Autour de la musique classique Le but de ce forum est d'être un espace dédié principalement à la musique classique sous toutes ses périodes, mais aussi ouvert à d'autres genres. |
|
| L'Otello de Rossini en version de concert - TCE 11/11/2010 | |
| | Auteur | Message |
---|
Ino Mélomaniaque
Nombre de messages : 1268 Age : 39 Localisation : Paris Date d'inscription : 09/10/2010
| Sujet: L'Otello de Rossini en version de concert - TCE 11/11/2010 Ven 12 Nov 2010 - 0:19 | |
| Suis ressorti ébloui par cette version de concert d'une œuvre que je méconnaissais très injustement!
Cette pièce est sublime, de l'ouverture à la fois très enlevée et colorée par des cuivres annonçant l'issue dramatique à la déchirante scène du saule, en passant par les airs de bravoure de Rodrigo et le sublime final du 2nd acte qui a probablement inspiré la dernière scène de Lucrezia Borgia (?). Superbe!
John Osborn incarne un Otello convaincant, malgré une entrée en matière un peu difficile, mais dès le 2ème acte il est époustouflant et dans son duel avec Rodrigo, quelle performance!
Antonacci est la bonne surprise de la soirée, là où une grande partie du public l'attendait au tournant (nombreuses discussions interceptées sur le sujet), elle s'est sorti avec un grand panache de son air plein de vocalises du 2nd acte et a une maîtrise de son instrument incroyable dans le lamento du 3e. Une performance très belle là où je ne l'attendais qu'à moitié.
Le Rodrigo de Dmitry Korchak a été tout simplement sublime. Immense dans la vocalise, rond dans l'aigu, puissant dans l'ensemble, il a largement conquis le public et m'a coupé le souffle à plusieurs reprises.
Enfin, la palme de la soirée revient pour moi à Evelino Pido, chef trop souvent déprécié qui a une nouvelle fois montré son immense amour du bel canto, par une interprétation pleine de nuances et de panache à la fois, débordant d'énergie et donnant vie à Rossini (me faisant oublier la direction tristounette de l'Italiana à Garnier), maîtrisant ses ensembles et ses interprètes, pour moi un coup de maestro.
Si le public a fait un triomphe au cast, j'ai entendu qqes murmures de désapprobation, notamment sur Antonacci, malgré tout. Et vous? |
| | | Abnegor Mélomaniaque
Nombre de messages : 1673 Age : 42 Localisation : Angers Date d'inscription : 19/12/2009
| Sujet: Re: L'Otello de Rossini en version de concert - TCE 11/11/2010 Ven 12 Nov 2010 - 0:25 | |
| J'ai vraiment ADORÉ ! Je découvrais l'oeuvre, et quelle claque !
L'orchestre jouait bien, avec un effectif pas trop important, ça sonnait vraiment comme il fallait à mes oreilles. Ça remplissait bien le volume du TCE, ils pouvaient jouer fort sans couvrir les chanteurs.
J'ai trouvé toute la distribution très bien. Bizarrement, c'est Antonnacci que j'ai le moins aimé, sauf sur la fin. J'avais l'impression qu'elle avait du mal à incarner son personnage.
Une chose qui m'a emballé, c'est la transformation de la pièce initiale. Ça n'est vraiment plus l'Otello de Shakespeare. Chez Shakespeare, le drame est très fort, mais ça reste pour moi "du théâtre". Je n'y crois pas vraiment, Otello est le meilleur, mais il se fait bizarrement convaincre et devient fou. Ici, au début, ça commençait de façon un peu triviale, avec le coup du papa qui veut forcer la fille à épouser un homme qu'elle ne veut pas. Mais en fait, comme Otello sait cela, il est déjà dans un état de nerfs avancés, donc je comprends mieux pourquoi il arrive à se laisser abuser par Iago... d'autant qu'0tello est vraiment italianisé, il est fier et sanguin. J'ai donc trouvé ça beaucoup plus crédible et j'ai marché à fond ! Par moment (le côté italien romantique, le mariage en secret), je pensais un peu aux Chroniques Italiennes. Peut-être est-ce inconsciemment que j'ai fait l'amalgame, car Stendhal a écrit une biographie de Rossini. Si quelqu'un pouvait m'éclairer...
