Exposition "L'ère Liebermann" au Palais Garnier

Cette exposition vise à retracer l'action de Rolf Liebermann à la tête de l'ONP de 1973 à 1980.

Comme toujours avec le musée de l'ONP, on navigue entre le délice : ce qui est donné à voir, maquettes, croquis, costumes, photos est captivant et superbe - et la frustration de voir la cinquantaine de productions - pour ne parler que des opéras - évoquée avec autant de parcimonie.
Pour ceux qui n'habitent pas Paris, je recommande de s'intéresser plutot à l'ouvrage paru avec le concours de la BNF qui offre un aperçu beaucoup plus riche de ce que fut l'ONP durant cette période - il comporte, outre une iconographie superbe, une annexe qui donne le détail de toutes les productions avec les distributions.
J'ai eu la chance d'aller régulièrement à l'ONP durant cette période : j'ai du voir une quinzaine d'opéras, et j'en garde un souvenir ému.
Mais rétrospectivement, je pense qu'il faut nuancer le jugement - aucun doute sur les distributions : elles donnent le vertige !
Les chose sont moins évidentes pour les mises en scène : il y a eu des spectacles restés dans l'histoire comme les Contes ou Lulu de Chéreau, les Faust ou Pelléas de Lavelli ou encore le Boccanegra de Strehler - mais la plupart du temps on avait affaire à des mises en scène de bonne qualité, mais assez traditionnelles, comme par exemple le Don Carlo de Wallmann.
Quand au répertoire, il était dans la grande tradition, avec quelques incursions dans le XXème siècle avec Moise et Aaron, Lulu, Wozzeck - spectacle donné par la Scala en tournée, ou encore la commande à Messiaen du Saint François d'Assise.
L'audace créative était davantage à rechercher dans l'univers du ballet, avec Carolyn Carlson, Cunningham ou encore Béjart.

Montfort

Rolf Liberman a révolutionné l'Opéra de Paris en mettant fin à ce qui était une impasse dans un contexte de mondialisation de l' art lyrique, à savoir l'opéra de répertoire, avec une troupe permanante et des opéras redonnés à l'infini.
Je me souviens de l'ancien temps, avant Liberman, quand sur les colonnes on voyait tous les ans, Faust 2000è représentations et Carmen, au delà de 2500 je crois.
On voyait donc à Paris, bien moins de grands chanteurs, ils allaient partout sauf à Paris et le public ne suivait plus une distribution peu ouverte aux novations et à la découverte d'opéras peu connus des amateurs.

Pas faux, mais pas totalement vrai....

Avant Liebermann, j'ai vu à Garnier Wozzeck dirigé par Boulez ou les mises en scène de Wieland Wagner pour Bayreuth : Walkyrie avec Crespin et Tristan avec Nilsson et Windgasssen - mais c'étaient bien entendu des exceptions, pas la règle.

Montfort

Montfort a écrit:

Pas faux, mais pas totalement vrai....
Avant Liebermann, j'ai vu à Garnier Wozzeck dirigé par Boulez ou les mises en scène de Wieland Wagner pour Bayreuth : Walkyrie avec Crespin et Tristan avec Nilsson et Windgasssen - mais c'étaient bien entendu des exceptions, pas la règle.

oui enfin y a eu aussi quand même à cette époque Callas, Tebaldi, Corelli, Sutherland, Cossotto et quelques autres.

Oui, Ok, mais j'avais bien dit qu'on " voyait à Paris bien moins de grands chanteurs ( qu'ailleurs ) " et pas qu'on n'en voyait pas. Ces Faust et ces Carmen éternels donnés tous les ans montre bien l'écueil de l' ancien Opéra de Paris avec ses rigidités d' opéra de répertoire. Liberman a tout cassé de l'ancien système. Sa réputation, sa puissance et son autorité, ainsi que son carnet d'adresses comme on dit, lui ont permis de mettre notre 1ère scène lyrique au niveau des plus grandes. C'était un grand bonhomme.

Montfort a écrit:

Pas faux, mais pas totalement vrai....

Avant Liebermann, j'ai vu à Garnier Wozzeck dirigé par Boulez ou les mises en scène de Wieland Wagner pour Bayreuth : Walkyrie avec Crespin et Tristan avec Nilsson et Windgasssen - mais c'étaient bien entendu des exceptions, pas la règle.

