça ne me paraît pas indispensable

Je rebondis juste sur cette phrase pour dire que lorsqu'on va recouvrir Meier d'éloges je pense qu'on le fait plus pour soi que pour elle (moi le premier)

Mis à part cette remarque tu donnes vraiment envie d'écouter ces mélodies de Dutilleux par le sieur Dumora.

Je signale à Hidraot et Clème qu'elles ont raté le concert de leur vie.

C'était quoi? Le Boeuf sur l'échelle?

Un récital avec Yann Beuron mais faut que je retrouve le programme.

Je confirme : je n'ai jamais entendu aussi bien chanter de ma vie. J'ai cru défaillir... dans des mélodies de Gounod.

DavidLeMarrec a écrit:

Je confirme : je n'ai jamais entendu aussi bien chanter de ma vie. J'ai cru défaillir... dans des mélodies de Gounod.

David prit en flag de pamoison devant de la musique sucrée.

Cololi a écrit:

David prit en flag de pamoison devant de la musique sucrée.

Ecoute mon cher... bien sûr ça n'a pas l'aura intellectuel d'un Lied quelconque (c'est en allemand alors c'est forcément intelligent voyons )... mais ça n'en est pas moins superbe!

Cololi a écrit:

DavidLeMarrec a écrit:

Je confirme : je n'ai jamais entendu aussi bien chanter de ma vie. J'ai cru défaillir... dans des mélodies de Gounod.

David prit en flag de pamoison devant de la musique sucrée.

La mélodie était pas mal du tout (très supérieure à la moyenne de celles de Gounod, mais ce n'est pas elle qui m'a épaté.

Et puis dans le concert, il y avait Fauré, Debussy, Ravel, Bréville... on jette aussi ?

Polyeucte a écrit:

Cololi a écrit:

David prit en flag de pamoison devant de la musique sucrée.

Ecoute mon cher... bien sûr ça n'a pas l'aura intellectuel d'un Lied quelconque (c'est en allemand alors c'est forcément intelligent voyons )... mais ça n'en est pas moins superbe!

Ah mais vous faites erreur mon cher ... j'aime la mélodie ...
mais j'aime pas trop le lied, c'est trop intello ... mais chut faut pas le dire sinon tonton David va me gronder.

Bah, tu t'y mettras, comme au reste. Je vois ça d'ici, dans pas longtemps tu seras fou de Wolf.

Beuron dans la mélodie, c'est tellement chouette.

frere elustaphe a écrit:

Un récital avec Yann Beuron mais faut que je retrouve le programme.

J'ai beaucoup aimé le concert mais finalement l'impression que j'en ai gardée c'est plutôt "Concert des restes de Smith avec Beuron en caution vocale" : bien chantant, mais un peu en retrait en fait.

A vrai dire, je ne connaissais pas du tout Smith.

Oui mais toi tu y allais pour ton amoureux, de toute manière ...

si qqn est alle au musee d'orsay ce soir, svp faites un petit cr. merci

tres decu de pas avoir pu y aller...