Ça n'est plus Otello de Shakespeare, mais en même temps, le livret essaie de se rattraper à des "gimmicks" shakespeariens, avec le choeur qui parle à Desdemone comme des esprits.
Moi qui ne ressens plus rien à l'Opéra de Paris (je n'en sors jamais déçu, mais pas emballé), je suis décidément très content de la programmation lyrique du TCE. J'y vois des choses qui me font réagir, même si c'est parfois en mal : j'ai pas aimé Lodoiska, j'ai vraiment aimé Otello de Verdi avec Harding et ce soir j'ai réussi à avoir la chair de poule sur la fin. Ça fait du bien ! |
| | | Polyeucte Mélomane chevronné
Nombre de messages : 20753 Age : 41 Date d'inscription : 03/07/2009
| Sujet: Re: L'Otello de Rossini en version de concert - TCE 11/11/2010 Ven 12 Nov 2010 - 1:21 | |
| Otello : 11/11/2010
Théâtre des Champs Elysées
Otello : John Osborn Desdemona : Anna Caterina Antonacci Elmiro : Marco Vinco Rodrigo : Dmirty Korchak Iago : José Manuel Zapata Emilia : Josè Maria Lo Monaco Lucio : Fabrice Constans Le Doge/ Le Gondolier : Tansel Akeybek
Chœur et Orchestre de l'Opéra de Lyon
Direction musicale : Evelino Pido
Magnifique concert ce soir au TCE ! Monter Otello, faut quand même le faire... même si celui de Verdi n'est pas très aisé, celui de Rossini semble encore plus compliqué ! Et ici le défit est relevé.
Déjà, les petits rôles sont tous bien tenus, avec un beau gondolier de Tansel Akeybek. Marco Vinco propose un père sombre et autoritaire, mais sans vrai charisme.
Il faut dire que le charisme, il se trouvait dans le reste de la distribution ! Zapata fait une entrée assez étrange, la voix sonnant aigrelette. Mais par contre, le personnage désagréable est par contre déjà bien là ! Et puis la soirée avançant, il va gagner en assurance vocale, pour réussir ensuite à luter à armes égales avec les deux autres ténors ! La vocalisation reste assez sommaire, mais les aigus sont là et toujours ce côté désagréable ! Rodrigo est chanté par Dmitri Korchak... magnifique ténor. Timbre léger et rond, vocalisation impressionnante, imagination et prise de risque démente... En gros un vrai miracle ! Dans le rôle, j'avais Blake et Florez... et franchement, Korchak n'a pas à avoir honte. La vocalisation est moins virtuose que celle de Blake, mais le timbre beaucoup plus agréable, rachetant ainsi ce désavantage. Et par rapport à Florez, on est même au dessus ! La voix est beaucoup moins nasale, possède une rondeur agréable, et surtout la prise de risque est vraie ici ! Il se lance dans des choses que l'on entend pas chez Florez ! Donc vraiment un Rodrigo fameux, parce qu'en plus le personnage est bien ! Pour Otello, c'est John Osborn. Son air d'entrée est inhumain. Mais il arrive à s'en sortir avec honneurs. Les seules réserves viennent de graves qu'on n'entend pas du tout. Mais au cours de la soirée, ces graves trouvent une belle assise. Du coup rapidement, on trouve un vrai Otello avec de beaux graves ronds, des aigus impressionnants de facilité et une vocalisation là aussi bluffante ! La voix est assez claire, mais possède assez de métal pour être tranchante et marquer sa position de guerrier. Ses nuances montrent un homme malgré tout humain, usant pour se faire de voix mixte avec bonheur. Ce n'est pas le personnage torturé de certains autres Otello, mais un personnage plus humain. Comme pour Korchak, vraiment un grand moment ! Et puis Antonacci... Certains prévoyaient quelque chose de moyen... Et non, ça a été un grand moment de chant et surtout de drame ! Car si les autres chanteurs font preuve de sensibilité et surtout d'une qualité de chant impressionnante, Antonacci marque en premier lieu par le personnage. Grande tragédienne, elle renforce le personnage de Desdemona, qui pourrait facilement se faire écraser sous le poids des ténors. Ici elle donne du caractère. Et question voix, c'est superbe ! La vocalisation est tout à fait satisfaisante et la maitrise du style parfaite ! En fin d'acte II, elle montre ses capacités vocales en embrasant son dernier air. Et puis bien sûr, la romance du Saule. La tenue vocale ainsi que la sensibilité sont magnifiques. Du coup, elle est très émouvante et on passe un moment en suspension à l'écouter.