Montfort

C'en est au point qu'avec le recul je pensais que ces magnifiques Wagner faisaient eux aussi partie de l'ère Liebermann. Vous souvenez vous des ultimes adieux de Wotan, (c'était bien le cas de le dire), qu'Hans Hotter avait réservé à l'Opéra de Paris ? Ayant acquis le beau livre de l'expo (que de souvenirs!!) j'ai été ainsi surpris de ne pas y trouver mention de "la Femme sans ombre" de Böhm. Quelle soirée ! Etait-ce hors période ou les productions "importées" ont elles été exclues ?

Moi, qui suis maintenant une vieille habituée de l'opéra (depuis presque 40 ans), je ne porte pas aux nues M. Liebermann. D'accord, il a fait de belles choses, mais il a quand même été à l'origine de la montée exponentielle du prix des places à l'Opéra, et à en faire un spactacle réservé aux riches uniquement. Les théâtres de province, eux, n'ont plus eu que des miettes, et maintenant, tandis que l'Opéra et les autres salles lyriques de Paris n'ont aucun problème, doivent faire face à de grandes difficultés, en dehors bien sûr des Opéras Nationaux comme Lyon, Bordeaux ou Nancy. Maintenant on veut fermer le théatre des Arts de Rouen, mutualiser Marseille et Avignon, après Metz et Nancy.... Je reparlerai plus tard des chanteurs francais dans un fil plus approprié : eux ont été littéralement cassés par M. Liebermann. Un exemple : Liebermann disait qu'on ne trouvait pas de barytons pour la relève de Gabriel Bacquier (que j'adore...) mais pendant ce temps Alain Fondary débutait en province déja dans ces grands emplois dans l'indifférence la plus totale de M. Liebermann.

Et puis c'est la fin de la troupe, ce qui est une vaste question.

Mais pour les difficultés, Bordeaux en a d'assez sévères (ils n'ont même pas pu monter les Contes d'Hoffmann de Pelly qu'il avaient pourtant coproduits avec Lausanne !), et aucun théâtre ne vivrait sans subvention de toute façon.

On est rêveur quand on songe qu'autrefois, sans subventions... Certes, il fallait aller dans le sens du public (un peu comme en Amérique avec le mécénat privé... mais ça reste de la subvention), et jouer longuement les mêmes titres, compter sur les abos des loges de riches... Mais quoi qu'il en soit : aucun opéra ne vivrait sans subventions massives.

A Bordeaux, l'Opéra (pourtant pas le plus brillant de France) occupait, il y a un peu moins de dix ans, un tiers du budget de la Culture ! Je n'ai pas vérifié depuis.

DavidLeMarrec a écrit:

A Bordeaux, l'Opéra (pourtant pas le plus brillant de France) occupait, il y a un peu moins de dix ans, un tiers du budget de la Culture ! Je n'ai pas vérifié depuis.

Heu non, pas possible.

Siegmund a écrit:

DavidLeMarrec a écrit:

A Bordeaux, l'Opéra (pourtant pas le plus brillant de France) occupait, il y a un peu moins de dix ans, un tiers du budget de la Culture ! Je n'ai pas vérifié depuis.

Heu non, pas possible.

L'Opéra contient aussi l'orchestre et les concerts symphoniques. Pourtant, quel est le problème dans cette statistique, il y a un plafond légal qui m'échappe ?

DavidLeMarrec a écrit:

Siegmund a écrit:

DavidLeMarrec a écrit:

A Bordeaux, l'Opéra (pourtant pas le plus brillant de France) occupait, il y a un peu moins de dix ans, un tiers du budget de la Culture ! Je n'ai pas vérifié depuis.

Heu non, pas possible.

L'Opéra contient aussi l'orchestre et les concerts symphoniques. Pourtant, quel est le problème dans cette statistique, il y a un plafond légal qui m'échappe ?

Du budget culture relié à la musique classique peut-être ?

Le ministère de la culture gère des domaines divers et énormes ; un tiers du budget au milieu des musées nationaux, subvention d'entretien et valorisation du patrimoines subventions diverses, frais de fonctionnement du ministères, autres théâtres nationaux plus important que bordeaux ...
Non 1/3, c'est du délire.

Il fallait comprendre 1/3 du budget culturel de Bordeaux je pense.

1/3 du budget municipal de la Culture, évidemment. Et c'est l'Opéra au sens de l'institution (donc avec l'orchestre et les concerts symphoniques dans d'autres salles).

Et vu ce qu'il se passe à Bordeaux en matière de culture, ça me paraît une proportion réaliste.