Direction vive de Pido, très attentif aux chanteurs (même si le volume sonore me semble un peu trop élevé). Mais on sent qu'il y a eu beaucoup de répétitions car les ensembles et les duos sont parfaitement réglés. Et puis le côté "bataille de ténors" montre aussi la complicité : ils se lancent dans les duos et rivalisent tout en restant dans le même registre.
Une super soirée en tout cas ! Des Rossini comme ça, j'en veux tous les jours !!! _________________ Les Carnets d'Erik, le retour!
|
| | | Polyeucte Mélomane chevronné
Nombre de messages : 20753 Age : 41 Date d'inscription : 03/07/2009
| Sujet: Re: L'Otello de Rossini en version de concert - TCE 11/11/2010 Ven 12 Nov 2010 - 12:32 | |
| Au fait, diffusion le 4 décembre sur France Musique! _________________ Les Carnets d'Erik, le retour!
|
| | | Hidraot Mélomane chevronné
Nombre de messages : 12971 Localisation : Paris Date d'inscription : 27/12/2008
| Sujet: Re: L'Otello de Rossini en version de concert - TCE 11/11/2010 Ven 12 Nov 2010 - 16:38 | |
| Une très bonne soirée pour moi également. Je ne connaissais pas non plus cet Otello et je n'ai pas été déçue du voyage. A signaler, un très bon plateau vocal sans faiblesse ce qui est rarement le cas. Je suis entièrement d'accord avec tout ce qui a été dit précédemment. Je trouve qu'en revanche les voix étaient parfois couvertes par l'orchestre. Il y a également eu quelques soucis chez les cuivres (les cors pour ne pas les citer) Vivement le 4 décembre ! |
| | | fliegender Mélomaniaque
Nombre de messages : 1007 Date d'inscription : 12/07/2009
| Sujet: Re: L'Otello de Rossini en version de concert - TCE 11/11/2010 Dim 14 Nov 2010 - 2:07 | |
| Avant d'y aller je croyais que je n'allais pas tenir tous les 3 actes et j'avais meme prevu de partir pendant l'entracte. Mais puisque la qualite etait si elevee les 3 heures de belcanto sont passees super-vite et au final je suis sorti enchante. Quand ca marche, ca marche bien ! Tutti bravi ! |
| | | bAlexb Mélomane chevronné
Nombre de messages : 8514 Age : 43 Localisation : Rhône-Alpes Date d'inscription : 18/10/2010
| Sujet: Re: L'Otello de Rossini en version de concert - TCE 11/11/2010 Mer 1 Déc 2010 - 10:37 | |
| Je recolle, ici, mes observations sur la version de concert de Lyon. Je me sens un peu seul, du coup, après avoir lu vos commentaires...
Direction de Pido telle qu'on l'attend ; incroyablement sonore (trop, beaucoup trop à mon goût ; couvrir le choeur, il faut le faire !) avec un final du I qui ne laisse à personne le temps de respirer (et la montée d'Antonnaci vers l'aigu en devient d'autant plus cruelle !). Ce qui fonctionne bien (la tempête au III, la stretta du duo Otello/Iago) ne contrebalance pourtant pas ce sentiment d'horizontalité (quand Stendhal parle de l'harmonie des opéras "allemands" de Rossini ) forcée pour ne pas dire forcenée ; et ce n'est même pas réellement théâtral à mon goût. Version en moins de 2 h 30 (quelques coupures de-ci de-là ce qui me paraît incroyable, en 2010 pour une oeuvre qui n'est quand même pas Semiramide ni... Parsifal !) privée de profondeur de champ (de chant, aussi ; j'y reviendrai), de perspective ; aucune poésie dans ces mouvements subitement lents (l'entrée de Desdemona), inutilement chaloupés (la marcia du I ; incompréhensible) d'où n'émergent, pour l'air du Saule, que les instruments concertants qui parviennent, soudaint et de manière trop fugace à imposer un climat !
Bons comprimarii côté voix.
Vinco très convaincant, à mon sens, en Elmiro ; belles sonorités (un peu dans les joues, parfois), sans la franchise de Ramey évidemment, mais avec un souci de la couleur et de la ligne bien appréciable pour un rôle par ailleurs assez générique. Emilia (Maria-Josè LoMonaco) jeune, fébrile ; beau double de Desdemona, vraie confidente et chanteuse sensible (timbre charmant aux sonorités moirées). Schmunck annoncé en Iago (!!!) a été remplacé (pour la série, apparemment) par Zappata ; le seul ténor réellement convaincant de la soirée, pour moi, en terme d'intégration des ornements, du texte (et c'est tellement important, ici) assorti d'une palette dynamique parfaitement assumée (dans l'esprit, la lettre et... la technique). Moins convaincu par Osborn. A Lausanne, j'avais noté que la tessiture d'Otello l'obligeait à déplacer vers le bas le centre de gravité de sa voix ; l'aigu en pâtissait mais moins qu'ici ou le "combat de coq" avec Rodrigo, au II, prend des allures de "chaponneries" (il est pas beau, mon néologisme ?!!), avec tout ce qu'on ne voudrait pas entendre dans Rossini (aigu éraillé et poussif ). Kortchak en Rodrigo ne sonne qu'au-delà du mf ; il ne se hasarde d'ailleurs guère dans des dynamiques inférieures, l'ensemble du rôle étant plutôt crié, à mon sens. C'est très payant (ovations après son air au II) mais la vérité du rôle (par-delà un timbre assez séduisant, d'ailleurs) est ailleurs. Je ne change donc pas, pour le moment, l'avis que je m'étais formé de ses aptitudes rossiniennes après son Libenskof scaligère ! A tout prendre, j'ai infiniment préféré la prestation de Mironov à Lausanne, sans doute en-deça des exigences réelles du rôles mais incroyablement plus affûté techniquement (sans parler de la poésie qu'il conférait au personnage).
Déception sans borne du côté d'Antonnacci. Moins tant parce que l'instrument est sans mirage (on le sait, le est timbre sec, la projection à peine raisonnable, la couleur uniforme) que parce que la chanteuse me semble être passée à côté du rôle. Je me plais souvent à penser que Colbran devait, vocalement, assez lui ressembler ; or c'est à une Colbran "dernière manière" que je me suis senti confronté (disparité des registres, aigu éclaté [proche de ce que pouvait donner Crespin, au disque, dans les années 70, sans l'infinie séduction d'un timbre riche entre tous], ornementation savonnée). Quant au personnage je ne l'ai jamais sentie complètement investie ; là aussi, la vision m'est apparue plutôt générique (atone au I, jusqu'au final, sans réel relief au II, prise en défaut par une chanson du Saule tout juste bonne [Von Stade à Genève, en récital l'année dernière, c'était, en comparaison, d'une autre trempe]). Peut-être un jour de méforme ; peut-être la conséquence (attendue, de mon côté) de la version de concert ; peut-être quelque chose qui ressemblerait à une inadéquation des moyens (fond et forme) avec le chant du Rossini napolitain. Ceux qui l'entendront à Paris, au TCE, pourront peut-être pondérer ces observations...
On a peu d'occasions d'entendre le Rossini serio en France ; celle-ci est, à mes yeux, pour partie manquée ! |
| | | Otello Mélomane chevronné
Nombre de messages : 7308 Age : 58 Date d'inscription : 20/05/2010
| Sujet: Re: L'Otello de Rossini en version de concert - TCE 11/11/2010 Mer 1 Déc 2010 - 13:08 | |
| - bAlexb a écrit:
- Je recolle, ici, mes observations sur la version de concert de Lyon. Je me sens un peu seul, du coup, après avoir lu vos commentaires...
Direction de Pido telle qu'on l'attend ; incroyablement sonore (trop, beaucoup trop à mon goût ; couvrir le choeur, il faut le faire !) avec un final du I qui ne laisse à personne le temps de respirer (et la montée d'Antonnaci vers l'aigu en devient d'autant plus cruelle !). Ce qui fonctionne bien (la tempête au III, la stretta du duo Otello/Iago) ne contrebalance pourtant pas ce sentiment d'horizontalité (quand Stendhal parle de l'harmonie des opéras "allemands" de Rossini ) forcée pour ne pas dire forcenée ; et ce n'est même pas réellement théâtral à mon goût. Version en moins de 2 h 30 (quelques coupures de-ci de-là ce qui me paraît incroyable, en 2010 pour une oeuvre qui n'est quand même pas Semiramide ni... Parsifal !) privée de profondeur de champ (de chant, aussi ; j'y reviendrai), de perspective ; aucune poésie dans ces mouvements subitement lents (l'entrée de Desdemona), inutilement chaloupés (la marcia du I ; incompréhensible) d'où n'émergent, pour l'air du Saule, que les instruments concertants qui parviennent, soudaint et de manière trop fugace à imposer un climat !
Bons comprimarii côté voix.
Vinco très convaincant, à mon sens, en Elmiro ; belles sonorités (un peu dans les joues, parfois), sans la franchise de Ramey évidemment, mais avec un souci de la couleur et de la ligne bien appréciable pour un rôle par ailleurs assez générique. Emilia (Maria-Josè LoMonaco) jeune, fébrile ; beau double de Desdemona, vraie confidente et chanteuse sensible (timbre charmant aux sonorités moirées). Schmunck annoncé en Iago (!!!) a été remplacé (pour la série, apparemment) par Zappata ; le seul ténor réellement convaincant de la soirée, pour moi, en terme d'intégration des ornements, du texte (et c'est tellement important, ici) assorti d'une palette dynamique parfaitement assumée (dans l'esprit, la lettre et... la technique). Moins convaincu par Osborn. A Lausanne, j'avais noté que la tessiture d'Otello l'obligeait à déplacer vers le bas le centre de gravité de sa voix ; l'aigu en pâtissait mais moins qu'ici ou le "combat de coq" avec Rodrigo, au II, prend des allures de "chaponneries" (il est pas beau, mon néologisme ?!!), avec tout ce qu'on ne voudrait pas entendre dans Rossini (aigu éraillé et poussif ). Kortchak en Rodrigo ne sonne qu'au-delà du mf ; il ne se hasarde d'ailleurs guère dans des dynamiques inférieures, l'ensemble du rôle étant plutôt crié, à mon sens. C'est très payant (ovations après son air au II) mais la vérité du rôle (par-delà un timbre assez séduisant, d'ailleurs) est ailleurs. Je ne change donc pas, pour le moment, l'avis que je m'étais formé de ses aptitudes rossiniennes après son Libenskof scaligère ! A tout prendre, j'ai infiniment préféré la prestation de Mironov à Lausanne, sans doute en-deça des exigences réelles du rôles mais incroyablement plus affûté techniquement (sans parler de la poésie qu'il conférait au personnage).
Déception sans borne du côté d'Antonnacci. Moins tant parce que l'instrument est sans mirage (on le sait, le est timbre sec, la projection à peine raisonnable, la couleur uniforme) que parce que la chanteuse me semble être passée à côté du rôle. Je me plais souvent à penser que Colbran devait, vocalement, assez lui ressembler ; or c'est à une Colbran "dernière manière" que je me suis senti confronté (disparité des registres, aigu éclaté [proche de ce que pouvait donner Crespin, au disque, dans les années 70, sans l'infinie séduction d'un timbre riche entre tous], ornementation savonnée). Quant au personnage je ne l'ai jamais sentie complètement investie ; là aussi, la vision m'est apparue plutôt générique (atone au I, jusqu'au final, sans réel relief au II, prise en défaut par une chanson du Saule tout juste bonne [Von Stade à Genève, en récital l'année dernière, c'était, en comparaison, d'une autre trempe]). Peut-être un jour de méforme ; peut-être la conséquence (attendue, de mon côté) de la version de concert ; peut-être quelque chose qui ressemblerait à une inadéquation des moyens (fond et forme) avec le chant du Rossini napolitain. Ceux qui l'entendront à Paris, au TCE, pourront peut-être pondérer ces observations...
On a peu d'occasions d'entendre le Rossini serio en France ; celle-ci est, à mes yeux, pour partie manquée ! Pour avoir entendu l'enregistrement, j'adhère à 100% à ton analyse. Dans l'ensemble Rossini n'était pas là ou était mal servi (ce qui revient au même). |
| | | Ino Mélomaniaque
Nombre de messages : 1268 Age : 39 Localisation : Paris Date d'inscription : 09/10/2010
| Sujet: Re: L'Otello de Rossini en version de concert - TCE 11/11/2010 Mer 1 Déc 2010 - 13:19 | |
| - bAlexb a écrit:
On a peu d'occasions d'entendre le Rossini serio en France ; celle-ci est, à mes yeux, pour partie manquée ![/color] Après la triste Donna de Garnier, je trouve qu'on a enfin pu reprendre goût au Seria, de mon côté. C'est dire :p Pour moi, c'est au contraire avec une direction comme celle présentée par Benini à Garnier (Italiana) qu'on oublie Rossini. |
| | | Polyeucte Mélomane chevronné
Nombre de messages : 20753 Age : 41 Date d'inscription : 03/07/2009
| Sujet: Re: L'Otello de Rossini en version de concert - TCE 11/11/2010 Mer 8 Déc 2010 - 10:19 | |
| - Otello a écrit:
- Pour avoir entendu l'enregistrement, j'adhère à 100% à ton analyse. Dans l'ensemble Rossini n'était pas là ou était mal servi (ce qui revient au même).
Enregistrement? C'est pourtant passé le 4 à la radio... Et je viens de le ré-écouter... Ne pas trouver Rossini, c'est quand même bien difficile! Les trois ténors sont là et bien là, la mezzo claire aussi, le style y est, la musicalité aussi... Alors bien sûr, ce n'est pas une Desdemona adepte de la vocalise à tout rompre, mais plutôt un personnage dramatique et tragique... Rossini n'est qu'un festival vocal? Pas du tout d'accord, surtout dans ce rôle, le seule à révéler une vraie subtilité. Antonacci ne démérite pas du point de vue vocalises. C'est le minimum soit, mais à côté de cela, elle donne une profondeur peu commune au rôle, nous gratifiants d'un portrait splendide. Kortchak pas rossinien?? Ah ben alors que tu faut-il! Vocalise aisée, sur-aigus présents, intelligence, beauté du timbre et style adapté... Ce qu'il propose est quand même autrement plus intéressant et osé que ce que proposait Florez à Pesaro par exemple! Alors bien sûr, le timbre plus charnu donne une plus grande présence à Rodrigo! Osborn maintenant... Alors oui, ce n'est pas saint baryténor recherché... j'ai envi de dire... "et alors!" Chante-t-il tout le rôle? Oui As-t-il le style et les capacités techniques? Oui Interprète-t-il avec intelligence? Oui Alors pour moi c'est ok! Au lieu de grossir artificiellement, il allège au contraire, beaucoup plus psychologique et humain que d'autres Otello, jamais bête furieuse. C'est un Otello beaucoup plus intérieur. On est aux antipodes d'un Merritt... Mais le changement peut avoir du bon et apporter une vision différente. Et là c'est le cas! En plus de ça, le Iago est parfaitement incisif et vocalise lui aussi avec aisance. La direction est vive et dramatique... Peut-être pas une soirée historique, mais une bonne soirée de Rossini seria, montrant qu'on peut aussi faire des choses splendides de nos jours dans Rossini, et qu'on peut même innover et explorer d'autres pistes d'interprétation sans pour autant trahir la sacro-sainte partition! _________________ Les Carnets d'Erik, le retour!
|
| | | fliegender Mélomaniaque
Nombre de messages : 1007 Date d'inscription : 12/07/2009
| Sujet: Re: L'Otello de Rossini en version de concert - TCE 11/11/2010 Mer 8 Déc 2010 - 10:51 | |
| Mais si, ces amateurs ne savaient pas lire la musique de Rossini ! Seulement ceux qui ont enregistre cet opera entre 1954-1978 savait lire la musique de Rossini ! Un concert inoubliable, MAIS si un jour qqn offre qqchose d'un peu different, audacieux... j'aimerai autant (sinon plus). C'est tjrs disponible a l'ecoute sur le site de FM, sinon. |
| | | Contenu sponsorisé
| Sujet: Re: L'Otello de Rossini en version de concert - TCE 11/11/2010 | |
| |
| | | | L'Otello de Rossini en version de concert - TCE 11/11/2010 | |
|
Sujets similaires | |
|
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |
|